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·29 septembre 2022

EXCLU - Vanderson : « Il n’y a que ma famille qui sait ce que j’ai vécu »

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C’est le nouveau crack de l’AS Monaco. Depuis son couloir droit, ailier ou latéral, Vanderson s’est imposé comme une valeur sûre de son équipe, à seulement 21 ans. Rencontre avec une des pépites du Brésil, dans les locaux flambants neufs du nouveau centre de performances de La Turbie.


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Enfance

Tu es né à Rondonopolis, une ville de l’intérieur du pays, loin des clichés de la plage et des favelas. Tu peux nous décrire ce lieu ?

C’est une ville de 300 000 habitants dans le Mato Grosso. C’est là que sont mes racines. C’est une région connue pour son agriculture, il y a beaucoup de grandes entreprises agroalimentaires, des immenses fermes avec du bétail et du soja.

À quoi ressemblait ton enfance ?

Je passais mon temps à jouer au foot avec mes cousins, sans jamais m’arrêter, rêvant de devenir professionnels. On jouait sur des terrains en herbe, il n’y avait pas de futsal. Il y a des cascades en dehors de la ville, des rivières, on y allait souvent pour sauter et pêcher. On s’amusait bien.

L’un de tes surnoms c’est Dentinho, ça vient d’où ?

(Rires). Ça, c’est quand j’étais petit à cause de ma dentition, mais le surnom a disparu depuis. Maintenant c’est Vandinho, et « Vandi » ici à Monaco.

Que font tes parents ?

Ils ne travaillent plus aujourd’hui, grâce à Dieu, j’ai pu les mettre à l’abri. Avant, ma mère était femme de ménage et mon père maçon. Ils ont toujours travaillé pour m’offrir le meilleur. Mon père n’a jamais voulu que je l’aide sur les chantiers, il souhaitait que mon frère et moi étudions pour devenir quelqu’un dans la vie.

Quelles sont les valeurs que tes parents t’ont transmises ?

Le travail et l’éducation. Si je suis la personne que je suis aujourd’hui, c’est grâce à eux. Ils ont fait de moi un homme. J’ai 21 ans et déjà beaucoup de responsabilités. Je leur dois tout et c’est à mon tour de leur rendre ce qu’ils ont fait pour moi.

Tu avais une idole quand tu étais plus jeune ?

Ronaldinho. Mes premiers souvenirs remontent à son passage à l’AC Milan, mais j’ai tout regardé de son époque au Barça. Et puis c’est une légende du Grêmio, mon club au Brésil. Et au poste de latéral droit, c’est Dani Alves, je m’inspire beaucoup de lui.

Gremio

Tu as connu une formation compliquée, peux-tu nous raconter ?

J’ai signé ma première licence assez tard, à 11 ans. C’était pour le club de ma ville. À 16 ans, ils ne m’ont pas conservé et j’ai alors pensé à arrêter le foot. Tu sais, dans le Mato Grosso, tous les jeunes rêvent, mais les opportunités sont très rares. J’ai alors dit à mes parents que j’allais chercher du travail pour les aider à la maison. C’est là qu’un de mes ex-entraîneurs, João Batista, m’a envoyé à São Paulo. J’ai fait un essai dans un club du coin, Rio Branco, et j’y suis resté.

Il paraît que tu as été recruté par le Grêmio lors d’une défaite 6-0.

C’est vrai, c’est après ce match que leur recruteur m’a contacté, même s’il m’avait déjà observé avant. J’ai réussi à me mettre en valeur, bien qu’étant un défenseur latéral dont l’équipe a pris 6 buts. Il a apprécié mon courage, ma façon de me battre, même en perdant. C’est ce qui m’a permis d’aller là-bas.

Tu fais tes débuts en pro à 19 ans, en décembre 2020. Comment s’est passée ton éclosion ?

Je n’oublierai jamais ce moment. Je jouais pour les U23 et je suis monté faire le nombre pendant un entraînement. À la fin, le coach est venu me voir et m’a dit que je serai titulaire. Mon rêve allait se réaliser. J’ai même réussi une passe décisive.

Et lors de ton deuxième match pro, tu marques et tu fonds en larmes. Les émotions étaient trop fortes ?

Ça résumait toute mon histoire. J’ai eu un parcours difficile. Il n’y a que ma famille qui sait ce que j’ai vécu. Alors quand tu marques ton premier but en pro, pour un grand club comme le Grêmio, tu te repasses le film de ta vie. C’étaient des larmes de joie et de soulagement, un poids s’est ôté de mon esprit.

Quelle leçon tires-tu de ton parcours ?

J’ai travaillé dur pour y arriver. Il ne faut jamais lâcher. En tant que chrétien, je sais que Dieu a un but pour chacun d’entre nous. À 16 ans, j’avais perdu espoir, j’ai failli tout abandonner. Pourtant, les choses sont arrivées au moment où je m’y attendais le moins. À l’époque, mon rêve était juste de quitter le Mato Grosso pour trouver un club.

Au Brésil, quelques bons matchs suffisent pour taper dans l’œil des clubs européens. Est-ce que tu confirmes un contact concret avec de grands clubs ?

Oui c’est vrai. Il y avait des intérêts de clubs anglais, italien, russe (ndlr : Tottenham, AC Milan, Spartak Moscou). Mais quand Monaco est arrivé, je savais que beaucoup de Brésiliens avaient réussi ici. Et avec un projet ambitieux, c’était le bon club pour atteindre mes objectifs de carrière.

AS Monaco

Quel regard portes-tu sur tes premiers mois à Monaco ?

Je suis encore en phase d’adaptation. J’ai déjà beaucoup joué, mais je continue de connaître les gens, l’ambiance, comment on joue en Europe. À mon arrivée, l’équipe était déjà en place, bien structurée, et je pense avoir contribué à son succès. Je trouve cela positif.

Tu espérais connaître le succès aussi vite ?

Oui, car n’importe quel joueur qui travaille dur doit être récompensé de ses efforts. Je m’y attendais, mais pas aussi rapidement. On a accroché la troisième place, ce qu’on n’espérait pas auparavant.

Comment s’est passée ton intégration dans l’effectif ?

Je suis arrivé, tout était nouveau. Il y avait des Brésiliens, Jean Lucas et Caio Henrique, des joueurs qui parlaient portugais et qui m’ont aidé. Il y a toujours ces difficultés au début, je ne parlais pas français. L’ambiance du vestiaire était excellente et ça a facilité mon intégration.

Qui t’a le plus impressionné aux entrainements ?

Il y a de très grands joueurs, mais le premier, c’est Wissam (Ben Yedder). Il met chaque ballon au fond, du pied droit ou du pied gauche. Impressionnant.

Pourquoi Monaco va réussir une grande saison ?

D’abord grâce à notre travail. C’est le plus important. Tout le monde est concentré, motivé. J’espère que cela sera une saison merveilleuse. L’esprit de la saison passée est toujours là.

Que penses-tu du projet de l’AS Monaco ?

C’est un projet très ambitieux. Un projet grandiose où mon profil correspond parfaitement. C’est un mélange de joueurs d’expérience et de jeunes à fort potentiel. Comme le Grêmio au Brésil, c’est un grand club, très bien structuré, moderne, avec beaucoup de technologie.

Lors de ta présentation, tu as évoqué Fabinho. Pourquoi ?

Parce que Fabinho a une très belle histoire ici à Monaco. Il contribue aujourd’hui au succès de Liverpool, du Brésil. Il a une carrière brillante qui a démarré ici. J’espère suivre ses pas, à Monaco comme pour la suite de ma carrière. C’est une référence.

Est-ce que tu penses que l’AS Monaco est le club idéal pour rejoindre la sélection ?

Oui. Monaco est un grand club, connu dans le monde entier. Si je travaille bien ici, j’en récolterai les fruits plus tard. Je n’ai jamais joué en sélection de jeunes, c’est mon rêve de représenter mon pays.

Que savais-tu de la Ligue 1 avant de venir ?

C’est un championnat qui grandit chaque saison et que je suivais déjà depuis trois ou quatre ans. On en parle de plus en plus dans le monde. L’arrivée de grands joueurs ici fait qu’on s’y intéresse beaucoup au Brésil.

Pourquoi le Brésil et la France sont considérés comme les deux principaux pourvoyeurs de talents au monde ?

Je pense que c’est une question de culture. On adore le foot. Il y a un amour pour le jeu qui l’explique certainement.

Style de jeu

Vanderson est-il un latéral droit ou un ailier droit ?

Comme je l’ai déjà dit, je suis un latéral droit. C’est comme ça que j’ai été formé et que j’ai débuté en pro. Je suis plus habitué à jouer à ce poste.

L’entraîneur Philippe Clément t’a plutôt utilisé comme ailier. Est-ce qu’il t’a dit à quel poste il comptait t’utiliser cette saison ?

Oui, mais ce ne sera pas forcément à une position fixe. Tout ce qui m’intéresse, c’est d’aider l’équipe, peu importe l’endroit où je joue. Je suis à sa disposition.

En termes tactiques, qu’est-ce qui change pour toi entre jouer latéral ou ailier ?

J’aime avoir le jeu en face de moi quand on attaque. C’est encore difficile pour moi de jouer dos au but. Mais je m’y habitue depuis la saison dernière. Ça change dans le jeu intérieur aussi. Je suis un latéral qui aime plonger et surprendre. En tant qu’ailier, je suis plus surveillé.

Dans quels domaines dois-tu progresser ?

Je suis encore un jeune joueur dans ce monde professionnel. Je n’ai joué qu’un an au Brésil, six mois ici. Je dois gagner en expérience, progresser en défense, notamment le marquage et la tactique, car c’est la mission première d’un latéral. Cela viendra petit à petit, avec de la patience, de l’observation.

Ton entraîneur parlait aussi du physique et de ton pied gauche, tu es d’accord ?

Oui, il a raison. Quand je suis arrivé, je n’étais pas au niveau physiquement. J’ai déjà gagné en masse, en vitesse, pour m’adapter au niveau européen. J’ai encore beaucoup à apprendre.

Personnalité

Une fois l’entraînement terminé, à quoi ressemble ta vie en France ?

C’est tranquille, c’est un endroit parfait pour vivre. Je vis seul dans un appartement à Monaco, j’ai l’habitude de rester à la maison. J’aime passer du temps au téléphone avec ma famille restée au Brésil. Je regarde des films, des telenovelas brésiliennes, j’étudie le français.

Quelles sont les principales différences entre le Brésil et la France ?

La langue évidemment. C’est une culture différente et je m’y adapte.

Tu parles français ?

Je le comprends très bien et j’arrive à m’exprimer de façon basique. Je peux me débrouiller au restaurant, à l’aéroport, des petites choses comme ça. (Il s’exprime en français : « je connais les bases ».) Je parle en Français avec l’entraîneur, avec les coéquipiers, on se comprend. C’est une langue compliquée, mais je travaille, je prends des cours. C’est important pour mon intégration.

Qu’est-ce que tu aimes ici ?

C’est une nouvelle culture et j’apprécie votre pays. J’ai développé ma façon de penser, de voir les choses.

Qu’est-ce qui t’a surpris en arrivant ici ?

Les courts déplacements, puisque tout est rapproché ici. Le Brésil est un grand pays, les voyages sont longs. C’est une agréable surprise.

Tu étais à deux doigts de partir en Angleterre (Brentford) avant que Monaco ne te recrute. Est-ce que tu rêves de jouer en Premier League ?

Oui, c’est un objectif pour tous ceux qui veulent évoluer au plus haut niveau. C’est un grand championnat comme la Ligue 1. Mais d’abord, je veux jouer ici et disputer la Ligue des Champions.

Tu fais partie des 10 promesses brésiliennes, tu es promis à un grand avenir. Comment gères-tu cela ?

Normalement. C’est important pour mon évolution de savoir que j’intègre ce cercle des promesses. Mais ça ne change rien à ma façon de penser. Il faut travailler. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre et je dois m’habituer au haut niveau, c’est le cas ici.

Tu es très discret sur les réseaux sociaux, pourquoi ?

Je suis un mec discret et tranquille. Je n’aime pas trop parler de moi. Je ne pense qu’au travail. Si tu vois mes photos, il n’y a que du travail. C’est à mon image, c’est ce que je veux renvoyer aux gens.

Conclusion

Puisque tu en as déjà réalisé certains, quels sont tes nouveaux rêves ndésormais ?

Actuellement, c’est de jouer la Ligue des Champions. Et après, jouer pour la sélection brésilienne et disputer la Coupe du Monde. Je pense pouvoir les réaliser.

Si tu étais journaliste, quelle question poserais-tu à Vanderson ?

C’est difficile, laisse-moi réfléchir (Longue réflexion). Tu les as toutes posées alors je reprends une des tiennes : « Tu es un joueur jeune, qu’est-ce que tu dois améliorer dans ton jeu » ? À toi de répondre (rires).

Si tu devais terminer l’interview par une phrase qui te représente, que dirais-tu ?

Je suis quelqu’un de très pratiquant. Il y a une phrase que je porterai toujours en moi : « Dieu sait ce qu’il fait ». Cela résume mon parcours jusqu’ici.

Quelle note sur 10 te donnerais-tu pour cet entretien ?

10 pour tes questions, 7 ou 8 pour mes réponses.

Entretien réalisé par Alexandre Teixeira

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