EXCLU - Sohaib Naïr : « À plusieurs reprises, j’ai cru que mon tour était passé » | OneFootball

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·23 juillet 2025

EXCLU - Sohaib Naïr : « À plusieurs reprises, j’ai cru que mon tour était passé »

Image de l'article :EXCLU - Sohaib Naïr : « À plusieurs reprises, j’ai cru que mon tour était passé »

La Ligue 2 est un championnat qui recèle de nombreux talents. Chaque année, plusieurs pépites franchissent le cap et brillent dans l’élite. Tous les mois, Onze Mondial part à la découverte de ces cracks de l’ombre. De blessures en désillusions, Sohaib Nair a bien cru abandonner son rêve de devenir footballeur professionnel. Mais à force de courage et de travail, le natif de Saint-Denis a gagné sa place au sein de la charnière de l’EN Avant Guingamp où Sylvain Ripoll lui accorde toute sa confiance. Coup de projecteur.

Peux-tu me parler un peu de ta jeunesse ?


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Je suis Sohaib, un garçon qui a grandi à Saint-Denis, dans le quartier des Francs-Moisins. Je suis né à Saint-Denis, j’ai effectué mes premières classes de foot dans l’un des clubs de la ville, le Cosmos Saint-Denis. Ensuite, je suis parti au Red Star entre mes 14 et mes 15 ans, avant de rejoindre la Jeunesse d’Aubervilliers durant une année. En U17, j’ai signé à Montfermeil avec Fabio Frasconi. C’est à ce moment-là que je passe milieu défensif. Derrière, j’ai signé à Toulouse, un an aspirant, deux ans stagiaire. Au TFC, j’ai encore reculé d’un cran pour me retrouver en défense centrale avant d’atterrir à Guingamp. Pour te résumer, j’ai commencé le foot comme attaquant. Et plus je changeais de club, plus je reculais : N°9 au Cosmos, N°10 au Red Star, N°8 à Aubervilliers, N°6 à Montfermeil, deux ans comme N°6 à Toulouse, puis défenseur central la dernière année.

Tu étais quel type de garçon ?

Un garçon normal, un jeune de quartier, gentil, pas trop école. J’avais de bons résultats, j’étais plutôt intelligent, mais je n’aimais pas trop ça, ce n’était pas ce que je voulais faire. Très rapidement, j’ai voulu devenir footballeur. Je me suis accroché, je n’ai pas lâché et voilà.

Tu as une histoire marquante par rapport à ton enfance ?

Quand j’étais jeune, je faisais des cours d’arabe, mais les cours d’arabe tombaient le week-end, donc c’était soit ça, soit les matchs. Et c’était toujours mes frères qui m’y emmenaient. Une fois, j’avais dit à l’un de mes frères que je voulais m’y rendre seul. Et dès qu’il m’a lâché, je suis parti au foot. Après, mon père me cherchait partout, ma mère pareil, en réalité, j’étais parti jouer au foot (rires).

As-tu essayé d’autres sports ?

Oui, j’ai commencé par le judo. J’ai fait huit ans de judo, de 5 à 13 ans. Et c’est quand j’ai signé au Red Star que j’ai arrêté d’y aller, parce que je ne pouvais plus faire les deux en même temps. J’étais ceinture marron, c’est pas mal.

Lorsque tu signes à Toulouse, tu te dis que tu vas enfin pouvoir vivre de ta passion ?

Déjà, c’est une première fierté. Je me dis alors que j’ai connu des années compliquées au foot chez les jeunes, mais que je n’ai pas lâché, donc signer dans un club pro, c’est une fierté. C’est un premier grand pas, tu es considéré comme quelqu’un qui est dans un centre de formation, ensuite c’était à moi de jouer pour atteindre le haut niveau.

Comment as-tu atterri au TFC ?

J’étais à Montfermeil, en U17 R1. On jouait la montée, on réussissait une très grosse saison et à titre personnel, je réalisais ma meilleure saison chez les jeunes. J’ai effectué pas mal de tests : Valenciennes, Guingamp, Brest. Finalement, j’ai rejoint Toulouse.

Quels souvenirs gardes-tu de ta formation à Toulouse ?

(Direct) Mon premier but. C’était à Nîmes. On perdait 1-0, on a obtenu un corner, je suis monté, j’ai mis un coup de tête et on a égalisé. Après, il y a eu d’autres choses : les séances avec les pros et puis surtout, la chose la plus marquante, c’est la fin, lorsqu’ils ne m’ont pas gardé.

Avec le recul, pourquoi n’as-tu pas réussi au Téfécé ?

Déjà, il y a un facteur qui s’appelle les blessures. J’ai subi énormément de blessures à Toulouse, je n’ai jamais bouclé une seule saison sans pépin. J’ai eu deux lésions au niveau du bas du dos qui m’ont éloigné des terrains, une fois cinq mois et une fois six mois. La dernière année, alors que j’étais plutôt épargné, j’ai eu une fracture du métatarse. Forcément, j’avais l’étiquette du joueur fragile et pas fiable. Quand je jouais, j’étais bon, quand je montais avec les pros, je me mettais au niveau. Mais j’étais catégorisé comme un joueur pas fiable, donc c’était mort.

En 2022, tu rejoins l’En Avant Guingamp. Qu’est-ce que tu te dis à ce moment-là ? Que le foot professionnel, c’est déjà du passé ?

Il faut revenir dans le contexte de l’époque. Toulouse m’a dit que c’était fini et moi, j’avais ma fracture au pied. Je ne pouvais pas aller en test. Et le coach à Guingamp, Jean-Baptiste Le Bescond, me contacte un peu avant la fin des vacances. On était le 30 juin et la reprise était programmée au 4 juillet. C’est un agent qui nous a mis en relation, et aujourd’hui, cet agent, c’est encore le mien. Jean-Baptiste Le Bescond était le coach de la N2 et il a dit qu’il me voulait même sans effectuer de test. Au début, j’étais parti pour être un simple joueur de l’effectif et je ne voulais pas y aller. J’estimais que financièrement, il fallait que je me stabilise dans ma vie, que ce n’était pas forcément un bon choix d’aller là-bas. Mon agent et mon entourage ont poussé pour que j’y aille, pas forcément pour signer pro derrière, juste pour effectuer une année sans blessure. Eux étaient persuadés que ça allait passer et ils avaient vu juste.

Tu as passé deux années avec la réserve, comment as-tu gagné tes galons de titulaire cette année ?

Comme d’habitude j’ai envie de dire. Moi, j’ai toujours été quelqu’un qui allait chercher les choses. On m’a très rarement donné. Je suis arrivé à Guingamp, j’étais face à moi-même. Je savais que c’était entre guillemets une dernière chance. Je devais signer un an. Et quand ça ne prend pas, les familles te rappellent qu’il faut te stabiliser dans la vie, faire des études, travailler. Moi, je me suis dit, c’est ma première et dernière année à Guingamp. Ce qui a fait que ça a marché, c’est mon envie, je pense. J’avais plus envie que les autres, je savais ce que je voulais, j’étais très déterminé.

Il y a eu un autre facteur important à l’intersaison avec la nomination de Sylvain Ripoll au poste d’entraîneur. À quel point ça change une vie d’avoir un coach qui croit en toi ?

Bah ça change une vie au point d’être international aujourd’hui. Enfin, international pas encore, mais j’ai été appelé en sélection. Si j’en suis là, c’est grâce à beaucoup d’efforts en N2 et à la confiance de Jean-Baptiste Le Bescond. Je le cite beaucoup, mais il m’a relancé et permis d’enchaîner les matchs. J’ai signé mon contrat pro avec Stéphane Dumont, mais c’est vrai que mon éclosion chez les pros coïncide avec l’arrivée de Sylvain Ripoll. C’est lui qui m’a lancé, j’ai profité des blessures, j’ai été bon quand il fallait être bon, et derrière, j’ai gagné ma place.

Si tu devais présenter Sohaib, que dirais-tu ?

Un gars souvent joyeux, beaucoup dans l’aide, quelqu’un de facile à vivre. Quand j’ai un objectif, je suis très déterminé.

Qu’est-ce que tu aimes faire en dehors du foot ?

Être avec mes amis, mes proches, ma famille, rigoler, profiter et passer du bon temps.

Tu es originaire de Saint-Denis, or les joueurs issus du 93 disent souvent qu’ils ont un truc en plus que les autres. Tu confirmes ?

Je confirme. C’est une mentalité spéciale parce que quand tu grandis ici, ce n’est pas toujours simple. Forcément, on a cette dalle, cette envie, cette force qui vient de nulle part mais qui nous aide souvent.

Tu as des surnoms ?

Non, on m’appelle parfois « So », mon diminutif, c’est tout.

Tu es quel type de joueur ?

Un joueur qui aime les duels, un vrai défenseur dans le sens où j’aime défendre, je prends du plaisir à ça.

Quels sont les points à améliorer dans ton jeu ?

Aujourd’hui, je dirais que je suis un footballeur plutôt complet, je n’ai pas vraiment de point faible. Il faut tout de même que je fasse gaffe à ma condition physique. C’est vraiment ça le plus gros point à améliorer parce que pour le reste, je suis assez complet.

Qu’est-ce qu’un grand défenseur selon toi ?

Quelqu’un qui prend goût à défendre parce que ce n’est pas tout le monde qui aime défendre, quelqu’un qui raffole du duel, un leader dans l’âme. Une personne qui sait motiver ses troupes.

As-tu un modèle dans le foot ?

Sergio Ramos ! J’aime beaucoup Sergio Ramos parce qu’il a tout ce que je viens de dire précédemment. Il est à l’aise balle au pied, il a une mentalité de guerrier, il sait aller au duel et mettre la tête là où certains ne mettraient pas le pied. Donc oui, j’aime beaucoup Sergio Ramos.

Tu as des rêves ?

Ce qui me motive, c'est que j'ai eu un parcours atypique, donc je suis assez revanchard. J’ai envie d’aller le plus haut possible, un peu aussi pour toutes les personnes qui ont pas cru en moi, tous ceux qui ont douté. En sélection, j’ai envie de réussir la meilleure carrière internationale possible.

Est-ce que tu as cru à un moment que ton tour était passé ?

Franchement, oui, à plusieurs reprises. Quand tu es joueur, tu connais plein de footballeurs autour de toi, tu en vois beaucoup tracer leur chemin, apparaître au haut niveau, à un âge beaucoup moins avancé que le tien, tu te dis que tu as peut-être loupé le coche. Personnellement, j’ai toujours su qu’avec le travail, je pouvais avoir un parcours atypique, je pouvais casser les codes. Mais à un moment, j’ai cru que mon tour était passé.

Est-ce que le fait d’avoir galéré fait que tu apprécies davantage ton présent ?

Bien sûr ! C’est humain, mais parfois, je me plains ou je suis un peu malheureux, et j’essaie de me dire : d’où tu viens, c’était bien plus difficile. Donc je remercie Dieu.

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quel métier ?

Je me suis posé la question après Toulouse justement. J’ai commencé à postuler dans les hôtelleries de luxe (sourire). J’avais un ami qui bossait dedans, alors je me suis dit pourquoi pas. Mais je n’avais pas un projet arrêté, c’était juste une idée comme ça.

Si tu avais un super pouvoir, tu choisirais lequel ?

Être invisible, comme ça personne ne me voit et je vois tout le monde. Ou sinon  pouvoir me téléporter, c’est sympa aussi.

Si tu étais journaliste, quelle question tu poserais à Sohaib ?

Comment t’en es arrivé là ?

Et il répondrait quoi ?

Reprends toute l’interview depuis le début et tu vas le savoir (rires).

Si tu devais finir l’interview par une phrase qui te représente, tu dirais quoi ?

Ne jamais rien lâcher. Quoi qu’il arrive. C’est classique, ce n’est pas un dicton très recherché, mais ça fonctionne, c’est ce qui guide ma vie.

Quelle note tu te mets pour cet entretien ?

Je me suis trouvé bon, naturel, donc je dirais 10 sur 10.

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