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·11 mai 2021

Exclu – Serge Djamba-Shango : « Je serai éternellement reconnaissant envers le LOSC »

Image de l'article :Exclu – Serge Djamba-Shango : « Je serai éternellement reconnaissant envers le LOSC »

Comme José Saez que nous avons interviewé début avril, Serge Djamba-Shango était titulaire en finale de Gambardella 2000, avant de signer son premier contrat professionnel au LOSC. Pour Le Petit Lillois, l’attaquant revient sur ce passage…

Au LOSC des U16 jusqu’au groupe pro

Vous intégrez le LOSC en U16, en provenance du club belge de Molenbeek (arrondissement de Bruxelles)


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Oui, j’habitais en Belgique et j’ai été repéré par Jean-Michel Vandamme et Pierre Dreossi lors d’un match amical avec mon club du RWDM. Au départ ils venaient superviser un autre joueur, mais leur intérêt s’est finalement porté sur moi.

Je note que vous êtes né à Kinshasa.

Je suis né au Congo en 1982, puis mon père a obtenu une bourse d’études pour venir en Belgique, la famille a suivi. J’avais 4 ans quand nous sommes arrivés.

En rejoignant le centre de formation lillois en 1998, vous avez pu participer aux deux épopées en Gambardella. L’AJ Auxerre doit donc hanter vos souvenirs…

Oui et non (rires). C’est sûr que l’AJA nous bat une fois en demi-finale (1999), et une fois en finale (2000), mais ça reste d’excellents moments. Ces épopées, mais aussi la vie au centre de formation. Comme je n’habitais pas à proximité, je logeais sous le stade Grimonprez-Jooris. Jean-Noël Dusé notre coach en Gambardella et son épouse étaient responsables de l’internat. Ils m’ont énormément soutenu, toujours une épaule sur laquelle s’appuyer.

Vous êtes dans la ligne d’attaque sur la feuille de match au Stade de France. Quel est votre poste de formation ?

J’ai été formé comme ailier gauche, en réalité j’arpentais tout le couloir dans un rôle offensif. Lors de la finale, on jouait dans un faux 4-4-2, j’étais bien sur l’aile, et Matt tout seul devant.

« J’ai demandé à Puel si ça posait problème, et il m’a répondu « dans mon équipe, oui ! » »

Quelques mois après cette finale, le coach Vahid vous sollicite pour participer aux entrainements avec son groupe pro.

Lors de sa dernière année au club, Vahid Halilhodžić me convoquait régulièrement quand il y avait besoin de faire le nombre aux entrainements. Matt aussi vivait ses premières convocations. Le club jouait la Champions League pour la première fois. Tu avais des joueurs emblématiques comme Djezon Boutoille, Pascal Cygan, Grégory Wimbée.

Stéphane Pauwels (attaché de presse, puis coordinateur sportif à cette époque NDLR) faisait un peu de propagande pour moi aussi (rires), en tant que belge, il jouait la carte patriotique. Quand je sortais de ces entrainements, Stéphane se montrait fier et criait « regardez c’est un jeune belge prometteur », les autres lui répondant que nous n’étions que deux dans ce club, et qu’il ne fallait pas faire les malins non plus (rires)

Un contrat pro au LOSC à l’été 2002, puis des prêts

Comme trois coéquipiers U17 de l’épopée 2000 (Dumont, Moussilou, Saez) vous poursuivez votre cursus par l’équipe réserve et signez pro en 2002.

La date de ma signature avait été actée par messieurs Halilhodžić et Dreossi, mais ils ont quitté le LOSC en fin de saison 2001/02. C’est donc quelques semaines après l’arrivée de Claude Puel, lors de l’intersaison, que je signe un contrat de 3 ans. Et pour tout vous dire, le premier entretien ne s’est pas forcément bien passé. Il avait dû me voir jouer une fois ou deux en équipe réserve, mais c’est le fait de me questionner sur mon physique qui m’a surpris. Il me trouvait trop grand et trop fin pour un ailier. Je lui ai demandé si ça posait problème, et il m’a répondu « dans mon équipe, oui ! »

Vous êtes donc prêté à La Louvière en D1 Belge

La Louvière venait de gagner la coupe de Belgique, et disputait donc la coupe d’Europe, j’ai trouvé que c’était un bon challenge pour continuer à progresser. A l’époque la Coupe UEFA, ce sont des tours à élimination directe dès le début de la compétition. Au premier tour, on tombe contre un gros morceau en tirant le Benfica. Je suis titulaire pour les deux matchs. Cette double confrontation reste surement mon meilleur souvenir sur un terrain. Tu avais des légendes du club coté portugais, comme Simão ou Luisão. L’espagnol José Antonio Camacho comme entraineur…

A l’aller, j’ai la chance d’être passeur sur le but de Peter Odemwingie, pour le premier et actuel unique but de ce club sur la scène continentale. Cela nous permet d’obtenir le nul 1-1. Au retour, on sort avec les honneurs, en ne perdant que 1-0 (Benfica poursuivra sa route jusqu’en huitièmes de finale, éliminés par l’Inter Milan, NDLR).

Parlez-nous justement de Peter Odemwingie, qui a rejoint le LOSC à l’issue de cette saison 2003/04.

A La Louvière ça s’est très bien passé avec le groupe, nous étions une famille, la moyenne d’âge du vestiaire devait être de 23 ans. On se voyait régulièrement en dehors du terrain, avec nos conjointes. Et c’est vrai qu’avec Peter, nous avions tissé des liens particuliers. Mon épouse étant originaire du Nigéria comme lui, nous organisions quelques repas typiques du pays, pour le dépayser un peu.

« J’ai appris plus tard que Lille avait placé une option d’achat lors de mon prêt, et que La Louvière m’a volontairement mis sur le côté à partir de janvier, pour faire baisser cette option »

Vous retrouviez aussi Mike Klukowski, que vous aviez connu au centre de formation à Lille

Mike est un peu plus âgé que mois (né en 1981, NDLR), il avait quitté le LOSC dès 2000 pour rejoindre La Louvière. Il venait du Canada, pour lesquels il a été international d’ailleurs. On l’appelait « robocop », car il était dur sur l’homme, et qu’il n’avait pas d’expression différente que l’on gagne ou que l’on perde. Comme quelques défenseurs, tu ne le voyais rarement de sourire. Je suis toujours en contact avec lui.

Après cette expérience en D1 Belge (23 matchs), vous revenez au LOSC et participez à la préparation estivale.

Mes relations avec Claude Puel étaient toujours fraiches. Je ne devais même pas participer à la préparation à la base. Si vous regardez bien mes statistiques, sur les 23 matchs joués pour La Louvière, je ne joue que 4 bouts de matchs sur la phase retour (pour 24 minutes NDLR). En fait, j’ai appris plus tard que Lille avait placé une option d’achat lors de mon prêt, et que La Louvière m’a volontairement mis sur le côté à partir de janvier, pour faire baisser cette option. Je n’étais au courant de rien… pourtant ça m’a desservi, car j’ai eu la réputation de joueur fragile, d’un joueur qui disparait au bout de six premiers mois prometteurs.

Finalement en interne, quelqu’un convainc Puel de me laisser participer à la préparation dans les Alpes. Je dispute une mi-temps complète en match amical contre Evian d’ailleurs. Même si le coach choisi de m’utiliser comme arrière gauche, je fais une bonne prestation, j’ai quelques soutiens en interne, comme Christophe Landrin. Je suis aussi de la photo officielle au Stadium, on m’enregistre sur la liste LFP, en me donnant le n°28.

Mais cela ne suffit pas, et vous êtes cette fois prêté à Ostende pour la saison 2004-2005.

Oui, j’accepte de nouveau un prêt car Puel m’annonce que je suis son quatrième choix sur l’aile gauche. Philippe Brunel, capitaine est titulaire évident, mais il recrute Johan Audel et m’annonce que Mathieu Robail, alors en réserve est devant moi dans la hiérarchie. Je rejoins donc Ostende, ou l’histoire se répète un peu. Je joue titulaire dès mon arrivée jusqu’en janvier… puis disparait des feuilles de matchs.

Résiliation, puis contrats dans les divisions inférieures belges

De retour d’Ostende, vous choisissez cette fois de résilier

Je quitte Lille, sans avoir de proposition concrète en D1 belge, donc j’accepte un challenge en D2, au KFC VW Hamme, où je reste deux ans. Mais clairement ma chance était passée. Je savais que je n’aurai pas forcément la carrière escomptée lors de mes débuts en D1 belge, ou lorsque j’étais régulièrement sélectionné avec la Belgique. J’ai joué pour les Diables Rouges des U16 aux U21, j’y ai côtoyé Vincent Kompany par exemple… ça reste de supers souvenirs. La fédération du Congo m’avait sollicité aussi… Après Hamme, j’enchaine les saisons entre D2 et D4 : RFC Liège, Royal Cappellen, Namur, Tongeren, BX Brussels. Et je raccroche les crampons en 2015. Le football reste une passion, je joue maintenant pour le plaisir en futsal.

« J’ai appris que Jean-Michel Vandamme reprenait ses fonctions au sein du centre de formation. C’est une très bonne nouvelle pour les jeunes de la région ! »

Que faites-vous depuis votre retraite de joueur ?

Déjà quand je jouais dans les divisons inférieures, j’ai dû réfléchir à me reconversion et obtenir un complément de revenus. Comme la personne qui s’occupait de mes intérêts dans le football avait repris un magasin FootLocker, nous nous sommes associés en 2013. J’y ai travaillé six ans. Depuis, je suis responsable d’un centre de self-stockage (box, garde-meubles…) sur Bruxelles.

Suiviez-vous toujours le LOSC, ou la fin de l’aventure vous a rendu amer ?

Évidemment que je suis toujours très attaché au club. Même si je n’ai pas encore pu venir au Stade Pierre-Mauroy, je suis attentif aux résultats. Je serai éternellement reconnaissant envers le LOSC pour m’avoir permis de côtoyer le haut niveau, la sélection espoirs belge… J’ai appris que Jean-Michel Vandamme reprenait ses fonctions au sein du centre de formation. C’est une très bonne nouvelle pour les jeunes de la région !

Merci Serge !

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