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·28 janvier 2024
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Vingt-deux ans, professionnel depuis quatre saisons et déjà une vingtaine de sélections à son actif… Saïdou Sow, qui participe à sa deuxième Coupe d’Afrique des nations, a déjà tout pour être la nouvelle mascotte du Syli National. Fan d’Eto’o et de Pauleta malgré ses vocations défensives, le Guinéen a eu une carrière qui l’a très vite mené au plus haut, malgré des débuts dans le football arriéré. Pour comprendre comment, il faut jeter un œil dans le rétroviseur. Rien ne le prédestinait à cette trajectoire, tant dans ses inspirations que dans les priorités familiales.
Le natif de Conakry s’est directement épris du cuivre, comme la tendance était au ballon rond en Guinée. Une passion que ne partageaient pas forcément ses deux parents, qui avaient davantage en mire les études de leur fils. “C’était ce qui était le plus important pour eux. Je ne jouais que le week-end et en semaine, pas du tout. Je restais un passionné de football cependant. Déjà en primaire, ma mère ne voulait pas que je joue le soir après les cours”, en rigole Saïdou Sow. Le vendredi, samedi dimanche, je pouvais, mais pour le reste de la semaine, je n’y avais pas le droit.” À l’école jusqu’à tard le soir, le football passe au second plan pour le Guinéen.
Il se plaît dans ce paradoxe, et garde le football dans son cœur, en secret, jusqu’à son arrivée dans l’Hexagone. “Quand je suis arrivé en France, j’ai fait du basketball pour ma première année. Je voulais vraiment faire du football, mais il n’y avait plus de place là-bas”. Malgré une appétence pour le ballon orange, et la voie du sport-étude qui s’ouvre à lui, Saidou Sow refuse. Il reste catégorique concernant sa principale source d’attraction. “C’est à ce moment que je me suis dit que le football était vraiment important pour moi. Le basketball aurait pu m’aider, mais je me suis dit que j’allais enchaîner au football, en faire une passion et pouvoir y vivre.”
« Déjà en primaire, ma mère ne voulait pas que je joue le soir après les cours. »
Il commence donc son Odyssée à Gagny, avant de rejoindre le club de sa ville à Neuilly-sur-Marne. Il apprend de nouveau sa discipline, dans une position différente que celle qu’il affectionnait tant au pays. “J’étais attaquant au départ. Quand je suis arrivé à Neuilly-sur-Marne, j’ai commencé à ce poste. Mon premier coach n’a fait que me mettre en défense. Je disais à ma mère : ‘je ne veux pas jouer au football si c’est pour être défenseur’. Pour moi, c’était hors de question. Je ne voulais être qu’attaquant.” Saidou Sow a eu confiance, et à raison. Il y excelle jusqu’à être repéré par l’AS Saint-Étienne.
Son entrée en centre de formation arrive un an plus tard. Victime d’une blessure au poignet, le natif de Conakry a dû attendre avant de faire ses premiers pas sous le maillot des Verts. « Au début, je ne pouvais ni jouer, ni m’entraîner. J’étais excité, impatient, je ne pensais qu’à mes débuts. » Une fois les terrains du centre de formation foulés, la machine Sow était lancée. Le Guinéen fait ses classes dans une école qui a vu Kurt Zouma, Wesley Fofana et William Saliba en ressortir avec une belle mention. Surclassé en U16, passé par les U17 et les U19 National, il commence à s’entraîner avec les professionnels quatre ans après son arrivée.
Une fois dans l’engrenage, il restait le plus dur, à savoir convaincre sa famille. Inévitablement, la passion a pris le dessus contre la volonté des deux aïeux, qui n’ont rien pu faire. “C’est lors de l’année du BAC que j’ai dit à mes parents ce que je voulais faire. Quand j’ai eu mon BAC, je leur ai dit : ‘maintenant, j’ai mon diplôme, je veux me concentrer uniquement sur le football et faire de cette passion mon métier’. Le message est passé, et après quelques heures de lutte, le verdict tombe. “Ils ont accepté, mais en me répétant que je devais continuer les études”. Sa progression en Loire fut aussi freinée par le COVID, en 2020.
« C’est là où j’ai commencé à m’entraîner avec les professionnels. Après ça, les championnats se sont arrêtés en cours de saison.” Cette même période concorde avec la fin de son contrat. Saïdou Sow discute avec la direction de l’ASSE pour une prolongation. Moins optimiste que le joueur, le club lui propose alors un contrat stagiaire. “Ça m’a dégoûté (rigole). Je visais vraiment le contrat professionnel”. Alors le jeune joueur se renferme dans le travail, en vue de la pré-saison suivante (2020-2021). Il décroche le sésame tant attendu deux mois plus tard.
Saïdou Sow lors de sa première saison à
Saint-Étienne, il y a trois ans. © Icon Sport
“Pendant toute la préparation, j’ai cogité et je me suis dit que je devais revenir en voulant montrer que je mérite d’être professionnel. C’est ce qui a changé la donne.” L’aventure chez les Verts était véritablement lancée. Il dispute son premier match en amical face à Bordeaux, avant d’être véritablement lancé en Ligue 1, le 3 octobre 2020. Considéré par Claude Puel, Saïdou Sow connaît sa première saison professionnelle, dans la cour des grands. Avant d’en enchaîner une deuxième (2021-22), davantage morose. Blessé à la cheville pour la deuxième partie de l’exercice, il assiste, impuissant, au déclin de son club formateur.
« Ça fait mal. Tu as une boule au ventre quand tu es au stade. Personne ne parle dans ces moments-là, tout le monde est choqué”. Malgré la situation, il reste au club. Pour la première saison de l’ASSE en Ligue 2, Laurent Batlles prend les rênes de l’équipe, et le défenseur n’entre pas tout de suite dans les plans. Alors Saïdou Sow accepte la situation, sans broncher. Comme à l’accoutumée, le travail et le maître mot pour se sortir de la situation. Il ne pouvait pas s’y prendre autrement pour donner tort à son entraîneur, qui le titularise en suite non-stop de décembre à mai.
« Je préfère être à un endroit où on me fait confiance. »
Le Guinéen était devenu une figure de proue de l’effectif stéphanois à l’issue de la saison, mais sa saison l’a mené à un choix charnière. Il quitte alors la Ligue 2 et son club formateur, pour retourner dans l’élite, à Strasbourg. “Il y a des choses que tu ne contrôles pas. J’étais en confiance, mais je n’étais pas vraiment dans les plans. Rester pour recommencer la même année dans la même situation n’était pas la bonne solution”, explique Saïdou Sow. « Je préfère être à un endroit où on me fait confiance.” Le défenseur a tourné la page d’une histoire longue de presque huit ans.
“De mes premiers matchs jusqu’à mon départ, j’ai tout connu là-bas. Ça fait mal, mais j’avance et je n’oublie rien. C’est ainsi que se font les carrières.” Le défenseur central laisse derrière lui un club qui l’a formé, fait évoluer, mais qui l’a surtout vu débuter en sélection (en 2022) et participer à sa première Coupe d’Afrique des nations. Au Cameroun, à 19 ans, celui qui a grandi avec la génération Fodé Mansaré et Pascal Feindouno s’était fait une place de titulaire lors d’une compétition qu’il regardait enfant. “Ce n’est pas une question de jouer pour un club, mais pour toute une nation. C’est une autre atmosphère et j’avais un peu de pression, mais j’étais comme un spectateur.”
Saïdou Sow face au Sénégal, champion de la dernière édition, lors de sa première CAN à 19 ans. © Icon Sport
Cette fois, c’est sous les couleurs du RCSA, dans un club “qui lui fait confiance”, que Saïdou Sow a été appelé par Kaba Diawara. Pour sa deuxième CAN, le défenseur compte bien tirer les marrons du feu, dans un collectif new-look. “On a beaucoup pris en maturité. Il y a eu d’excellents renforts (Guirassy, Bayo, Guilavogui, ndlr). Notre équipe est complètement différente de la dernière édition.” Parmi les nouveaux arrivants, Mouctar Diakhaby s’est érigé un véritable statut dans la charnière centrale. Depuis, et bien que l’aîné soit Lyonnais de formation, les deux défenseurs s’entendent à merveille.
Le joueur de 21 ans profite pour acquérir des conseils précieux de son homologue, pédagogue et expérimenté d’une bagatelle de six ans en Liga, à Valence. “Quand on arrive en club et en sélection, on met de côté nos clubs. Il a beaucoup d’expériences, parle beaucoup et me conseille. C’est le top d’évoluer avec un joueur comme ça, car il est là pour moi et pour l’équipe.” Alors Saïdou Sow écoute, apprend et compte appliquer les leçons sur les pelouses ivoiriennes. Une Coupe d’Afrique des nations dans laquelle il se voit bien inscrire un premier trophée à son palmarès. “Nos objectifs sont plus élevés : on veut prendre cette Coupe d’Afrique des nations.
On sent que l’équipe est tous ensemble, donc on veut gagner. J’ai pris en maturité, ça m’a permis de passer un cap.” Le Guinéen l’a montré mardi dernier. Malgré la défaite encaissée face au Sénégal (2-0), le Syli National s’est qualifié pour le tour suivant. Une rencontre où le défenseur de 21 ans a été titularisé, et a livré une belle copie face à Sadio Mané et consorts. “Je n’ai pas eu beaucoup d’activité en club cette saison, mais je donne le maximum et je me tiens prêt. J’ai joué des matchs en sélection, mais je me considère seulement comme un joueur prêt à aider l’équipe au maximum. Je me sens présent.”
Comme Saïdou Sow, les vingt-quatre autres joueurs du Syli National devront l’être, ce soir face à la Guinée équatoriale.
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