EXCLU, Michael Owen : "Je mets une pièce sur la France" | OneFootball

Ballon d’Or 2001, vainqueur de la FA Cup et de la Coupe de l’UEFA avec Liverpool et de la PL avec MU, Michael Owen a disputé trois Coupe du Monde avec les Three Lions. Dans une interview exclusive donnée à OneFootball, l’ancien international anglais (40 buts en 89 sélections entre 1998 et 2008), se livre sur la plus importante des compétitions du ballon rond.

Quelle est ton histoire personnelle avec la Coupe du monde ?

La Coupe du monde représente énormément pour moi. Non seulement en tant que joueur mais aussi en tant que fan. Encore gamin, j’avais suivi le Mondial 1990 et ça m’avait fait forte impression. Évidemment, c’était incroyable de pouvoir y participer huit ans plus tard. J’ai eu la chance d’être décisif en Coupe du monde tôt dans ma carrière et je pense que ça m’a servi de tremplin pour me faire rapidement un nom dans le foot. Le but contre l’Argentine a sans aucun doute changé ma vie (8e de finale perdu aux pénaltys en 98).

Représenter ton pays dans trois Coupe du monde est évidemment un immense honneur. Quand j’étais jeune et intrépide, j’abordais ces tournois en me demandant « Combien de buts vais-je marquer? ». Je ne m’en rendais pas compte à l’époque mais cette attitude et cette mentalité ne durent pas indéfiniment et ça me manque.

Le Mondial 98 en France est celui qui a changé ma vie. C’était mon premier tournoi et dans le vestiaire après le match contre l’Argentine, beaucoup de joueurs sont venus me prévenir que ma vie allait changer. […] De retour en Angleterre, je me souviens de passer dans mon quartier et de découvrir des rues bondées de fans, de photographes et de chaînes de télés. Tout le monde m’a applaudi à mon arrivée.

En tant que fan, mes premiers souvenirs marquants remontent au Mondial 90 en Italie. Je me rappelle de la musique, Pavarotti chantant avant les matches. Je me souviens du bon tournoi réalisé par l’Angleterre : les nombreux buts de Gary Lineker et Toto Schillaci et de Gazza. Mais si je ne dois garder qu’un seul moment fort, je dirais la danse de Roger Milla avec le poteau de corner après avoir marqué le but de la victoire contre la Colombie, permettant au Cameroun de devenir la 1ère équipe africaine qualifiée pour les quarts.

En tant que joueur, j’ai vécu quelques grands moments en Coupe du monde. Marquer en quart de finale contre le Brésil en 2002 pour nous permettre de prendre l’avantage contre les favoris du tournoi en fait partie. Quand j’y repense, si on arrive à tenir le score à ce moment-là, on aurait pu gagner le tournoi par la suite. Sur le coup, c’était un moment incroyable mais malheureusement, le Brésil a renversé la vapeur pour s’imposer 2-1 et a fini par remporter le Mondial.

Mais tout bien réfléchi, je pense que le but contre l’Argentine est le plus important pour moi. Il m’a vraiment révélé aux yeux du monde. La qualité du but, les adversaires, mon âge à l’époque, l’action : tous les ingrédients sont là pour en en faire un des moments les plus mémorables, non seulement en Coupe du monde mais à l’échelle de toute ma carrière.

Le guide complet de la Coupe du monde 2022.

Le foot, plus qu’un sport ?

Le football est plus qu’un simple jeu. Il m’a appris beaucoup de principes précieux en dehors du terrain : l’esprit d’équipe, la discipline, la persévérance, l’ambition, la capacité à gérer les succès et les échecs, la gestion du temps, le sacrifice…

À travers le foot, j’ai découvert que ma mentalité était faite de constante positivité et de confiance en moi. Quand j’étais à Anfield à 18 ans et que je manquais un contrôle à l’échauffement, je me disais, « Parfait, voilà mon raté du jour. » ou quand je vendangeais 100 occasions en un match, que la presse me descendait le lendemain, je pensais : « Aucun joueur dans le monde n’aurait pu faire ce que j’ai fait au cours de ce match. » J’avais cette capacité à transformer les commentaires négatifs en quelque chose de positif. […]

Le foot est un sport qui transcende les frontières, les groupes ethniques, les langues et les religions. C’est un jeu où, quelle que soit leur origine, les joueurs jouent selon les mêmes règles, et où les fans du monde entier partagent la même passion et comprennent les émotions contradictoires qu’il provoque.

Pendant un mois tous les quatre ans, la Coupe du Monde unit les gens comme aucun autre événement. Elle aide à connecter les générations et rassemble les peuples. Le format de ce tournoi international crée une forme de solidarité unique. De nombreux fans finissent par supporter d’autres pays en raison de problèmes hors du terrain et les supporters dont les équipes sont éliminées se retrouvent souvent à soutenir une autre sélection que la leur.

Du point de vue des joueurs, comment se préparer efficacement à l’approche du Mondial ?

En temps normal, les internationaux bénéficient souvent d’une petite coupure à la fin des championnats nationaux ou ont au moins quelques semaines de rodage avant les tournois majeurs, avec des stages de préparation et des amicaux. Ce n’est pas le cas pour cette édition, où les joueurs ne disposent que de quelques jours avant le coup d’envoi du tournoi.

Je pense personnellement que les joueurs seront en forme au Qatar. Ils n’ont disputé que trois mois de compétition avec leurs clubs et d’un point de vue physique, ceux qui ont été épargnés par les blessures et appelés pour représenter leur équipe nationale seront en bonne condition physique et je m’attends à un tournoi de haut niveau.

La préparation mentale est aussi importante. Les fédérations auront fait en sorte que les joueurs se sentent à la maison dans leurs camps de base et aient la possibilité de déconnecter. C’est important de savoir quand être concentré et quand relâcher la pression. Mon conseil aux joueurs serait de mettre l’accent sur ce qu’ils peuvent contrôler. De ne pas gaspiller de temps et d’énergie sur des choses sur lesquelles ils n’ont pas le contrôle, cela peut drainer de l’énergie et aussi amener de la frustration et impacter les performances.

Qu’attends-tu du tournoi ? Qui vois-tu l’emporter au Qatar ?

La Coupe du monde 2022 s’annonce unique et je m’attends à un tournoi très relevé. Les équipes qualifiées sont de haut niveau et je ne pense pas qu’il y ait un grand favori à ce jour, ce qui augure un Mondial très compétitif. J’échange avec beaucoup de gens, qui annoncent tous des vainqueurs différents. Il y aussi quelques solides outsiders qui vont poser des problèmes inattendus aux cadors. Je pense notamment au Japon ou au Danemark.

Je vais bien évidemment suivre l’Angleterre de près. Je trouve qu’on a une très belle équipe cette année. Les Three Lions ont fini 4es et 2es des deux derniers tournois majeurs et nous progressons bien mais je pense qu’il y a encore trois ou quatre équipes qui sont meilleures que nous actuellement. Je vais aussi garder un oeil sur l’Argentine et le Portugal. Messi et Ronaldo n’ont jamais remporté la Coupe du Monde et c’est probablement leur dernière chance. Soulever le trophée le plus convoité de ce sport serait une fin idyllique pour eux.

Je l’ai dit et je le répète, je ne vois pas d’immense favori se dégager en amont du tournoi. Neymar et le Brésil ont été brillants lors de la préparation de ce Mondial mais je vais mettre une pièce sur la France. Les Bleus abordent le tournoi en tant que tenants du titre et malgré leurs mauvais résultats récemment, ils ont un groupe équilibré et un riche vivier de talent à disposition. Pogba et Kanté sont certes forfait mais ils ont quand même des joueurs de qualité à tous les postes et avec Mbappé et Benzema, ils disposent de deux des meilleurs attaquants du monde.

Dans un tournoi qui historiquement n’est pas riche en buts, notamment pendant la phase de poules, si Deschamps parvient à tirer le meilleur de ce duo, cela pourrait bien faire la différence.

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