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·11 juillet 2023
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« Ah les gars, vous m’interrompez en pleine partie de Call Of Duty, j’espère que l’interview ne sera pas trop longue. » Dans un français parfait, Malcom Filipe Silva annonce la couleur : sur le papier, l’exercice médiatique n’est pas son fort. Et pourtant, dès la première question, l’ailier du Zenit Saint Petersburg débite à tout va. Annoncé proche du Paris Saint-Germain, l’ailier de 26 ans revient sur ses passages à Bordeaux et au Barça avant d’évoquer l’intérêt du club de la capitale. Interview d’un crack épanoui en Russie.
Voici quelques extraits de notre interview de Malcom. L’intégralité de cet interview de 6 pages est à retrouver dans le magazine n°360 de Onze Mondial disponible en kiosque et sur notre eshop depuis le 26 mai.
Bordeaux
Comment s’est manifesté l’intérêt de Bordeaux et quelle fut ta réaction ?
Bordeaux s’est intéressé à moi après mon titre de champion avec les Corinthians (2015). J’étais en forme, j’avais reçu d’autres offres de grands clubs européens, mais j’ai choisi Bordeaux parce que la France est au centre de l’Europe. Je savais que ce serait un tremplin pour un grand club. Je savais qu’après deux ou trois ans chez les Girondins, si je travaillais bien, je serais vendu à un grand club.
Quelle image gardes-tu du club ?
Depuis gamin, je ne pense qu’au football, alors je savais que c’était très important de réussir chez eux. C’est un club qui m’a beaucoup aidé. Je leur serai éternellement reconnaissant pour ce qu’ils ont fait pour moi, pour leur soutien, leur amour. Ils m’ont bien traité.
Qu’est-ce qui t’a le plus marqué lors de ton arrivée ?
Ce qui m’a le plus surpris ? C’est le froid ! Je suis arrivé un 1er février, il fait froid en Europe, alors que c’est l’été au Brésil. L’adaptation fut compliquée sur ce point-là, mais pour le reste, on s’est très bien occupé de moi, je m’en souviens comme si c’était hier. Même avec les joueurs les plus expérimentés, on parlait la « langue du football » pour se comprendre sur le terrain.
Sur le terrain justement, quelle était la grande différence entre le football brésilien et la Ligue 1 ?
À mes débuts, j’ai souffert physiquement. Quand je suis arrivé, je pesais 64 kg. Et j’ai tout de suite remarqué que ça allait être dur. Je n’avais aucun doute sur mes qualités techniques, mais sur le plan physique, je n’étais pas prêt. Alors le club m’a préparé un programme spécifique. Je devais gagner en masse musculaire pour mieux protéger mon ballon et améliorer mon rendement. J’ai dû prendre 7 kilos en quelques mois. Pour eux, c’était le poids idéal, mais moi, je me trouvais trop lourd (rires). Mais ils avaient raison, parce que c’est à partir de là que j’ai commencé à marquer et à m’illustrer plus souvent.
Est-ce que tu continues de les suivre ?
Oui, je reste supporter des Girondins de Bordeaux ! Je reçois les notifications de leurs résultats à chaque fois. J’espère vraiment qu’ils vont remonter parce que Bordeaux est un grand club. Sa place est en L1. La saison est bientôt finie, il faut tenir et y croire !
Et comment va ton français ?
(En français) Je parle bien ! Le problème c’est que ça fait cinq ans que je ne le pratique pas. Alors parfois, je commence à oublier des mots, mais je sais encore parler (rires).
Barcelone
Tu es transféré au FC Barcelone en 2018 pour 40 M€. Est-ce que c’est un rêve qui s’est réalisé ?
Oui ! J’avais une autre proposition de l’AS Roma, mais j’ai décidé de réaliser un rêve d’enfant en rejoignant le Barça. Ronaldinho, Neymar, Ronaldo, Romario… beaucoup de Brésiliens ont connu le succès là-bas. Et puis je voulais voir ce qu’était le très haut niveau, le quotidien des meilleurs joueurs du monde. C’étaient des joueurs que je voyais à la Playstation ! J’ai beaucoup appris avec eux, surtout avec Messi, c’était incroyable.
Qu’est-ce que tu as appris au Barça et qui t’est encore utile aujourd’hui ?
À l’époque, je pensais à finir les actions le plus vite possible. Quitte à tirer de loin s’il le fallait. Je ne pense pas avoir perdu ces qualités, mais au Barça, il fallait savoir contrôler le jeu. Être plus intelligent que l’adversaire. Alors je regardais mes partenaires pour essayer de faire comme eux. Le niveau technique était si fort que le simple fait de les regarder, et ensuite de jouer, fut une expérience que je n’oublierai jamais.
Avec le recul, est-ce que tu es déçu de n’être resté qu’une saison ?
Des fois, je me demande pourquoi je suis parti, mais je ne regrette rien. J’étais jeune, il fallait que je joue. C’est pour ça que j’ai décidé de partir. C’était une superbe expérience, une année où j’ai beaucoup appris. Non seulement comme joueur professionnel, mais aussi comme personne.
Tu as marqué lors d’un Clasico, c’est le meilleur moment de ta carrière ?
J’ai aussi marqué contre l’Inter en Ligue des Champions, j’ai offert la médaille d’Or au Brésil en finale des JO 2021, on va dire que ce sont les trois moments forts de ma carrière.
Zenit
On n’est pas habitué à voir des talents partir si jeunes dans des pays comme la Russie. Est-ce que tu comprends la réaction du grand public ?
Oui. Chacun a son avis sur la situation. Toi et moi, on interprète ça d’une manière différente. J’avais un objectif très clair, c’était de continuer à jouer la Ligue des Champions. Le Zenit dispute la compétition chaque année, donc je savais que j’allais me montrer, que je serai dans le radar du football européen. Mais après ce qui s’est passé l’an dernier, les choses sont devenues plus compliquées pour tout le monde.
Comment te sens-tu au Zenit ?
Très bien, je suis heureux et très à l’aise ici. C’est une grande équipe, un club « famille », comme à Barcelone, avec beaucoup de Brésiliens. Je me sens à la maison !
C’est ta quatrième saison ici, que peux-tu nous dire sur le football russe ?
Le niveau est très élevé. Quand les clubs disputaient la Ligue des Champions, un seul club pouvait jouer la compétition, le champion. Donc tu n’as pas le choix, soit tu gagnes, soit tu gagnes ! Et ça continue encore aujourd’hui.
Et sur les infrastructures ?
C’est top niveau européen. J’ai joué au Barça et j’ai vu ici des conditions que je n’avais jamais observées jusqu’alors, ça m’a surpris à mon arrivée.
Tu as marqué 20 buts cette saison (au 19 avril), est-ce qu’on peut dire que tu es dans la meilleure forme de ta carrière ?
Oui, si l’on parle en chiffres, sans aucun doute. Je sais que je peux faire encore mieux pour aider mes coéquipiers et le club pour conquérir d’autres titres. Je suis venu ici pour écrire l’histoire et qu’on se souvienne de moi pendant longtemps.
Et est-ce que tu parles russe ?
« Ja ne govorjú po-rússki ! » « Je ne parle pas russe ! » C’est la phrase que je sors tout le temps pour dire que je ne sais pas parler russe. Comme ça, tout le monde est au courant (rires).
Le mois dernier, tu as reçu un passeport russe. Comment est-ce que cela s’est fait ?
Lors des négociations pour la prolongation de mon contrat, le président du Zenit m’a demandé si j’accepterais de recevoir un passeport russe. Il m’a expliqué que tout le monde m’aimait, que j’avais beaucoup de fans en Russie. Alors j’ai dit oui par gratitude. Car ils m’ont très bien accueilli, moi et ma famille, je leur en suis reconnaissant.
Est-ce que ça veut dire que tu pourrais représenter la sélection russe ?
Non, cela n’a rien à voir. C’est seulement un document pour ne pas occuper de place d’extra-communautaire. Comme ça ils pourront recruter un Brésilien de plus et agrandir la famille (rires).
Le Brésil reste donc ton objectif ?
Évidemment, je suis Brésilien ! Il faut maintenant faire une bonne fin de saison et ensuite on verra selon le nouveau sélectionneur.
Les noms de Zidane, Mourinho, Ancelotti, sont évoqués, tu as une préférence ?
Non, on verra bien !
PSG
Revenons sur l’intérêt du PSG en janvier dernier. Pourquoi est-ce que le transfert ne s’est pas fait ?
Il y a eu un intérêt, des discussions, malheureusement ça ne s’est pas décanté. Mais je vais continuer à travailler, d’ailleurs je réalise une très bonne saison, on verra ce qui va se passer à l’avenir. Et si ça ne se fait pas, je resterai heureux au Zenit.
Les discussions semblent continuer, qu’est-ce que tu peux nous dire ?
Si les discussions continuent, je n’en sais rien. Mon futur, c’est le travail de mon agent. Je sais qu’il s’occupera bien de ma situation. Moi, je me concentre uniquement sur le football.
Quand même, avoue qu’une attaque Mbappé / Malcom, ce serait beau à voir non ?
C’est clair ! Mais d’abord, je dois penser à mes coéquipiers ici car ce sont des cracks aussi.
Est-ce que tu comprends les critiques autour de Neymar ?
Neymar est mon idole. Si on le siffle, alors je ne sais pas pourquoi. Sur le terrain, il fait toujours la différence, pour le PSG comme le Brésil, où c’est une idole aussi. C’est l’un des dix meilleurs joueurs de l’histoire du football. C’est impossible de le critiquer !
Tu le connais un peu ?
Oui, j’ai joué avec lui lors des Jeux Olympiques en 2021. On s’est vus à Paris aussi. C’est un bon mec. Je me souviens, lorsque je l’ai affronté avec Bordeaux, il me disait de ne jamais avoir peur de tenter, peu importe le résultat. Recevoir un conseil d’une idole, c’est merveilleux. J’ai d’ailleurs marqué sur ce match (ndlr, défaite 6-2 en septembre 2017).
Personnalité
Avant de faire cette interview, il paraît que tu étais en train de jouer à Call of Duty…
Si je ne m’entraîne pas ou que je ne me repose pas, alors je joue à « Call Of ». C’est le seul jeu que j’ai à la maison ! Je fais des parties avec mes coéquipiers du Zenit et des amis aussi. C’est un jeu de survie, c’est palpitant !
Tu as de la famille avec toi ?
Ma femme est là d’habitude, mais elle est rentrée au Brésil pour donner naissance à notre premier enfant. Il est prévu pour le mois de mai alors je vais être à la fois papa et champion ! Il y a aussi deux cousins, un oncle, plus un cuisinier et un préparateur physique qui vient s’occuper de mes jambes, sinon je ne suis pas en forme !
Est-ce que le Malcom gamin s’attendait à avoir un si beau début de carrière ?
Non je ne m’attendais pas à ce qu’elle prenne une telle dimension. Le Barça était un rêve, mais je ne savais pas que j’allais le réaliser. Et si j’y suis arrivé, c’est grâce à Dieu et ma famille. Elle a toujours cru en moi. Tout ce que je fais, c’est pour eux, et ce n’est même pas un tiers de ce qu’ils méritent.
Tu as 26 ans, quels sont les objectifs pour la suite de ta carrière ?
Je veux continuer à être heureux en jouant au football et marquer des buts. Mais surtout, je veux être un bon père pour mon fils. Un père que je n’ai jamais eu. J’espère qu’il suivra mes traces et jouera au foot.
Si tu étais journaliste, quelle question te poserais-tu ?
C’est dur. Franchement, celle que tu viens de poser, sur les objectifs. Parce qu’avec l’arrivée du bébé, tous mes objectifs de vie ont changé. Je ne pense qu’à ça maintenant.
Est-ce que tu as une devise ?
J’en ai plusieurs ! « Ne jamais abandonner ses rêves. » Ou alors : « La jalousie d’un vaincu renforce l’esprit d’un guerrier ». Il y en a plusieurs qui me caractérisent. Ah, encore une : « La famille par-dessus tout ».
Tu as beaucoup de tatouages, qu’est-ce qu’ils signifient ?
En vérité, rien du tout. Ce sont des motifs que j’aime alors j’ai voulu les avoir. J’ai quand même le mot « love » sur ma main droite et un hommage à Call Of Duty aussi (il montre une kalachnikov sur sa main gauche).
Si tu te donnais une note sur 10 à cette interview, tu te mettrais combien ?
J’ai déjà donné beaucoup d’interviews et la plupart du temps, elles allaient dans tous les sens, mais pas celle-ci. Alors je te donne 10. Merci beaucoup !
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