EXCLU - Ludovic Blas : « Je préfère le Ludo de maintenant que le Ludo d’avant » | OneFootball

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·16 mai 2022

EXCLU - Ludovic Blas : « Je préfère le Ludo de maintenant que le Ludo d’avant »

Image de l'article :EXCLU - Ludovic Blas : « Je préfère le Ludo de maintenant que le Ludo d’avant »

Longtemps considéré comme un « grand espoir », Ludovic Blas a mis du temps avant de s’affirmer. Désormais parmi les meilleurs joueurs de Ligue 1, le milieu offensif du FC Nantes exprime pleinement son talent chaque week-end. Grand artisan de la belle saison des Canaris, « Ludo » a pris en confiance et en assurance. Arrivé légèrement en avance au rendez-vous fixé, le champion d’Europe U19 a décidé de prendre son destin en main. Interview avec l’une des attractions du prochain mercato.


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« Là, j’essaie de m’ouvrir davantage et je pense que cette année avec le brassard de capitaine en Coupe de France, ça m’a aidé à faire attention aux autres et aux personnes qui m’entourent. »

Si tu étais journaliste, quelle question poserais-tu à Ludovic Blas ?

Ouh là ! Déjà comment la saison se passe et pourquoi ça fonctionne bien cette année contrairement à la précédente.

Et un truc pour mieux te connaître, une chose qu’on ne t’a pas forcément demandée en interview ?

Qu’est-ce que je préfère faire dans le football ? On va plus parler de moi par rapport à mes stats, mes buts, alors que ce n’est pas ce que j’aime le plus dans le foot.

Du coup, qu’aimes-tu le plus dans le foot ?

Faire jouer l’équipe, prendre du plaisir autrement qu’à travers les stats. Comment je peux te dire ça… Tu connais, je suis un mec qui aime dribbler, faire que le stade soit derrière moi, procurer du plaisir aux supporters.

Tu préfères terminer une saison avec 30 petits ponts plutôt que 10 buts ?

Non, ça, c’est un peu bizarre, mais on va dire être plus influent dans le jeu et marquer moins de buts, ça ne me dérange pas. Après, la saison que je suis en train de réaliser me convient très bien.

Et il n’y a pas un secret à savoir sur Ludovic ?

Un secret ? Non, mis à part que je suis devenu un homme, je pense, ces dernières années, avec les différentes choses que j’ai pu vivre avec Nantes. Ça donne un peu de caractère et de confiance en soi aussi.

Tu pensais ne pas avoir de caractère avant ?

Si, mais c’était différent. J’avais une facette de moi un peu différente de celle d’aujourd’hui. C’était on va dire quelqu’un qui joue pour soi et pas pour les autres. Maintenant, j’arrive à montrer aux gens que je n’ai jamais été comme ça en vrai.

Pourquoi tu jouais pour toi et pas pour les autres ?

Je ne le faisais pas, mais c’était ma façon d’être sur un terrain. C’est mon attitude, mon expression corporelle. Je suis un peu nonchalant. C’est l’impression que je donne alors que je ne le suis pas du tout.

Quand tu regardes tes matchs d’il y a trois ou quatre ans, tu es dégoûté de toi ?

Non, même pas. Mais ça montre à quel point les gens ne me connaissaient pas vraiment parce que je suis le même qu’avant. Et je ne sais pas pourquoi les gens préfèrent maintenant.

Tu termines ta septième saison professionnelle et c’est maintenant qu’on dit « révélation de la saison »…

J’ai commencé assez tôt et fort surtout. Du coup, c’était directement « Blas la révélation, Blas la révélation ». Et je pense qu’ils attendaient énormément. Au lieu de tout donner tout de suite, j’ai mis un peu plus de temps avant de tout donner.

À cause de quoi ? Tu avais pris la grosse tête ? Tu t’es vu arrivé trop vite ?

On va dire que j’avais beaucoup de matchs de Ligue 1 à mon très jeune âge. Je me suis reposé, je me suis dit : « Là, c’est bon, t’es arrivé ». Alors que j’aurais dû faire l’inverse, travailler encore plus et confirmer pour aller le plus haut possible le plus rapidement possible.

Qu’est-ce que tu as mal géré ? La notoriété ? L’argent ?

Non, mon football. Tout ce qui est notoriété, argent, j’étais à Guingamp donc ça ne change pas grand chose. C’est plus mon football. On a passé des moments difficiles et c’est là où j’aurais dû montrer que j’étais important pour l’équipe. Par exemple, j’ai eu l’expérience l’année dernière avec Nantes et là, je l’ai super bien fait. J’ai aidé l’équipe à se maintenir et c’est une chose que j’aurais dû faire avec Guingamp.

Tu penses traverser la meilleure période de ta carrière ?

Oui, on va dire que je suis bon depuis que je suis arrivé à Nantes. Donc c’est logique de dire ça maintenant même si j’ai bien aimé aussi certaines saisons avec Guingamp. Parce que même si je ne marquais pas, j’étais bon dans le jeu.

Qu’aimerais-tu améliorer dans ton jeu pour devenir encore meilleur ?

On peut tout améliorer. Je ne suis pas encore arrivé à un stade où dans un domaine en particulier, je n’ai plus besoin de progresser. J’essaye de travailler un peu sur tous les aspects, y compris ce que je fais de bien pour devenir encore plus performant. Ça, c’est aussi en écoutant les consignes à l’entraînement. Je veux être très bon partout donc j’essaye de bosser partout.

Quels sont les défauts de Ludovic au niveau de sa personnalité ?

Il y en a beaucoup moins, je suis content, mais il y a toujours ce petit défaut de s’énerver quand je n’arrive pas à faire quelque chose. Je sais que je suis capable de le faire, donc j’aime bien me mettre la pression et me dire : « Dès que t’y arrives pas, c’est pas normal ». Je m’énerve assez vite sur moi-même.

Que ce soit sur le terrain ou dans la vie de tous les jours ?

Oui, c’est pareil partout. De toute façon, ce qu’il se passe dans la vie de tous les jours se ressent sur le terrain. En dehors du foot, je n’aime pas perdre, c’est ce qu’on me reproche le plus. Bon, ça peut être bien aussi. Après, il faut demander aux personnes qui me côtoient le plus.

Tu disais avoir supprimé beaucoup de défauts. Lesquels ?

Niveau foot, c’est défensivement. Il y avait des moments où je ne faisais pas les efforts. Quand tu es un joueur offensif, ça te déplaît un peu de défendre. C’est le football, quand tu es devant, c’est un peu le sale boulot. Maintenant, j’ai appris à le faire, avec de la bonne volonté, tout en étant content de le faire pour voir mes coéquipiers satisfaits de moi et pas seulement quand j’ai la balle. Humainement, je m’ouvre plus aux gens. Avant, j’étais renfermé. Bon, j’ai toujours eu le sourire, je rigolais tout le temps, mais je restais dans mon coin. Là, j’essaie de m’ouvrir davantage et je pense que cette année avec le brassard de capitaine en Coupe de France, ça m’a aidé à faire attention aux autres et aux personnes qui m’entourent.

« Quand tu es au sommet, tu es au sommet, tout le monde te kiffe. Le lendemain, tu peux être en bas et recevoir toutes les insultes du monde. »

C’est quoi la plus belle qualité de Ludovic Blas ?

La générosité ! Je suis quelqu’un de très généreux, beaucoup trop même. Je pense d’abord à faire plaisir avant de me faire plaisir. C’est dans mon éducation, j’ai toujours aimé donner avant de recevoir. Je le fais dans tout, donc dans le foot aussi.

Quelle est la pire critique que tu aies pu entendre ?

C’est quand les gens disent que je m’en fous de l’équipe. Par exemple : « il joue que pour lui », « il pense qu’à lui », « il s’en fout de l’équipe ». Ça, c’est les pires choses parce que je ne suis pas comme ça dans la vie de tous les jours. Donc l’entendre et avoir cette image-là, je ne peux pas l’admettre.

Comment tu réagissais quand tu entendais ça à ton sujet ?

Au début, j’étais affecté parce que tu commences, tu es jeune, donc tu es déçu. À force, tu ne fais plus trop attention. Tu sais très bien que le football, c’est ça. C’est beaucoup de critiques. Quand tu es au sommet, tu es au sommet, tout le monde te kiffe. Le lendemain, tu peux être en bas et recevoir toutes les insultes du monde. Maintenant, tu peux me dire tout et n’importe quoi, je m’en fous complètement.

Quelle est la plus belle chose que tu as entendue ?Entendre que je suis un bon joueur. Ça fait toujours plaisir. Quand j’ai commencé, on disait « Ludo, l’espoir du football français ». Tout ça, ça fait plaisir. C’est des trucs qui donnent encore plus envie de travailler.

Souvent, les footeux disent qu’ils ne lisent pas ce qu’il se dit sur eux. Toi, tu assumes le fait de regarder ?

Maintenant, moins, mais quand tu commences, tu regardes. Au centre de formation, tu te connectes sur les réseaux pour voir ce que les gens disent. Quand tu commences à jouer en professionnel et que les gens parlent de toi, tu vas regarder. Au début de ta carrière, tu es presque obligé, c’est plus fort que toi (sourire). Aujourd’hui, je ne fais plus attention. Ça fait longtemps que je suis dans le circuit et je sais très bien que ça ne sert à rien de regarder ces choses-là.

Tu as déjà douté de toi ces dernières années ?

Il y a toujours un petit moment de doute. Ces dernières années, non, mais à Guingamp, oui. En fait, tu gagnes l’Euro U19 avec les Bleuets, tu reviens, tu es en pleine confiance et tu ne joues pas en Ligue 1. Tu te dis : qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi ? Derrière, il y a une perte de confiance. Et moi, quand je perds confiance, je suis un autre joueur. Je commence à faire n’importe quoi, je dénature mon jeu, c’est dans ces moments-là où j’ai le plus douté dans ma jeune carrière.

Tu n’en as jamais eu marre du foot ?

Non, franchement, non, même quand c’était dur. C’est ce que j’aime le plus. L’année dernière, c’était compliqué avec Nantes, il y a eu des périodes très difficiles, mais je pensais plus aux autres qu’à moi. Je me disais que je n’avais pas le droit d’abandonner et qu’il fallait tout faire pour laisser ce club en Ligue 1. C’est ce qui m’a donné la force de finir la saison.

Tu t’es déjà posé des questions ?

Les seules questions que je me pose, c’est après un match. Pourquoi j’ai fait ça ? Pourquoi je n’ai pas tiré ? Pourquoi je n’ai pas fait la passe ? En dehors de tout ça, je ne peux pas me poser de questions parce que j’ai réussi à faire ce que je voulais faire. Et franchement, si ça peut durer comme ça vingt ans, je reste comme ça vingt ans.

C’est des questions que certains joueurs peuvent se poser : qu’est-ce que je veux faire après ? Suis-je capable d’avoir une vie en dehors du foot ?

Oui, c’est vrai, c’est des questions à se poser même si je ne l’ai pas encore fait. Je vais devoir me les poser bientôt parce que ça va arriver vite. Il faut préparer une après-carrière qui va être importante pour ma situation personnelle. Après, je pense que ça va être les seules questions que je vais me poser durant ma carrière.

Tu fais déjà attention à tes investissements ou tu laisses plutôt ça à ton entourage ?

Un peu des deux. Je laisse ça aux personnes qui m’entourent et en même temps j’y fais attention parce que les parents sont toujours derrière à dire ce qu’il faut faire. Ils veulent ton bien alors tu écoutes. Il y a plusieurs exemples dans le foot qui n’avaient plus grand chose après leur carrière. Je n'ai pas envie de faire partie de cette catégorie.

Qu’est-ce qui t’attire en dehors du foot ?

Le basket ! Je suis un fan de NBA. Les horaires sont un peu compliqués, mais je suis quand même à fond. Sinon, je suis quelqu’un de très casanier. Je ne sors pas énormément, je ne fais que jouer à la play, à FIFA ou à Call of Duty. Je peux jouer des heures avec mes potes. Quand j’étais petit, je passais des heures sur la play avec mon frère, je voulais tout faire comme lui. Et quand je suis sorti du centre de formation, j’ai repris cette habitude, ça me permet de passer des moments avec mes potes qui sont sur Paris. C’est notre moyen de faire des choses ensemble.

Tu te mets tout le temps titulaire ?

Tout le temps, peu importe l’équipe que je prends (rires).

Petit, tu étais attiré par d’autres sports ?

J’ai toujours été assez bon dans tous les sports. Mais, je ne me voyais pas faire autre chose, je n’étais branché que football. Comme je te l’ai dit, dès que je n’arrive pas à faire quelque chose, ça m’énerve. Et je savais que j’étais pas mal dans le foot, je suis resté dans ça et je ne me suis pas aventuré ailleurs.

« Mon père, de base, ce n’était pas un mec qui regardait le foot, qui kiffait le foot. Il a kiffé le foot en étant avec ma mère et mon frère. Avant, il faisait de la marche rapide. »

Dans tes interviews, tu parles souvent de ta maman. En quoi elle a été importante dans ta carrière ?

Les bons conseils, le vécu qu’elle a pour me donner des bonnes idées sur ce que je devais faire et les bons choix. Si j’en suis là, c’est parce qu’elle a décidé de me soutenir avec mon père et ma famille. S’ils n’avaient pas été là, je ne serais pas ici en train de te parler.

Tes parents faisaient quoi dans la vie ?

Ma mère travaillait à la mairie de Colombes tandis que mon père a fait plusieurs boulots. Il a notamment bossé à Clairefontaine avec les féminines. Il était intendant. Le football, c’est un truc de famille. Avec mon frère, on était obligés de jouer au foot. Mon oncle était très, très bon, il a joué au Racing durant les bonnes années du Racing et il devait aller plus haut sans un problème au genou. Du coup, ma mère connaissait un peu ces ambiances-là et elle me donnait des conseils pour ne pas refaire les mêmes erreurs que mon oncle.

Quel genre de conseils te donne ta mère aujourd’hui ? Elle regarde tes matchs ?

Oui, après, elle ne va pas me dire ce que je dois faire sur le terrain. Elle va plus me parler de mon attitude et de ce qu’elle ressent à travers la télé. À force d’être dans le foot, elle connaît plein de choses. Elle m’appelle après chaque match, elle me fait un petit topo avec ce qu’elle a aimé et ce qu’elle a moins aimé. C’est des bonnes discussions à avoir.

Elle t’a déjà dit un truc qui t’a piqué ?

Tout le temps ! Si je suis nul, elle va me le dire. Au téléphone, elle va me dire : « Ludo, qu’est-ce qu’il y a ? T’as pas été bon ». Juste des petits trucs comme ça fait mal. Et tu n’as pas envie qu’elle te dise la même chose lors du prochain appel.

Et ton père ?

Un peu moins, voire beaucoup moins que la maman. Il est plus dans l’encouragement même si je rate mon match. C’est l’inverse de la maman qui va faire exprès de me piquer parce que je n’aime pas ça et pour que je ne le fasse plus. Mon père, lui, va être plus cool, plus tranquille et dire « ce n’est pas grave, tu t’en fous, ça va passer, ça arrive ».

Et ton grand frère ?

Il est avec ma mère. Mon père, de base, ce n’était pas un mec qui regardait le foot, qui kiffait le foot. Il a kiffé le foot en étant avec ma mère et mon frère. Avant, il faisait de la marche rapide. Je sais aussi qu’il aime bien le rugby. Après, mon frère a joué au foot, ma mère était dans le monde du foot avec mon grand-père et mon oncle, ça veut dire qu’eux vont être plus pointilleux sur certaines choses.

En général, les mamans poussent leurs enfants vers les études. Toi, elle t’a accompagné dans ta carrière…

Elle s’est renseignée, elle savait très bien que je pouvais faire les deux. Avant la formation, c’est difficile de laisser ton fils partir, elle a eu un peu de mal. Après, quand je suis arrivé à Guingamp, c’était l’école, l’école, l’école. Mais c’est normal que tous les parents insistent sur l’école.

Alors, tu as été jusqu’où ?

J’ai fait toutes mes classes. Ensuite, je ne sais pas si c’est une bonne chose ou non, arrivé au bac, je n’ai pas pu le passer. J’ai participé à l’Euro, j’ai fait ce choix. Du coup, j’ai bien fait d’y aller,  je suis devenu champion d’Europe. À mon retour, je devais passer mon bac en décalé, mais je n’ai pas pu, car j’étais déjà dans le monde professionnel et il y avait des échéances. Je suis un peu déçu sur ce point parce que j’ai effectué toute ma scolarité jusqu’au bac STMG…

Ta mère n’était pas un peu dégoûtée ?

Si, carrément dégoûtée. Elle aurait préféré que je mette un peu le foot de côté pour aller passer mon bac. J’étais tellement dans mon truc du foot que je n’ai pas eu le temps d’y aller.

À l’école, tu étais doué dans quelles matières ?

L’histoire-géo, j’étais bon. Après, j’étais plus dans ce qui était mercatique, tout ça, c’est pour ça que je me suis orienté vers cette filière-là.

Tu as une anecdote de jeunesse à raconter ?

Comme j’ai commencé tôt chez les pros, j’étais encore à l’école. Un jour, on a un match en semaine et le coach décide de m’appeler. Je dispute mon premier match au Roudourou et je marque. Ça a fait un boucan pas possible. Sauf que le lendemain, à 8h, j’avais école. Il faut voir comment je suis arrivé à l’école. Les gens étaient grave contents pour moi, les profs aussi. Je leur disais « bonjour » et ils me répondaient « félicitations pour hier ». Je pense que c’est mon meilleur souvenir à l’école, j’étais content d’aller à l’école (rires).

Et hors foot ?

Il y a tellement de bêtises que c’est difficile de t’en sortir une… Franchement, comme ça, je ne sais pas. À la maison, je cassais tout. Parfois, j’avais entraînement et j’essayais d’esquiver pour rester avec mes potes à Montrouge. Quand je rentrais à la maison et qu’on me demandait comment s’est passé l’entraînement, je répondais : « Ça va, ça s’est bien passé » (rires). Ce sont des bêtises comme ça qui me reviennent car c’était de bons moments avec les potes.

Tu n’aimais pas le foot quand tu étais jeune ?

Si, mais il y avait des séances un peu relous. Quand tu dois courir, tu dis au coach : « Je suis pas là ». Ou sinon j’arrivais en retard. J’étais prêt à sortir n’importe quel mensonge pour ne pas courir.

Aujourd’hui, tu consommes beaucoup de foot ?

Oui, énormément. Plus je suis dans le foot, plus je regarde des matchs. J’aime trop ça. Je regarde tout et n’importe quoi. Si je tombe sur un match à la télé, je vais laisser.

« Moi, j’étais un grand fan de Ronaldinho, je le suis toujours, et la première chose qu’on voyait avec lui, c’était son sourire. »

Qui sont les joueurs qui te plaisent actuellement ?

J’ai suivi un peu son évolution, mais c’est Kylian. C’est énorme. Après, chez les joueurs que je ne connais pas, celui qui m’a impressionné, c’est Neymar. Son premier match en France, c’était à Guingamp, contre nous, laisse tomber. On dirait qu’il venait d’une autre planète. Il était trop fort. Tu te dis : « Ah ouais, c’est le vrai football, un autre football ». Lui pratique un autre football.

Et son évolution, tu la trouves comment ?

Je ne vais pas être objectif parce que j’aime énormément ce joueur. Quand il y a un débat, je suis la première personne à défendre ce joueur. Mais c’est sûr qu’il est moins en vue qu’avant. Ce qu’il faisait avant, c’était énorme. Il a eu des blessures, on ne sait pas ce qu’il traverse dans sa vie, physiquement, etc… Mais, il a le temps pour lui.

On parle beaucoup des stats, c’est un truc qui t’embête ?

Pour moi, le football, ce n’est pas ça. Sauf que le football de maintenant, c’est devenu ça. Et c’est ça qui m’embête le plus. Après, tu es content de marquer ou de délivrer des passes décisives, il n’y a pas plus beau. Mais que le foot devienne uniquement des stats, c’est le pire truc. J’ai vu la bascule, je suis un peu déçu parce que ça dénature le jeu, les gens vont vouloir marquer absolument. Ce sont des choses qui ne sont pas dans mon football.

Tu le ressens parfois ? Peut-être pas avec tes partenaires mais au moins tes adversaires ?

Il y en a dont c’est la mentalité. Les vrais 9 par exemple. Eux rentrent sur le terrain pour marquer un but, deux buts, trois buts. C’est une bonne mentalité en soi, mais ça peut dénaturer le jeu. Tu peux avoir un joueur sur le côté et tu vas préférer rentrer pour marquer directement. Le mec est là, fais-lui la passe. Ce qui est bizarre, c’est que ça ne ressent pas. Cette année, je n’ai fait que trois passes décisives. Quelqu’un va regarder mes stats et se dire : « Lui ne veut que marquer ». Tu vois ce que je veux dire ? Les gens vont te donner un avis sur tes stats sans regarder tes matchs. Tu ne peux pas prétendre connaître le foot en te limitant à ça.

Tu regardes les stats concernant le nombre de kilomètres parcourus ?

Maintenant, oui. Avant, je ne regardais pas parce que je savais que ce n’était pas ouf. Maintenant, oui, parce que je fais partie de ceux qui courent le plus. J’ai toujours eu ce coffre-là, mais je ne l’utilisais pas. Parfois, on apprend des choses sur soi-même. Cette année, à mi-championnat, j’ai découvert que je figurais parmi les joueurs qui récupéraient le plus de ballons dans le camp adverse en Europe. Je me suis dit : « Ah ouais ? ». Ça veut dire que je charbonne et que je récupère des ballons. Ça fait plaisir à entendre parce que ce sont des choses qui ne ressortent pas souvent.

Et pour les buts, tu as une célébration ?

C’est une célébration que je fais tout le temps : "It’s time" ! Parce que j’ai décidé que ça allait être mon heure. J’ai commencé à faire ça, maintenant, les supporters le font quand ils viennent me voir. C’est cool.

Je suppose qu’en 2015, tu t’imaginais plus haut à 24 ans ? À disputer la Ligue des Champions ?

Je ne sais pas. Avant de passer par la période un peu difficile que j’ai connue, c’est sûr que je me projetais plus haut que là où je suis aujourd’hui.

Tu t’imaginais où par exemple ?

Je ne sais pas du tout, je ne suis pas quelqu’un de prétentieux à me dire que je peux jouer là ou là. Mais comme j’étais en train de faire de bonnes choses, je me disais gagner des choses. Cette période où je n’enchaînais plus les matchs, je suis content de l’avoir vécue. Sur le moment et pas plus tard. Si je n’avais pas connu ces difficultés, je n’aurais pas progressé comme ça. Je préfère le Ludo de maintenant que le Ludo d’avant, même celui de l’Euro. Avec la mentalité que j’avais quand j’étais petit, je ne peux pas aller là où je veux aller. Aujourd’hui, je sais ce qu’il faut faire et ne pas faire, cette situation ne se reproduira pas deux fois.

C’est quoi la première chose à éviter ?

C’est de foncer dans un mur sans réfléchir à ce que tu vas faire derrière. Même si les choses ne sourient pas tout de suite, elles souriront plus tard. C’est comme ça que je réfléchis. Si je n’arrive pas à faire ce que je me suis dit de faire, tranquille, doucement, c’est qu’il manque quelque chose. Ce petit quelque chose, tu vas le chercher lentement, et tu vas réussir parce que tu en as envie. C’est ma nouvelle mentalité, celle que je n’avais pas avant. C’est plaisant parce que inconsciemment ça te fait grave progresser.

Un mec t’inspire au niveau de sa mentalité ?

Moi, j’étais un grand fan de Ronaldinho, je le suis toujours, et la première chose qu’on voyait avec lui, c’était son sourire. Il était toujours joyeux, toujours souriant, même quand ça ne se passait pas bien. Même quand l’arbitre sifflait une faute par erreur, lui le regardait et souriait. Au lieu de crier sur l’arbitre et de l’insulter. Tu vois ces petites choses-là ?Il restait calme en toutes circonstances, ça m’a montré certaines choses parce que j’avais l’habitude de m’énerver vite et d’être mécontent. Ça se voyait directement sur mon visage. Maintenant, j’essaie de ne pas trop montrer pour ne pas déteindre sur les autres parce que je suis devenu entre guillemets important dans cette équipe. Je n’ai pas envie de montrer quand ça va moins bien et de transmettre cette attitude à mon coéquipier.

« Dans le vestiaire, les Brésiliens m’appelle « Mago », magicien. »

Tu as des surnoms ?

Tout le monde m’appelle Dolu, sinon, dans le vestiaire, les Brésiliens m’appelle « Mago », magicien. Ça fait plaisir parce que ce sont des personnes que je respecte énormément. À l’image de Fabio qui a joué dans de grands clubs et qui a disputé une finale de Ligue des Champions.

Comment occupes- tu ton temps libre ?

Les séries, je regarde un peu de tout, tout ce qui sort en ce moment.

Tu vis seul à Nantes ?

Oui. Pour l’instant, je suis bien comme ça. Je me retrouve parfois avec un pote qui est à la maison. Ça se passe bien, j’arrive à faire attention à ce que je prépare seul. Plus tard, on verra, pour l’instant, dans mon quotidien, ça me va de vivre seul.

Grâce à ta jolie saison, plusieurs clubs semblent intéressés comme Lyon. Je suppose que tu attendais ça, attirer des clubs plus huppés…

C’est sûr que ça fait plaisir d’entendre des choses comme ça. Après, c’est le résultat du travail. À l’heure actuelle, je ne peux pas te dire ce qu’il va se passer.

Un club comme Lyon, ça t’intéresse ?

C’est intéressant de savoir que ces clubs-là… (il s’arrête). Après, on ne sait pas vraiment. Les « on dit », il y en a énormément… Il n’y a pas de fumée sans feu, mais le seul truc qui est bien, c’est que ça fait plaisir. Ça veut dire que tu n’es pas mauvais, que tu réalises une bonne saison et que tu confirmes.

Et l’intérêt de la Premier League, tu ne te dis pas que c’est risqué d’aller là-bas en raison de ton style de jeu ?

C’est un style différent, mais tu peux t’adapter. Une fois là-bas, tu travailles pour. J’ai des potes qui jouent là-bas, ils m’ont dit que c’était difficile au début, mais si tu arrives à bien travailler et à bien t’acclimater, ça déroule.

Beaucoup ont signé et sont vite revenus…

Oui, c’est vrai. Justement, il faut travailler pour ne pas faire cette erreur si jamais je suis amené à aller là-bas ou même en Espagne.

Dans la presse, on dit que Nantes attend 20 millions d’euros pour toi. C’est trop ou pas assez ?

Ça veut dire que pour eux, j’ai de la valeur. On sait comment c’est, ce n’est que du business, ils veulent faire leur bénéfice. Après, c’est vrai que 20 millions, c’est beaucoup je trouve. Je ne sais pas comment ils font leurs estimations. Je te dirai ça quand j’aurai décidé de partir, je te dirai si c’est beaucoup ou pas (sourire).

Si tu fais une carrière sur FIFA, tu ne mets pas les 20 millions sur Blas…

Quoi ? Moi, je les mets (rires). Quelqu’un d’autre, je ne sais pas, mais moi oui. En tant que directeur sportif, je les mets parce que je sais qu’il va m’apporter.

Si tu remportes la Coupe de France, tu nous promets de faire quelque chose, une sorte de gage ?

Tu proposes quoi ?

Je ne sais pas, un truc improvisé…

Ce n’était pas prévu, mais qu’est-ce que je peux faire comme bêtise ? Regarde, si je gagne la Coupe de France, je fais une grosse teinture blonde.

Ça, c’est un truc que tu as déjà pu faire…

Mais c’est des trucs que j’ai juré de ne plus faire parce que ça me crame la tête et ça fait trop mal. (rires).

Ça veut dire que tu en referas une ?

Je la refais jaune maillot de Nantes, pas blond comme avant.

Tu attends cette finale ?

C’est pas que je l’attends… Si, si, je l’attends, je suis impatient de voir ce que c’est, de voir comment ça va se dérouler et de vivre ce moment-là surtout.

Tu en as déjà perdu une et ce n’était pas au Stade de France…

C’était à Pierre Mauroy, à Lille. Ça reste quand même une bonne expérience, même si je l’ai perdue. C’est des moments que tu n’oublies pas. C’était incroyable une finale ! L’engouement qu’il y avait, l’ambiance dans le stade.

Tu ne te dis pas que Nice est plus fort ?

Non ! C’est une très bonne équipe, mais on a prouvé cette année qu’on pouvait battre certaines équipes. Sur un match, tout peut se jouer, vraiment !

Si tu devais terminer l’interview par une phrase qui te représente, tu dirais quoi ?

C’est une phrase que je dis tout le temps à mes potes : « Ton heure viendra ». Même si ce n’est pas maintenant, ton heure viendra. D’où ma célébration. Chacun aura son moment. Quand ? On ne sait pas, seul Dieu sait. Mais il faut travailler pour ça. Si tu travailles, le Seigneur va te donner et ton heure viendra. Donc ma phrase, c’est : « Ne jamais lâcher, ton heure viendra ».

Tu penses que la bonne heure est venue pour toi ?

Pas encore, mais je suis sur le chemin. Je suis en train de tout faire pour que mon heure arrive, le plus rapidement possible et au meilleur des moments pour moi.

Le jour où tu seras appelé en équipe de France, ce sera la bonne heure pour toi ?

Ça sera mon heure pour l’équipe de France parce que l’équipe de France c’est une récompense, un bonus. Mon heure, c’est quand je vais vraiment montrer de quoi je suis capable et les gens auront de la reconnaissance envers moi. Ils vont enfin découvrir ce que je suis capable de faire.

Tu penses ne pas être assez reconnu ?

Non, ce n’est pas ça. On va dire que c’est connaître ma vraie facette, celle d’un travailleur. C’est juste l’image qui n’est pas bonne. Attention, il s’agit juste de certaines personnes. La plupart des gens ont une bonne image de moi. Mais si on peut toucher un peu plus de personnes, ça sera toujours bon.

Tu es très croyant ?

Oui. J’essaie de prier quand je peux. Je vais à la messe tous les dimanches quand il n’y a pas match. Pour moi, c’est la base. C’est dans mon éducation.

Qu’est-ce que tu demande le plus souvent à Dieu quand tu pries ?

La santé de ma famille ! C’est le plus important. Ce que je fais moi ne concerne que moi même si ça rend fière ma famille, mais en dehors, la santé des personnes que j’aime, c’est ce qui compte le plus.

Quelle note tu te mets pour cet entretien ?

10 sur 10 ! Je trouve que j’ai bien parlé.

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