EXCLU - Folarin Balogun : « Je suis un grand fan de la Ligue 1 »  | OneFootball

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·29 mars 2023

EXCLU - Folarin Balogun : « Je suis un grand fan de la Ligue 1 » 

Image de l'article :EXCLU - Folarin Balogun : « Je suis un grand fan de la Ligue 1 » 

Le grand mur du salon millésime du Stade Auguste Delaune est décoré par des dizaines de fanions aux couleurs d’adversaires prestigieux comme le Real, le Barça, le Milan ou la Juve. Un beau rappel à l’histoire riche du Stade de Reims et le lieu idéal pour notre entretien avec le meilleur buteur de Ligue 1, en train d’écrire une belle page de l’histoire du club champenois, Folarin Balogun.


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Enfance

Parle-nous un peu de ton enfance…

Je suis né à New-York, ma mère est allée voir sa sœur qui vit là-bas. Elle voulait rentrer à Londres, mais elle était enceinte, et la compagnie aérienne lui avait expliqué qu’elle ne pouvait pas voyager dans son état. Elle a fini par accoucher à New-York, plus précisément à Brooklyn.

Donc j’ai en face de moi un fan de l’équipe de basket de Brooklyn ?

Oui carrément, les Brooklyn Nets ! De temps en temps, j’y retourne car j’ai quelques amis là-bas. Je n’ai pas grandi là-bas, j’ai passé toute mon enfance à Londres, la plupart de mes amis sont là-bas.

Tu étais quel genre de garçon ?

J’étais super espiègle et assez sournois en réalité. J’essayais toujours que les choses aillent dans mon sens sans éveiller le soupçon des autres. Si je voulais un truc dans la cuisine, je faisais semblant d’avoir mal pour que ma mère me donne ce que je voulais (rires).

Qu’est-ce que tes parents faisaient dans la vie ?

Ma mère travaillait dans le commerce et mon père était chauffeur de taxi. J’ai un grand frère et une petite sœur. Ma petite sœur n’a que 5 ans et mon grand frère en a 24.

Ils ont eu une importance dans ta carrière ?

Oui, quand j’étais plus jeune, je jouais beaucoup au foot avec mon grand frère. Même si je ne m’en rendais pas compte à l’époque, je m’entraînais avec lui. On jouait vraiment tout le temps, on faisait des 1 vs 1 et moi j’essayais de trouver des manières de le battre. Il était plus fort que moi physiquement, donc je me faisais souvent bousculer dans tous les sens. Ça me laissait pas mal de marques et d’égratignures, mais c’était vraiment bien parce que ça m’a aidé à devenir plus intelligent.

C’était comment la jeunesse à Londres ?

Londres est vraiment une superbe ville. J’ai grandi à l’est du côté de Dagenham. C’était un endroit assez difficile, dans cette partie de la ville, il y a beaucoup de criminalité et d’histoires de gangs. Mais j’ai tellement d’amis là-bas, les gens sont super gentils et il y a vraiment une belle communauté. Je me sens à la maison là-bas et à Londres en général. Quand je vais en ville, je me sens super à l’aise, c’est là que je suis le plus relax.

Paris était la ville la plus représentée à la Coupe du Monde en grande partie grâce au talent de ses banlieues. On dit que Londres est une ville similaire en ce point, c’est vrai ?

Je ne savais pas ça ! Mais à Londres, on a vraiment de très bons joueurs dans tous les coins de la ville, du nord au sud et de l’est à l’ouest. Du coup, dépendant d’où il vient, chaque joueur va avoir une expérience différente, mais on arrive toujours à créer des connexions parce qu’on vient de la même ville finalement.

Qui était ton modèle ?

Je pense que c'est mon grand frère. Comme je te l’ai dit, on jouait vraiment beaucoup au football ensemble. Autant je n’aimais pas perdre contre lui quand on jouait, autant j’apprécie énormément et encore aujourd’hui les choses qu’il m’a apprises. Je l’admire énormément pour ça. C’est important d’avoir un gars sur lequel compter. Il a eu une importance capitale dans ma carrière comme d’autres personnes de mon entourage, mais j’apprécie tellement tout ce qu’il a fait pour moi.

Tu as une anecdote sur ton enfance que tu peux partager avec nous ?

Waouh, il y en a tellement (rires). Je vais te raconter un truc que j’ai fait à l’école parce que très souvent je faisais des trucs que je n’étais pas censé faire (rires). Une fois, à l’école, je crois que c’était au collège, avec mes potes, on a voulu embêter les gars un peu plus vieux juste après les cours. On voulait leur jeter tout un tas de trucs, franchement, je ne sais même pas pourquoi on a fait ça, on voulait juste déconner un peu. L’école a été mise au courant et on a tous été attrapés. Toute la bande est passée en conseil de discipline et pas mal de mes copains ont été virés. Moi, j’ai eu de la chance, j’avais une capuche, du coup personne ne m’a reconnu. Je t’avais dit que j’avais un côté sournois (rires).

L’école, c’était important pour toi ? Tu étais quel genre d’élève ?

L’école, c’était important pour moi oui, par contre, je vais être honnête, ce n'était qu'une question d’éducation. Pour moi, l'école était importante pour la sociabilité. J’ai appris à rencontrer des gens, comment interagir avec eux, comment interagir avec les profs ou même les filles, des trucs comme ça. En ce sens, c'était donc important pour moi, mais niveau résultats, je n’étais vraiment pas bon et je pense que l’école n’est vraiment pas faite pour tout le monde. J’encourage les gens à aller à l’école et ne rien lâcher, mais pour moi, ce n’était pas mon meilleur atout.

Tu as essayé d’autres sports ?

J’ai essayé l’athlétisme pendant un certain temps, pour faire du sprint. En primaire, j’étais le plus rapide de mon école. Quand je suis allé au collège, je me suis retrouvé dans le ventre mou et ça m’a vraiment fait un choc (rires). Actuellement, je fais du tennis de table et je suis vraiment bon. Si jamais quelqu’un veut me tester, je suis là (rires).

Tu es le meilleur joueur du club à ce niveau-là ?

Franchement, il y en a deux ou trois vraiment pas mal. Je pense faire partie des meilleurs. En tout cas, pendant mon temps libre, j’essaye de jouer au tennis de table.

Quand as-tu commencé à croire que tu pouvais percer dans le foot ?

Quand j’étais plus jeune, j’ai mis du temps avant de signer à Arsenal. J’ai connu différents clubs, mais j’ai surtout effectué pas mal d’essais. Certains d’entre eux n’ont pas été concluants du tout et d’autres clubs demandaient plus de temps pour réfléchir. Quand tu es jeune, forcément, ça te fait cogiter, tu te dis que tu n’es peut-être pas assez bon ou que ça va être trop compliqué. J’étais souvent parmi les joueurs les plus mauvais des différents effectifs que j’ai connus. Vers l’âge de 16 ans, on a eu une discussion sérieuse avec mon père sur le fait que je devais revoir mon attitude et jouer de manière plus juste. Après ça, j’ai bossé tout l’été très dur et la saison d’après, je suis devenu le meilleur buteur. C’est à ce moment-là que j’ai compris que si je travaillais dur, je pourrais devenir footballeur.

Ton père a eu un gros impact sur le début de ta carrière ?

Oui, bien sûr. Certains coachs aussi, ils ont corrigé mon attitude et ma motivation.

Parcours

Quel genre de formation as-tu reçu à Arsenal ?

C’était incroyable. Quand j’étais plus jeune, il y avait un nombre fou de jeunes footballeurs talentueux à Arsenal, peut-être le club où il y en avait le plus dans tout le pays. J’ai pu apprendre des choses de la part de tellement de monde… On faisait beaucoup de travail technique. Avant les entraînements par exemple, on jonglait pendant 30 minutes juste pour se familiariser avec le ballon. On faisait beaucoup de jeu de passes, beaucoup de dribbles, et en grandissant ça devient de plus en plus naturel pour toi. Je constate aujourd’hui les bénéfices de cette formation car cela m’aide encore sur le terrain. Elle me donne un avantage certain sur d’autres joueurs moins bien formés.

Ça doit être compliqué de réussir dans un club plein de jeunes talents et dans une ville aussi grande que Londres ?

Ça, c’est un truc que les gens ne réalisent pas vraiment. Quand tu joues pour Arsenal, tu joues pour l’un des meilleurs clubs, pas seulement du pays, mais du monde entier. Il y a tellement de joueurs qui veulent ta place et le club cherche toujours des joueurs pouvant te la prendre à tout moment. Tu dois donc être super régulier et t’améliorer de jour en jour. En grandissant, tu constates que beaucoup de tes potes n’ont pas eu de contrat. Et c’est dur. Et plus tu grandis, plus le chemin devient étroit et moins les joueurs parviennent à se faire leur place. Aujourd’hui, lorsque je regarde les photos de matchs de mon équipe de U18, on est peut-être deux à avoir obtenu un contrat.

À cette période de la vie d’un footballeur, beaucoup tombent en dépression à cause de la pression. Tu as vécu ça ?

Non, je n’ai pas fait de dépression, mais c’est vrai qu'il y a des moments où c’était super dur. Je me souviens qu'une fois, j’avais raté un pénalty lorsque je jouais pour l’Angleterre en U17 pendant l’Euro. C’était la première fois, d’aussi loin que je me souvienne, que je ratais un truc très important. J’étais bouleversé. Heureusement, ma famille était là pour moi et mes amis aussi. On doit réaliser que ce n’est qu’un jeu, ce n’est pas la vie, il y a aussi du bonheur loin des pelouses. J’ai appris ça grâce à cette épreuve. Pour réussir, il faut un mental à toute épreuve et séparer la vie du football.

C’était dur de quitter Arsenal pour Middlesbrough ?

Non, ce n’était pas spécialement compliqué. Quand j’ai rejoint l’équipe une d’Arsenal, j’ai vite compris que cela allait être très compliqué d’avoir une opportunité. De plus, ce n’était pas tout d’avoir une opportunité, derrière, tu avais énormément d’attentes autour de toi même en cas de faible temps de jeu. Moi, je voulais juste jouer au football et lorsque l’opportunité Middlesbrough s’est présentée, j’ai su tout de suite que c’était la bonne option pour moi afin d’apprendre davantage.

Tu as déjà douté de tes qualités ?

J’avais la pression de réussir, mais je n’ai jamais douté de mes qualités. Je sais ce dont je suis capable. Évidemment, lorsque tu n’es pas performant trois ou quatre matchs de suite, surtout lorsque tu rejoins un club dans une ligue inférieure et que tu dois t’adapter, tu peux avoir une période de questionnement. Mais tu dois vraiment croire en tes capacités, c’est le truc le plus important.

Qu’as tu appris de cette expérience ?

J’ai appris que tu dois être fort, pas physiquement mais mentalement. J’étais loin de la maison, j’étais dans le nord, c’est connu pour être très froid et je n’aime pas ça. Je me devais d’être fort, j’étais tout seul et je devais apprendre à vivre et gérer des situations compliquées tout seul. Ça m’a rendu plus fort.

Reims

Après cette expérience, tu as découvert la France avec Reims. Comment as-tu signé ici ?

Je parlais avec mon agent et à l’époque, j’avais plusieurs opportunités différentes en Angleterre, en Allemagne et en France. Il m’a montré toutes les offres et m’a donné son opinion, j’ai pris aussi en compte ma propre opinion. Je prends seul mes décisions et j’ai décidé que la France serait la meilleure option pour moi. Je savais que cela allait être difficile et qu’il y avait beaucoup risques, mais j’ai beaucoup de confiance en moi. Lorsque je prends une décision et que je me concentre dessus, il n’y a aucune raison pour que cela ne fonctionne pas.

Comment s’est déroulée ton adaptation au club ?

Au début, c’était très difficile, beaucoup plus que ce que je pensais. Heureusement, beaucoup de personnes m’ont aidé : des coéquipiers, des membres du staff, ils ont tous fait de leur mieux pour que je me sente à l’aise. Sans eux, je pense que cette adaptation n’aurait pas été possible. Je ressens énormément de gratitude envers le club et mes coéquipiers pour ça. Je me souviendrai à vie de ces petits gestes qui ont fait la différence.

Que penses-tu du niveau de la Ligue 1 ?

La Ligue 1 est vraiment très difficile. Je suis très choqué lorsque l’on dit que cette ligue est facile… Je ne comprends pas pourquoi cette ligue n’est pas respectée à sa juste valeur parfois, surtout sur internet. En tant que joueur de L1, je peux te dire que c’est un championnat très, très difficile. Il y a beaucoup de très bonnes équipes, très agressives. Sans parler du fait que les meilleurs joueurs du monde évoluent actuellement dans cette ligue et malgré ça, ils ne gagnent pas tous leurs matchs.

Regardais-tu la Ligue 1 avant ? Les Anglais regardent-ils vraiment la “farmers league” ?

Personnellement j’ai toujours beaucoup regardé la Ligue 1 avant d’y arriver. Il y a pas mal d’équipes que j’aimais voir jouer avant d’arriver ici comme Lyon, Marseille, le PSG et Lille. J’aimais bien regarder ces équipes quand j’étais en Angleterre. C’était le cas aussi de beaucoup de mes amis. Pour les autres je pense qu’ils ont dû voir une ou deux fois Paris gagner un match 6-0 et se dire « cette ligue est facile ». On voit aussi ce genre de score en Angleterre et on n’a pas le même discours.

Qu’est-ce que ça fait de vivre à Reims, ça doit te faire bizarre par rapport à ton ex-vie londonienne !

C’est une ville très tranquille, très calme. Les gens ici sont super gentils, ils forment une belle communauté. Londres, c’est très différent, il y a beaucoup plus de choses à faire un samedi soir par exemple. J’aime bien Reims, je n’ai aucun problème à être seul et me relaxer après les matchs.

J’ai lu dans une interview que Thierry Henry avait eu des mots forts à ton égard, tu peux nous en parler ?

Avant le match du PSG, je suis allé en reconnaissance de pelouse, juste pour voir le stade et la qualité de la pelouse. C’est à ce moment-là que j’ai vu Thierry Henry, puisque je l’avais déjà vu à Arsenal et qu’on avait déjà discuté, je voulais le saluer. On a parlé pendant 20 minutes. Il m’a donné des conseils concernant la vie en France, sur comment gérer la pression, comment m’exprimer, comment rester confiant… À la fin, il m’a dit que je ne devais pas me retenir juste parce qu’on jouait le PSG, il m’a dit que j’allais avoir plein d’espaces à exploiter et si je gérais bien, j’allais marquer et c’est ce qui s’est passé.

Quels sont tes objectifs cette saison ? Les objectifs de Reims ?

Au début, mon objectif était simplement de venir dans ce championnat, tenter de m’y imposer et inscrire 10 buts. Je suis content d’avoir réussi ce premier objectif puisque aujourd’hui j’ai atteint les 15 buts. Je me suis fixé un autre objectif de 20 buts. C’est mon nouvel objectif. Collectivement, on veut finir dans la première partie de tableau et je pense que c’est faisable vu nos résultats. On ne perd pas beaucoup et on veut continuer comme ça.

Selon Transfermarkt, tu vaux aujourd’hui 14M€. Le jour où tu as quitté Arsenal pour Reims, tu n’en valais que 4. Regardes-tu ce genre de chiffres ? Est-ce une motivation pour toi ?

Je ne regarde pas tellement ce genre de chiffres, mais ce n’est pas quelque chose qui m’intimide pour autant. Il n’y a rien de honteux ou d’embarrassant, on a aussi le droit d’en tirer une certaine fierté. Quand je compare mes chiffres à ceux d’autres attaquants, j’en tire une certaine fierté et je veux voir ce dont je suis vraiment capable. C’est ma première vraie saison complète, c’est juste le début de ma carrière, je ne suis pas au maximum de ce que je peux produire. Je veux continuer comme ça et voir mes stats en fin de saison.

Will Still est perçu comme l’un des meilleurs coachs du moment en Ligue 1 et c’est une belle surprise. Que penses-tu de lui personnellement ?

C’est un gars très spécial. Je pense qu’il a énormément de qualités en dehors des terrains qui lui permettent de mettre en place ce qu’il veut sur le terrain. Il y a peu de gars qui parlent parfaitement trois langues. Lors des réunions, il parle français, anglais et flamand. Grâce à ça, c’est quelqu’un de très intense, il nous demande beaucoup tous les jours. Il a augmenté le niveau des entraînements de manière à ce que cela soit plus facile pour nous pendant les matchs. Je pense que son travail se voit à travers nos résultats.

Quel genre de relation entretiens-tu avec lui ?

On a une très bonne relation, je pense qu’il me comprend très bien, il sait me gérer. À l’entraînement, quand je suis dans une équipe qui perd et que je suis énervé, il me parle, me dit de me calmer, il m’aide à rester concentré. C’est super important qu’un coach sache comment parler à chaque joueur, de cette manière, tu tires le meilleur de chacun d’entre eux. Il m’a vraiment beaucoup aidé et je n’ai que des choses positives à dire à son sujet. Je suis persuadé qu'il peut devenir un des meilleurs coachs d’Europe. Rappelons aussi qu’il n’a que 30 ans, donc ce qu’il fait actuellement est juste phénoménal.

Tu as déjà beaucoup marqué cette saison, bravo pour cette performance !

Merci (en français) !

Quel est ton secret ?

(Il éclate de rires) Tout d’abord, c’est vrai que c’est moi qui mets le ballon au fond des filets donc si tu regardes juste le résultat du match sur internet ou dans le journal, tu verras que j’ai marqué, mais pour moi, c’est très important d’être reconnaissant envers mon équipe. Parce que sans leurs passes, sans les mouvements de certains joueurs et la vision d’autres, tout cela serait impossible. Pour moi, l’équipe passe avant tout parce que c’est ce que font mes coéquipiers qui me permet de marquer ces buts. Si j’avais un secret, alors ce secret serait l’équipe, ça serait la confiance qu’on a entre nous. Si des joueurs de mon équipe ont le ballon, je sais qu’ils ont ce qu’il faut pour me trouver sur le terrain. C’est un secret d’équipe.

Tu es l’un des meilleurs buteurs en France mais aussi en Europe. Comment as-tu réalisé cela ? As-tu changé quelque chose à ta préparation ou ton état d’esprit ?

Tout l'été, je me suis entraîné à être plus efficace dans tous les aspects de mon jeu. Je savais en venant à Reims que ce n’était pas une équipe qui gagnait des matchs 6-0 ou 5-0, bref je savais que les matchs allaient être difficiles et serrés. Dans ce cas de figure, je savais que je n’allais avoir qu’une ou deux opportunités par match de la mettre au fond. Ma priorité, c’était donc de faire en sorte de transformer la moindre opportunité en but. Je voulais juste être le plus efficace possible. Cette saison, il y a des matchs où je n’ai eu qu’une occasion et où j’ai fini avec un but. Je suis très content de voir que mon entraînement a porté ses fruits.

Style de jeu

Qu’est-ce que ça fait d’être le meilleur buteur devant de grands noms tels Mbappé, Neymar, Messi ?

Je ne ressens rien de particulier, pour moi, c’est assez normal. Dans le sens où beaucoup de personnes disent ça aujourd’hui. Mais moi, j’ai toujours cru en moi et beaucoup plus que ce que les gens ont pu croire en moi. Je sais que je suis capable d'enchaîner les buts, surtout que cette année, j’ai raté quelques occasions donc j’aurais pu avoir un bilan plus important encore. Pour moi, ce n’est pas choquant de me voir avec autant de buts.

D’où vient le surnom « Balo-Gun » ?

Mon nom est Balogun (se prononce Balogoune) et lorsque je jouais pour Arsenal, « Les Gunners », les coachs à Arsenal ont pris l’habitude de dire Balo-Gun. Certains de mes coéquipiers à Reims m’appellent Balo-Goal. On dirait que les gens aiment bien modifier la fin, parfois ça marche, parfois non (rires).

En Ligue 1, tu as des amis comme Lacazette ou Nicolas Pépé. Tu parles encore avec eux ?

Oui, bien sûr. En arrivant en Ligue 1, j’ai parlé avec Lacazette, il m’avait envoyé un message pour s’assurer que tout allait bien pour moi et me faire savoir que je pouvais compter sur lui en cas de besoin. On était proches lorsqu’il était à Arsenal. C’est un attaquant qui a énormément de qualités, je m’inspire beaucoup de lui et je regarde souvent ce que je pourrais tirer de son jeu. Concernant Nicolas Pépé, c’est un des meilleurs joueurs que j’ai pu voir balle au pied. Ce qu’il faisait à l’entraînement, c’était fou, très franchement, il était capable d’humilier littéralement des joueurs. Je suis très content de voir qu’ils sont performants ici.

Quel type d’attaquant es-tu ?

Je dirais que je ne suis pas un attaquant normal, je suis un attaquant atypique. Quand les gens pensent à l’attaquant, généralement, ils pensent à quelqu’un de grand, fort, agressif. Personnellement, je ne suis ni le plus grand, ni le plus fort, mais j’ai une bonne compréhension du jeu. J’ai une très bonne technique et ça m’aide à dynamiser mon jeu, je peux marquer des buts très différents. Ça se voit cette saison, j’ai marqué de la tête, du pied droit, du pied gauche, en reprise de volée… J’ai une palette technique très large.

Qu’est-ce qui est le plus important lorsqu’on veut marquer un but ?

Je pense qu’il faut faire confiance à son instinct. Lorsque tu réfléchis trop, les choses deviennent plus difficiles. Il faut se faire confiance. Et pour vraiment se faire confiance, il faut beaucoup s’entraîner. Donc il faut vraiment bien s’entraîner pour se donner les moyens de croire en ses capacités.

Te fixes-tu des objectifs de buts avant chaque saison ?

C’est ma première vraie saison complète en tant que professionnel. Quand je suis arrivé en Ligue 1, je me suis fixé un objectif de 10 buts. C’était juste mon ressenti vis-à-vis de ce championnat et je me suis dit que 10 était un bon chiffre. J’ai parlé avec Lacazette et Pépé et ils m’ont dit que si j’arrivais à marquer 10 buts en Ligue 1, ça serait un très beau signe de progression.

Les situations que tu préfères le plus lorsqu’il faut marquer un but ?

Je pense que ça serait le face à face. S’il y a un scénario dans lequel je peux voir le gardien et qu’il n’y a pas ou peu de joueurs devant moi, je suis assez confiant dans ma capacité à marquer.

Comment gères-tu tes défenseurs ?

La veille des matchs, on a une réunion avec l’équipe et on regarde des vidéos de nos adversaires et donc des défenseurs adverses.  À ce moment-là, j’essaye de voir leurs faiblesses, les petites choses qu’ils font et qui jouent à mon avantage. Ce sont des petits détails et parfois, les défenseurs ne sont même pas au courant qu’ils commettent ces petites erreurs. Le jour du match, j’essaye d’exploiter ces erreurs.

En ce moment, tu monopolises beaucoup l’attention dans la presse et sur internet. Beaucoup de monde parle de toi. Est-ce que ça te met une pression supplémentaire ?

Non, pas du tout, ça ne me met pas du tout la pression. Ils parlent de moi parce que je fais quelque chose qui les surprend, mais cela ne me surprend pas personnellement. Ce n’est pas quelque chose qui m’affecte particulièrement.

Quels sont les joueurs que tu aimes voir jouer ?

J’aime beaucoup regarder Mbappé. Je pense que les choses qu’il a réalisées dans sa carrière, à un si jeune âge, sont juste exceptionnelles. Il a grandi à Paris et il est un leader à la fois au PSG et surtout en équipe de France. J’admire la trajectoire de sa carrière. J’ai beaucoup d’admiration et de respect pour lui.

Angleterre

L’Angleterre a beaucoup de grands talents. Que peux-tu nous dire à propos de certains de tes amis comme Saka ?

C’est de plus en plus difficile de s’imposer au plus haut niveau en Angleterre. Tous ces talents se disputent le peu de places qu’il y a au haut niveau. Bukayo, ce qu’il fait par exemple, c’est exceptionnel, la manière dont il a su se montrer à la hauteur des attentes, c’est juste incroyable. En plus de ça, c’est vraiment une très bonne personne et je n’ai que de bonnes choses à dire sur lui. On se parle de temps en temps et je suis ses performances. Je lui souhaite le meilleur.

Tu as joué avec de nombreux jeunes talents. Toutefois, on les voit très peu s’exporter en dehors de l’Angleterre. Qu’en penses-tu ?

Je pense que beaucoup de joueurs ont peur de quitter le championnat ou ils préfèrent simplement rester proches de leur famille et amis. Je comprends tout à fait puisque j’ai trouvé que le fait d’aller à l’étranger n’était pas du tout facile, ce n’est pas pour tout le monde. Si tu crois en toi, et si tu penses que tu as la mentalité et les qualités pour t’imposer à l’étranger, alors il faut essayer. Pour une personne qui réussit à l’étranger, il y en a beaucoup plus qui ne réussissent pas du tout. Donc encore une fois, je comprends pourquoi certaines personnes sont inquiètes à l’idée de se lancer.

Tu regardes la Premier League ?

Non, pas vraiment en réalité. Depuis mon arrivée en France, je regarde beaucoup la Ligue 1 et d’autres championnats comme la Serie A. Du coup, je ne regarde pas tellement la Premier League pour être honnête.

Tu as un peu gâché ma prochaine question concernant la saison d’Arsenal puisque tu ne suis plus la Premier League…

Bien sûr, je parle toujours avec quelques joueurs et je regarde leurs résultats de temps en temps. Je leur souhaite le meilleur, j’espère qu’ils remporteront le championnat cette saison. Même si je ne regarde pas beaucoup la Premier League.

Ça, c’est parce que tu bosses en général les week-ends (rires)…

Ouais (rires). Mais honnêtement, c’est juste parce que j’aime beaucoup regarder la Ligue 1 et les autres championnats. C’est super intéressant. Je suis un fan de football et j’aime regarder un peu tous les types de jeu.

Quelle est ta relation avec Arteta ?

On ne parle pas vraiment. On ne communique pas beaucoup et en réalité, on n’a jamais vraiment communiqué.

Maintenant que tu es sous les projecteurs, tout le monde te veut dans son équipe. Tu peux joueur pour trois pays. Ressens-tu une certaine pression à l’idée de faire ton choix ?

Ça ne me met pas du tout la pression. Je tiens à dire que j’ai pris ma décision sur le pays que je vais représenter. J’attends juste le bon moment pour le dire.

J’imagine que ce n’est pas pendant cette interview ?

Non (rires). Mais j’ai promis que je le dirai bientôt.

Personnalité

Qui est Folarin dans la vraie vie ?

C’est juste un gars tout le temps content, très posé. S’il y avait une caméra dans ma maison lorsque je suis avec mes amis, tu rigolerais beaucoup. J’aime bien rigoler, faire des blagues et juste passer de bons moments.

Quels sont tes hobbies ?

Je suis un grand fan de tennis de table. À part ça, j’aime bien sortir avec mes amis manger un bout ou prendre le soleil pendant les vacances et explorer différentes parties du monde.

Quelle est la chose la plus importante dans ta vie actuellement ?

La famille. Je veux être sûr que tout le monde soit à l’aise. Je veux que les gens autour de moi soient en capacité d’avoir tout ce qu’ils veulent dans la vie.

C’est qui ton coéquipier préféré à Reims ?

Question difficile (rires). En vrai, je parle avec tout le monde, même les membres du staff ou les joueurs les plus vieux. J’essaye d’apprendre à leurs côtés. Comme je ne parle pas français, c’est super dur. Je dois essayer d’apprendre à me débrouiller pour chaque conversation. Mais on a un groupe tellement cool que je m’entends avec tout le monde.

Qui est le petit fou du groupe ?

Maxime Busi sans aucun doute. Ce mec est complètement fou et il me fait rire tous les jours. Il faut juste le regarder et il va obligatoirement faire un truc de dingue dans la journée.

As-tu encore beaucoup d’amis en Angleterre ?

J’ai beaucoup d’amis en Angleterre et on parle beaucoup. Certains sont déjà venus me voir jouer. C’est difficile parce qu’ils ont leur propre vie et leur travail donc ils ne peuvent pas toujours être là. Ce qui me touche, c’est que beaucoup sont venus pour la première fois en France juste pour me voir jouer.

Tu joues à FIFA ?

Non, plus maintenant, je n’aime pas tellement le jeu. Je pense que c’est le même depuis plusieurs années et j’ai simplement perdu mon intérêt pour ce jeu.

Tu ne dirais pas ça parce que tu es un mauvais joueur par hasard ?

(Rires) Non je te jure, pas du tout. Je joue à d’autres jeux comme Call of Duty, j’aime les FPS et aussi NBA 2K.

Tu as une franchise préférée en NBA ?

Évidemment, j’aime bien les Brooklyn Nets parce que je suis né là-bas, mais j’aime aussi beaucoup regarder les Warriors à cause de Stephen Curry.

Tu savais que tu étais une star dans un jeu de fantasy league qui s’appelle MPG ?

Non, je ne savais pas du tout !

(Je lui montre une partie dans laquelle il a été acheté plus cher que Messi, Neymar et Mbappé).

Waouh, c’est super intéressant ça (rires) ! Je ne connaissais pas du tout ! Merci de m’avoir fait découvrir et merci à ceux qui ont mis autant d’argent sur moi. C’est vraiment cool, j’espère que je pourrai vous rendre la confiance placée en moi !

Conclusion

As-tu encore des rêves ?

Bien sûr, c’est important d’avoir des rêves. Je suis aussi très reconnaissant parce que j’ai pu réaliser certains de mes rêves d’enfant comme celui de devenir footballeur.

Tu peux nous en citer quelques uns ?

Mon rêve là, c’est de marquer 20 buts (rires). Un de mes plus grands rêves serait de remporter le Ballon d’Or. Parce que quand j’ai commencé ma carrière, je ne voulais pas juste être un bon joueur, je voulais être un top player, un des meilleurs. Évidemment, ce n'est pas simple du tout, il y a beaucoup d'obstacles à surmonter pour y parvenir, il faut faire beaucoup de sacrifices et je suis prêt à les faire.

Avec la fin de la domination CR7/Messi, tu as une carte à jouer…

(Rires) Franchement, il y a tellement d’excellents joueurs que ça reste très compliqué à atteindre.

Si tu étais un super héros, quel pouvoir aurais-tu ?

Je pense que je prendrais les pouvoirs de Superman. Le gars peut tout faire. Parfois, quand je regarde les dessins animés, je me dis que c’est injuste, le mec peut tout faire.

Si tu étais journaliste, quelle question poserais-tu à Balogun ?

On ne m'a jamais posé cette question. Je demanderais certainement : « Qu’est-ce qui t’a motivé à commencer à jouer au football ? ».

Et qu’est-ce qui t’a motivé à faire du foot ?

Bien joué, tu me fais faire ton taf (rires). Le foot a toujours été dans ma vie. Aussi loin que je me souvienne, le football a toujours été là. En grandissant, ma motivation a été exacerbée par le fait de voir des gars comme CR7 à la télé. Il faut savoir apprécier ce qu’un mec comme lui a fait pour le foot. Il était au top quand j’étais bébé et là, j’ai 21 ans et c’est toujours un exemple, une icône dans le monde du football. Ce sont des gars comme lui qui te montrent que tout est possible.

Quelle est la phrase qui te représente le mieux ?

Un truc du genre : si personne ne croit en toi, tu dois le faire pour toi-même, car tu finiras par y arriver.

Quelle est la chose dont tu es le plus fier concernant ta jeune carrière ?

Le fait d’avoir quitté l’Angleterre pour la France. Et ce n'est même pas une question de terrain, juste le fait d’avoir quitté mon pays pour un autre, vivre seul et réussir à m’adapter, je suis vraiment fier de ça. Même si je n’avais pas été bon sur le terrain, ça n’aurait pas changé le fait que je sois fier d’être venu ici. J’ai tellement appris sur la vie en général que je suis vraiment super fier de tout ça.

Quelle note te donnerais-tu pour cette interview et quelle note me donnerais-tu ?

Franchement, on ne m’a jamais autant posé de questions, mais ç’a été tellement facile de parler avec toi… Et je ne dis pas ça parce que tu es là, mais je te mets un 10. Je me mets aussi 10, on a fait ça d'un trait, c’était cool !

Surtout qu’on devait faire 30 min et qu’on en est à 1h…

Ah ouais carrément ? Je n'ai vraiment pas vu le temps passer…

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