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·6 juin 2023
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Après un petit tour de France des clubs, Estelle Cascarino a choisi l’exil en Angleterre pour relancer une carrière au ralenti au PSG. À 26 ans, la sœur de Delphine, de retour en équipe de France, savoure son plaisir d’être footballeuse.
Voici quelques extraits de notre interview de Estelle Cascarino. L’intégralité de cet interview de 4 pages est à retrouver dans le magazine n°359 de Onze Mondial disponible en kiosque et sur notre eshop depuis le 19 avril.
Comment as-tu atterri à Manchester United ?
(Sourire) J’avais tout simplement envie de voir autre chose. Lors du dernier mercato hivernal, j’étais à la recherche d’une opportunité. J’avais la volonté de découvrir un nouveau championnat. Avec mon agent, on a entamé des discussions avec plusieurs clubs. J’ai adhéré au projet de Manchester United.
Pourquoi cette volonté de rejoindre l’étranger ?
J’ai évolué dans quatre clubs en France (OL, Paris FC, Bordeaux, PSG). Et depuis quelque temps, j’avais cette envie de signer dans un club à l’étranger. Avant même de rejoindre le PSG en 2021, j’y pensais déjà. Lorsque l’occasion s’est présentée avec Manchester United, j’ai foncé.
Qu’as-tu découvert à Manchester ?
Une nouvelle façon de jouer au football. Le style de jeu est vraiment différent. Nous sommes dans le même centre d’entraînement que l’équipe masculine. Le complexe est immense et nous avons une partie destinée à la section féminine avec notre bâtiment. Nous ne les croisons pas forcément, car nous n'avons pas les mêmes horaires d’entraînement. Les installations sont de très haut niveau en tout cas. Je n’ai pas encore eu la chance de croiser les Français, Raphaël Varane et Anthony Martial.
De plus en plus de joueuses quittent la D1 Arkema pour signer à l’étranger, comment expliques-tu ce phénomène ?
Personnellement, j’avais envie de vivre une nouvelle aventure. Et il est vrai que le football féminine se développe très rapidement à l’étranger, notamment en Angleterre. Il y a un bel engouement autour du foot féminin. L’Angleterre est réputée pour être une terre de football, j’ai donc été naturellement attirée par ce championnat. D’ailleurs, nous allons prochainement jouer à Old Trafford contre West Ham. C’est incroyable de vivre de telles choses. Il me semble aussi que les droits TV sont plus importants ici. C’est forcément plus attractif.
Comment se passe ton adaptation ?
Elle se passe doucement mais sûrement. Ça fait beaucoup de changements. Je savais que ça allait prendre du temps car tout est nouveau. C’est normal, en plus, j’arrive en cours de saison. Au début, j’avais du mal au niveau de l’accent, mais ça va beaucoup mieux. La conduite est différente aussi, je m’y fais au fil des semaines. Tous les jours, je vois de nouvelles choses. Aïssatou Tounkara est là aussi, on parle français ensemble.
À 26 ans, tu découvres déjà ton cinquième club, as-tu une explication ?
On pourrait expliquer ça de la manière suivante : Estelle aime bouger. Mais pas forcément. À chaque fois, j’ai effectué mes choix en fonction de l’évolution de ma carrière. J’ai toujours eu cette envie de progresser. J’ai quitté l’Olympique Lyonnais à l’âge de 19 ans pour obtenir du temps de jeu. J’ai ensuite toujours cherché à rejoindre une équipe plus compétitive, à chaque fois. En France, j’avais fait le tour et fréquenté les meilleurs clubs, excepté Montpellier. J’avais vu ce qui se faisait de mieux. Et j’avais vraiment envie de jouer à l’étranger, ça a toujours été mon objectif.
N’es-tu pas déçue de ton passage au PSG ?
Déçue, je ne sais pas si je peux employer ce terme. en tout cas, c'est vrai que ça a été compliqué. Durant ma première année, j’ai connu de nombreux pépins physiques. Ça m’a empêché de montrer mon niveau, je n’étais pas à 100%. J’ai opté pour un départ cet hiver. Je ne regrette pas. Ça fait partie d’une carrière, il y a des hauts et des bas, c’est comme ça. Et dans le même temps, je ne vais pas m’épancher sur tout ce qu’il s’est passé, mais je ne suis pas tombée dans la meilleure période du club. L’atmosphère n’était pas forcément optimale durant mon passage. Il s’est, malheureusement, passé des choses qu’on ne peut pas contrôler. Et que même le club ne peut pas contrôler.
Tu as récemment retrouvé l’équipe de France qui se trouvait dans une période difficile…
J’ai retrouvé l’équipe de France en février dernier. Et pareil, il s’est passé pas mal de choses. En ce moment, le foot féminin français vit une petite période de turbulences. Mais ça fait partie des aléas d’une carrière.
Penses-tu cet enchaînement d'événements néfastes pour le football féminin français ?
Il est vrai que si on compare l’évolution du football féminin en France aux autres pays, on s’est, un peu trop, reposé sur nos lauriers. Il y a sûrement eu des problèmes de communication et beaucoup de « non-dits » qui ont fait que ça ne fonctionnait pas forcément. Nous sommes arrivés à un moment où il fallait du changement, tout simplement. Ça arrive assez souvent dans le football. Tout ce qui se passe, ce sera un mal pour un bien. Pour ma part, tout ça n’impacte pas mes ambitions. Mon objectif, c’est de disputer la prochaine Coupe du Monde. C’est la plus grande compétition au monde, c’est donc forcément dans un coin de ma tête. Je vais tout donner pour y être.
Ne regrettes-tu pas d’avoir consacré ta vie au football ?
Pas du tout ! Je suis très contente d’exercer ce métier et de pouvoir en vivre. J’ai une vie de privilégiée. J’ai beaucoup de chance de vivre du football. Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans le foot d’ailleurs. Ce n’est pas facile pour toutes les joueuses, mais pour celles qui arrivent à en vivre, c’est un privilège.
As-tu suivi des formations en parallèle de ton début de carrière ?
J’ai suivi quelques formations, mais je ne les ai pas terminées car ça ne m’intéressait pas vraiment. Je réfléchis à reprendre une formation à distance. J’avais commencé une licence en information-communication et en langues étrangères aussi. Je ne suis pas allée au bout. Je pense à m’orienter vers le marketing. Je suis encore un peu indécise. J’ai envie de me lancer dans un truc qui va me servir et m’intéresser.
Avant le foot, tu as commencé par le rugby. Atypique, non ?
Oui, avec ma sœur, Delphine, on a commencé par le rugby. Mais on était vraiment jeunes, on a rapidement vu qu’on était meilleures avec les pieds (rires). Le choix s’est fait naturellement.
On te parle souvent et on te compare avec ta jumelle, n’est-ce pas pesant ?
Non, ce n’est pas pesant. Parfois, ça peut être lourd, mais c’est vivable. On est deux personnes différentes, on a deux carrières différentes. On préfère ne pas être comparées car ça ne sert à rien. Mais on comprend : des jumelles qui font du foot, ce n’est pas commun. C’est normal qu’on nous compare et qu’on nous pose des questions l’une sur l’autre. Ça fait partie du jeu. Notre famille a toujours été très présente depuis le début. Elle nous soutient et nous pousse à donner le maximum. À ce niveau-là, on est très chanceuses.
Comment as-tu évolué depuis tes débuts avec l’Olympique Lyonnais ?
J’ai pris de la maturité que ce soit dans mon jeu ou dans la vie de tous les jours. Tactiquement et techniquement, je sens mieux les coups. J’ai pris de l’expérience. Quand on est jeune, on a les qualités, mais on ne fait pas toujours les bons choix. Au fil des années, on comprend mieux et plus rapidement le jeu.
Tu as alterné les postes de défenseure centrale et de latérale, où aimerais-tu t’installer ?
J’ai toujours eu cette polyvalence. À Manchester United, on m’a positionnée au milieu de terrain. C’est encore un autre poste. J'ai déjà évolué à ce poste, je m’y sens bien. Donc lorsqu’on m’a parlé de ce positionnement, je ne m’y suis pas opposée. Ça ne me dérange pas du tout. Au contraire, j’aime prendre part au jeu.
Qui sont les joueurs qui t’inspirent ?
Forcément, Lionel Messi, le meilleur joueur du monde. J’aime beaucoup Kylian Mbappé, Karim Benzema, Luka Modric, Casemiro, Thiago Silva et plein d’autres. Il y a tellement de bons joueurs. Concernant le football féminin, je regarde essentiellement les gros matchs comme ceux de Ligue des Champions.
Analyses-tu tes prestations personnelles ?
Oui, je trouve que c’est important de faire de la vidéo. Je re-visionne mes matchs pour me corriger et progresser. C’est intéressant de voir ce qu’on a fait de bien et de moins bien.
Qu’aimes-tu faire en dehors du foot ?
J’aime écouter de la musique, lire des livres, regarder des films et des séries. Je viens de terminer « The Walking Dead », c’est une de mes séries préférées. Mon personnage favori, c’est Daryl, il ne parle pas beaucoup, mais a le cœur sur la main. Il est fort dans sa capacité à survivre, c’est un des meilleurs. Et ce n’est pas un méchant. Dans cette série, les personnages deviennent méchants pour survivre, mais lui non. Il parvient à survivre tout en restant une bonne personne. J’aime bien le cinéma dans son ensemble. À une période, je m’amusais à faire des petits films avec mes potes, notamment Perle Morroni. Après ma carrière, pourquoi ne pas être derrière ou devant la caméra. Faire des documentaires ou des clips, ça pourrait me brancher. Il faut que je bosse sur les montages.
Si tu étais journaliste, quelle question poserais-tu à Estelle Cascarino ?
Ce n’est pas simple ce que tu me demandes (elle réfléchit longuement). Je lui demanderais : « Quel est ton plus grand rêve dans le football ? ». Et je répondrais : « Je rêve de remporter tous les trophées possibles ».
Si tu devais terminer l’interview par une phrase qui te représente, que dirais-tu ?
Je dirais : « Après la pluie vient le beau temps », j’aime bien cette philosophie. Même quand tu vis un moment difficile, il faut se mettre dans la tête que c’est temporaire. Il faut rester positif même dans la difficulté.
Comment te notes-tu pour cette interview ?
Franchement, pas très bien (rires). Allez, je vais dire 5 sur 10.
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