EXCLU - Christopher Nkunku : « Je sens ce changement de dimension » | OneFootball

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·28 septembre 2022

EXCLU - Christopher Nkunku : « Je sens ce changement de dimension »

Image de l'article :EXCLU - Christopher Nkunku : « Je sens ce changement de dimension »

Le Stade de France rien que pour lui. Lui, c’est Christopher Nkunku. Largement méconnu sur la scène internationale il y a un an, l’attaquant du RB Leipzig tient, désormais, la dragée haute à Karim Benzema, Robert Lewandowski, Kylian Mbappé ou encore Mohamed Salah. Le garçon formé au PSG est devenu international et aspire à participer à la Coupe du Monde. En attendant, « CK18 » a accepté de faire la couverture de notre numéro de rentrée. Au bord de la pelouse de l’antre dionysien, le natif de Lagny-sur-Marne s’est montré aussi efficace et précis que sur le rectangle vert. Interview XXL avec un talent déterminé à titiller les sommets.


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« J’espère que mon statut va encore changer parce que c’est ce que je veux. Je vise encore plus haut. »

A comme Attaquant

« J’ai été formé au milieu de terrain, aujourd’hui, on me présente comme un attaquant. Moi, je me définis comme un joueur offensif. Un joueur offensif qui aime prendre du plaisir à construire des occasions de but, à en créer aussi. Être au commencement et à l’aboutissement des actions, voilà comment je me définis, pas seulement comme un attaquant de pointe. Par le passé, j’ai même joué latéral (sourire). J’ai joué à pas mal de postes. Ce passage à ce poste m’a permis de voir comment un latéral peut penser. Quand tu ne joues pas à un poste, tu ne peux pas savoir comment le joueur évoluant à ce poste pense. Ça m’a aidé à me développer aussi au niveau du football, sur différents aspects du terrain, défensivement ou offensivement. Ça m’a permis de voir comment un latéral, un milieu ou un attaquant réfléchit et essayer d’ajouter mes qualités à cela. Aujourd’hui, je pense à devenir décisif. C’est ce qu’on demande à un attaquant : mettre des buts, se créer des occasions. Quand je commence un match, je ne me dis pas : « Il faut absolument que je marque ». Il faut que je prenne du plaisir et moi je sais que je prends du plaisir en créant des occasions, en ayant des situations et en faisant marquer les autres. »

B comme Bundesliga

« La Bundesliga est un championnat très, très intense. Quand je suis arrivé en Allemagne, je n’arrivais même pas à finir un match. C’est vraiment intense, ça se ressent dans les courses à répétition, les sprints à haute intensité. Il y en a beaucoup à faire et face à n’importe quelle équipe. Tu as l’impression qu’une équipe de bas de tableau peut faire de grandes choses contre une équipe de haut de tableau. Ils jouent sans complexe. Chaque match est compliqué. Je n’arrivais pas à terminer un match parce que physiquement, je n’étais pas prêt. L’intensité, je n’assumais pas. Je n’arrivais pas à enchaîner les courses à haute intensité. La Ligue 1, c’est un peu plus tactique, on attend le ballon dans les pieds, on fait déplacer le bloc. En Bundesliga, on fait la différence avec les courses. Et je n’étais pas au point à ce niveau-là. L’ intensité m’ a vraiment choqué ! Entre la 57ème et la 60ème minute, j’étais mort. Il est vrai que la Bundesliga réussit bien aux Français, surtout Leipzig, il y a pas mal de Français. Ces dernières années, de nombreux jeunes joueurs français ont signé en Bundesliga, car les clubs donnent vraiment leur chance aux jeunes. Si tu es bon, on te met, tu saisis ta chance et c’est parti. À Leipzig, il y a beaucoup de Français donc pour s’adapter, c’était la meilleure destination. »

C comme Conseils

« Plutôt que de donner des conseils, je vais parler de conseils que j’ai reçus. J’en ai reçu tellement. Celui qui m’a marqué, c’est : « Il faut se donner tous les moyens de faire ce que tu veux faire ». Si je devais donner un conseil, ce serait : « Fais attention à ton corps, le football, c’est ton corps 24 heures sur 24 ! Tu souffres la semaine pour prendre du plaisir le week-end en match ». Il faut donc avoir une bonne hygiène de vie et se donner tous les moyens. Ça passe par du travail supplémentaire comme du gainage ou des abdos. Il faut le faire et pas se dire qu’on n’en a pas besoin et penser qu’en match ce sera facile. Il faut tout donner pour qu’en match, tout se passe bien. Je n’ai pas changé grand chose depuis mes débuts professionnels. En partant à Leipzig, j’ai juste travaillé avec un préparateur physique qui est aussi kiné et que j’ai connu à Paris. Il me suit depuis mon arrivée à Leipzig. J’ai l’habitude de travailler avec lui. J’ ai ces habitudes-là. Ensuite, le travail ne vient pas du jour au lendemain, il se fait sur des années. Ces choses que je fais en dehors du club me permettent de performer sur le terrain. »

D comme Dimension

« Tu me dis que je suis plus attendu, plus regardé, je ne sais pas si j’ai un nouveau statut. Moi, je vis sans me soucier du regard des gens. Il est vrai que le football, c’est différent avec toutes les caméras et tout ce qu’il y a autour. En tout cas, j’ai toujours les mêmes convictions et les mêmes objectifs : prendre du plaisir sur le terrain et jouer mon football. Le plaisir, c’est l’essence même du football. Les gens peuvent me regarder, m’ attendre, moi, je fais abstraction de tout ce qu’il se passe autour. Alors oui, je vais être plus regardé, mais moi ce qui m’importe, c’est mes performances. Je veux être performant à chaque match. J’ai réalisé une belle saison dernière, oui, je sens ce changement de dimension, je continue à le sentir mais ce n'est pas une fin. J’espère que mon statut va encore changer parce que c’est ce que je veux. Je vise encore plus haut. »

« La formation du PSG est bonne, la preuve, on est plusieurs joueurs formés au PSG à être en équipe de France A aujourd’hui. »

E comme Évolution

« C’est vrai, j’ai bien évolué physiquement. J’ai toujours eu un retard de croissance depuis la préformation. Quand je suis arrivé au PSG, il y avait un gros écart entre les autres et moi. Après, j’ai commencé à rattraper les autres, mais je restais toujours frêle. J’ai dû compléter avec des exercices de renforcement comme le gainage, les abdos ou parfois aller à la salle et pousser un peu (sourire). Ça ne me ressemble pas trop, mais il le fallait et j’ai dû le faire. Je pense que naturellement aussi, mon corps a pris plus de masse. Avec le temps, j’ai pu travailler sur ma technique et associer ça à mon développement physique. Je n’ai pas souffert de mon retard de croissance. Mais parfois je me disais : « Pourquoi je ne suis pas un peu plus costaud ? ». Quand tu arrives à la fin de la semaine et que le coach vient te dire : « Tu ne vas pas jouer ce week-end », alors que tu sais que tu as fait une meilleure semaine que les autres, mais qu’ils vont être dans le groupe parce qu’ils sont un peu plus costauds sur le moment, ça te reste un peu en travers. Chacun sa croissance. Aujourd’hui, ces joueurs-là ne sont pas dans le monde professionnel, donc il faut prendre son mal en patience et comme je l’ ai dit, j’ étais focalisé sur moi et mon ballon. Le développement est arrivé ensuite. Des gens me conseillaient et me disaient : « Ne t’inquiète pas, travaille, ton corps, ça va venir ». Aujourd’hui, je sens un vrai changement par rapport à avant. Avant, l’idée était d’éviter les duels parce que je n’allais pas les remporter, il y avait moins de chances que je les remporte, maintenant, je sais que je peux jouer des duels. Je peux même aller chercher les duels. Attention, je ne suis pas un adapte du développer- coucher, je ne travaille pas dans cette optique (rires). Je bosse en fonction des besoins de mon jeu sur le terrain. »

F comme Formation

« À la formation au PSG, on apprend directement la mentalité de la gagne. À 13, 14, 15 ans, en fait, à n’importe quel âge au PSG, il faut que tu gagnes, il faut que tu finisses premier de ton groupe, que tu gagnes des trophées en étant jeune. Il y avait les play-offs, championnat de France U17, U19. J’ai été finaliste du championnat de France U17, on a perdu en finale, en U19, on a gagné, on a fait la finale de Youth League, en Gambardella, on s’est fait élimineren demi. Il fallait toujours arriver au bout du bout. C’est ça qui m’a marqué. La formation est pas mal aussi. Je vais te raconter une anecdote avec le coach François Rodrigues. C’est un coach qui m’a vraiment aidé à passer un cap, il m’a donné beaucoup de responsabilités sur le terrain, il m’a placé en tant que leader technique de l’équipe. Une fois, on joue contre une sélection de jeunes et il me fait une réflexion sur le terrain. Et je me retourne, je fais un grand geste (il imite le geste). Il ne m’a rien dit sur le coup, mais à la mi-temps, il m’a attrapé devant tout le monde, il m’a dit : « Écoute-moi bien, je te parle et tu me fais ça ? En plus devant le directeur sportif ! Tu es un fou, tu veux qu’on sorte tout de suite ? On se la met toi et moi ! » (Sourire). Je ne pouvais rien dire parce qu’il avait raison. C’est ce genre d’affinités qu’on avait avec ce coach, on pouvait être proches, mais il ne faisait aucun cadeau. C’estce qui permettait de rester exigeant. La formation du PSG est bonne, la preuve, on est plusieurs joueurs formés au PSG à être en équipe de France A aujourd’hui. Ce qui est dommage dans tout ça, c’est de bien former les joueurs, puis de les perdre au niveau professionnel et de ne pas les emmener jusqu’à l’équipe première. C’est ce qu’il manque un peu au PSG. Après, c’est les dirigeants qui décident. Mais ce qui est clair, net et précis, c'est que le PSG est un très bon club formateur. »

G comme Geste

« Je n’ai pas de geste favori, je suis plutôt dans le « global » : la déviation, le jeuen une touche. J’aime bien voir avant de recevoir, surprendre l’adversaire. Après, il y a toujours des gestes qu’on fait sur le moment présent et que parfois, on pense à faire. Mais j’aime bien recevoir, dévier, redemander, remise de jeu en une, deux touches, faire des « une-deux ». Je n’ai pas de geste rêvé ou d’action rêvée. Par exemple, je sais faire une virgule, ce n’est pas un rêve. Allez, peut-être une action rêvée où je prends la balle, j’élimine trois, quatre joueurs et je finis avec un enroulé en lucarne ou quelque chose comme ça. Dans un match important, ça peut être un très, très beau but. Avant les matchs, je n’ai pas forcément de rituel. Enfin, juste au niveau des échauffements, j’ ai l’ habitude de faire la même chose. Par exemple, sur les frappes devant le but, il faut que je marque absolument sinon après je me sens « pas bien ». Je ne m’arrête pas tant que je n’ai pas marqué à l’ échauffement. »

H comme Hantise

« Je touche du bois mais ma seule crainte, c’ est les grosses blessures, les opérations. Je n’en ai pas connu et j’ espère ne pas connaître. C’ est la pire chose pour un footballeur. Et en tant qu’homme, je n’ai pas de peur, ni de crainte, ni de hantise. »

« On s’attarde souvent sur le but ou la passe décisive, mais on peut être décisif en faisant plein d’autres choses. »

I comme International

« Je suis fier d’ être un joueur de l’ équipe de France. Ça signifie que notre niveau de jeu au moment d’être appelé est bon. Pour moi, l’ équipe de France, c’ est sur le long terme. Pourquoi ne pas avoir 80 sélections ou je ne sais pas, le maximum de sélections, c’est l’objectif une fois qu’on y est. Ce n’est pas d’y venir puis de partir. Le but c’est d’y rester. Je travaille pour. Le bilan de mon premier rassemblement a été mitigé, le second a été plus positif, mais je ne me suis jamais posé de questions. Le fil de ma carrière, c’est toujours « step by step ». C’est pour que je m’en fiche d’être regardé, car je sais où je veux aller. Après le premier rassemblement, je savais que si le sélectionneur me rappelait, ça se passerait mieux. J’étais serein à ce niveau-là. Je n’avais pas de pression. Il y a des choses que l’on ignore, on ne voit pas le match de la même manière, tu ne joues pas avec les mêmes joueurs donctu n’as pas les mêmes automatismes. Il y a plein de choses. Une fois que tu as vu tout ça, cela te sert d’expérience. Après, tu t’adaptes et tu fais en sorte que cela se passe mieux. Quand tu es un joueur de l’équipe de France, les sensations ne sont pas les mêmes. Quand tu chantes la première Marseillaise, tout le stade chante, tu sens que ce n’est pas seulement ton club, c’est toute ta nation. C’est quelque chose de grand que je souhaite à tous les joueurs. Mes parents étaient très, très fiers. Ce sont les premiers que j’ai vus dans les tribunes. Je les ai vus dès l’échauffement. Mon père me filmait avec son téléphone. C’était un moment très important, ils étaient là et j’en suis fier. »

J comme Jeunesse

« Je me rappelle dans la cour de récré, j’avais deux potes qui étaient bons au foot et on se  mettait à 3 contre tous ceux qui voulaient jouer. On faisait des 3 contre 8, des trucs comme ça. Et on gagnait (rires). Je ne suis pas issu d’un quartier. Je suis né à Lagny-sur-Marne, j’ai déménagé très tôt de Lognes. Je vivais dans une ville normale, paisible. J’allais à l’école, aux entraînements le mercredi, je jouais le samedi, tranquille. Après, j’ai été repéré par Fontainebleau. Quand j’étais au collège, les surveillants m’emmenaient à l’entraînement parce que mon coach était également surveillant et mes parents ne pouvaient pas faire le trajet. Je faisais les entraînements, les matchs, de là, je suis parti à Clairefontaine. »

K comme Key-player

« Quand j’entends « Key-player », je comprends joueur qui peut faire des différences. On s’attarde souvent sur le but ou la passe décisive, mais on peut être décisif en faisant plein d’autres choses. Je pense qu’on peut être décisif en faisant un appel derrière les deux défenseurs, en pesant sur un match en forçant un joueur à prendre un rouge parce qu’il a pris deux cartons jaunes. Il peut arriver plein de choses. Pour moi, c’est ça un key-player. Un joueur capable de faire quelque chose qui va changer le match quand il est dur. »

L comme Ligue 1

« Je regarde de temps en temps quand je ne joue pas en même temps que les matchs. Je trouve que la Ligue 1 n’a pas beaucoup évolué depuis que je suis parti, c’est un championnat très tactique, on attend l’erreur de l’adversaire pour marquer. Il n’y a pas trop de scores comme en Bundesliga avec 3 ou 4 buts par match. C’est plus souvent des 1-0, des 2-1, des 0-0. En Bundesliga, les deux équipes veulent prendre des risques. En Ligue 1, il y a beaucoup moins de surface à surface, c’est surtout de la possession et quelques temps forts. »

M comme Maman

« Ma mère, c'est beaucoup, beaucoup de choses pour moi. Elle est sur mon fond d’écran de téléphone, par exemple (sourire). C’est une motivation quotidienne. C’est ce pourquoi je me bats quand ça ne va pas, je me dis : « Non, ne fais pas ça ». Parfois, instinctivement, je me dis : « Qu’est-ce que ma mère va penser si je fais ça, ça ne va pas lui plaire ». C’est une force pour moi. C’est le genre de relations que j’ai avec ma mère. Elle me fait toujours des remontrances. Petit, avec mon père, ça ne rigolait pas. Si je n’étais pas bien à l’école, j’étais privé de foot. C’est arrivé plusieurs fois que je n’aille pas au foot à cause de mon comportement. Jusqu’à ce que je comprenne que je dois bien me tenir pour avoir des bonnes choses dans la vie. C’est la morale de tout ça. »

N comme Nkunku

« Qui est Nkunku ? Quelqu’un de simple, paisible. J’aime les choses banales. Je ne suis pas quelqu’un qui fait des folies, je suis quelqu’un qui aime la paix, qui est peace, qui aime rigoler et taquiner, qui aime chambrer aussi. Après, il faut accepter de se faire chambrer. Ce qui me caractérise le plus : la joie et le rire. J’aime beaucoup rire, c’est pour ça que je me moque souvent. Dans un vestiaire, pareil, je suis plutôt taquin, chambreur. J’aime mettre l’ambiance même si je suis professionnel. »

O comme Origines

« Je suis d'origine congolaise par mon père. Il a grandi là-bas et est arrivé en France en tant que jeune adulte. Ma mère, elle, vient de Guadeloupe. C’est toute mon histoire. Parce que sans leurs origines, je ne serais pas ici. Je ne suis jamais parti au Congo, j’aimerais y aller un jour. Je suis déjà allé en Guadeloupe par contre. Mes parents me parlent parfois de leur ville natale. Ils me racontent les combats qu’ils ont pu avoir, les difficultés qu’ils ont traversées pour mettre notre famille dans de bonnes conditions. Ils ont vécu des moments vraiment pas faciles. Quand on retrace l’histoire, on est tous fiers. Mon père, quand il était petit, aimait beaucoup le football. Il avait l’habitude que ma grand-mère lui interdise d’aller au stade, mais il sortait en cachette pour assister aux matchs de sa ville. Il a fait les mêmes bêtises que j’ai pu faire par la suite (sourire). »

« Quand tu es avec lui, si tu n’as pas envie de t’entraîner ou de te donner à fond, tu es obligé de te donner car tu es avec Zlatan. »

P comme PSG

« Au PSG, j’ai vécu des moments marquants, des moments positifs...(il coupe). Je n’aime pas dire des moments négatifs car ce sont des moments qui forgent mentalement donc ça reste positif que tu le veuilles ou non, même si c’est dur à vivre. Il y a beaucoup de choses qui m’ont forgé tout au long de ma jeune carrière au PSG. Comme le fait d’être physiquement moins costaud que les autres par exemple. Quand on le vit, ce n’est pas top, mais ça forge. Gagner des titres, tous les joueurs veulent ça, tu apprends à en gagner au PSG, ça t’ouvre l’appétit à ce niveau. Il faut savoir que le PSG est un grand club, de nombreuses stars sont recrutées, ça peut boucher certains horizons. Je suis quelqu’un d’ambitieux, mais mes ambitions ont des limites, le fait qu’ils recrutent des stars, personnellement, j’ai vu cela d’un bon œil. Je me suis dit que j’allais jouer avec eux, tu t’entraînes avec eux, tu apprends avec eux, c’est quelque chose qui n’est pas donné à tout le monde. Quand j’allais en sélection de jeunes et que je parlais avec d’autres joueurs de ma catégorie, ils ne s'entraînaient pas avec les mêmes joueurs. Donc c’est normal que tu ne joues pas quand tu as de tels joueurs devant toi. Et à un moment donné, tu te dis que pour jouer, il faut prendre des décisions, il faut faire des choses. Tu ne fais pas une carrière en t'entraînant seulement avec des bons joueurs. Je ne regrette pas d’être parti. Je ne peux pas savoir comment ça se serait passé si j’étais resté. Je suis quelqu’un qui vit le moment présent, qui prend des décisions et je les assume toutes, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Mais aujourd’hui, je suis heureux d’avoir fait ce choix-là parce qu'en quittant le PSG, je cherchais du temps de jeu et même si je n'étais pas arrivé là où je suis aujourd’hui, j’ai atteint mon objectif, c'est-à-dire avoir du temps de jeu. »

Q comme Question

« Si j’étais journaliste, je demanderais à Christopher Nkunku : « Quel serait ton joueur de rêve ? ». Je répondrais : un état d’esprit et une posture à la Ibrahimovic, le talent de Messi, je pourrais aussi dire les statistiques de Messi, mais je vais dire celles de Ronaldo et la vitesse de Kylian (Mbappé). Obligé de te citer le caractère de Zlatan, car il m’a déjà mis un coup de pression, mais c’était sa manière d’être (sourire). Son caractère n’était pas quelque chose de négatif, il poussait les autres à être exigeants envers eux- mêmes, car certains pouvaient manquer d’exigence. Quand tu es avec lui, si tu n’as pas envie de t’entraîner ou de te donner à fond, tu es obligé de te donner car tu es avec Zlatan. Une fois, il m’a mis un coup de pression, car lors d’un entraînement de veille de match, on a perdu. En fait, j’étais dans son équipe et on perd un jeu à cause de moi : je voulais faire une transversale, le ballon est parti trop fort et à hauteur de tête, un joueur normal ne peut pas reprendre ce ballon, sauf que l’adversaire du jour se nommait Edinson Cavani. Il a repris ma transversale de la tête et a marqué ! Le lendemain du match, à l’ échauffement, il m’ appelle et me dit : « Hier, j’ ai perdu », je le regarde et je lui dis :«Ouais»,et il me dit : « J’ ai perdu 2-1 et tu as fait une erreur ». Il me fait comprendre que c’ est de ma faute et je lui dis à nouveau « Ouais ». Et là, il me répond : « C’est la dernière fois, moi, je ne perds pas à l’ entraînement, je gagne tout le temps, c’est la première fois que je perds. ». Il rigolait, mais il y avait une part de vérité. »

R comme RB Leipzig

« Je suis heureux à Leipzig. Quand j’arrive, sur les trois premiers mois, ce n’ était pas ce que j’imaginais. Mais tout a été en progression linéaire, étape par étape. Inconsciemment, je pense qu’en arrivant du PSG, j’avais tellement faim que j’ étais impatient, et finalement, quand je revois tout ça, je me dis que sur ces trois années, il y a eu une progression linéaire, et sans ces étapes là, il n’y aurait peut-être pas eu cette progression. Je suis heureux de ces trois ans parce que cela a évolué dans le bon sens. Je sens que j’ai passé des caps, qu’ils soient mentaux ou sur l’aspect footballistique. Si je m’ attendais à cette réussite ? Je ne m’attendais à rien parce que je ne me fixe pas de limites, j’essaie juste de progresser chaque jour. Aujourd’hui, je suis là et demain, j’espère que je serai encore plus haut, et ainsi de suite. J’essaie juste de prendre du plaisir, juste de jouer parce que c’est ce qu’il me manquait quand je suis arrivé à Leipzig. »

S comme Statistiques

« Je ne m’attendais pas à avoir de telles stats. Je m’attendais juste à être décisif parce que j’avais un rôle encore plus proche du but, j’étais sur la dernière ligne, parfois l’avant-dernière. Quand tu veux être un joueur offensif et être le meilleur, il faut être décisif et c’est ce que j’ai essayé de faire. Être dans le top 5 des joueurs décisifs dans le monde avec des joueurs comme Benzema, Kylian, Lewandowski et Salah, je ne peux qu’être fier. J’espère rester dedans parce qu’en restant régulier, tu t’identifies à ces joueurs-là. On pourrait dire que c’est seulement la saison 2021/2022 mais justement, ce n’est pas ce que je veux. Il faut que je reste bien concentré et mon objectif va être de faire encore mieux cette année. Cela va être une année encore plus difficile. Je vais avoir besoin de plus de stats même si je ne résume pas une saison à des stats, tu peux mettre un doublé et être bidon dans le match. »

« On peut décrocher une troisième étoile, tout est possible »

T comme Travail

« En dehors des séances, j’ai un préparateur qui est aussi kiné. Je l’ai connu au PSG et je bosse avec lui depuis que je suis à Leipzig. J’essaie de caler mes séances en fonction de mes manques et de mon programme de match parce que le but n’est pas de me surcharger. Le but, c’est d’apporter un plus à mes performances. J’essaie d’améliorer mes points forts et de réduire mes points faibles. »

U comme Numéro Un

« Je peux devenir le numéro un, le meilleur joueur du monde, rien n’est impossible. On peut tout faire avec la conviction de vouloir faire ces choses-là. Je n’ ai pas de limites et quand on n’ a pas de limites, on prend ce qu’il y a à prendre. Si jamais un jour on me dit que je suis le meilleur joueur du monde, je le prendrai avec plaisir. Tout est possible. C’est un rêve. Ça peut être un rêve et ça peut se réaliser. Beaucoup de rêves se réalisent, tu sais ? (Sourire) »

V comme Valeur

« Si je me sens jugé à ma juste valeur ? Je n’aime pas trop cette question parce que ce n’est pas ma philosophie de vie. Je suis jugé à ma juste valeur parce que je connais, moi, mes valeurs. Je sais si quelqu’un va être contraire à mes valeurs. Du coup, j’essaie de m’entourer de personnes qui me ressemblent à ce niveau-là. Ces valeurs-là sont les plus importantes. Après, je sais que tu me poses cette question par rapport aux journalistes, aux médias, etc... Et ce n’est pas mon job. Mon job est sur le carré vert. Concernant mes valeurs, j’aime la loyauté, l’honnêteté et la franchise. Tu peux avoir des difficultés, tu peux faire ce que tu veux, mais si tu le fais avec l’envie de vouloir bien faire, moi ça me va. Je préfère quelque chose d’honnête qui me rend triste à un mensonge qui me fait sourire. »

W comme World Cup

« Si je vais disputer la Coupe du Monde ? (Sourire). C’est plutôt une question pour le sélectionneur. Mon rôle est d’être le plus performant possible jusqu’à cette échéance. Après, c’est au coach de décider, il y a tellement de bons joueurs français que ça ne va pas être facile pour le coach de faire une sélection. Comme tu le dis, la France est présentée comme favorite, je pense qu’il faudra se focaliser sur nous et ne pas trop penser à comment nous sommes vus. On a un groupe talentueux, un vrai groupe. Mais il nous reste des choses à travailler, on n’est pas parfaits. Il faut se focaliser sur les choses à travailler pour être le plus performant possible en Coupe du Monde. On peut décrocher une troisième étoile, tout est possible (rires). C’est un rêve, je pense que « la mentale » qu’il faut avoir, c’est de toujours faire mieux que ce que l’on a fait et aujourd’hui, on est tenants du titre. Je n’ai pas vécu le Mondial 2018, mais je suis Français donc je me considère comme champion du monde. Si on cherche à faire mieux, ce sera donc de ramener une troisième étoile. Ma complicité avec Benzema et Mbappé ? Kylian, je le connais depuis qu’on est à Clairefontaine. Quand il est venu à Paris, on a pu jouer, s’entraîner ensemble, beaucoup de fois. On a toujours eu cette affinité sur le terrain parce qu’on était dans la même équipe. Je sais ce qu’il aime, il sait ce que j’aime. Karim, c’est la première fois que je jouais à côté de lui et je pense que ça s’est fait naturellement. On aime bien ce jeu de passe-et-va, une touche, deux touches, donc ça nous correspond bien. »

X comme X-Factor

« Le facteur-X de ma carrière, je pense que c’est comment accepter les choses. D’être patient, de se focaliser sur les choses qui me concernent et ne pas faire la course avec mon concurrencent d’à- côté. Je n’ai jamais regardé les autres, mais instinctivement, tu te compares quand tu es dans un groupe. Tu te dis : « Moi j’ai joué en 17 DH, lui, il est en sélection, il joue en U17 Nationaux ». Et ça, c’est une erreur à ne pas faire. C’est ce sur quoi j’ai essayé de progresser. Je me suis focalisé uniquement sur moi, sur ce dont j’ ai besoin, sur ce qu’il faut que je travaille en plus, pas sur les autres. »

Y comme Ying et Yang

« Dans la vie de tous les jours, je suis quelqu’un de calme, posé, discret et parfois timide quand je ne connais pas. Sur le terrain, je lâche tout ! Je ne regarde pas contre qui je joue, je m’en fiche, je veux juste être moi-même, tout lâcher et prendre du plaisir. On peut dire que je suis deux personnes différentes quand je suis sur le terrain et en dehors. Sur le terrain, je suis disponible, très présent, alors que je pourrais être plus réservé comme je le suis dans la vie de tous les jours. »

Z comme Zoom

« J’aimerais grandir en tant qu’homme, en tant que personne, on se rend compte que plus tu es reconnu, plus tu as de « facilités » à pouvoir aider les gens. J’aimerais utiliser ma « notoriété » qui continue à se construire pour ça. Je suis quelqu’un qui a un cœur, je suis sensible. Quand je vois quelque chose qui m’attriste, j’ai envie d’aider les gens même si je ne les connais pas. J’aimerais aider mais il faut trouver comment. J’aimerais réellement aider, pas seulement aider une personne à un moment donné. J’aimerais trouver quelque chose de cohérent. Aujourd’hui, il se passe tellement de choses dans le monde, il y a des guerres, des réfugiés, il y a beaucoup de gens qui souffrent, ceux qui souffrent de la faim aussi. Il y a beaucoup de gens à travers le monde qui manquent de nourriture, j’aimerais apporter ma contribution en ce sens. J’aimerais faire quelque chose de cohérent. »

LA PHRASE QUI REPRÉSENTE CHRISTOPHER NKUNKU

« Ma phrase : « Quelle que soit la durée de la nuit, le soleil apparaîtra ». C’est par rapport à tout ce que tu entreprends dans ta vie, la patience, c’est très important. La vie, c’est comme la météo. Aujourd’hui, il y a du soleil, mais parfois, il peut aussi y avoir de la pluie ou des orages (sourire). »

LA NOTE DE CHRISTOPHER NKUNKU POUR SON INTERVIEW

« Je me suis trouvé normal, sincère, naturel. C’est moi. Donc je dirais 8,5 sur 10 parce que rien n’est parfait. »

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