Exclu. Ali Abdi (21 sélections – Tunisie) : « Avec autant de favoris, personne ne peut dire que cette Coupe d’Afrique est la sienne. » | OneFootball

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·4 janvier 2024

Exclu. Ali Abdi (21 sélections – Tunisie) : « Avec autant de favoris, personne ne peut dire que cette Coupe d’Afrique est la sienne. »

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Ali Abdi (Caen) va participer à sa deuxième Coupe d’Afrique des nations, la première dans la peau d’un titulaire, un an et quelques semaines après s’être rendu au Qatar. Interview d’un latéral gauche aussi intéressant que prolifique, et plus patriote que jamais lorsqu’il enfile le maillot de la Tunisie.

La Tunisie n’apparaît pas comme un favori incontesté à côté du Maroc, demi-finaliste du dernier Mondial, de la Côte d’Ivoire, hôte de la compétition, du Sénégal, champion en titre, ou bien de l’Algérie, qui voudra retrouver sa couronne glanée en 2019, et c’est peut-être “mieux comme ça” juge Ali Abdi. Pourtant, à Tunis, on ne cesse pas de rêver d’un deuxième titre, vingt ans après. En constate le slogan aperçu au siège de la fédération tunisienne : “2004-2024, l’étoile se transforme en deux étoiles”.

À 30 ans, le natif de Sfax, défenseur gauche d’expérience du Stade Malherbe de Caen, trace évidemment le même sillon, considérant surtout la compétition comme “défi”. Isolé dans un café tunisien avant de décoller pour la Côte d’Ivoire, le latéral le plus prolifique de Ligue 2 cette saison (cinq buts, une passe décisive) est revenu pour Befootball sur son expérience avec la Tunisie, sa participation à la Coupe du Monde, l’an dernier, mais surtout sur l’échéance africaine, qui approche à grands pas.


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Befoot : Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit quand on évoque cette Coupe d’Afrique des nations ?

Ali Abdi : Cette compétition est particulière, car elle se déroule pendant la mi-saison, donc pas comme lors des autres éditions. Tout le monde va la regarder. En plus de ça, nous sommes une équipe qui n’est pas facile à jouer. Tous les Tunisiens nous voient comme le meilleur effectif et le plus homogène que nous avons eu depuis très longtemps. Il y a des jeunes joueurs talentueux, et des joueurs d’expériences, en Europe mais aussi en Afrique. Du coup, cette Coupe d’Afrique, c’est un véritable défi pour nous.

Le Mali, l’Afrique du Sud, la Namibie. Comment jugez-vous ce groupe E dans lequel vous êtes tombés ?

Déjà, dans cette Coupe d’Afrique là, je juge notre groupe comme le plus difficile. On parle quand même de deux grandes nations (l’Afrique du Sud, le Mali) et d’une belle équipe de Namibie. Elle sera la surprise de ce groupe. On sait à quel point la sélection malienne est costaude, avec de bons joueurs qui sont connus dans les différents championnats européens.

En plus, sur le continent, le championnat d’Afrique du Sud est très fort au niveau de la qualité de ses joueurs et du niveau global. Exemple avec Mamelodi Sundowns, qui a remporté la Super League cette saison. C’est une des meilleures équipes africaines. La sélection sud-africaine a beaucoup d’expériences grâce à des joueurs de son championnat. Je pense que ce groupe est le plus difficile de tous.

Vingt ans que la Tunisie n’est pas allée sur le toit de l’Afrique. Est-ce que c’est dans les têtes de chacun dans le vestiaire ?

Clairement. Dans cette CAN là – même s’il est encore trop tôt pour en parler – nous avons un défi : la remporter. L’équipe est homogène, nous avons tous les moyens pour gagner. Il faut déjà faire étape par étape, en se qualifiant à l’issue des phases de poules. Ensuite, il faudra voir contre qui nous pourrions tomber, car ce n’est pas habituel de jouer une Coupe d’Afrique avec autant d’équipes de haut niveau.

Je pense qu’aujourd’hui, la Tunisie a un groupe très solide et dynamique. Mais il y a en a d’autres, comme l’Algérie, le Maroc, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Nigéria, le Sénégal, le Cameroun… Aucune équipe ne peut dire que ce n’est pas “leur” Coupe d’Afrique des nations. Personne ne peut prédire le gagnant, au vu de la compétitivité. Ça va être la meilleure édition de la compétition.

« On parle quand même de deux grandes nations (l’Afrique du Sud, le Mali) et d’une belle équipe de Namibie. Je pense que ce groupe est le plus difficile de tous. »

Les Aigles de Carthage n’ont pas raté une Coupe d’Afrique des Nations parmi les 16 dernières éditions. Cette longévité en dit long sur l’expérience que possède la Tunisie dans cette compétition…

Jouer la CAN est une banalité. Même quand on se qualifie pour l’Afrique, il n’y a pas de festivités, c’est une chose normal. Il faut être qualifié, être en tête de poules des éliminatoires et être dans la victoire jusqu’à la fin. Pas question d’être deuxième pour Wadie Jary (le président de la sélection, ndlr), que je remercie et à qui je ne souhaite que du bien. Lors du dernier match, il nous manquait un point pour finir premier de poule face à la Guinée, il est rentré dans le vestiaire et nous a dit : “Pas question de finir deuxième. Je n’accepterai pas ça”. C’est comme en France pour l’Euro, c’est normal de faire partie des pays qualifiés.

La statistique est encore plus dingue quand on remarque que durant cette période, les Tunisiens ont rallié à 11 reprises les quarts de finale. Arriver à ce stade de la compétition serait une réussite, ou plutôt un signe de stagnation ?

(Il coupe court) Déjà l’objectif numéro un pour le sélectionneur Jalel Kadri, ce n’est pas moins que les demi-finales. C’est une bonne chose pour le coach et pour la sélection. C’est un objectif qui lui met la pression. Ça ne va pas être facile, mais c’est un bon défi. Par contre, nous, les joueurs de la sélection, notre objectif est d’être finaliste et gagner le titre. Ça fait quelques Coupe d’Afrique que la Tunisie performe. Nous sommes allés en demi-finale, en 2019. Si nous serrons les dents à la fin, nous pouvons faire quelque chose.

Le Maroc, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, l’Algérie… La liste des favoris n’a jamais été aussi longue. Que répondez-vous à ceux qui ne voient pas la Tunisie comme un favori ?

J’aime bien voir que la Tunisie n’est pas présentée comme un favori. Cela soulage un peu le groupe. Mais aujourd’hui, nous avons tous les moyens pour être finalistes et champions d’Afrique. C’est bien de ne pas être préssenti comme un favori.

On compte une absence majeure dans la liste: celle de Wahbi Khazri, qui a participé à toutes les dernières éditions depuis 2012. Comment comptez-vous compenser cela ?

Déjà, je félicite Wahbi pour tout ce qu’il a fait avec la Tunisie. J’espère aussi qu’il aura une bonne santé et plein de bonnes choses pour la suite de sa carrière, car il a encore l’âge de joueur au football de haut niveau pour plusieurs années. Il a décidé d’arrêter sa carrière internationale, qui s’est terminée avec un beau but face à la France (1-0, lors du Mondial, ndlr).

J’espère qu’il ne nous manquera pas. Tout le monde sait à quel point il est un leader, un bon joueur, et un grand attaquant qui peut jouer partout. Il sera dans nos cœurs, avec nous. Nous avons des joueurs expérimentés, en Afrique, qui ont joué en Ligue des champions comme Haythem Jouini (Stade Tunisien) et Yassine Khnissi (Koweït SC, ex-Espérance Tunis). Nous avons la qualité pour aller loin grâce à leur expérience et leur motivation.

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Ali Abdi, ci-contre au duel avec Saliba, a participé pour la première fois à la Coupe du monde, l’an dernier, au Qatar.

Vous avez vécu le rêve de beaucoup il y a un an :  participer à une Coupe du monde. Quelle leçon tirez-vous de cette expérience ?

Ce n’était pas une expérience, mais plutôt un rêve. Il est fini, mais je n’avais jamais imaginé que jouer au Mondial ressemblerai à ça (emerveillé). Malheureusement, nous ne sommes pas sortis des poules. Nous le méritions, nous avions fait une très bonne compétition. Il y avait ce match nul face au Danemark (1-1), une des meilleures équipes européennes à l’époque. Nous avons battu la France (0-1), championne en titre et deuxième de cette édition.

Mais il y a eu cette petite erreur avec la défaite face à l’Australie (0-1), que nous ne méritions pas de perdre. C’était une très belle chose, et cela va rester parmi les meilleures choses que j’ai faites, pas dans le football, mais dans ma vie. Je n’oublierai jamais lorsque j’ai atterri pour la première fois au Qatar (sourit). Cela restera dans mes souvenirs.

Cette participation confirme aussi la tendance, en sélection, que vous êtes devenu titulaire indiscutable. Quelle est la clé de votre réussite ?

D’abord, c’est grâce à Dieu que je suis devenu titulaire et international avec la Tunisie. Il y a aussi le travail avant tout. Il faut être là tous les jours et progresser. Nous avons un très bon joueur à mon poste, Ali Maaloul (Al Ahly, champion d’Afrique 2022-23, ndlr). C’est l’un des meilleurs joueurs du moment. Avec tout ça, j’essaye d’être titulaire avec lui. J’espère qu’avec cette Coupe d’Afrique des nations, je vais gagner ma place, comme lors des dernières années. Dans tous les cas, ça sera celui qui est prêt qui va jouer.

À quoi on pense quand on va défendre pleinement la réputation de son pays sur l’échelle continentale ?

Depuis le premier jour en sélection, j’ai eu un sentiment très spécial. Dès que j’entends l’hymne national, je ne me sens pas comme un joueur de football, mais comme un millitaire avec ce pays-là, que j’aime beaucoup. J’ai eu la chance de défendre les couleurs de la Tunisie et de cette sélection. Je suis un patriote. Je ne peux pas te décrire mon sentiment lorsque l’hymne résonne. Je suis comme un soldat, un mec qui va défendre tout ce qu’il a pour son pays (sic).

Lors de la dernière édition, il y a deux ans (un match disputé, lors du 3e match des phases de poules de la CAN, face à la Gambie, ndlr), vous n’aviez pourtant pas le même statut…

Clairement, parce qu’à cette époque là, je venais de revenir en sélection. En plus de ça, c’était une Coupe d’Afrique des nations très compliquée et spéciale, à cause du COVID-19 et des effectifs de 30 joueurs. Il ne fallait pas uniquement être prêt pour jouer, mais ne pas être malade et testé positif. Lors du dernier match face au Nigéria, je l’étais et je n’ai pas pu le jouer. Ça reste une expérience qui m’a permis d’apprendre.

Vous n’êtes qu’à quelques rencontres de dépasser, avec Caen (83), votre plus grand total de matchs joués avec un seul club (85, avec le Club Africain, ndlr). C’est un palier qui en dit long sur votre importance au Stade Malherbe…

Sans mentir, je n’ai même pas compté les matchs que j’ai joués avec chaque club (rigole). J’essaye d’être toujours performant lors des rencontres que je joue. C’est mon premier objectif. Ensuite, c’est d’être un joueur dans une situation stable, qui ne bouge pas de statut tous les trois ou quatre matchs. Être titulaire, c’est quelque chose de très important pour moi. Après, les statistiques, c’est seulement ce qui restera après ma carrière. De mon côté, je ne suis intéressé que par la feuille de match, avec au mieux, des buts et des passes décisives à la clé.

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Du haut de ses 83 matchs sous les couleurs de Malherbe, Ali Abdi est une pièce maîtresse de Caen, en Ligue 2.

Vous avez marqué 19 fois et délivré 11 passes décisives en Ligue 2 depuis votre arrivée en France. Quel est le secret pour être aussi décisif quand on est un défenseur ?

Mon secret, c’est le travail. Par contre, ma force, ce sont mes qualités physiques. Ça me permet d’aller jusqu’au bout de mes actions, même si je pars de loin, derrière, en défense. Je pense qu’aujourd’hui, on connaît mes qualités. En Ligue 2, à chaque fois je me suis face à un défenseur, et non pas un attaquant, et c’est lui qui se retrouve à me suivre. En regardant les matchs, quasiment tous les buts que je marque sont en fin de rencontre. Je trouve que ça met en valeur mes qualités physiques et mon explosivité, qui me sont propres pour finir les actions.

Vous êtes titulaire en sélection, un des membres cadres de votre vestiaire à Caen, et êtes souvent décisif. Comment se fait-il que depuis votre arrivée en France, vous n’ayez jamais goûté à la Ligue 1 ?

L’objectif d’être en Ligue 1, il est là depuis mes premiers jours ici. Mais on sait très bien comment ça se passe en France. Aujourd’hui, j’ai tout montré et tout fait dans ce championnat. Certaines équipes, joueurs de Bordeaux, Saint-Etienne ou même des coachs que j’ai eu me disent : “Mais Ali, qu’est-ce que tu fais en Ligue 2 ?« . Moi je crois en Dieu, et que tout est écrit. J’accepte ce qu’il me donne. Aujourd’hui, je suis très content d’être au Stade Malherbe. Il faut continuer à travailler. Chaque match que je joue, je profite d’être performant, et la suite, elle appartient au destin.

L’atteindre cette saison avec le Stade Malherbe, vous y croyez ?

J’y crois oui. Nous avons une très belle équipe, avec un effectif très bon. Je pense qu’aujourd’hui, avec le mercato hivernal, il manque quelques éléments qui pourront nous permettre de jouer la montée. Si on y arrive, ce sera la meilleure chose pour moi.

Vous venez de fêter vos 30 ans il y a quelques jours, un palier symbolique. Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter par la suite.

De gagner la Coupe d’Afrique des nations et de monter en Ligue 1 avec Caen. (rigole).

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