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·21 avril 2024

Ex de l’Hexagone – Josuha Guilavogui : « Le football est le plus beau des métiers, mais pas le plus important »

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Arrivé cet été à Mayence, Josuha Guilavogui et son club surfent sur une bonne dynamique depuis mars. Le maintien dans le viseur, l’ancien Stéphanois se livre sur son état de forme, marqué par une commotion cérébrale, et son futur, entre football et caritatif.

Befoot : « Mayence s’est relevé en Bundesliga (invaincu depuis le 9 mars) et peut croire au maintien. Comment expliquer ce regain de performance, le premier dans cette saison remplie de difficultés ?

Josuha : Quand tu joues une saison comme celle-ci, c’est qu’il y a eu des erreurs qui ont pu être faites au niveau de la direction, de la constitution du groupe, des contrats de joueurs, la méforme de certains… Beaucoup de choses rentrent en compte. Quand tu es au fond, tu n’as pas de chance. Cela n’existe pas d’être en bas et d’avoir de la réussite. Mayence a toujours su se relever d’une saison compliquée. C’est un club stable en Bundesliga, mais qui a toujours flirté avec la zone de relégation. À partir de décembre – janvier, nous déjouons toujours les pronostics.


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Bo Henriksen, le nouvel entraîneur, connaît le maintien. Il y est pour beaucoup. Nous avons le sentiment que nous allons gagner tous nos matchs à domicile et ne pas les perdre à l’extérieur. Quand il est arrivé, il nous a prévenus : « J’ai toujours eu des équipes qui devaient être reléguées, mais ça ne s’est jamais produit.” Ce n’est pas quelque chose d’anodin. Les cadres ont rehaussé leur niveau de jeu. Il y a aussi la bonne forme de Nadiem Amiri, qui est arrivé en provenance de Leverkusen. Il nous a bonifiés.

«L’aspect médiatique et populaire du football est deux à trois fois supérieur qu’en France.»

La saison contraste avec celle de l’an passé, où Mayence avait filtré avec les places européennes. Vous attendiez-vous à être autant en difficulté au moment de votre signature ?

À la base je ne devais jamais venir à Mayence et je n’étais pas leur premier choix. Martin Schmidt (directeur sportif), était mon ancien coach à Wolfsburg. J’ai voulu lui rendre service. Si on se maintient, c’est un très beau défi relevé pour ma part. C’est quelque chose que je n’ai pas su faire à Bordeaux (en 2021-2022, ndlr). J’ai tenté l’aventure et ça se goupille bien. Avant de signer, je ne voulais pas rester en Allemagne pour voir autre chose. J’y ai vécu de superbes années, j’étais capitaine, on me proposait une prolongation et une reconversion. Mais je ne voulais pas me voir mourir à petits feux.

Je veux le faire sur le terrain, mais pas en regardant les autres du banc. Jusqu’à ce que mon corps me dise “lâche, ça va trop vite pour toi” (rigole). J’aurais pu signer chez notre adversaire du week-end (Fribourg), mais il y avait plusieurs critères qui rentraient en compte (pour s’y épanouir). Je m’attendais à une saison compliquée. On sait reconnaître les petits détails qui font qu’une saison va l’être. Mais je n’ai pas eu peur. J’ai senti l’intérêt de Mayence envers moi. Retenter une autre expérience difficile aurait pu me mettre du baume au cœur (après Bordeaux). Cette fois-ci, ça paie.

Cette année encore, on remarque un podium inédit en championnat. Que dites-vous à ceux qui critiquent encore le niveau de la Bundesliga ?

Déjà je pense que les statistiques parlent pour elles. Dans les stades, les records d’affluence explosent. Il y en a eu un récemment en Bundesliga 2, avec un taux de remplissage supérieur à ceux de Bundesliga. Les gens sont à 100% dans la culture foot ici. L’aspect médiatique et populaire du football est deux à trois fois supérieur qu’en France. Pour parler du niveau allemand, le Bayern et Dortmund sont dans le dernier carré de la Ligue des champions et Leverkusen est en demi-finale de Ligue Europa. Ce n’est pas anodin. Les équipes brillent sur la scène européenne. Ce sont nos locomotives, ça veut dire que notre championnat est au niveau.

Avant il n’y avait que l’ogre Bayern, maintenant certaines équipes sortent régulièrement des poules comme Francfort, qui a gagné l’Europa League il y a quelques années, Leipzig, qui va toujours en Ligue des champions. Pep Guardiola l’a souvent affronté et il y a toujours eu des éloges de sa part. Avant, il n’y avait que quelques français avec Ribéry, Anthony Modeste, Jonathan Schmitt et puis moi. Maintenant ils sont quatre par club. C’est vraiment l’antichambre de la Premier League, ça s’en approche beaucoup. Il n’y a pas le niveau technique de la France, car là-bas, les clubs sont à la pointe de la formation, ni la discipline de l’Italie.

Mais en comparant toutes les qualités, avec un bon niveau technique et le niveau des courses, qui sont très intenses, c’est vraiment le championnat où il faut briller pour partir en Angleterre. Il n’y a qu’à voir Ibrahima Konaté et Dayot Upamecano, qui jouaient en Ligue 2, qui ont été les deux défenseurs de Leipzig. Ils sont maintenant à Liverpool et au Bayern Munich. Nkunku aussi est passé de Leipzig à Chelsea. Sehrou Guirassy sera le prochain.

« Il y a aussi Florian Wirtz, actuellement le meilleur joueur du championnat et un des meilleurs d’Europe. Il me fait penser à De Bruyne à Wolfsburg.»

Et ce Bayer Leverkusen, sur le terrain, il est est si impressionnant ?

Incroyable même. Ils marquent beaucoup dans les dernières minutes, mais c’est tout sauf de la chance. Leur jeu de possession fatigue tellement avec des matchs où ils gardent 65-70% du temps le ballon. Il faut courir constamment derrière eux. Il y a aussi Florian Wirtz, actuellement le meilleur joueur du championnat et un des meilleurs d’Europe. C’est monstrueux pour quelqu’un qui revient des croisées. Il me fait penser à De Bruyne à Wolfsburg.

Ils sont proches de faire un triplé historique avec la Coupe d’Allemagne et l’Europa League. Xabi Alonso fait partie de cette nouvelle génération d’entraîneurs comme Arteta et Xavi. Ils sont très exigeants dans leur discipline tactique. Leverkusen réalise quelque chose de fort en battant le Bayern (3-0) et en restant invaincu.

De quoi définitivement renverser la hiérarchie en Bundesliga ?

Je ne sais pas s’ils maintiendront leur niveau l’an prochain. Il faudra être en capacité de recruter les meilleurs joueurs contre 30-40 millions d’euros. Pour la Bundesliga, c’est un nouvel élan. L’an dernier déjà, Dortmund était proche de la gagner. Tout en haut du classement, le Bayern commence à avoir une certaine concurrence. Après, le Bayern est devenu une entité. Ils peuvent faire des transferts de folie, se construire une superbe équipe, donc on ne peut pas le savoir.

Leur saison est un peu moins bonne, mais s’ils gagnent leurs derniers matchs, ils auront 75 points. C’est un total de champion normalement. Il faut vraiment tirer notre chapeau au Bayer Leverkusen. 2024/2025 pourrait être la meilleure Bundesliga des dernières années.

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Josuha Guilavogui prostré suite à une commotion cérébrale, face au Bayern, le 9 mars dernier. © Icon Sport

Votre commotion cérébrale face au Bayern Munich intervient peu de temps avant que Raphaël Varane prenne la parole sur le sujet. En tant que victime, de quel œil avez-vous vu son message ?

Pour des sujets aussi pointilleux, c’est bien que des tops joueurs donnent leur avis. Ça résonne plus fort que si c’était moi ou un autre joueur. Il parle en connaissance de cause, pas en disant « j’ai vu des joueurs qui ont eu ça. » Il en était vraiment victime, il en a été affecté et il l’est toujours. Si ça permet au football de s’améliorer, tant mieux. Le problème, c’est qu’on ne pourra jamais enlever le jeu de tête. La France doit ses deux Coupes du Monde à deux têtes.

Mais si on peut se rapprocher des mentalités étrangères, qui les interdisent avant un certain âge, pourquoi pas. Je ne sais pas si les études disent qu’il faut un certain âge pour en faire. Les plus grosses commotions proviennent des coups, pas des têtes. Ça fait partie du sport. C’est pareil dans le rugby, le football américain, le hockey… Il va falloir trouver les bonnes réponses à cette problématique. C’est un sujet épineux et il faudra que beaucoup de spécialistes prennent la parole.

En France et plus globalement en Europe, prévenons-nous assez sur les risques de cette blessure ?

Pas vraiment. Elle est assez méconnue. Il y a des commotions tous les week-ends au rugby, mais au foot c’est moins fréquent. Le plus inquiétant des sujets reste le malaise en plein match, avec Ndicka récemment. Le nombre de joueurs avec les croisées aussi. C’est devenu une des blessures les plus fréquentes dans le football. Pourtant, on s’entraîne dur, mieux, on fait des tas de tests… Peut être qu’il faut remettre en cause les préparations physiques ou les crampons. On ne peut pas savoir. Il y a d’autres thèmes à aborder. Je ne pense pas que le problème des commotions sera résolu d’ici les cinq prochaines années. Elles ne sont pas encore assez nombreuses.

Pour rester dans le thème : qu’y a-t-il dans la tête de Josuha Guilavogui à 33 ans et après quinze ans de carrière ?

Je pense à la fin (rigole). J’ai quelques exemples devant moi avec mes ‘grands frères’ Dante ou ‘Bafé‘ Gomis, qui ne veulent pas raccrocher les crampons. La dernière fois je parlais aux jeunes de mon vestiaire avec Ludovic Ajorque. Je leur disais : « profitez, car vous vivez les meilleurs moments de votre carrière. » Ce sont des moments d’insouciance, avec les premières minutes en professionnels, les premiers buts. Ils resteront gravés dans ma tête. J’ai l’impression que c’était hier. Je me revois encore débuté à Saint-Étienne, à chambrer les vieux, se marrer en les voyant s’étirer.

Ils me disaient « tu verras dans quinze ans« . Maintenant, je suis à leur place. Mais je me sens encore bien physiquement. Le nombre de matchs importe peu, il faut surtout apporter au vestiaire. Je performe encore donc on verra ce que l’avenir nous réserve. Il faudra ensuite penser petit à petit à la transition. J’ai commencé mes études. Avec l’UEFA, je fais le CTP (une formation sur les métiers de l’à côté du football). Je sens que je vais prendre du plaisir. Je savoure vraiment l’instant. Être footballeur, il n’y a pas de plus beau métier au monde.

Et dans celle de l’homme ?

Le caritatif a une très grande place dans mon cœur et mon esprit. J’ai eu la chance de créer une fondation avec ma famille. Nous avons construit un orphelinat en Guinée. À l’époque, il y avait dix enfants, ils sont maintenant vingt-trois. Nous avons accueilli un bébé qui fait ses premiers pas désormais. C’est bien de suivre ces évolutions et ça montre que même si le football est le plus beau métier au monde, ce n’est pas le plus important. C’est fort en émotion de contribuer à aider nos prochains. Ces enfants sont scolarisés et sont heureux. Au départ, on sentait sur le visage des histoires et passés difficiles. L’insouciance de l’enfance leur est petit à petit revenue.

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Josuha Guilavogui œuvre pour sa fondation depuis 2019. © Fondation Josuha Guilavogui

En étant à la tête de cette association, à quoi aspirez-vous dans les années à venir ?

On s’épanouit dans le social en organisant un tournoi de football pour les moins de 11 ans en août. Des clubs professionnels viendront, comme l’AS Saint-Étienne, donc petit clin d’œil à mon ancien capitaine Loïc Perrin. On espère que ça puisse devenir un havre de paix qui soit capable d’accueillir plus de monde dans le futur. La fondation vit avec mes fonds, mais certains amis et footballeurs, comme Dodi Lukebakio ou Maxence Lacroix, m’aident.

Cela nous a permis de construire des terrains de football, meubler une classe. C’est normal d’assumer les coûts et les charges, mais en tant qu’association, nous sommes ouverts à de l’aide. Rencontrer des personnes est essentiel dans ce secteur. Pas uniquement pour l’argent, car c’est fictif, mais pour des contacts qui permettent de grandir, ou faire grandir. Avec des stages en entreprise en Guinée ou à l’étranger, ça permettrait à ces enfants d’avoir un avenir.

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