Euro 2024 - Le choix Barcola, le positionnement de Mbappé, une fin de cycle chez les Bleus ? L'analyse tactique de Benoît Pedretti après France - Pologne | OneFootball

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·27 juin 2024

Euro 2024 - Le choix Barcola, le positionnement de Mbappé, une fin de cycle chez les Bleus ? L'analyse tactique de Benoît Pedretti après France - Pologne

Image de l'article :Euro 2024 - Le choix Barcola, le positionnement de Mbappé, une fin de cycle chez les Bleus ? L'analyse tactique de Benoît Pedretti après France - Pologne

À l'occasion de cet Euro 2024, MadeInFOOT a fait appel à Benoît Pedretti pour analyser les matchs de l'équipe de France en Allemagne. L'ex-international français (22 sélections) de 43 ans est revenu, à chaud, sur le troisième match des Bleus face à la Pologne, disputé ce mardi en fin d'après-midi à Dortmund et soldé par un score de parité (1-1, analyse et notes détaillées). Le technicien, passé par l'AS Nancy-Lorraine et aujourd'hui libre de tout contrat, a commenté les problèmes offensifs récurrents des Bleus dans ce tournoi et s'est également prononcé sur les choix forts de Didier Deschamps (titularisation de Bradley Barcola, relégation d'Antoine Griezmann sur le banc). L'ancien milieu de terrain défensif a, aussi, évoqué la suite de la compétition.


MadeInFOOT.com : Benoît, quelle est votre première analyse globale de ce match nul entre la France et la Pologne ?


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Benoît Pedretti : C'est un match, on va dire, qui ressemble aux deux premiers, avec des situations de notre part et un manque de réalisme offensif. Et puis sur le plan défensif, on a encore une fois été assez solide. Malheureusement, il y a eu ce petit accroc dans la surface et ça a fait pénalty. Mais voilà, je pense que c'est un match qui ressemble aux deux premiers.

L'équipe de France souffre-t-elle seulement d'un problème de réalisme ? Avez-vous commencé à déceler d'autres problèmes ?

Oui, la première et la plus criante sur ce premier tour, c'est ça, c'est le réalisme offensif. Alors c'est sûr qu'hier, on est tombé sur un bon gardien qui a fait les arrêts, mais on aurait dû faire mieux quand même, je pense, par rapport au talent des joueurs qu'on a sur certaines situations. Après, ce qui est un petit peu embêtant, c'est que de l'extérieur, comme ça, finalement, on ne sait pas encore comment on joue vraiment. On a fait 4-4-2, on a fait 4-3-3, il n'y a rien qui se dégage, alors que le premier tour est fini et que maintenant, ce sont des matches à élimination directe et c'est le moment d'être vraiment prêt.

Quel est votre avis sur les choix opérés par Didier Deschamps ? Qu'avez-vous pensé de l'absence d'Antoine Griezmann au coup d'envoi et de la titularisation de Bradley Barcola dans le couloir gauche ?

C'était intéressant. (Bradley) Barcola a fait le match qu'on attendait de lui, avec ses qualités de percussion, de dribbles. C'était plutôt intéressant. Après, le choix d'Antoine Griezmann, de ne pas le mettre dans le milieu à trois, on s'est rendu compte qu'on a manqué un petit peu de qualité technique, de créativité dans le jeu. C'est sûrement dû au fait qu'il n'était pas là. Maintenant, ce qu'on perd en qualité technique, on l'a peut-être gagné dans l'aspect défensif, avec trois milieux purement défensifs. C'était le choix sur ce match-là, en mettant beaucoup plus de vitesse, des joueurs de côté capables d'éliminer et renforcer le milieu de terrain. Il y a eu des plus et des moins dans cette animation-là et dans ces choix de joueurs.

Bradley Barcola, avec sa prestation, a-t-il les moyens de bousculer un peu la hiérarchie, d'avoir plus de temps de jeu ?

Oui, il a fait clairement le travail. Il a été intéressant, même s'il n'a joué qu'une heure, il me semble. Il a joué 70 minutes. Oui, c'est plutôt bien, c'est une solution supplémentaire. Au début de la saison, on ne l'imaginait pas à l'Euro. Au fur et à mesure, on a espéré qu'il soit dans le groupe. Et maintenant, on en vient à discuter s'il doit être titulaire ou pas. Donc c'est une énorme progression pour lui. Et oui, ça devient un concurrent crédible, soit pour le onze de départ ou, en tout cas, pour rentrer en cours de match.

Qu'avez-vous pensé du retour de Kylian Mbappé, masqué, dans le 11 de départ ?

Par expérience, on va dire de joueur et d'entraîneur, en ayant déjà connu des joueurs qui ont joué avec des masques, c'est gênant, c'est sûr. Certains l'enlèvent très rapidement parce qu'il y a des problèmes de vision. Franchement, ce n'est pas anodin. Par contre, oui, je l'ai trouvé en jambes, je l'ai trouvé disponible. Il a eu des situations encore. Alors, de temps en temps, il tombait sur le gardien. De temps en temps, il aurait pu cadrer. Mais oui, il s'est procuré des situations et je l'ai trouvé en jambes. Donc ça, c'est plutôt bien. Après, jusqu'où le masque le gêne, il n'y a que lui qui peut le dire.

Avez-vous perçu une baisse physique chez les Bleus ? Ils ont semblé accuser le coup dans les dernières minutes...

Oui, on savait que (Adrien) Rabiot et (N'Golo) Kanté n'avaient pas trois fois 90 minutes dans les jambes. Donc c'est normal qu'il y ait une petite baisse. Après, ce qui m'a un petit peu déçu, ce sont les entrants finalement. Les joueurs qui ont fini le match. Et j'ai trouvé que l'équipe de France a été moins bonne après la 60ème. Alors sûrement parce que les entrants n'ont pas fait le travail qu'il fallait. C'est là-dessus où je suis un peu déçu finalement. Sur le fait que certains de nos joueurs n'ont pas trois fois 90 minutes, ça c'était sûr. Par contre, on est habitué à avoir des entrants de meilleure qualité, qui font des meilleures prestations.

Plus de doutes que de certitudes à la fin de cette phase de groupes ?

Oui, je suis un peu d'accord. On n'est pas monté en puissance, en tout cas sur ce troisième match. Au contraire, on a senti, comme on l'a dit, les joueurs plutôt un petit peu émoussés. Donc ça, c'est un peu dérangeant. Maintenant, c'est une toute autre compétition. Ce sont des matches à élimination directe. On va avoir un peu de temps, on va dire, jusqu'à lundi prochain pour récupérer et que les joueurs refassent de l'énergie. Mais oui, c'est sûr qu'il faut qu'on se refasse en santé physique dans les jours qui viennent.

Justement, les joueurs vont bénéficier d'un peu de temps avec leurs proches. Est-ce, selon vous, une donnée importante dans la compétition ?

Oui, c'est bien. Franchement, ça fait du bien. Ça fait du bien de voir la famille, de penser pendant l'espace de 24 heures à un petit peu autre chose que du football. Et oui, ça permet de se ressourcer autant physiquement que mentalement. Et on en a déjà parlé, le mental, il est hyper important. Donc oui, ils vont revenir gonfler à bloc. Ce sont des joueurs qui ont une certaine expérience. Ils connaissent aussi. Maintenant, c'est une autre compétition. Donc voilà, c'est vraiment une compétition différente entre le premier tour et le tour d'après. Et là, il ne faut plus calculer maintenant.

Antoine Griezmann relégué sur le banc, Olivier Giroud dans le dur quand il rentre... Est-on en train d'assister à une fin de cycle chez les Bleus ?

Oui, il y a aussi eu l'arrêt de Hugo Loris, qui était aussi un soldat à (Didier) Deschamps. Voilà, là, c'est (Olivier) Giroud, c'est sa dernière compétition. Avec Kylian Mbappé dans l'axe, c'est sûr qu'Olivier Giroud a moins de temps de jeu, mais ce sont des joueurs qui sont hyper professionnels. Et je ne pense pas que les entrées moyennes, pour le moment, d'Olivier Giroud sont dues au fait qu'il soit déçu d'être remplaçant. Non, c'est un manque de réussite, et ce n'est pas facile de rentrer dans ce style de match, dans ce style de compétition. Voilà, il n'y a qu'eux qui savent, ils sont à l'intérieur, ce sont eux qui vivent ensemble. En tout cas, ce n'est aucunement intentionnel. Ce sont des joueurs d'un tel talent, ils ont vécu tellement de choses ensemble que, oui, en ce moment, ils ne sont pas en réussite. Mais ça peut changer, encore une fois, avec les joueurs de talent, avec l'expérience. Il ne faut jamais les enterrer, ces joueurs-là. Après, qu'Antoine Griezmann soit déçu d'être remplaçant, tant mieux. Il ne va pas être heureux, non plus, de ne pas jouer. Maintenant, c'est à lui de montrer sur le terrain, comme il l'a toujours fait, qu'il mérite d'être, de redevenir entre guillemets, un joueur qui joue 90 minutes avec les Bleus.

Une question pour Benoit Pedretti le coach. Comprenez-vous le repositionnement de Kylian Mbappé dans l'axe ?

Le mettre sur le côté gauche, c'est difficile sur le plan défensif. Maintenant, ça lui offre aussi plus de possibilités sur le plan offensif. C'est toujours l'équilibre que l'entraîneur veut mettre en place. Pour le moment, il a décidé de le mettre plus axial. C'est un choix. C'est vrai que (Marcus) Thuram, que même Bradley Barcola font un peu plus d'efforts que Kylian Mbappé pour défendre. Encore une fois, ce sont des choix de Didier Deschamps. Il faut les respecter. Ils ne sont pas criticables. Dans l'axe, il fait des choses intéressantes, même s'il dézone beaucoup. Sur les centres, on a un peu moins de monde à la réception. C'est un fait, on est moins nombreux dans l'axe. Malgré tout, j'aime bien l'avoir sur le côté gauche, parce qu'il a beaucoup plus de un contre un, il a beaucoup plus de liberté. Mais c'est sûr que tu déséquilibres un peu ta partie défensive. Avec (Olivier) Giroud dans l'axe, ça permet d'avoir ce point d'appui, de garder les ballons, d'avoir sa présence dans la surface, ce qui est toujours très important.

Avec cette deuxième place, l'équipe de France tombe dans la partie de tableau la plus compliquée, avec toutes les grosses sélections. Les Bleus vont-ils aller loin dans la compétition ?

Les matches sont tellement serrés que c'est difficile de donner des pronostics. Hier, j'ai regardé le match de l'Angleterre, on ne peut pas dire que l'Angleterre soit au top non plus, elle n'arrive pas à battre la Slovénie. Il n'y a pas de petite équipe, aujourd'hui tout le monde peut battre tout le monde quasiment. Donc on va déjà attendre de voir quel adversaire on va avoir en huitième, et puis après on va voir étape par étape. Mais encore plus sur des matches à élimination directe, ça va être vraiment très, très serré. En tout cas, aujourd'hui, je trouve qu'on n'a pas une marge comme on pouvait peut-être l'avoir à la Coupe du Monde. Aujourd'hui, je ne nous vois pas très très supérieurs aux autres équipes.

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