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·18 août 2022

Enzo Bearzot, l’éternel

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Enzo Bearzot a laissé son nom au firmament du football italien, comme sélectionneur de l’équipe qui remporta la Coupe du monde 1982. Et en tant qu’héritier du glorieux Vittorio Pozzo.

Jusqu’à Enzo Bearzot, seul le nom de Vittorio Pozzo imposait le respect parmi les sélectionneurs de la Squadra Azzurra. Depuis les Coupes du monde 1934 et 1938, aucun successeur de la légende ne se montra à la hauteur. Pire, on assistait même souvent à de pathétiques déroutes de l’équipe italienne en Coupe du monde.


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Puis vint Enzo Bearzot qui prit le pari de construire un groupe sur la durée et de s’y maintenir coûte que coûte. Et c’est au moment où l’on s’y attendait le moins que l’Italie remporta sa troisième Coupe du monde, en 1982. Il Vecchio, c’était son surnom, pour son aspect plus que pour son âge, reçut l’accolade du président Sandro Pertini et laissa échapper quelques larmes.

Un homme du Frioul

Joueur, Enzo Bearzot était défenseur ou milieu de terrain. Il avait débuté dans le club de Aiello del Friuli, la ville du Frioul où il naquit en septembre 1927. Il avait rejoint à dix-neuf ans le grand club de la région, Pro Gorizia, alors que la guerre avait pris fin et que l’équipe venait de remonter en Serie B. Deux ans plus tard, il était appelé à Milan par l’Internazionale, mais il y joua très peu (une vingtaine de matches en trois saisons) et préféra retourner en Serie B où le club de Catane lui donnait du temps de jeu.

En 1954, il retrouvait l’élite à travers le Torino et se laissa ensuite tenter par l’Inter deux ans plus tard, avant de revenir finalement au Torino où il prolongea sa carrière jusqu’à l’âge de 37 ans. Au passage, il ne fut appelé qu’une seule fois en équipe d’Italie. C’était un jour de 1955 à Budapest et il se retrouva au marquage de l’immense Ferenc Puskas, qu’il annihila pendant quatre-vingt minutes. Mais le Major Galopant parvint à ouvrir le score et lança la magnifique sélection magyare vers une inéluctable victoire (2-0).

Enzo Bearzot raccrocha les crampons mais resta au Torino pour se former au métier d’entraîneur. Il s’occupa d’abord des gardiens avant de devenir l’adjoint de Nereo Rocco puis d’Edmondo Fabbri. C’est au cours de la saison 1968-1969 qu’un club lui donna sa chance : l’AC Prato, club de Serie C, pour un opération maintien qui dura quelques mois.

À l’assaut de la Nazionale

Enzo Bearzot embrassa à partir de 1969 la carrière de technicien fédéral qui le mena au sommet. Il prit en charge l’équipe d’Italie espoirs avant de devenir l’assistant de Ferruccio Valcareggi puis de Fulvio Bernardini, sélectionneurs de la Nazionale. C’est sur le banc qu’il assista à la triste débandade de la sélection italienne durant la Coupe du monde 1974. Le sélectionneur en place ne faisait plus l’affaire, mais on hésitait encore à confier l’équipe à son adjoint. En 1975, les deux hommes furent co-sélectionneurs, Bernardini avec le titre de directeur technique et Bearzot celui d’entraîneur. Une situation qui dura pendant deux ans jusqu’à ce que Bearzot prenne enfin seul les commandes de la sélection.

Dès son premier match comme sélectionneur unique, il fit appel à six joueurs de la Juventus, laquelle avait remporté la Coupe de l’UEFA cinq mois plus tôt et en était à son quatrième scudetto en sept ans. Bearzot ne cessa dès lors de s’appuyer sur le club turinois et le travail de son homologue Giovanni Trapattoni. La Juve redevint la petite soeur de l’Italie, comme au temps du glorieux Vittorio Pozzo.

Neuf joueurs de la Juve faisaient partie des 22 de la Coupe du monde 1978, dont huit (Zoff, Gentile, Cabrini, Benetti, Scirea, Causio, Tardelli, Bettega) étaient systématiquement titularisés alors que le neuvième (Cuccureddu) entrait régulièrement en jeu. L’équipe italienne termina à la quatrième place du Mundial argentin après avoir fait forte impression. Si l’Europeo 1980 se solda par un relatif échec, Bearzot maintint toutefois sa confiance à l’ossature turinoise.

Le pari fou de Paolo Rossi

C’est l’une des marques de fabrique de Bearzot, celle de faire confiance à un groupe et de rappeler certains joueurs parfois en dépit de leur forme précaire. C’est pour cette raison qu’il fut vivement critiqué avant la Coupe du monde 1982 : il gardait sa confiance à un gardien hors d’âge, Dino Zoff, et rappelait un jeune attaquant qui n’avait plus joué depuis deux ans, Paolo Rossi, suspendu suite à l’affaire du Totonero.

Paolo Rossi fut d’ailleurs un pari fou que Bearzot remporta au mépris de tous les conseils. Le joueur manqua singulièrement de compétition dans les premiers matches du tournoi espagnol. Il retrouva la forme peu à peu puis toutes ses capacités le jour où l’équipe était confrontée à son adversaire le plus infranchissable. Le réveil de Paolo Rossi était le coup de génie de Bearzot autant que l’exceptionnel régularité de Dino Zoff, qui n’avait jamais été aussi bon qu’en cet été 1982.

Enzo Bearzot aurait pu s’arrêter là, couvert de gloire, et céder son poste à son adjoint Cesare Maldini qui rongeait son frein. Mais Il Vecchio entreprit de continuer avec cette Squadra qui lui apporta tant de satisfactions. Avec l’idée, peut-être, de faire comme Pozzo : conserver la Coupe du monde quatre ans plus tard. La Fédération lui accorda un contrat jusqu’en 1990.

L’égal de Pozzo, ou presque

Mais Bearzot se trompa. D’abord en maintenant sa confiance à un groupe qu’il n’avait pas vu se désunir. La Nazionale championne du monde s’écroula dès les éliminatoires de l’Euro 1984 en allant notamment se faire accrocher à Chypre (1-1), là où n’importe quelle modeste sélection l’emportait.

En 1986 au Mexique, il amena avec lui une équipe renouvelée pour défendre son titre mondial mais il n’y eut, cette fois, pas de miracle : les Azzurri se firent sortir dès les huitièmes de finale par l’équipe de France. En 1978, Bearzot avait disputé son premier match de Coupe du monde face au Français. Six ans plus tard, c’est contre ces mêmes Français qu’il disputa son dernier.

Après 104 rencontres dirigées entre 1975 et 1986 (sept de plus que Pozzo), Bearzot céda sa place au sélectionneur des Espoirs Azeglio Vicini. Il était temps désormais de vivre de sa gloire passée à travers des conférences et quelques missions techniques au sein de la fédération. Il fut même proposé en 2003 comme sénateur. Bearzot est mort à Milan, à 83 ans, le 21 décembre 2010, quarante-deux ans jour pour jour après la disparition de Vittorio Pozzo.

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