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·2 septembre 2025
Entrevue exclusive - Ridha Jeddi: le Maroc a mérité son CHAN 2024, 7 favoris pour la CAN 2025

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·2 septembre 2025
Interview
Ridha Jeddi/@Tunisie-Foot
L’entraineur tunisien Ridha Jeddi est connu pour être un grand connaisseur du football africain, lui qui a fait partie du staff du Français Roger Lemerre lors du sacre historique des “Aigles de Carthage” en Coupe d’Afrique des Nations 2004 (victoire en finale devant le Maroc sur le score de 2-1).
Agé de 57 ans, le natif de Djerba a roulé sa bosse partout avec notamment un passage lors de la saison écoulée avec Al-Okhdood, club de la Saudi Pro League (SPL).
Il a été également l’un des grands artisans de la victoire finale de l’Etoile du Sahel en Coupe de la Confédération 2015.
Sollicité par Foot Africa, Ridha Jeddi a eu l’amabilité de décortiquer la dernière édition du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN), tout en évoquant d’autres sujets d’actualités se rapportant au football africain et international.
Vous avez suivi le CHAN. Quel est votre regard sur le niveau tactique de la compétition ? Quels joueurs vous ont particulièrement marqué ?
Le CHAN 2024 a montré un niveau tactique assez intéressant, avec des blocs bien organisés, une rigueur défensive et une grande capacité d’adaptation des équipes.Des joueurs se sont distingués : Mohamed Hrimat (Maroc, meilleur joueur), Oussama Lamlioui (meilleur buteur), Marc Diouf (meilleur gardien) et le gardien malgache Michel Ramandimbisoa décisif aux tirs au but.Le Maroc a mérité de remporter son troisième titre, devant Madagascar finaliste surprise, tandis que le Sénégal a pris la 3ᵉ place. Une compétition tactiquement solide, marquée par la maturité du Maroc et la révélation de Madagascar.
Certains observateurs affirment que le football africain stagne tactiquement. Partagez-vous cet avis ?
Le football africain ne stagne pas, il est en transition : il a rattrapé une partie du retard défensif et organisationnel, mais doit encore progresser dans la maîtrise collective et la variété offensive. La CAN 2025 ou le dernier CHAN l’ont montré : les matchs sont plus structurés, mais parfois trop prudents. En clair : il y a une vraie progression tactique, mais pas encore la régularité et la créativité qui feraient du continent un rival constant des grandes nations européennes ou sud-américaines.
Si demain on vous donnait carte blanche pour réformer le football tunisien, quelles seraient vos mesures prioritaires ?
Pour réformer le football tunisien, il faudrait professionnaliser la gestion des clubs, investir dans la formation des jeunes et des entraîneurs, moderniser les infrastructures, assainir les finances, donner plus de place aux talents locaux, et développer le football féminin. Objectif : un football plus structuré, transparent et compétitif à l’échelle africaine et internationale.
En termes de prospection, quels jeunes talents tunisiens ou africains surveillez-vous de près pour l’avenir ?
En Tunisie, les jeunes à suivre sont Amine Memmiche (gardien, Espérance), Koussay Ben Maacha (17 ans, ailier, Espérance), Raki Aouani (attaquant, ESS) et Ghaith Ouahabi (milieu/défenseur). À l’étranger, Hannibal Mejbri reste une référence.En Afrique, plusieurs pépites émergent : Lamine Camara (Sénégal, Monaco), Karim Konaté (Côte d’Ivoire, Salzbourg), Oumar Diakité (Côte d’Ivoire, Reims), Ousmane Diomandé (Côte d’Ivoire, Sporting), Ibrahim Maza (Algérie, Hertha), Anis Hadj Moussa (Algérie, Feyenoord) et Jerry Afriyie (Ghana).
La Tunisie version 2025 a-t-elle les armes pour aller chercher un deuxième sacre à la CAN ?
La Tunisie possède indéniablement des bases solides pour jouer les premiers rôles à la prochaine CAN : profondeur tactique, joueurs expérimentés, stabilité retrouvée avec Trabelsi. Elle fait partie des équipes capable de viser la finale.Mais plusieurs éléments restent à surveiller : une transition offensive à améliorer, une cohérence à rétablir dans les choix techniques et éviter les pièges des équipes “moins réputées” qui lui ont posé problème lors des qualifications.En somme : elle a les atouts pour rêver d’un deuxième titre continental, si elle parvient à stabiliser son projet tactique et à transcender son potentiel lors du tournoi.
Justement, quels sont vos favoris pour remporter la CAN 2025 ?
Le Maroc semble clairement en pole position, fort de son statut d’hôte et d’une équipe accomplie. Derrière, l’Algérie, l’Égypte, le Sénégal ou le Nigeria sont des candidatures solides. La Côte d’Ivoire, en tant que championne en titre, dispose également d’un atout majeur. Quant à la Tunisie, elle apparaît davantage comme outsider, avec peu d’atouts en sa faveur selon les pronostics.
En parlant du Maroc, beaucoup voient Achraf Hakimi comme un sérieux candidat au Ballon d’Or. Êtes-vous d’accord avec cette projection ?
Achraf Hakimi est un candidat crédible au Ballon d’Or grâce à sa vitesse, sa polyvalence et son influence offensive. Cependant, il devra briller dans une compétition majeure et surpasser des attaquants très médiatisés pour réellement prétendre au trophée.
Enfin, Messi et Ronaldo peuvent-ils encore être compétitifs lors du Mondial 2026, ou le temps commence-t-il à les rattraper ?
Messi et Ronaldo peuvent encore être compétitifs au Mondial 2026 grâce à leur technique, leur expérience et leur intelligence de jeu. Cependant, l’âge commencera à limiter leur endurance et leur rôle sera probablement plus tactique que physique, avec une utilisation stratégique par leurs sélections.