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·20 juin 2018

ENTRETIEN - Saeed Owairan : "Mon but est venu de plus loin que celui de Maradona"

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Il y a vingt-quatre ans, l'Arabie Saoudite participait pour la première fois à la Coupe du Monde. Une première heureuse puisque les Faucons du Désert avaient réussi le pari de franchir le premier tour. Un parcours mémorable dont Saeed Owairan a été l'un des principaux artisans. Alors âgé de 26 ans, il s'est fait connaitre aux yeux du monde en entier en inscrivant un but "maradonesque" à l'occasion de la dernière rencontre de poule face à la Belgique (1-0).

Goal a retrouvé cette grande légende saoudienne. Pour qu'elle nous raconte toutes les émotions vécues durant ce fameux été américain. Fier de ce qu'il a accompli pour son pays, Owairan s'est prêté au jeu des questions-réponses avec beaucoup de plaisir. Et tout en faisant ce saut dans le passé, il n'a pas manqué de lâcher quelques mots concernant la sélection saoudienne actuelle et lui adresser des encouragements pour le tournoi en Russie. Un soutien dont la bande à Juan Antonio Pizzi a bien besoin suite à son entrée complètement manquée dans la compétition.


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"Je n'ai que de la fierté en repensant au Mondial '94"

Que devenez-vous depuis la fin de votre carrière de joueur ?

Je suis dans l'immobilier. J'achète et je vends. Je travaille dans tout ce qui peut m'être profitable financièrement, y compris la gestion des intérêts de quelques joueurs.

Vous continuez à suivre le football du haut niveau ?

Oui, parfaitement, je continue à suivre. Je me passionne pour les grandes compétitions comme la Ligue des Champions ou la Coupe du Monde. Les exploits de Cristiano Ronaldo ça m'intéresse aussi, tous comme ceux de Mohamed Salah, notre représentant arabe.

Le travail d'entraineur ne vous a jamais attiré ?

Non, pas vraiment. Je reste dans le football, je suis les différents évènements, mais ce métier-là ne m'intéresse pas vraiment.

Parlons de la Coupe du Monde 1994 aux Etats-Unis. Quels sont les premiers souvenirs qui vous viennent en tête en repensant à cette compétition ?

Quand je me souviens de ce tournoi, je ne ressens que de la fierté parce que j'ai pu contribuer à l'excellent parcours de la sélection saoudienne. On avait atteint le stade des 8es de finale. Et je me souviens bien sûr du but que j'ai mis contre la Belgique et qui a été le plus beau de cette compétition.

Ce but exceptionnel, vous y pensez souvent encore aujourd'hui ?

Oui, bien sûr. De plus, j'ai été choisi parmi les 100 joueurs qui ont marqué l'histoire de la Coupe du Monde. Cela ne peut que me rendre heureux.

Quand vous voyez le ballon franchir, est-ce que vous réalisez à ce moment-là qu'il s'agit d'un des plus beaux buts de l'histoire de la Coupe du Monde ?

C'est plutôt qu'après le match se soit terminé, qu'on s'est qualifié et que j'ai vu toutes les réactions qu'il y avait, que j'ai pris conscience de l'importance de ce but.

Et si on comparait votre but avec celui inscrit par Maradona en 1986, lequel est plus beau ?

Le mien est arrivé d'une distance plus lointaine. Mais bon, Maradona a été élu cette année-là meilleur joueur de la Coupe du Monde. Il n'y a pas lieu de me mettre à sa hauteur. Mais c'est sûr que nos buts se ressemblent. On s'est d'ailleurs rencontré à plusieurs reprises, on a discuté ensemble. C'est un très grand joueur. Un immense technicien, dans tous les sens du terme. Et aussi une personne très respectable.

Et vous marquez face à Michel Preud'homme, qui avait été alors élu meilleur gardien de la compétition. Est-ce que cela rajoute à sa beauté ?

Incontestablement. C'était l'un des meilleurs portiers de l'époque et, en plus, c'est le premier but qu'il concède après trois matches joués.

Les gens que vous croisez dans la rue, ils vous parlent encore de ce chef d'œuvre ?

Oui, tout à fait. Même lorsque je voyage, on m'en parle. La dernière fois c'était aux Etats-Unis. Et à chaque fois qu'il y a une nouvelle Coupe du Monde, cela revient sur le tapis. Mais c'est un grand honneur pour moi.

Lors de ce Mondial, votre parcours s'arrête en 8es de finale. Mais pensez-vous que vous auriez pu faire mieux ?

Oui, c'est sûr. On aurait pu aller plus loin. Après le succès face à la Belgique, on était un peu sur un nuage. Et avec cette qualification au second tour, les attentes de nos supporters sont devenues plus grandes. C'est certain que face à la Suède, où l'on perd 1-3, on aurait dû faire mieux.

"Marquer un but comme le mien, ça va être difficile"

Après ce Mondial, n'avez-vous pas reçu des propositions pour tenter votre chance à l'étranger ?

Oui, j'en ai reçu. Du Brésil et du Portugal. Mais, malheureusement, on ne m'a permis d'y aller.

Vous avez aussi participé à la Coupe du Monde 1998 en France. Quels souvenirs en gardez-vous ?

Ce n'était pas aussi bien que la précédente. Les anciens n'étaient plus aussi performants, et les jeunes qui nous ont rejoints n'étaient pas encore vraiment prêts. Et il n'y avait pas le même état d'esprit que quatre ans plus tôt. Malgré cela, on n'a pas été ridicules. On a perdu sur la plus courte des marges face au Danemark. Contre la France, on s'incline 4-0 mais personne ne résistait à la France à ce moment-là. On n'a pas été si mauvais je pense. D'ailleurs, avant le tournoi, on avait fait match nul contre l'Angleterre à Wembley (0-0).

Que pensez-vous de la sélection saoudienne actuelle ? Peut-elle créer l'exploit en Russie ? (*)

Je l'espère. Et pourquoi ne pas faire mieux que nous même. On aurait pu tomber sur bien pire comme tête de série dans notre groupe. Donc, notre sélection a vraiment un coup à jouer. Elle a joué beaucoup de matches amicaux, et s'est bien préparée. Vraiment, je suis confiant.

Et y a-t-il un joueur saoudien qui pourrait mettre un but comme celui que vous avez inscrit en 1994 ?

Ça sera difficile (rires). Mais pourquoi pas ? J'en serai heureux, en tous cas. On a quelques bons joueurs, je pourrai citer notamment Mohammad Al-Sahlawi ou Fahad Al-Muwallad.

(*) Interview réalisée avant la rencontre Arabie Saoudite-Russie (0-5)

Propos recueillis par Naïm Beneddra