Foot National
·11 décembre 2024
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Redwan Bourlès semblait sur la bonne voie. Après avoir gravi les échelons au sein du FC Lorient, qu’il a rejoint à ses 11 ans en 2014, le talentueux milieu offensif passé précédemment par la Vigilante de Keryado et le CEP Lorient signe son premier contrat professionnel sept ans plus tard, à tout juste 17 ans. À l’été 2021, l’entraîneur des Merlus Christophe Pelissier lui offre même sa première apparition en Ligue 1 lors d’une victoire contre Monaco. Mais trois autres apparitions et quelques bancs de touche plus tard, le Lorientais disparaît des radars. Ce dernier tente alors de se relancer au Stade Rennais la saison suivante, mais sans succès. Sans club pendant six mois, Redwan Bourlès prend ensuite la direction de Maribor en janvier 2024. En Slovénie, l’aventure dure jusqu’en août. Et depuis ? L’ex-talent des Merlus est de nouveau sans club. Alors que se profile le prochain mercato hivernal, le joueur d’aujourd’hui 21 ans revient avec franchise pour Foot National sur son parcours chaotique, sa rédemption et ses ambitions futures. Entretien.
Redwan, où en es-tu actuellement ?
J’ai quitté Maribor à la fin du mois d’août. Depuis, j’occupe mon temps par des entraînements personnels, mais aussi collectifs depuis peu. J’ai pu m’entraîner avec deux clubs de National récemment, qui voulaient voir mon état de forme.
Pour comprendre ta situation aujourd’hui, on va remonter le temps et revenir à Lorient, ton club formateur, où tu passes professionnel en novembre 2020. Tu fais de premières apparitions en Ligue 1, tu es appelé en équipe de France U18, … On avait l’impression que tout était lancé pour toi.
Je vais être franc avec toi : à Lorient, j’ai fait preuve d’énormément d’impatience. La saison 2021-2022 a été ma première avec un groupe professionnel. Franchement, ça se passait bien. Je m’entraînais quotidiennement avec les pros, j’ai fait mes premiers groupes, mes premières apparitions, … mais j’ai montré de l’impatience. J’ai voulu jouer vite, tout de suite. Mon caractère de l’époque m’a peut-être coûté certaines choses.
À l’été 2022, tu quittes Lorient pour rejoindre Rennes.
Quitter Lorient a été un peu compliqué. J’étais vraiment dans un cocon. J’avais intégré le groupe professionnel et quand j’arrive à Rennes, je redescends en réserve, à batailler pour remonter et avec un salaire moindre que celui perçu à Lorient. L’année au Stade Rennais a été très compliquée. Je me dis alors que j’aurais dû rester à Lorient, prolonger ou peut-être partir en prêt.
Qu’est-ce qui n’allait pas à Rennes ?
À l’époque, c’est mon ancien entourage qui s’était occupé de mon départ de Lorient vers Rennes. Le club me proposait d’être en réserve, puis de monter en pro ensuite via mes performances. Ce qui était compliqué, c’était de repartir dans un contexte de jeunes, d’être mis à la même enseigne que certains autres jeunes alors que j’avais déjà vécu plusieurs choses différentes. On m’estimait comme un autre, en fait. J’ai fait quelques entraînements en pro, mais je voulais y aller quotidiennement. Il y avait aussi quelques règles bizarres. Puis de mon côté, j’avais certains problèmes d’entourage et personnels qui ont fait que cette année là-bas a été très compliquée.
À l’issue de cette saison à Rennes, tu t’es donc retrouvé sans club ...
Ça a très très très compliqué aussi. Il y a tout qui change, des personnes ne t’appellent plus, tu es moins regardé, … ça met vraiment un gros coup au moral. J’ai dû me mettre dans une bulle pour me relever. C’est une situation qui a été compliquée, c’est sûr.
Ça t’a permis de t’éloigner de cet entourage dont tu parlais ?
Tu touches un bon point. À la fin de ma période à Rennes, c’est là où je rencontre notamment ma femme. Ça m’a permis de remettre de l’ordre dans ma vie et de m’axer sur le sens des priorités. Je pense que cette période est un mal pour un bien. Si j’avais vraiment percé à cette époque-là, je n’aurais peut-être pas été aussi prêt et mature que je le suis maintenant.
En janvier 2024, après six mois sans jouer, tu rejoins Maribor en Slovénie. Comment ça s’est fait ?
J’avais tout d’abord été faire un essai au Standard de Liège, en Belgique. Là-bas, ils voulaient voir mon état de forme. Ça s’était très bien passé, mais ça ne s’est pas fait. J’ai eu l’opportunité Maribor qui s’est alors présentée. Je me suis lancé, c’était une aventure qui me permettait de m’exiler de la France, à un moment où c’était compliqué pour moi. Franchement, ça m’a fait du bien.
Comment ça s’est passé là-bas ?
Au début, je me suis dit que c’était vraiment perdu et que ça n’allait rien à voir avec ce que j’avais connu jusqu’à maintenant, que j’allais découvrir une autre vie. Et en fait, pas du tout. Quand j’arrive déjà, on part deux semaines en stage en Turquie, on joue contre des clubs comme le Shakhtar Donetsk. Ça allait super, les gens étaient gentils. Ça m’a aussi permis de peaufiner mon anglais, je ne vais pas te mentir (sourire). Ça a été une belle épreuve, j’étais content de vivre ça.
Tu as même eu l’occasion de disputer l’Europe et les qualifications à la Ligue Europa puis Ligue Europa Conference …
C’est quelque chose de totalement différent. Sur mes premiers matchs à Lorient, j’étais jeune, j’avais un petit peu de pression, … Mais quand je suis arrivé là-bas et que j’ai joué mes premiers matchs européens, j’ai fait partir cette pression-là et ça a été un kiff total. Des ambiances, des grands stades, des séances de tirs au but, … C’était vraiment kiffant en tant que footballeur de connaître ça à 21 ans. Et j’espère que ça va vite revenir.
Ça semblait plutôt bien se passer pour toi. Pourquoi es-tu parti en août ?
J’avais l’envie de revenir en France durant l’été. Ça a tardé car je n’avais pas eu beaucoup de temps de jeu, il y a eu un temps d’adaptation. Puis durant l’été, j’ai énormément joué, que ce soit en préparation ou en matchs officiels, dont la Coupe d’Europe. Mais le club a connu un changement de propriétaire. Le coach est parti, le nouveau faisait plutôt jouer des anciens. Dans le même temps, ma femme était enceinte, donc je voulais rentrer en France. Au début, j’ai eu des disponibilités, mais aucun deal ne s’est fait. Je me suis donc de nouveau retrouvé sans club.
Aujourd’hui, après six nouveaux mois sans jouer, quel est ton souhait ?
Aujourd’hui, le principal pour moi, c’est de retrouver les terrains et un projet adéquat. Quel que soit le contexte. Je connais mon talent. Et les objectifs que j’avais quand j’avais 17 ou 18 ans, ce sont toujours les mêmes. Ça viendra un peu plus tard, parce que je dois désormais repasser des étapes. Mais maintenant, je veux jouer et montrer sur la scène française de quoi je suis capable.
Pour ceux qui ne te connaissent pas, quelles sont tes qualités ?
Mes qualités reposent sur la percussion. J’aime beaucoup le jeu collectif, les combinaisons. J’aime faire jouer les autres. J’ai des qualités de passe, de dribble, … Le volume de jeu, aussi. J’ai une très bonne VMA (vitesse maximale aérobie, ndlr) et du cardio. Là où j’ai mon défaut, c’est que j’aime beaucoup faire marquer. Alors que j’ai une bonne qualité de frappe, une bonne qualité de finition. Parfois, il faudrait que je me montre un peu plus égoïste, je pense.
Quel message souhaiterais-tu aux clubs qui pourraient être rebutés par ton parcours ?
J’ai envie de dire aux clubs que le Redwan du passé et des dernières saisons, c’était beaucoup d’histoires d’entourage compliquées. Tout ça aujourd’hui, c’est gommé. Maintenant, c’est un Redwan qui a envie de s’engager avec la faim de jouer, peu importe le projet. Au niveau du comportement, c’est un gars qui aime le football, qui aime les groupes, qui aime la vie. Il a mis son ego de côté et veut mettre son talent à l’épreuve et à bon escient.
Avec ton parcours, aurais-tu également un message pour les jeunes joueurs en centre de formation ?
Oui ! Le plus important, c’est vraiment la patience, surtout dans les moments clés, quand on commence les premiers entraînements en professionnel ou qu’on sent qu’on performe par exemple. Là, il faut se montrer endurant dans la patience. Il faut vraiment être endurant pour ne pas lâcher et pour que chaque détail compte. Pour un jeune, un détail de comportement peut être rédhibitoire. Il ne faut pas essayer de se comparer aux plus anciens, il faut rester dans sa bulle, faire ce qu’il y a à faire et manger ce qu’on te donne. Il faut manger les opportunités. C’est quand on est installé qu’on peut ensuite s’exprimer. Mais au début, il faut vraiment se focaliser sur la partie terrain. Et si le talent est là … Si ça ne vient pas avec un coach, ça viendra avec un autre. Il ne faut pas faire de dérive.
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