Entretien – Oumar Konte (Villers-Houlgate) : « Si tout va bien, logiquement dans trois ans nous sommes en Ligue 1 » | OneFootball

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·18 mai 2024

Entretien – Oumar Konte (Villers-Houlgate) : « Si tout va bien, logiquement dans trois ans nous sommes en Ligue 1 »

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Et une de plus qui fait six ! En l’emportant face au FC Dieppe le samedi 11 mai dernier (3-2), dans le cadre de la 25e journée du groupe F de National 3, l’AS Villers-Houlgate a bouclé sa sixième montée consécutive. Une fabuleuse épopée qui a démarré en deuxième division départementale pour le club normand aux 300.000 euros de budget, et à laquelle participe Oumar Konté. Il y a trois ans, l’avant-centre est passé du National 2 au Régional 2 pour s’implanter dans le projet. Avec réussite ! Passé par Évreux, Fleury, Chartres, Dieppe ou encore Épinal précédemment, le capitaine s’éclate sur la Côte Fleurie après être pourtant revenu d’une rupture du tendon d’Achille en juin 2023. Mais c’est désormais vers des retrouvailles avec le National 2, que son équipe va découvrir pour la première fois, que le Franco-Sénégalais de 37 ans se tourne avec appétit. Mais avant, Oumar Konte s’est arrêté au micro de Foot National pour revenir sur cette énième accession. Entretien.

Oumar, comment ça va depuis samedi dernier et l’officialisation de la montée en National 2 ?


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Ça va ! On récupère tranquillement. On a pris un peu de recul, on essaye de gérer les émotions. On se libère aussi, parce qu’il y avait tellement de pression ces derniers matchs …

J’imagine que les messages de félicitations affluent depuis samedi !

Franchement c’est incroyable ! On reçoit des messages et des appels de partout. En termes de réseaux sociaux, je ne suis vraiment que sur Facebook. Depuis, j’y reçois des captures d’écran et des liens d’autres réseaux sociaux où ça parle de nous.

Penses-tu que cette effervescence est due à la montée de National 3 à National 2 ou plus globalement en raison des six montées consécutives ?

Ce qui fait basculer, je pense que ce sont les six montées consécutives. Nous ne sommes pas le seul club à monter en National 2. Et si on parle en priorité de Villers-Houlgate, c’est surtout grâce à ces six montées de suite. Il ne faut pas oublier que Villers est un petit village, c’est davantage une station balnéaire de 2000 ou 2500 habitants. C’est ce qui fait que c’est incroyable.

Honnêtement, six montées consécutives … c’est quoi votre secret ?

(Rires) Si on commence à dévoiler tous les secrets ça va être compliqué pour monter la prochaine fois ! Personnellement, je n’étais présent que lors des trois dernières montées. Avant cela, on a des dirigeants qui avaient pour projet d’essayer d’atteindre le niveau régional. Chose faite avant que j’arrive. Moi, j’étais à Évreux (National 2) lorsqu’on m’a appelé pour prendre part à ce projet en Régional 2. J’avais la possibilité de rester au niveau national, mais le discours des présidents m’a tout de suite plu. L’un de mes anciens coachs (Dramane Dillain) se trouvait également là-bas. Alors j’ai tenté l’aventure et aujourd’hui, je n’ai aucun regret. D’ailleurs, la saison où je suis arrivé, nous avions dix points de retard sur la première place au mois de décembre. Il y a eu un changement d’entraîneur, et c’est notre coach actuel (Benjamin Morel) qui a pris le relais. On a réussi à rattraper ces dix points de retard et à passer la ligne du finish les premiers. C’est là que ça a vraiment déclenché quelque chose.

Tu estimes que ce moment précis est le tournant de cette aventure ?

Exactement ! C’est ce déclic-là qui nous a libéré. Ça nous a aussi aidé pour les saisons suivantes. Après, il y a aussi le côté familial du club et le recrutement effectué. À chaque montée, il y a des ajustements. Ce n’est pas l’équipe qui est refaite à 90 %. Quand on regarde le recrutement depuis trois ans, le coach et le staff réajustent l’équipe à des postes bien ciblés et avec des mecs à l’état d’esprit irréprochable. C’est vraiment une valeur ajoutée pour un groupe.

« Le timing est bon pour nous »

Au début de saison, la montée était-elle un objectif ?

Il ne faut pas se cacher : au début de saison, nous n’avions pas pour objectif de jouer la montée en National 2. Comme je le disais, il y a eu des réajustements effectués, de très bons joueurs de foot nous ont rejoint, avec un très bon état d’esprit. Pour autant, on ne se disait pas qu’on allait jouer la montée. Mais on s’est retrouvé à jouer les premiers rôles. Si je vous dis qu’avec six montées d’affilée on ne joue pas les premiers rôles, vous allez me dire que nous n’avons plus d’ambition. Et si inversement je vous dis qu’on veut jouer les premiers rôles, on va dire qu’ils ne veulent plus s’arrêter et qu’ils ont la grosse tête (sourire). Donc c’est compliqué d’annoncer ses ambitions. Je connais le niveau N2 pour y avoir joué, ça va être très difficile. Les groupes vont se resserrer (3 groupes de 16 au lieu de 4 groupes de 14), avec de très bonnes équipes, des budgets importants, des déplacements plus longs, … Il y a plein de choses à réajuster. Le club est monté tellement vite qu’il faut à chaque fois s’adapter aux exigences que réclament le niveau en question.

À l’heure où la réforme du football amateur resserre les championnats et que le nombre de relégations est plus grand, n’est-ce pas un joli pied de nez d‘enchaîner ces accessions ?

C’est clair ! Lorsque nous étions en Régional 1 l’année dernière, je me disais que c’était l’année ou jamais pour monter parce que la saison suivante serait compliquée. En Normandie, il y a deux groupes de R1 et c’est une seule qui monte. En National 3 cette année, je me suis dit la même chose parce qu’en termes de redescente, ça va être très compliqué aussi. Et si nous avions été en National 2 avant, ça aurait aussi été difficile parce que cette saison il y a cinq descentes par groupe (+ le moins bon neuvième tous groupes confondus, ndlr). C’est presque 40 % des clubs actuellement en N2 qui descendent en N3. Et ces clubs-là qui descendent auront pour la plupart l’objectif de remonter immédiatement. Ça aurait pu être très compliqué, et je pense que le timing est bon pour nous.

Au cours de la saison, quel regard vos adversaires portaient sur vous ?

À l’heure actuelle, nous faisons partie des plus petits budgets de N3. Les gens ont du mal à voir ça (sourire). Dans notre poule, il y avait vraiment de grosses équipes comme Dieppe, comme la réserve de Caen, … qui avaient pour objectif de monter. Tout le monde savait en début de saison que notre objectif était le maintien. Entre nous, on savait aussi que nous avions de très bons joueurs. Mais la plupart ne connaissait pas ce niveau-là et on ne savait pas comment elle allait s’y adapter. Dans notre équipe, il y en a certains qui ont commencé le projet en deuxième division départementale avec le club ! Et finalement aujourd’hui, ils sont toujours là avec nous, en National 3, et montrent qu’ils ont niveau !

La question maintenant est simple : jusqu’où peut aller l’AS Villers-Houlgate ?

(Rires) Franchement c’est difficile à répondre ! Je pense que le niveau le plus haut que l’on puisse atteindre, c’est la Ligue 1 ! Si tout va bien, logiquement dans trois ans nous sommes en Ligue 1 (rires). Pourquoi pas Villers en Ligue 1 ? Ce serait incroyable ! Plus sérieusement, l’objectif sera le maintien l’année prochaine. On sait que ça va être très compliqué. Sur la Côte Fleurie, il y a d’autres clubs. Il y a par exemple Deauville qui évolue en R1, qui a un plus gros budget que nous et qui n’arrive toujours pas à grimper en N3. Il y a aussi Dieppe dans notre poule, avec là aussi un budget plus important que le nôtre. Chez nous, il y a le staff qui fait effet, les dirigeants qui travaillent, les bénévoles, … Et c’est tout ça qui fait que ce n’est pas principalement l’argent qui fait les choses. Ça aide beaucoup à un certain niveau, c’est clair, on ne va pas se le cacher. Mais quand tu recrutes les bonnes personnes, que tu gères bien ton effectif et ton club, quand tu as les bons dirigeants, … Ça aide. Ça aide et on en a la preuve.

« Je voulais qu’ils sentent que je sois là pour eux »

Venons-en à toi ! Lorsque tu rejoins le club il y a trois ans, tu débarques en Régional 2 depuis le National 2. Comment l’as-tu vécu ?

Je l’ai vécu comme un retour en arrière parce que tu redescends de niveau. Mais il faut savoir que c’était une équipe contre laquelle j’avais déjà joué en amical. Ça faisait deux ans de suite qu’on l’affrontait avec Évreux. Et à chaque fois, je la trouvais vraiment pas mal ! Et lorsque mon coach d’Évreux est parti là-bas, il m’a appelé. Puis, c’est la manière dont ils m’ont parlé du projet, avec de grosses ambitions, qui m’a convaincu. Je me suis dit que ça, c’était un vrai projet, qu’il y avait moyen de faire quelque chose. Je voulais vraiment faire partie des bases de ce projet-là et ne pas arriver en National 2 en disant que « vous avez besoin de moi, je connais ce niveau. » L’idée était de partir d’en bas avec ce club et de le mener le plus haut possible.

Pourtant en juin 2023, tu subis une grave blessure … Même question, comment as-tu vécu ce coup du sort ?

C’était tout d’abord de la tristesse. Je me suis dit que ça allait être compliqué, arrivé à un certain âge … C’était aussi la première grosse blessure de ma carrière. Puis quand tu vois les chirurgiens, qu’ils te disent que ça va être difficile de reprendre avant minimum un an … Mais quand j’entends des choses comme ça, ça me donne de la force en fait. J’ai beaucoup été soutenu par les joueurs de l’équipe, par le coach, le staff, … j’ai eu beaucoup de soutien. Et la reconduction de mon contrat m’a montré que le club comptait sur moi et qu’il avait encore confiance en moi. Juste le fait d’avoir cette reconduction, ça m’a donné encore plus d’élan et je suis revenu carrément plus vite que prévu. Il faut savoir aussi que j’ai vécu tellement de choses que mon mental est ce qui fait ma force.

C’est dans ton parcours personnel que tu as puisé cette force ?

Exactement. Même lorsque j’étais blessé, j’avais pris une licence dirigeant pour être auprès de mes partenaires, que ce soit sur le banc de touche et dans les vestiaires (sourire). Je n’étais pas chez moi, j’étais avec eux. Je voulais qu’ils sentent que je sois là pour eux. C’est ça qui m’a aidé à revenir plus vite.

On te sent vraiment épanoui dans ce projet. La retraite, c’est pas pour maintenant alors …

Non, la retraite n’est pour maintenant ! (sourire) J’ai encore des choses à donner et je prends tellement de plaisir avec cette équipe. On me dit à chaque fois de profiter un maximum, le temps que je peux. Et là, je sais que je peux encore. Déjà revenir d’une blessure comme ça est une victoire. De pouvoir encore marquer aussi. J’ai fait 13 matchs, j’ai marqué 8 buts et fait 6 passes décisives. C’est incroyable. Et si en ayant des stats, avec ma parole et mon aura, je peux leur apporter ça, je le ferai un maximum de temps possible.

La saison prochaine, ton expérience sera aussi un atout pour le groupe.

C’est clair ! Comme je le disais juste avant, c’est ce qui m’a fait venir au club. De savoir que j’allais être un élément important et que je devais essayer d’accompagner l’équipe pour la ramener le plus haut possible, c’est quelque chose qui m’a vraiment poussé à venir au club. Avec l’expérience que j’ai maintenant, j’arrive à le faire. Puis les jeunes sont toujours à l’écoute. Même les moins jeunes. On est toujours là à se donner des conseils. Si demain je peux donner un conseil à un jeune, il sera à l’écoute. Et inversement, si un jeune peut m’apporter quelque chose aussi, c’est idem. En faisant partie, avec d’autres, de la base de ce projet-là, je ne peux être que fier de ce que nous sommes en train d’accomplir.

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