ENTRETIEN / Mélanie Durot : « Commenter, c’était le rêve ultime » | OneFootball

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·24 avril 2024

ENTRETIEN / Mélanie Durot : « Commenter, c’était le rêve ultime »

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Elle est un visage connu du paysage médiatique rennais. Consultante régulière de Lundi C'est Rauzy (France Bleu Armorique) et de Pleine Lucarne (TVR), Mélanie Durot est (...)

Comment t’es-tu retrouvée au casting de « Au Micro » ?


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En juin dernier, j’avais pris la décision d’arrêter d’essayer de travailler dans le foot. Ça faisait 5 ans, je n’arrivais pas à en vivre. Un CDI s’est libéré chez France Bleu Armorique et je me suis dit que j’essayais de l’avoir et que sinon, j’arrêtais le foot. C’était une décision mûrement réfléchie, et un lundi matin, je lis dans L’Equipe l’interview de Thomas Sénécal (Directeur des sports chez Canal+, ndlr) annonçant le recrutement géant pour « Au Micro ». Je me suis dis que j’étais obligée d’essayer. J’ai postulé d’abord par un texte, puis par deux vidéos de commentaire de but. J’ai trouvé ça horrible, mais j’y avais passé tellement de temps que je les envoyées. Ils m’ont rappelé le lendemain, et après plusieurs rendez-vous durant plusieurs semaines, j’ai su en septembre que j’étais dans les 30 (sur 10 000 candidatures, ndlr). Je ne savais pas qu’on serait 30, je savais que j’allais être filmée, que j’allais à Lens. Mais on savait très peu de choses.

Tu as donc dû dans un premier temps t’enregistrer chez toi ?

Exactement. Je devais me filmer en regardant les deux extraits sur mon ordi. Ils devaient durer une minute chacun, et tu devais commenter l’action. Je n’avais jamais commenté comme un journaliste. Et puis je ne me filme jamais, c’était difficile de me voir, par rapport à ma voix aussi, pas très agréable. Ça c’était la première étape, et ils faisaient un premier tri. Ensuite, on m’a dit de venir à Lens, et on avait 3 matchs de Ligue des Champions à préparer. On savait qu’on allait tomber sur un des trois matchs, et commenter une action de ces 3 matchs sur 50 secondes devant le jury composé par Laure Boulleau, Hervé Mathoux et David Ginola. On savait aussi qu’il y aurait des questions de culture générale foot, et sur sa passion.

Qu’est-ce que ça fait de commenter un but devant Laure Boulleau, Hervé Mathoux et David Ginola ?

J’ai failli faire une syncope avant d’arriver devant eux. On était dans les vestiaires des joueurs, avec nos noms sur les casiers. On t’appelait, et chacun passe chacun son tour. Ensuite, tu montais à l’étage devant le jury, mais on ne les avait pas vu avant ça. Et là, il y a plein de caméras, plein de monde partout avec des micros, lumières, retours vidéo… C’est hyper impressionnant quand toi tu ne travailles pas à la télé, et que tu n’as jamais vu ça. Je les entendais parler avec le retour son, et j’ai eu une montée d’angoisse comme jamais. J’ai commencé à trembler, à limite ne plus pouvoir respirer, et c’est la directrice de casting qui m’a limite « portée ». J’étais très mal, je devais attendre dans un couloir, et elle me soutenait. J’étais à deux doigts de faire un malaise, et elle me dit « Souris, on a l’impression que tu vas les buter » (rires). J’étais hyper fermée, et au final j’arrive devant eux et je suis extrêmement souriante, mais j’étais en panique ! Ça m’a impressionné de les rencontrer, spécialement David Ginola car je suis née en 1985. Le PSG des années 1990, j’aimais bien, avec George Weah, Bernard Lama… Ça m’a fait bizarre de les voir.

Mais tu ne peux pas nous raconter comment ça s’est passé…

Je peux te dire que je n’ai pas fait de malaise ! (rires) Cette séquence je pense qu’on ne la verra pas. Je ne me suis pas écroulée, mais c’était à deux doigts quand même. On a vu sur les épisodes de Paris et Marseille, certains sont dépassés par le stress. Tu as tout le décor, tu es avec des personnes que tu ne connais pas, tu as une centaine de personnes qui te regarde, c’est particulier.

Tu as déjà un peu de vécu dans le fait d’être écoutée, pourtant tu as quand même eu ce stress ?

Oui, complètement. La radio m’a aidée par rapport au casque. Je sais ce que c’est d’avoir un retour son, ça ne va pas me déranger, mais ça a pu en déranger certains qui n’avaient encore jamais mis un casque. Mais quand tu te fais juger, je pense que c’est comme n’importe quel boulot. Si à un moment ton chef regarde ce que tu fais derrière ton épaule, tu es un peu plus stressée. Sur 50 secondes pour convaincre, quand tu n’en as jamais fait de ta vie, c’est compliqué.

Ça fait 5 ans que tu es dans le foot, mais tu n’avais finalement jamais commenter un match ?

Non, j’ai été deux fois consultante pour France Bleu, en 2020 avec François Rauzy pour Krasnodar - Stade rennais, et en 2021 pour Stade rennais - Lorient avec Nicolas Blanzat. Mais consultante, tu ne parles que de tactique. Ce n’est pas la même chose que d’être dans le rythme du match. On nous avait dit qu’on aurait peut-être un but à commenter, mais que ce n’était pas sûr. Moi, je priais pour ne pas avoir de but, mais plutôt quelque chose de tactique.

"J’étais hyper fière de représenter le club, la région"

Quand tu as commencé dans le foot, commenter c’est ce que tu voulais faire ?

C’était le rêve ultime. Je me disais, de toute façon vu le nombre de femmes qui commentent, tu ne vas pas y arriver comme ça. Mon plan de carrière, c’était de connaitre le foot sur le bout des doigts, pas seulement sur la tactique, mais aussi la data. Avec mon podcast, ça a été de connaitre tous les métiers qui existent dans un club de foot pour avoir une vision globale et riche du foot. J’espérais avec ces connaissances assez larges pouvoir être animatrice à la radio sur des émissions de foot, puis ensuite gravir les échelons pour arriver au but ultime de commenter les matchs. Ça ne s’est pas trop passé comme ça, mais au départ c’était le projet (rires).

Pour toi, « Au Micro » est donc l’opportunité rêvée…

Quand j’ai lu l’article, je me suis dit que c’était dingue. C’était comme si je décidais d’arrêter et que la vie se disait « non on va faire un truc pour qu’elle puisse faire ça quand même ».

Tu es la seule supportrice de Rennes sur le casting, ça donne encore plus envie de se démarquer ?

Carrément. Quand je voyais les gars parler du Real Madrid, Arsenal, moi ça me parle moins. Quand je pense au Real Madrid, je pense à (Eduardo) Camavinga. PSG, je pense à (Ousmane) Dembélé. Chelsea, c’est Edouard Mendy. Il y a forcément toujours un lien avec un Rennais. Le fait d’être identifiée locale, bretonne, Stade rennais, j’étais hyper fière de représenter le club, la région. Ça m’a porté je pense. J’avais envie que les Rennais soient contents qu’on parle de leur club à la télé, parce qu’on dit souvent qu’on ne parle que du PSG ou de Marseille. En espérant ne pas faire honte au club mercredi (rires) !

Tu as passé les épreuves au Stade Bollaert-Delelis à Lens. Pas trop déçue que ça n’ait pas eu lieu au Roazhon Park ?

J’aurais préféré forcément ! Mais en même temps, pour avoir vu les épisodes à Paris et Marseille, je suis contente d’être tombée à Lens. Le vestiaire, c’est comme un vestiaire de National, des bancs à l’ancienne, ce n’est pas du tout bling bling, ça me correspond plus. Je me suis sentie à l’aise dans l’environnement à Bollaert, et je pense que ça a joué dans la proximité entre les concurrents. On avait une ambiance très sympa, bon enfant.

Tu songes toujours à arrêter le foot si ça n’aboutit pas avec « Au Micro » ?

À partir du moment où j’ai été dans le processus de recrutement, j’ai changé d’avis. Je me suis dit qu’il fallait que je continue, pour être crédible si j’arrivais dans les 30 derniers. Puis il m’a été proposé d’être correspondante pour Le Télégramme. Il y aura deux finalistes à « Au Micro » et la réponse se fait le 31 mai, en direct sur Canal+. Soit j’y serai, soit non. On verra ce qu’il se passe pour moi, il peut aussi se passer des choses, même sans aller en finale. S’il ne se passe rien, je pense que j’aurai été au bout du bout de ce que je pouvais faire.

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