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·7 avril 2025
Entretien – Maxime Muller, adjoint au FCV78 : « À Versailles, il y a cette volonté de grandir, d’avancer et d’apprendre des échecs précédents »

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·7 avril 2025
La dernière ligne droite est lancée. Quatorzième de National après son nul obtenu à Sochaux vendredi soir dernier (0-0), le FC Versailles 78 est à la lutte pour sa survie. Une bataille vécue de l’intérieur par Maxime Muller, entraîneur adjoint et analyste vidéo du club des Yvelines. Débarqué l’été dernier dans une entité qui a encore tant de choses à construire selon lui, le jeune technicien de 26 ans revient pour Foot National sur son expérience au sein du FCV78, les trois entraîneurs côtoyés ces derniers mois, la méthode Jordan Gonzalez ou encore l’absence d’un stade fixe et identifié Versailles. Entretien.
Maxime, voilà plusieurs mois que tu as intégré le staff du FC Versailles 78 en National. Quel bilan dresse-tu ?
C’est une saison où il s’est passé pas mal de choses. Il y a eu pas mal d’évolutions au sein du club. C’est un club qui est justement encore jeune, qui est en train de se structurer. Personnellement, je suis arrivé l’été dernier comme tu l’as rappelé. J’ai démarré comme deuxième adjoint avec Jean-Luc Vasseur, avec qui on a passé seulement trois mois, faute de mauvais résultats. Il y a eu cette première période jusqu’à octobre, puis une deuxième avec Jérémy Clément durant laquelle nous avons assuré l’intérim. C’est une période qui s’est bien passée parce qu’on a eu des résultats positifs. Jérémy n’a pas émis le souhait de continuer en tant que numéro un donc on savait que cet intérim-là aurait une fin. Ensuite, et c’est la troisième étape de la saison, c’est l’arrivée de Jordan Gonzalez avec de nouveaux principes, de nouvelles méthodes. Le temps que tout ça prenne, on a des résultats qui sont meilleurs. On a un jeu qui a évolué. À l’heure actuelle, ça fait six matchs que nous n’avons pas gagné. On se retrouve dans les places basses du classement. Mais c’est une saison riche à titre personnel, parce que j’ai pu voir plusieurs staffs, plusieurs coachs, avec des idées et un management différents. Pour moi, jeune entraîneur, c’est hyper riche.
En quoi ça consiste d’être entraîneur adjoint et analyste vidéo dans un club de National ?
C’est déjà une casquette que j’avais dans mes précédents clubs, parce que j’ai toujours allié la vidéo au terrain. En quoi ça consiste ? Toute la partie entraîneur adjoint, ça va être l’animation des séances et leur conception. Conception des entraînements en lien avec les faiblesses qu’on a analysé à la vidéo sur l’adversaire. C’est quelque chose que j’apprécie beaucoup, Jordan m’utilise beaucoup dans ce rôle-là. Le matin, on va être sur la partie terrain/entraînement, et l’après-midi ce sera davantage du travail vidéo et de la conception d’entraînement. Les deux rôles sont étroitement liés.
Tu en as parlé durant ta première réponse, tu as connu trois coachs en quelques mois. Comment on fait pour s’adapter à leurs caractéristiques ?
La première chose importante, c’est de sentir l’homme. C’est-à-dire comment il fonctionne humainement, puis en tant qu’entraîneur ensuite. Chaque entraîneur a ses caractéristiques et son fonctionnement. Pour nous adjoints, c’est de l’adaptation. Il faut que ça aille vite. Parce qu’il faut qu’on soit tout de suite optimal envers les joueurs. Il faut rapidement trouver son rythme de croisière pour avancer. Que ce soit Jean-Luc Vasseur, Jérémy Clément et Jordan Gonzalez, ce sont des coachs différents dans l’âge, dans l’expérience qu’ils ont et qui ont aussi un projet de jeu différent. C’est de la richesse et de l’apprentissage pour moi. J’ai connu Damien Ott l’année dernière, j’ai connu d’autres entraîneurs avant et je continue de remplir mon sac à dos avec toutes mes expériences.
C’est quoi le style Jordan Gonzalez ?
Sa méthode de travail est basée sur la périodisation tactique. Ça mêle l’entraînement physique, technique, tactique et mental. On a très peu de travail athlétique dissocié, voire jamais. Ça, c’est sur la partie méthodologique d’entraînement. Sur le projet de jeu, on est beaucoup sur du jeu de position, avec des joueurs à trouver entre les lignes, dans les carrés pour ensuite attaquer les espaces, … Lors de son arrivée, les joueurs ont découvert son style de jeu. Ça a mis du temps. C’est passé par des vidéos et par des réunions, qu’elles soient collectives, par ligne ou individuelles, avec l’idée de progresser du gardien de but à la surface adverse en étant propre et efficace dans le jeu.
Au départ, le projet était d’avoir une équipe qui possède beaucoup le contrôle, et aujourd’hui, on est plus sur une équipe avec le contrôle mais qui doit aussi être verticale et réaliste en National. Il y a la réalité tous les vendredis soir de nos matchs, où si on peut aller au but en trois passes, on va au but en trois passes. Pour revenir à Jordan, ce que j’avais envie de découvrir chez lui, c’était son jeune âge et en même temps un parcours qui ressemble un peu au mien, même s’il est plus âgé et possède d’autres expériences. Ça m’intéressait de savoir comment il allait procéder avec le vestiaire et les joueurs plus âgés que lui. C’est un domaine dans lequel il est à l’aise. Il communique beaucoup en individuel. Il essaie de concerner tout le monde, du titulaire au remplaçant. Il y a aussi une manière de s’entraîner qui attire les joueurs, même ceux qui jouent un peu moins, car c’est très ludique, c’est tout à base de ballon. Les joueurs s’y retrouvent.
Il y a un point commun avec ton expérience à Avranches, c’est que tu es encore concerné par la course au maintien. Ce n’est pas trop usant ?
Je suis jeune, donc je ne suis pas encore usé par le métier (rires). Si je te disais ça maintenant, ce serait inquiétant (sourire). Je le vois plus comme un côté apprentissage. Évidemment que jouer les premiers rôles serait top. J’ai envie de le vivre à court ou moyen terme. Mais dans ces missions-là, il faut aller chercher un peu plus, il faut plus discuter avec les joueurs, s’entraîner un peu plus, mais aussi optimiser certains détails et continuer de donner confiance. Mais c’est vrai que je me rends compte que je suis toujours engagé dans ces missions de fin de saison (sourire). C’était le cas à Avranches, mais aussi au Racing Besançon avec David Le Frapper en National 2. Ça reste riche, et je préfère les vivre maintenant et me développer là-dedans, plutôt que d’avoir que des réussites et connaître des échecs par la suite.
Comment expliques-tu qu’un club comme Versailles, dont l’objectif était de jouer les premiers rôles, se retrouve à jouer le maintien ?
Comme je le disais au départ, c’est un jeune club, repris par Alexandre Mulliez et Fabien Lazare il y a deux ans. Quand je dis « jeune », je veux dire qu’il y a encore beaucoup de choses à structurer. On a changé de stade cette saison, on a un centre d’entraînement que nous sommes en train de développer mais dont nous ne sommes pas propriétaires. C’est un club qui a beaucoup de bonnes idées et je pense qu’à moyen-long terme, ça fonctionnera. Je le pense sincèrement, c’est un projet dans lequel je crois. Je sens au quotidien qu’il y a une évolution. Il y a vraiment cette volonté de grandir, d’avancer et d’apprendre des échecs précédents. Par exemple avec l’entraîneur. Il y a eu plusieurs changements depuis qu’ils ont repris le club. Mais avec la nomination de Jordan, le projet s’inscrit sur le long terme.
Vous avez débuté la saison au stade Jean-Bouin, à côté du Parc des Princes, avant de vous délocaliser au stade Walter-Luzi à Chambly, dans l’Oise, loin de la capitale. De ne pas avoir de stade fixe et identifié FC Versailles, ça joue sur les résultats de l’équipe selon toi ?
Sur les résultats, je ne sais pas mais ça joue sur le côté identitaire pour les joueurs. Ce côté « on est chez nous », « c’est notre stade », « on a nos habitudes ». C’est quelque chose qu’on ne connaît pas malheureusement. On a progressivement découvert Chambly, qui est une pelouse naturelle. Ce qui n’était pas le cas à Jean-Bouin. Mais c’est un stade qui reste loin d’où on s’entraîne. Forcément, il y a un peu moins de monde. Certaines familles de joueur ne viennent plus, ou viennent moins. Ça, je pense que ça peut affecter les performances de certains et donc du collectif. C’est une situation pas évidente, mais le club essaye d’évoluer là-dessus parce qu’il se rend bien compte qu’avoir un stade et être chez soi, pour un maintien ou pour une montée, c’est très important.
Sur quoi va se jouer la course au maintien en National d’après toi ?
À celui qui fera le moins d’erreurs. Aujourd’hui, enchaîner des matchs nuls en National te permet quand même d’avancer. Le club qui enchaînera quatre ou cinq matchs nuls dans la dernière ligne droite pourra se maintenir. Ça n’aura pas été flamboyant, mais il vaut mieux avoir quatre ou cinq nuls qu’une victoire et trois-quatre défaites. À Versailles, nous sommes exempts l’avant-dernière journée. Donc il va falloir se sauver avant pour ne pas vivre une dernière soirée où tu trembles. L’expérience de certains joueurs qui maîtrisent ces fins de championnat est importante également.
Il y a ce genre de joueurs à Versailles ?
Oui, nous avons des joueurs d’expérience qui ont déjà joué des maintiens, mais aussi des montées. C’est le cas de Sébastien Rénot, de Raphaël Calvet ou Jonathan Kodjia. Ce sont des joueurs qui apportent à la fois une expérience et une énergie. C’est important dans ces moments-là.
Dans ton projet personnel, te sens-tu progresser et avancer comme tu l’entends ?
Totalement. C’est ce qui me stimule et ce que je recherche. L’idée est d’avancer, de voir les choses qui me font progresser et évoluer. Avranches a été une très belle expérience, Versailles en est une autre qui est bien différente, puisque c’est un club avec plus de moyens et un staff plus étoffé. J’évolue avec les staffs que je côtoie. Entre le moment où je suis arrivé et aujourd’hui, j’ai le sentiment d’avoir une vraie évolution. Par rapport aux joueurs, je dois apprendre encore un peu plus à échanger, à ce qu’ils se livrent. C’est un aspect sur lequel je progresse. Mais l’aspect qui me passionne le plus, c’est celui du jeu : la tactique, l’entraînement. Là, il y a eu une vraie évolution. Car d’un coach à l’autre, il y a des responsabilités qui évoluent un peu.
Tu te vois continuer avec Versailles en compagnie de Jordan Gonzalez la saison prochaine si tout se passe bien ?
Oui, j’ai envie de continuer dans ce projet parce que j’y crois et que je me sens bien ici. Il y a un sentiment d’évolution mais aussi celui d’apporter à la structure dans laquelle je travaille. Les retours sur mon travail sont aussi positifs. Je veux aider au développement de ce club qui, je pense, arrivera à un niveau professionnel d’ici quelques saisons.
Avec Maxime Muller ?
J’espère bien (sourire).
Pour terminer, as-tu un mot pour Damien Ott, ton ancien mentor, qui vient de conclure une épopée héroïque avec l’AS Cannes en Coupe de France ?
Il y a un petit sentiment de fierté. J’ai travaillé un an avec lui. J’ai récemment répondu à une interview de Ouest-France, où l’on me demandait en quoi Damien était différent et ce qui faisait qu’il est un entraîneur capable d’apporter un vent de fraîcheur à son âge (59 ans, ndlr). En fait, il se recycle tout le temps. Il essaie toujours de créer, d’être un entraîneur différent. Il a des convictions fortes, mais il essaie tout le temps de les faire évoluer. Certains entraîneurs de cet âge-là peuvent parfois être bloqués dans leurs convictions. Ce n’est pas son cas. Lui, il apprend tout le temps et c’est remarquable.
Crédit photos : Thomas Jobard
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