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·14 décembre 2018

ENTRETIEN - Mathias Pereira Lage (Clermont) : "Plus jeune, je m'inspirais de Ronaldo, Deco ou Figo"

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Mathias Pereira Lage (22 ans) figure parmi les trois nommés pour le Trophée UNFP du joueur du mois de novembre en Ligue 2. Avant la réception de Lens ce samedi (15h), le milieu de terrain clermontois s'est longuement confié à Goal. Une interview riche en révélations pour celui qui a découvert la sélection Espoirs du Portugal en début de saison. La belle trajectoire d'un joueur pétri de qualités, qui ne cesse d'évoluer depuis la signature de son premier contrat professionnel, en mai 2016.

Vous figurez parmi les trois nommés pour le Trophée UNFP du joueur du mois en Ligue 2. Cette nomination vient récompenser vos bonnes performances de ces dernières semaines.

Mathias Pereira Lage : Exactement, on peut dire ça comme ça. J'ai eu une période de creux pendant laquelle j'ai été moins décisif, même si je faisais de bons matches. Et puis, là, j'ai enchaîné les bonnes prestations. J'ai été récompensé d'un doublé contre Béziers. Et lundi, quand ils ont sorti les trois nommés, je me suis dit "tiens, je suis dedans". Je ne pensais pas du tout y être. Maintenant, j'ai partagé les votes. On verra bien... Mais Kévin Fortuné (Troyes) a fait un gros mois aussi, donc ça va être compliqué.


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Un classement comme celui-là compte-t-il vraiment à vos yeux ?

Pas vraiment, mais y être c'est toujours bien. On s'aperçoit qu'en travaillant, on peut aussi obtenir quelques récompenses.

L'année dernière, vous marquiez énormément de buts en dehors de la surface. Aujourd'hui, on vous retrouve plus souvent dans la surface adverse. Est-ce un trait significatif de votre évolution ?

(Il hésite) C'est vrai qu'aujourd'hui, je vais beaucoup plus dans la surface qu'à l'époque, et j'ai beaucoup plus de situations dans cette zone. À contrario, j'ai moins de situations de frappes de loin. Maintenant, il faudrait peut-être que j'arrive à trouver un juste milieu.

Est-ce la conséquence d'une évolution dans le jeu de votre équipe ou la volonté de votre part d'être plus souvent dans la zone de vérité ?

Ce n'est pas forcément une conséquence, mais c'est un tout. Les frappes de loin fonctionnaient bien pour moi. J'ai voulu rajouter mon envie de marquer en étant devant le but sur chaque centre. Le coach [Pascal Gastien] nous le demande aussi. Il veut qu'on soit souvent devant le but, qu'on accompagne les actions, et si possible qu'on soit à la finition.

Vous êtes à 6 buts et 2 passes décisives toutes compétitions confondues cette saison contre 10 buts en Ligue 2 la saison dernière. Vous êtes-vous fixé un objectif à atteindre ?

J'aimerais bien marquer autant que la saison dernière, au minimum. Mais je ne vais pas me focaliser non plus là-dessus. Je me laisse guider et on verra où ça me mènera.


"À l'Euro 2016, j'étais plus pour le Portugal que pour la France"


Clermont, dixième, est pour le moment en embuscade avec 25 points. Comment jugez-vous la saison jusqu'ici ?

C'est ça, on est en embuscade. On a connu un début de saison un peu compliqué, où on a mis un peu de temps à prendre des points. Là, on revient super bien. On a de gros matches qui nous attendent avant la trêve (Lens, Troyes). Il va falloir qu'on prenne des points pour recoller tout de suite et bien aborder la deuxième partie de saison.

Le seul point noir de ces dernières semaines, c'est cette défaite à Paris trois à zéro.

On s'attendait à un match très serré, très compliqué. Une fois le premier but encaissé, on savait que ce serait difficile de bouger cette équipe. On a poussé, ça ne nous a pas souri, et on a fini par concéder deux buts sur des contres en fin de match.

Pour vous, le score était donc plus lourd qu'autre chose. Il n'était pas source d'inquiétude pour la suite.

Je ne pense pas. D'ailleurs, on l'a prouvé tout de suite en Coupe de France en allant gagner contre Bobigny (2-0). Maintenant, il faudra enchaîner contre Lens.

L'année 2018 a été marquée par votre première convocation en équipe Espoirs du Portugal. Quelle émotion avez-vous ressenti à ce moment-là ?

Beaucoup de fierté. J'en avais discuté un peu avec le coach, qui regarde beaucoup les joueurs français qui ont la double nationalité. En voyant la saison que j'avais fait et ce que je montrais depuis la reprise, il m'a dit qu'il n'était pas étonné. Là-bas, je devais juste prouver ce que je sais faire et je pense l'avoir fait de la bonne manière.

Pouvez-vous nous raconter comment vous avez appris la nouvelle ?

C'était un mardi. Le coach adjoint était venu après le match de Coupe de la Ligue contre Troyes. Il a pris mes coordonnées. Il a discuté un peu avec moi. Et le lendemain, j'ai eu un appel du secrétaire qui m'a demandé si j'avais tous mes papiers. Il voulait aussi savoir si je souhaitais prendre l'avion le dimanche ou le lundi. Grâce à ça, j'avais déjà une petite idée sur ma présence ou non dans la liste. Elle est sortie le vendredi. J'y suis allé le dimanche avec un rassemblement prévu le lundi à 13h. Au début, j'étais un peu timide, dans mon coin. Mais Joel Pereira de Manchester United, qui a la nationalité suisse et qui parle français, m'a bien accueilli. Il a facilité mon adaptation.

Connaissiez-vous déjà certains joueurs ?

De noms, je connaissais les pépites portugaises. Celles qui étaient déjà en sélection. Mais personnellement, je ne connaissais personne. J'ai découvert un très bon groupe et aujourd'hui je peux dire que mon adaptation a été parfaite.

L'équipe de France ne vous a jamais sélectionné. Était-ce facile du coup d'opter pour le Portugal ?

C'est un choix qui me semblait normal, dans le sens où j'ai toujours eu le cœur portugais. Déjà, à l'Euro 2016, j'étais plus pour le Portugal que pour la France. Mes parents ont toujours tout rapporté au Portugal, même en venant travailler ici. J'ai toujours été fier d'être Portugais, et être appelé par cette sélection est quelque chose de très important.


"Cristiano Ronaldo, un exemple pour n'importe quel joueur"


Le fait de ne pas avoir réussi à se qualifier pour l'Euro Espoirs doit être un sacré crève-cœur .

Après le match, j'ai juste répondu à mon frère et j'ai directement coupé mon téléphone. La soirée a été difficile. Il a fallu tout de suite se remettre au boulot avec Clermont, mais c'est une grande désillusion, surtout que pour nous les 96, c'est fini. On doit revoir nos objectifs, et maintenant il faut viser la sélection A même si pour moi ça va être compliqué à court terme. C'est plus un objectif à moyen ou à long terme.

Atteindre l'équipe A un jour serait le Saint-Graal.

Ce serait l'aboutissement d'une belle carrière. Mais pour y arriver, j'ai encore beaucoup de choses à prouver.

Vous jouez dans une position où de grands noms portugais ont évolué. On pense notamment à Cristiano Ronaldo. Vous inspire-t-il ?

Pour son côté humain et travailleur, je pense que c'est le bon exemple pour n'importe quel joueur. Il y a Ronaldo, mais il y en a aussi beaucoup d'autres. Figo et Deco à l'époque, Quaresma aussi. Le Portugal a sorti de très grands joueurs.

Étiez-vous du genre à regarder ce qu'ils faisaient, en visionnant des vidéos par exemple ?

Plus jeune, oui, je regardais des vidéos, des montages sur Cristiano, Deco ou Figo. Je regardais beaucoup ça. Aujourd'hui, j'en regarde beaucoup moins et je me focalise sur mon jeu.

Avez-vous l'impression d'avoir piqué quelques trucs à certains de ces joueurs à force de les observer ?

Pas vraiment. J'ai peut-être récupéré quelques skills. Sur les frappes de loin, on essaye d'imiter Cristiano Ronaldo, mais ce n'est pas facile. Les extérieurs de Quaresma, on essaye de faire pareil, mais je pense que c'est impossible. Il y a beaucoup de choses dans ce genre qu'on essaye d'ajouter à notre jeu. Avec le travail, ça viendra peut-être.

Pour espérer jouer un jour avec la sélection A du Portugal, vous devrez sûrement évoluer dans un autre championnat que la Ligue 2. Quel est votre plan de carrière pour la suite ?

Déjà, à court terme, je veux faire une bonne ou une très bonne saison avec le Clermont Foot afin de continuer sur notre lancée. Après, on verra bien. Dans le foot, il peut se passer plein de choses. Tout va très vite. Je veux d'abord me concentrer sur ma fin de saison. Après, on verra. Si je veux atteindre cet objectif, il faudra bien que je passe un palier en Ligue 1 ou dans un autre championnat. Mais pour le moment, je ne me pose pas vraiment la question.

D'autant que vous êtes un pur clermontois, et que vous n'avez peut-être pas non plus l'envie de partir comme un voleur.

C'est certain. J'ai beaucoup de respect pour Clermont, donc quoi qu'il arrive, si je suis amené à partir ça se fera toujours dans le respect.

Finalement, la meilleure chose serait peut-être de monter en Ligue 1 avec Clermont.

(Rires) Oui, c'est ça. Ce serait juste parfait.

Propos recueillis par Benjamin Quarez