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·5 juin 2025

Entretien - Loup Hervieu (Fleury) : "Beaucoup de joie et de fierté de faire partie de cette histoire"

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De Caen à Fleury, en passant par la Belgique, le parcours de Loup Hervieu n’a rien d’un long fleuve tranquille. À 25 ans, le milieu défensif a déjà connu les joies d’un premier contrat pro, les galères salariales à l’étranger, et la renaissance dans un projet collectif ambitieux en National 2. Joueur de l’ombre, mais pilier du FC Fleury 91 cette saison, il revient avec lucidité sur son chemin, sa combativité et la montée historique en National obtenue au terme d’une saison marquée par la résilience.

Loup, tu étais supporter de Caen, et tu y as signé ton premier contrat professionnel. Était-ce un rêve d'enfant devenu réalité ?


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Loup Hervieu : C’était dans la continuité de mes saisons à Caen. C’est sûr qu’étant un enfant de la région ayant comme club phare le Stade Malherbe de Caen, c’était un petit accomplissement d’avoir ce contrat et de me dire que je vais pouvoir jouer dans le grand stade Michel d’Ornano. C’est un accomplissement du travail, mais ce n'était que le début de quelque chose.

Justement, tu as un lien avec le SMC. Que penses-tu de leur dernière saison et de la situation de Malherbe ?

J’ai un œil extérieur à cette situation. Je n’ai pas tous les tenants et aboutissants. C’est dommage que le club descende en National parce que je pense que c’est un club qui ne mérite pas ça. J’ai encore quelques amis et connaissances qui y jouent. Mais je n’ai pas toutes les informations de l’intérieur pour me permettre de juger et de dire ce que j’en pense. Ça fait de la peine de voir le club dans cette situation. Je n’ai aucun doute sur le fait que Caen arrivera à remonter le plus rapidement possible.

Après ton départ de Caen, tu signes à Mandel United en Belgique, puis à Guingamp, mais avec la réserve. Pourquoi avoir choisi la réserve d'un club professionnel à 22 ans ?

En Belgique, je n’étais plus payé. À la toute fin du mercato, je me suis retrouvé sans rien et il me fallait quelque chose. Je n’avais pas prévu de quitter la Belgique, mais le fait que Mandel United ne me paye pas pendant trois mois m’a obligé à « casser mon contrat » de façon unilatérale. Au même moment, arrive le projet de Guingamp avec Marc Rivoallan, recruteur au club, qui me suivait depuis plusieurs saisons. Il me propose d’aller m’entraîner avec la réserve pour commencer, puis potentiellement si tout se passe bien, monter avec l’effectif de Ligue 2 et signer professionnel, chose qui ne s’est pas faite finalement. Mais avec la réserve, j’ai découvert des bons coachs et un super club.

"Ce n'est pas facile de monter en National"

Pour revenir sur ton passage en Belgique, tu as vécu une expérience difficile au RFC Mandel United, où tu n'étais pas payé pendant plusieurs mois. Qu'est-ce que cela t'a appris dans la vie et sur le monde du football ?

C'était très compliqué à vivre. Dans un premier temps, je me dis que finalement que ça n’arrive pas qu’aux autres. C’est très complexe vraiment, pas facile à gérer. Le club essaye de faire en sorte que je sois mis en « faute professionnelle ». Je veux remercier l’UNFP et son équivalent en Belgique de m’avoir accompagné dans cette période pour les différentes démarches administratives. Je savais bien que dans le foot, une histoire comme ça pouvait arriver. J’ai beaucoup appris, ça m’a fait prendre du recul sur le monde du football et le monde en général. L’air de rien, j’en ressors plus grand et aguerri.

C'est là-bas, à Izegem, que tu rencontres David Vignes, ton entraîneur actuel. Quel lien vous unit depuis cette période en Belgique ? Qu'est-ce qui t'a poussé à le suivre à Fleury ?

Hormis la mauvaise expérience des salaires non versés, j’ai passé six mois top en Belgique. Je me suis super bien épanoui et j’ai rencontré des belles personnes. Franchement, le foot étranger, c'était intéressant. David Vignes est un coach avec qui je me suis bien entendu. Ça a matché entre nous. Nos deux façons de travailler ont collé. Dès qu'il a signé à Fleury, il m’a fait part de sa volonté que je le rejoigne et j’ai accepté.

Quand tu arrives à Fleury en 2023, le club reste sur des saisons à manquer la montée de peu. Quel projet t'as été vendu à l'origine pour te convaincre de venir ?

Fleury est un club qui a essayé de se construire au fur et à mesure des années. Mais ce n'est pas facile de monter en National. Le projet vendu était celui d’une belle équipe attendue comme celle à battre et qui avait pour ambition de jouer la montée. Depuis que je suis arrivé, on a un groupe avec des joueurs d’un niveau supérieur. Au-delà de tout ça, je ressors surtout un très bon état d’esprit, très combatif. Il y a une vraie méthode de travail qui a été mise en place et qui nous a permis de remplir notre objectif d’obtenir la promotion cette année.

Lors de l'intersaison de l'été dernier, le club a mené un recrutement ambitieux. Est-ce qu'il a fait la différence cette saison ?

La direction ne s’est pas trompée sur le recrutement. Ils ont recruté à des postes auxquels il y avait un besoin. Ils ont pris des joueurs d’expérience, des joueurs qui ont amené une réelle plus-value au groupe et à notre jeu. C'est ce qui nous a permis de monter.

Le recrutement comprenait des joueurs venant du Mans, Versailles, Nancy, Annecy… C'est rare en National 2. Est-ce que vous vous sentiez « au-dessus » dès la préparation ?

Je ne peux pas dire ça. Surtout que notre préparation est tronquée en termes de résultat. Je crois qu’on ne gagne même pas un match. Mais ça veut tout et rien dire. Il fallait que la mayonnaise prenne, que les connexions se fassent entre les joueurs, que le projet de jeu soit assimilée par les recrues et tout ça prend du temps. Quand on a gagné notre premier match de championnat (NDLR : 1-2, à Haguenau), on a senti une vraie énergie et un groupe uni. On s’est rendu compte que c’était bien huilé et qu’on allait être dur à battre. Après, de là à dire qu’on allait rester invaincus jusqu’en 2025, on ne pouvait pas le savoir (NDLR : la première défaite de la saison en championnat arrive le 11 janvier face au FC93, 0-2). On avait une équipe costaude et on a pris confiance en nous.

"Je voulais faire du Loup Hervieu"

À 25 ans, tu fais partie des plus jeunes dans un effectif très expérimenté (30 ans d'âge moyen). Comment te fais-tu une place dans un vestiaire aussi mature ?

Je crois même que je suis le plus jeune maintenant (rires). J’ai toujours eu « l’habitude » d’échanger et de grandir avec des garçons plus âgés. Ce n’est pas un problème. Je suis simplement resté moi-même. J’ai continué de travailler dans mon coin et je me suis concentré sur mes objectifs sportifs, collectifs et personnels. J’ai appris à connaître le groupe et voir comment il fonctionnait. Puis j’ai essayé, comme je le pouvais, d’apporter ma pierre à l’édifice.

Quel rôle as-tu joué cette saison autant sur le terrain que dans le groupe ?

Alors ça, je ne sais pas. C’est aux coéquipiers, au coach et au staff de le dire. Je suis quelqu’un d’assez énergique, de combatif. En termes d’état d’esprit, j’ai essayé d’apporter ce côté combattant et revanchard. Je voulais faire du « Loup ». C’est-à-dire, quelque chose de simple, efficace et qui essaye de décevoir le moins possible.

En parlant de combativité, tu as pris 11 cartons jaunes en 28 matchs de National 2 cette saison. Quel est ton rôle sur le terrain ?

Bon, il y a 11 cartons jaunes, mais malheureusement, ils ne sont pas tous justifiés, selon moi. Il faudra en discuter avec les intéressés. Sur le terrain, j’ai pour rôle de courir, récupérer le plus de ballon et de le redonner simplement. Je suis un joueur de l’ombre. J’essaye d'être l’ouvrier de cette équipe. Je connais mes qualités et mes défauts et j’essaye d’être le plus efficace possible dans mon jeu.

Avec Fleury, vous avez été très solides entre les journées 17 et 27 (27 points, aucune défaite). Qu'est-ce qui a changé à ce moment-là de la saison ?

Ce qui était important, c’était de faire des séries. Celle-là fait partie de nos séries importantes. On ne se mettait pas d’objectif. On voulait juste gagner le match d’après et d’engranger un maximum de points. On se concentrait seulement sur nous-même parce qu’il y avait de la concurrence. À un moment, le FC93 était devant nous, Thionville revenait. On s’est mis dans notre bulle, on analysait le prochain match pour le gagner et ainsi de suite. C’est ce qui a fait notre force. On ne s’est pas éparpillé. Cette façon de penser nous a permis d’être très régulier sur l’ensemble de la saison.

Il y a-t-il un match ou un moment durant la saison après lequel tu te dis "ok, on va vraiment monter" ?

On ne pouvait pas se dire ça, parce qu’il pouvait se passer beaucoup de choses. Mais la victoire face à Épinal dans le match en retard (NDLR : victoire 1-2 à la fin du mois de mars) et face à Thionville juste après (NDLR : 0-3, alors que l'UST est sur une série de huit matchs sans défaite) assoient notre statut de leader. On se dit qu’on est bien embarqué et qu’il ne faut pas lâcher parce que si on continue ça va le faire.

Quel est le joueur qui t'a le plus impressionné cette saison dans votre effectif ?

Je ne ressortirai pas un nom en particulier. En revanche, je pense que c’est important de souligner notre solidité défensive. On a perdu les trois derniers matchs, mais on avait le statut de meilleure défense de National 2 avant ça. On ne faisait qu'un quand on défendait. C’est ce que je veux ressortir de la saison, avec notre résilience.

Que représente pour toi cette promotion en National en étant pleinement impliqué ?

C’est beaucoup de joie et de fierté. Puis c’est historique pour le club de Fleury. C’est la première fois qu’il atteint ce niveau. Je suis content de faire partie de cette équipe, de cette histoire et de cette aventure. Adviendra ce que la suite va nous réserver en National.

À Fleury, il y a aussi une équipe féminine professionnelle évoluant en Première Ligue Arkema. Comment se passe la cohabitation avec cette autre équipe ?

En réalité, on ne s'entraîne pas sur les mêmes terrains donc on ne se croise quasiment jamais. Du peu qu’on se voit, c’est une très bonne cohabitation. Elles viennent souvent nous voir jouer, on essaye aussi de se rendre à leurs matchs. Il y a une vraie unité au club.

Comment décrirais-tu l'environnement du club ? Les infrastructures, les conditions d'entraînement, la vie autour ...

Le club n’a pas encore de centre d’entraînement prédéfini. C’est en cours de recherche. Les dirigeants ont pour ambition de trouver rapidement. Pour parler du club en général, Fleury est un club sain, très familial avec des vraies valeurs. Ça permet de faire grandir le club de saison en saison.

"Mon objectif est de rester tant que je le peux"

Que représente pour toi le club du FC Fleury 91 aujourd'hui ?

C’est le club charnière de la fin de ma première partie de carrière. C’est un club avec pas mal de visibilité et avec lequel j’ai obtenu ma première promotion de National 2 à National.

À 25 ans, tu es déjà passé par le foot professionnel, semi-pro, des galères. Quel regard tu portes sur ces différents mondes du football ?

Dans le football, tout peut aller très vite, du bas vers le haut, comme du haut vers le bas. J’ai un parcours qui n'est pas linéaire, un peu semé d’embûches. Mais c’est à l’image de moi-même, avec beaucoup de résilience et sans ne jamais rien lâcher, ça m’a fait grandir.

Tu arrives en fin de contrat avec Fleury à la fin du mois de juin 2025. Est-ce que tu envisages une suite ici et donc faire partie de l'aventure en National 1 ou tu envisages d’aller plus haut ou ailleurs ?

Actuellement, il y a des discussions qui ont été entamées par le club. Je vais voir ce que l’avenir me réservera. Mon objectif est de rester tant que je le peux à Fleury. J’ai fait partie de cette histoire, j’aimerais bien la continuer.

Mais si Caen, là où tu as été formé, faisait appel à toi la saison prochaine, tu les rejoindrais ?

Caen a une place importante dans mon cursus de footballeur, mais aussi dans mon cursus de vie. Il faudrait déjà que les intérêts soient présents pour se poser la question.

Que peut-on te souhaiter pour l'avenir ?

Beaucoup de temps de jeu, pas de blessure et de s’éclater sur le terrain tout simplement.

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