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·26 avril 2024

Entretien – Grégory Poirier (Martigues) : « Je préfère le dire avant Niort : je demande juste à ce qu’on soit respecté »

Image de l'article :Entretien – Grégory Poirier (Martigues) : « Je préfère le dire avant Niort : je demande juste à ce qu’on soit respecté »

Grégory Poirier a un message à faire passer. À la veille du choc de la 31e journée de National face à Niort, deuxième et concurrent direct pour la montée en Ligue 2, l'entraîneur du FC Martigues (3e) s'est confié pour Foot National sur la manière dont il aborde cette rencontre face à un poids-lourd du championnat. Généralement discret dans ses déclarations envers l'arbitrage, le technicien anticipe et demande à ce que son club soit considéré et respecté, en s'appuyant sur des stats et certaines confrontations cette saison face à des cadors. Entretien.

Grégory, comment abordes-tu le choc face à Niort ?


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Dans ce championnat, il y a beaucoup d’entraîneurs expérimentés qui ont parlé soit de l’arbitrage, soit des pelouses. Pour ma part, je n’ai rien jamais rien dit publiquement. Pour autant, de par mes résultats, j’ai la légitimité de dire qu’on doit être respecté. Je ne sais pas si c’est l’affluence ou le poids de l’histoire, mais on sent vraiment une influence forte dans certains matchs, notamment au Red Star (défaite 2-0, le 9 février) ou à Sochaux (1-1, le 23 février), où on nous a refusé des buts valables. Forcément, on connaît les détails d’un match de National qui ne se jouent à rien. Il y a aussi le fait qu’à Nancy (défaite 3-2, le 15 avril), nous avons vite payé le moindre écart de conduite par un carton rouge. Aujourd’hui, par rapport à notre régularité dans les résultats, par rapport au travail et aux enjeux énormes, je demande simplement le respect de l’arbitrage. J’ai demandé à mes joueurs qu’ils ne parlent pas. Comme ça au moins, il n’y aura pas de soucis. Pour Niort, j’ai l’absence de mes trois capitaines (Kadir, Belloumou, Orinel) donc forcément, je n’ai pas de joueurs d’expérience pour échanger à l’arbitre comme peut l’avoir Niort avec Quentin Bernard et Bruno Ecuele Manga. On sait que Bernard est parvenu à faire obtenir un carton rouge à l’équipe adverse (Sochaux, ndlr) pas plus tard que lundi soir. Donc voilà, je préfère anticiper. Je ne demande aucun passe-droit ou quoi que ce soit. Je demande juste à être respecté.

Comment prépares-tu ton équipe à aborder ces fameux matchs que tu évoques ?

Cela fait maintenant deux ans que je suis dans ce championnat, et je peux vous dire que quand vous allez au Red Star, à Sochaux ou à Nancy, on sent le poids et l’influence que peuvent avoir ces clubs-là auprès de l’arbitrage. Nous, on va jouer au ballon. J’invite tous les gens à venir à ma causerie, je vais demander à mon équipe de jouer au ballon. Je n’ai pas une équipe dangereuse, qui fait beaucoup de fautes. Il faut savoir qu’en termes de fautes, sur tous les matchs à l’extérieur, j’ai 12 fautes de moyenne par match alors qu’on en subit 18. Et notamment beaucoup de fautes tactiques sur Amine Hemia. Tout ça, je veux le mettre en avant pour qu’on soit respecté, tout simplement. Certains vont dire qu’on a moins de résultats à l’extérieur. C’est vrai ! Sauf que lorsqu’on regarde les stats rationnelles, à savoir les datas, en termes de possession, d’occasions franches et fautes subies, on a de très bonnes stats malgré les contre-résultats à l’extérieur. Il y a vraiment un match à l’extérieur qui est à part, c’est celui au Mans (défaite 2-0, le 15 mars) où l’on a été en-dessous. Mais à chaque fois, on distingue bien les résultats à domicile et à l’extérieur. À Nancy on a joué à dix contre onze. Chez le Red Star, on les a dominés largement durant la première mi-temps. Et tous ceux qui suivent le National savent très bien qu’on a vraiment répondu aux attentes dans le jeu et qu’on a fait plus que jeu égal contre ces équipes-là.

Tu évoques un poids de l’histoire sur certains matchs. Mais à l’inverse, ressens-tu un manque de considération évidente envers ton équipe et toi-même ?

Le respect de l’arbitrage peut être la traduction d’un manque de considération. On ne va pas se mentir, nous sommes un club amateur et ça fait deux ans que nous faisons déjouer les pronostics. Encore plus cette année avec le traumatisme de la saison dernière et la non-montée à l’issue du championnat. Nous sommes face à une adversité composée de clubs professionnels énormes, qui possèdent une grosse histoire dans les championnats de Ligue 1 ou de Ligue 2. Donc forcément, il y a la difficulté d’être un club amateur par rapport à plein de problématiques dans le fonctionnement du quotidien. Il y a la difficulté de l’adversité parce que c’est un championnat ultra-compétitif. Je dis simplement que si ça fait deux ans que nous arrivons à faire ça, c’est que derrière il y a un gros collectif. Encore une fois, je m’appuie sur des stats. Les fautes faites, j’en ai 12 contre moi, je n’ai pris que deux expulsions (trois en réalité, ndlr) dont celle à Nancy qui était pour moi ultra rapide. Le moindre écart, on l’a payé. Je pense que tous les connaisseurs du National savent qu’on possède une forte identité joueuse. À Niort, je n’ai rien à cacher sur le plan de jeu : on va jouer au ballon et voilà. Il n’y a pas de surprise. J’ai des petits gabarits techniques et on va jouer sur ça. Je veux simplement qu’on protège le jeu et qu’on n’ait pas trop d’a priori sur qui nous sommes, d’où l’on vient et sur quelle histoire a le club, c’est juste ça.

« Je n’ai pas envie de subir encore un fait de jeu comme à Red Star ou à Sochaux »

Durant les quatre dernières journées, ton équipe doit également affronter Dijon ou encore Nîmes, des clubs de la stature du Red Star, de Nancy ou encore Sochaux. Au-delà du choc à Niort, ton discours anticipe-t-il aussi ces rencontres-là ?

Mon discours est valable pour tous les clubs et coachs amateurs qui travaillent dur. Ce n’est pas que Martigues. Nous sommes dans un championnat très particulier car hybride, avec des équipes professionnelles et des équipes amateurs. « Amateur », je ne sais pas si c’est le bon mot mais en tout cas ce championnat possède cette différence de statuts. Ça ne veut pas dire qu’à chaque match, il y a des injustices. Ça veut dire que dans les grands stades, quand il y a beaucoup de spectateurs, il y a une influence, il y a un poids de l’histoire et sûrement des enjeux aussi économiques, on sent qu’il existe parfois un manque de considération. Je n’ai rien dit depuis deux ans sur ça. Vous pouvez chercher partout, je n’ai rien dit. Mais aujourd’hui, je préfère le dire avant Niort : je demande juste qu’on soit respecté. Je n’ai pas envie de subir encore un fait de jeu comme au Red Star ou comme à Sochaux avec des buts refusés qui étaient largement valables, ou avec une expulsion hâtive à Nancy. Nous, on voit qu’on ne peut pas toujours discuter avec les arbitres. Il n’y a pas de souci ! Mais il faut que ce soit dans les deux camps. Je demande juste ça. Après, ça ne veut pas dire non plus que les clubs amateurs sont les gentils et les clubs pros les méchants. Moi-même, je veux qu’on devienne un club pro à Martigues et de faire une carrière d’entraîneur professionnel. Mais ça, c’est valable aussi lorsqu’on entraîne ses joueurs : il faut respecter le jeune joueur comme on respecte le joueur cadre en termes humains. Bien sûr qu’il y a un management qui est différent, mais la considération humaine doit être la même quelle que soit la personne en face. Encore une fois : à Niort, je vais demander à mon équipe de jouer au ballon et encore plus particulièrement qu’elle ne dise rien à l’arbitre. Je n’ai pas mes trois capitaines, en face il y a plusieurs joueurs d’expérience. Au Red Star, nous n’avons rien dit et nous avons malheureusement payé cher alors que c’est notre meilleur match depuis que je suis à Martigues.  À Nancy, ce n’était pas loin non plus d’être notre meilleur match.

Ce que tu évoques dans cette interview, c’est quelque chose que tu as appris ou découvert lors du sprint final de la saison dernière (*) ?

Pour moi, l’expérience est une vertu à qui sait la tirer, la reconnaître et la discerner. J’ai envie de penser que l’expérience de la saison dernière va nous servir. Mais maintenant, c’est à nous de le prouver sur le terrain. Mais c’est sûr que c’est un championnat très particulier, illisible et au sein duquel tout le monde peut battre tout le monde. Combien ont condamnait Cholet alors qu’ils ont pris des points au Red Star, à Martigues et à Niort ? Pour ma part, je fais attention à ces matchs à enjeux et notamment lorsqu’ils sont chez des clubs professionnels. L’expérience de l’année peut et doit nous servir. Et je pense qu’elle va nous servir. Une équipe comme Nancy n'est pas condamnée. Rien n’est fini, il y a encore douze points en jeu et on voit très bien que le National, ce sont des dynamiques qui fluctuent, qui évoluent. Que ce soit Niort ou nous, nous ne sommes pas dans une dynamique de résultats.

Dans ce match à trois pour la deuxième place, qu’est-ce qui va faire la différence selon toi ?

Je suis sûr d’une chose, c’est que ça va se jouer à la qualité du jeu. C’est là où l’expérience est importante, la capacité à ne pas être parasité par les enjeux parce que là, on parle de professionnalisation pour un club comme Martigues. On parle de passer d’un statut amateur à un statut pro avec tous les enjeux pour une ville et un club. Et on parle d’un retour en Ligue 2 pour d’autres clubs comme Niort et Nancy. Il y a des enjeux énormes qu’on nous rappelle tous les jours. Aujourd’hui, le but est d’avoir toutes les armes dans le jeu pour pouvoir basculer avec, encore une fois, cette importance de l’environnement, de tout ce qui va à côté. Il y a une gestion des émotions à avoir. Des notions mentales entrent en jeu en plus, mais cette capacité à faire du jeu va être importante.

*Promu la saison dernière, Martigues avait disputer la course à la montée jusqu'à la dernière journée avant d'être devancé par Concarneau et Dunkerque.

« On veut transformer le rêve en réalité »

Lundi soir, Niort s’est incliné sur la pelouse de Sochaux, manquant l’occasion de prendre cinq points d’avance sur ton équipe. Comment as-tu vécu la soirée ?

C’est particulier parce qu’en tant qu’entraîneur, j’ai toujours l’habitude de dire que le plus gros adversaire, c’est nous-même. Et encore plus depuis trois ans dans ce club-là où l’on a eu beaucoup de très bons résultats. On sait qu’il faut déjà régler les choses chez nous mais c’est vrai que cette fois-ci, on est derrière Niort. Force est de reconnaître que tu es davantage tributaire des autres résultats. Et là, plus la fin du championnat arrive, plus l’enjeu mathématique est important. Si l’écart avait été de +5, ça aurait forcément été plus dur même si ça nous aurait condamné à gagner nos quatre derniers matchs. Ce n’était pas non plus impossible, surtout qu’on avait cette chance d’avoir une confrontation directe. Mais c’est clairement un résultat qui doit nous donner de la force pour faire un exploit vendredi. Ça fait deux fois qu’on touche la Ligue 2. Maintenant, on veut transformer le rêve en réalité.

Comment sens-tu ton groupe dans cette dernière ligne droite ?

Globalement, je trouve que nous sommes beaucoup moins nerveux que l’année dernière. On a effectué plusieurs approches par rapport à ces difficultés qu’on avait dans les matchs à enjeux à l’extérieur et dans les grands stades. Il faut savoir que l’année dernière, on a eu de très bons résultats à l’extérieur mais moins à domicile. Cette année, c’est un peu différent. Mais quand je regarde les stats de jeu, je trouve parfois qu’on a fait de bien meilleurs matchs à l’extérieur qu’à domicile. C’est pour ça qu’avec la gestion des émotions et la nervosité, je vais être clair d’entrée avec mes joueurs : je veux qu’ils soient concentrés uniquement sur le jeu. Je sais que certaines attitudes peuvent être associées à de la nervosité, encore plus quand tu es expressif dans le sud. J’ai demandé à mon équipe qu’elle travaille là-dessus, même si c’est la vie de tous les jours ici, qu’il n’y a rien d’extraordinaire. Mais l’expressivité est différente, il faut qu’on travaille dessus pour nos quatre prochains matchs. À Nancy, on l’a payé fort. Dans l’ensemble, j’ai une équipe très joueuse, qui ne met pas beaucoup d’impact. Tout le monde le sait dans le championnat de National : nous sommes une équipe très très joueuse. C’est quelque chose qu’on va devoir poursuivre parce que c’est notre ADN, tout simplement.

Pour terminer, ton avenir est-il conditionné au dénouement de cette saison ?

(Rires) C’est un peu « joker ». Je sais que beaucoup de coachs utilisent cette langue de bois mais c’est vraiment ma façon de fonctionner, je suis vraiment dans l’instant présent, dans la dernière ligne droite. Et je me dis qu’on mérite tellement depuis deux ans que ce groupe-là, je dois l’emmener en Ligue 2. C’est tout ce qui compte. Après, je vais voir mes dirigeants et je verrai ce qui se passe l’année prochaine. Je sais que quoi qu’il arrive, j’ai fait du très bon travail mais aujourd’hui je ne veux pas m’arrêter là, pour moi ce n’est pas du bonus. Je sais que j’ai des sollicitations mais pour moi ce groupe-là mérite. On a fait quelque chose d’extraordinaire et je veux l’amener en Ligue 2. Après, on verra avec mon président américain et le directeur sportif Djamal Mohamed.

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