Entretien avec R. Calvet, de capitaine 🇫🇷 au Mondial U17 à Sedan | OneFootball

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Romain Welter·27 mars 2021

Entretien avec R. Calvet, de capitaine 🇫🇷 au Mondial U17 à Sedan

Image de l'article :Entretien avec R. Calvet, de capitaine 🇫🇷 au Mondial U17 à Sedan

Très grand espoir de l’AJ Auxerre et capitaine d’une belle génération française à la Coupe du monde U17 en 2011, Raphaël Calvet a décidé de tenter sa chance en Angleterre à l’âge de 19 ans. Revenu en France deux ans plus tard, il a dû repartir de zéro entre National 2 et National mais a vécu de belles expériences avec Annecy, Le Mans et Sedan. Il raconte sa carrière en toute franchise.


Les débuts à l’AJ Auxerre


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L’arrivée à l’AJA…

Je suis né à Auxerre. J’ai commencé au Club Avenir Saint-Georges, un petit club à côté d’Auxerre puis j’ai pu signer à l’AJ Auxerre à 11 ans. J’ai commencé au centre de pré-formation avec l’objectif de rejoindre le centre de formation. Ce n’était pas une mince affaire puisque surtout à mon époque, Auxerre était un des plus gros centres de formation de France avec des joueurs qui arrivaient de partout, Paris, Marseille, etc. Les meilleurs de toute la France.

Du centre aux pros…

Mais j’ai réussi à intégrer le centre de formation et franchir toutes les étapes jusqu’au groupe pro. J’étais conscient qu’être au centre de formation d’Auxerre, ce n’était pas rien. Et j’ai toujours été surclassé. Sans prétention, je sentais bien que j’avais ce petit truc en plus. Devenir professionnel et en vivre, cela a toujours été mon objectif. Au fur et à mesure des années, je m’en rapprochais. A 16 ans, j’étais déjà avec la National 2. A 17 avec le groupe pro. Donc j’ai vite compris qu’il y avait des choses à faire.

Les Bleuets et la Coupe du monde U17 en 2011

Jouer en équipe de France…

L’équipe de France, c’est extraordinaire. Quand on est jeunes et qu’on commence à vivre de son métier, ce n’est plus un simple sport et ça devient un métier, ça devient sérieux. C’est ce pour quoi on vit. Et l’équipe de France, c’est quand même le Graal quand on est joueur de foot. C’est une sélection. En plus, il y avait un vivier monstrueux en France donc être sur une liste de 23 joueurs, c’est forcément gratifiant et ça permet de vivre des expériences monstrueuses. Que ce soit la Coupe du monde, l’Euro ou même les amicaux quand tu vas jouer contre l’Italie, l’Allemagne… Ca a une autre saveur que les matches en club et c’est franchement top.

Le Mondial U17 en 2011 (capitaine de la génération Zouma, Haller, Laborde, B. Mendy, Laporte, Benzia, etc.)…

La Coupe du monde au Mexique, c’était extraordinaire. On est partis un mois et demi au Mexique. C’était les premières fois où on jouait devant autant de monde. Tu as des stades pleins avec des supporters. Tu es à l’autre bout du monde et tu rencontres toutes les meilleures sélections au monde. C’est une Coupe du monde quoi ! On le sent avec l’organisation de la FIFA, tout est du haut niveau que ce soit sur le terrain ou en dehors.

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La médiatisation très jeune…

C’est un truc en plus. Ca ne rajoute pas de pression. Enfin si, une petite pression mais c’est positif parce que ça donne encore plus envie de travailler. Et c’est une mise en lumière. Quand tu es sélectionné pour aller à la Coupe du monde au Mexique, tu as des sollicitations même de gros clubs européens. Tu te rends bien compte que c’est sérieux.

Un souvenir collectif impérissable…

Oui, ça restera quelque chose entre nous. Après si tu prends les gars qui étaient à cette Coupe du Monde, certains sont titulaires dans les plus grands clubs européens et d’autres ont arrêté le football. Forcément, ceux qui jouent la Ligue des champions tous les ans vivent peut-être des émotions plus fortes que celles de la Coupe du Monde U17. Mais même sur le moment, on savait qu’on vivait un truc extraordinaire.

La fin à Auxerre et l’expérience anglaise à Brentford (2011-2015)

Un fin d’aventure moyenne à Auxerre…

Je m’entraînais avec les pros mais je n’ai fait qu’un match de Ligue 2. Il y a eu un changement d’entraîneur avec l’arrivée de Bernard Casoni puis je me suis blessé au ménisque quand je devais avoir ma chance. Il y a donc eu deux-trois choses qui se sont mal passées.

Quitter la France et choisir Brentford à 19 ans…

A partir de là, j’ai eu une offre de Brentford en Angleterre et j’ai décidé d’y aller. C’était un très beau projet et cela me correspondait. Mais cela a été difficile de prendre la décision de partir à l’étranger parce qu’Auxerre, c’était mon club de coeur, celui de ma ville. J’aurais aimé beaucoup plus jouer avec l’AJA, je pense que j’aurais pu. Mais dans le football, il faut aussi prendre des décisions et faire des choix de carrière en sachant que les carrières sont courtes.

Une expérience mitigée en Angleterre…

J’ai fait ce choix qui était cohérent. On ne connait pas forcément Brentford en France mais c’était quand même un très beau projet. Mais finalement, j’étais un peu trop jeune en arrivant là-bas. J’ai eu un peu de mal à m’adapter. Tout change : la langue, le pays, même le football est complètement différent. J’ai fait quelques matches la première saison mais je n’ai pas joué la seconde. J’ai donc décidé de rentrer en France.

Les difficultés en Angleterre…

C’est un tout. Ce n’est pas quelque chose en particulier. Déjà à l’entraînement, le football était beaucoup plus direct et moins tactique par exemple. C’est pour ça que c’est spectaculaire à regarder. Ce n’est pas une question de qualité de défenseur mais c’est tactiquement où c’est moins strict en fait. Le jeu est plus direct, il y a plus d’occasions, de transitions. Tout va beaucoup plus vite, ça ne s’arrête jamais. Et ça, il faut s’y adapter assez rapidement et ça passe par l’entraînement. Je me rappelle que j’ai eu un petit moment de flottement. Et dans le football, comme tout va très vite, si on n’accroche pas le wagon d’entrée, c’est compliqué pour le rattraper ensuite. Surtout dans un pays qu’on ne connait, avec une langue étrangère… J’ai eu un peu de mal à me mettre dedans et je pense que j’aurais pu faire mieux là-bas.

La France oublie vite…

En partant d’Auxerre, j’avais quand même pas mal de sollicitations, notamment de clubs de Ligue 2 donc je me suis dit que j’avais peut-être perdu une année (à Brentford) mais que ce n’était pas trop grave. Je pensais que j’allais rentrer en France sans problème et trouver un club en Ligue 2. En fait, je me suis aperçu que tout allait très vite et que ce n’était pas si simple de revenir. On est très vite oublié en réalité. Dans l’intervalle, d’autres joueurs sortent et personne ne nous attend de toute façon. Donc j’ai un peu galéré à trouver un projet intéressant en rentrant en France.

Annecy et Le Mans (2016-2019)

Rebondir en N2…

Finalement, j’ai signé à Annecy en National 2 où il y avait un beau projet. Je connaissais déjà quelques joueurs et j’ai été très bien accueilli. C’était un club qui jouait d’ailleurs la montée.

Un retour pas simple en France…

Cela a été compliqué à vivre. Je ne vais pas mentir. On se rend compte de la réalité. Jusqu’à présent, tout s’était bien passé. Tout allait plutôt dans mon sens jusqu’à l’Angleterre où j’ai eu un peu de mal à m’adapter. Mais je n’ai jamais douté. Et en fait, en rentrant en France, je me suis rendu compte de la réalité du monde en gros, et plus particulièrement du football. Tout va très vite. Quand on fait une énorme saison, ça va vite et c’est vrai dans l’autre sens si on joue un peu moins une saison. Je m’en suis rendu compte à ce moment-là.

Annecy, une aubaine et deux belles saisons…

J’ai eu la chance d’être dans un groupe de qualité. Pour être honnête, quand je suis rentré d’Angleterre et qu’on me parlait de N2, je ne pensais pas retourner à ce niveau. Comme j’avais des équipes de Ligue 2 et des grosses écuries de National sur moi quand je suis parti à Brentford, je pensais ne pas avoir trop de souci. Forcément, aller en N2, c’était compliqué. Mais à Annecy, il y avait un groupe de qualité et un club bien structuré qui fait tout pour se rapprocher du monde professionnel. Donc je ne suis pas arrivé dans un club de N2 « classique ». Il n’y avait donc pas un énorme écart et cela m’a permis de plutôt bien le vivre. On a d’ailleurs fait deux belles saisons et on a manqué la montée d’un point face à Villefranche lors de la seconde.

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Le projet manceau et la montée en Ligue 2…

Là, j’ai eu une offre du Mans. Forcément ça m’a intéressé, c’était quand même un gros club et en plus en National. Au début, cela a été un peu compliqué. Je suis arrivé mais j’avais l’impression que l’entraîneur Richard Déziré ne me faisait pas vraiment confiance. Mais finalement je suis parvenu à m’imposer, à le convaincre et j’ai joué une quinzaine de matches. Une saison avec des hauts et des bas mais tout de même une belle saison avec la montée à la clé. En plus, la façon dont on monte avec le dernier match à Ajaccio, c’était quand même fort (lors des barrages National/L2, Le Mans perd le match aller 1-2 à domicile puis gagne 2-0 en Corse avec un penalty ajaccien repoussé à la 94e puis le but décisif à la 97e).

Une fin à l’amiable…

Mais l’aventure avec Le Mans s’est terminée parce qu’on n’était pas forcément d’accord, que ce soit le coach, le président Gomez ou moi. On a donc décidé de ne pas continuer ensemble et j’ai signé à Sedan où je connaissais le coach Sébastien Tambouret qui m’appelait depuis quelques mois.

Sedan (2019-)

Un beau projet à Sedan…

C’est vrai que c’était de la N2 mais c’est quand même très professionnel avec de belles infrastructures, un public. On a réussi une très belle saison l’année dernière avec 13 victoires consécutives sans prendre de but pour commencer. Donc c’était assez fou. Mais au final, on a enchaîné trois, quatre nuls et une défaite. Bastia nous est passé devant deux semaines avant le Covid. Et voilà terminé. C’était vraiment frustrant.

Se remettre d’une deuxième place en N2 pour la deuxième fois…

Il faut pas se voiler la face, c’est compliqué. A Annecy, on fait une vraie belle saison mais en N2, il n’y en a qu’un qui monte et il n’y a aucun droit à l’erreur. Alors forcément on repense à tel match où on a fait un nul mais on aurait dû gagner, etc. Forcément on y repense et il faut du temps pour digérer et accepter. Après on passe à autre chose quand la nouvelle saison reprend avec la préparation.

Les souvenirs d’une saison unique dans les Ardennes…

Mais la saison dernière avec Sedan a vraiment été frustrante parce qu’on avait vraiment une belle équipe, un beau groupe. On avait créé quelque chose d’extraordinaire. Pourtant, c’était en N2 mais j’ai vraiment pris énormément de plaisir. Déjà, on est tombés dans la même poule que Bastia qui est quand même un sérieux concurrent. Avec le nombre de points qu’on avait, dans n’importe quel autre groupe, on serait monté mais là il y avait Bastia. On arrive à les mettre à huit points avant la trêve, c’était fort mais c’est d’autant plus frustrant parce qu’on n’a pas pu aller jusqu’au bout du championnat. On était premier jusqu’à quinze jours avant le confinement et finalement cela s’est arrêté là-dessus. Cela a été franchement dur à digérer. En plus, on ne savait pas si on allait reprendre, qui allait monter ou pas, si le classement serait fait au ratio, etc. Cette incertitude a duré des semaines et finalement on n’est pas montés. Après, Bastia a fait une belle saison. Mais cela a été un peu compliqué de repartir. Sedan est cependant un club qui mérite d’être au-dessus donc on finira par y arriver.

Le sentiment d’invincibilité à Sedan (série de 13 victoires sans prendre un but)…

Invincible, c’est fort. On savait qu’on était pas invincibles et qu’un match de foot reste un match de foot. Il faut toujours y mettre les ingrédients sinon tu te fais avoir. Mais on dégageait une sérénité et une force sur le terrain. On sentait qu’on était ultra solides défensivement. Si on concédait une situation et une occasion par match, c’était le maximum. On ne prenait jamais l’eau. Et on arrivait à être efficace devant. On ne se créait pas beaucoup d’occasions mais avec 2-3 on marquait. Et on savait que quand on marquait, c’était quasiment terminé. Même dans les matches plus difficiles où parfois on prenait des rouges rapidement, on était là. Je pense à un match à St-Maur où c’était vraiment compliqué sur un synthétique avec en plus un rouge au bout de vingt minutes. Mais on n’a jamais paniqué parce qu’on savait qu’on était très forts défensivement et qu’on allait marquer sur la moindre occasion. Dans le football, je pense aussi qu’il y a des spirales positives. On gagne, on prend confiance et on devient meilleurs. Ainsi de suite.

Les conditions difficiles en N2…

Je trouve que c’est le gros écart, ne serait-ce qu’avec le National. C’est le plus dur en N2. Certains déplacements, certains matches sont compliqués. Les terrains sont très moyens. Les conditions de jeu globales sont compliquées mais c’est à nous d’être meilleurs pour aller au-dessus.

Le bilan

Son objectif pour le futur…

Je veux retrouver le monde professionnel et je veux savoir à quel moment je vais attendre mon maximum. Sans prétention, je me rends compte qu’en N2, ce n’est pas forcément ma place même s’il y a des bons joueurs et que c’est un bon niveau. Je voudrais voir jusqu’où je peux aller et quel est mon niveau réel.

Des regrets ?

Des regrets, c’est un grand mot. Par exemple, mon choix d’aller à Brentford… C’est sûr quand j’y réfléchis, je me dis que j’aurais peut-être joué en restant à Auxerre et que j’aurais pu faire des saisons pleines en Ligue 2 en étant jeune. Après on peut imaginer 150 scénarios différents. Mon choix d’aller à Brentford a été critiqué. J’estime qu’à ce moment-là, c’était le bon choix parce qu’on voit aujourd’hui où est ce club, aux portes de la Premier League. Si cela s’était bien passé là-bas, cela aurait pu être très positif pour moi. Je ne vis pas dans le regret. Je travaille, je suis conscient du monde du football et je donne le maximum pour être toujours le meilleur possible sur le terrain. C’est ma philosophie.

Les mises en garde sur les hauts et les bas d’une carrière…

Ils nous l’apprennent jeune. Mais il y a un monde entre le savoir et le vivre. Ils nous le disent mais on est jeunes. Quand ça tourne plutôt bien, on ne doute pas. Quand on est jeune, on se sent invincible quelque part. Surtout quand on joue en équipe de France et qu’on signe pro assez jeune. L’objectif, c’est de ne pas douter. Je pense que c’est une qualité. On sait que ça peut aller très vite, on nous l’a dit et après il y a la réalité de la vie.


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