Sambafoot
·2 mars 2022
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·2 mars 2022
Jair Ventura est entraîneur et ancien joueur de football. L’un des principaux noms de la nouvelle génération d’entraîneurs brésiliens, il n’a que 42 ans, mais a travaillé dans certains des meilleurs clubs du football brésilien. Son passage le plus marquant jusqu’à présent a été à Botafogo, entre 2016 et 2017, mais il a également entraîné de grandes équipes comme les Corinthians et Santos. Son dernier poste était à la Juventude, une équipe qu’il a dirigée dans la dernière ligne droite du Brasileirão 2021 en atteignant l’objectif du maintien en Série A (Première division).
Malgré une courte carrière, il collectionne déjà les étiquettes – qui, selon lui, ne cesseront d’exister – et se considère comme un professionnel flexible et ouvert afin d’échanger avec ses joueurs, “les protagonistes du jeu”, comme il les appelle.
Dans une interview exclusive à Sambafoot, Jair parle de ce que c’est que de jouer au football en tant que fils d’un des plus grands joueurs de l’histoire du sport au Brésil, révèle les défis liés à la gestion des équipes de la première division nationale, et les attentes pour la Coupe du Monde au Qatar à la fin de l’année. Ci-dessous, vous pouvez découvrir l’intégralité de notre conversation avec l’un des plus jeunes entraîneurs du Brésil qui ne croit surtout pas qu’un professionnel “est meilleur qu’un autre à cause de son âge ou de la couleur de son passeport”.
Sambafoot: Commençons par parler de vos débuts dans le football : votre carrière de joueur a été très courte. Pourquoi ça ? Regrettez-vous de vous être arrêté si tôt ?
Jair Ventura: Ma carrière a été très courte parce que je suis resté loin de l’excellence. Je n’ai pu atteindre mes objectifs. Je suis quelqu’un qui exige beaucoup de moi-même, et le rêve de jouer et de travailler dans de grands clubs s’éloignait chaque jour un peu plus. Quand je me suis retrouvé en deuxième division à Rio, à Mesquita, où j’ai joué, et deux ans en Afrique, au Gabon, j’ai décidé de suivre une nouvelle voie dans le football, en dehors du terrain. En 2005, je suis donc allée à l’université pour étudier l’éducation physique et j’ai obtenu mon diplôme en 2009. En 2010, j’ai joué mon premier match en tant qu’entraîneur professionnel.
Je suis content d’avoir arrêté (de jouer en tant que joueur). Bien sûr, je rêve encore de jouer de temps en temps, j’aurais pu insister un peu plus. Mais comme j’étais loin de mes anciens objectifs, j’en ai cherché de nouveaux. Aujourd’hui, je suis heureux d’avoir pu rejoindre de grands clubs et d’avoir travaillé pendant trois ans dans les catégories de jeunes de l’équipe nationale brésilienne. Je suis donc heureux de ne pas avoir accompli qu’une seule tâche, et en étant encore qu’au début de ma carrière d’entraîneur, d’avoir déjà connu de grands clubs ainsi que l’équipe nationale brésilienne.
Sambafoot: Quel est le poids d’être le fils de Jairzinho, l’un des plus grands noms de l’histoire du football brésilien ? Quelle influence cela a-t-il eu sur votre carrière de joueur ?
Jair Ventura: Le poids est très important, je le dis toujours lorsque j’en ai l’occasion. Le simple fait d’être né fils de Jairzinho est déjà un privilège. J’ai quitté la maison à 16 ans, mais jusque-là, vivre au côté d’une idole est fantastique. Mais le poids, comme j’étais un attaquant, surtout ici au Brésil, est lourd. A l’étranger, il y a plusieurs exemples de parents dans le football, non ? Ronald de Boer et son frère Frank de Boer ont joué ensemble, il y a Maldini et son fils, et Mazinho lui-même, dont les fils sont tous brésiliens, mais ont fait carrière à l’étranger.
Ici, au Brésil, c’est un peu plus difficile, la pression est beaucoup plus forte. Mais je referais tout de la même manière si je pouvais choisir d’être le fils de Jairzinho. Si je pouvais être à nouveau son fils, j’accepterais parce que c’est un grand privilège d’avoir un père qui est une idole, et pas seulement ça, il est une référence pour moi en tant que personne, de part son comportement, son caractère en tant qu’être humain. Il est, pour sûr, ma grande référence pour tout ce qu’il est, non seulement sur le terrain, mais en tant que personne, principalement, pour tout ce que j’ai cité.
Sambafoot: En tant qu’entraîneur, vous avez pris en charge Botafogo en 2016, après le départ de Ricardo Gomes, et avez réalisé une campagne historique. À votre avis, qu’est-ce qui a contribué à un tel succès en si peu de temps ?
Jair Ventura: D’abord les joueurs, non ? Ils sont toujours responsables de tout. Bien sûr, j’ai passé neuf ans et onze mois à Botafogo, et connaître le club aide. Mais l’essentiel est que vous connaissiez vos athlètes. Comme j’étais un habitué de la maison, je connaissais les caractéristiques de tous les joueurs. Sans exception, y compris les jeunes joueurs que j’ai toujours suivis. C’est donc pour cela que les coachs demandent du temps. Nous voyons des entraîneurs qui restent peu de temps dans leur club car, si vous ne connaissez pas les joueurs, cela rend les choses beaucoup plus difficiles. Mais vous me demandez : “Ne les connaissez-vous pas en regardant les matchs et en jouant contre eux ? Non. Vous apprenez vraiment à les connaître lorsque vous travaillez avec eux au quotidien, lors de séances d’entraînement spécifiques.
Le quotidien vous donne l’occasion de voir ce que j’ai fait, par exemple, avec Bruno Silva, qui avait même joué comme défenseur à Avaí, faisant pratiquement un extra avec nous. Vous faites venir Lindoso, qui était le numéro 10 de Madureira, pour jouer en tant que second milieu de terrain, afin que nous puissions gagner dans la phase de construction. Doubler les ailiers, comme nous l’avons fait avec Diogo Barbosa et Victor Luís. Ce sont des situations dans lesquelles vous apprenez à connaître les caractéristiques de votre équipe et cela rend le travail beaucoup plus facile. Il était évidemment important et logique qu’ils adhèrent à l’idée et de la mettre en œuvre de la meilleure façon possible. Je crois que les protagonistes du jeu sont toujours les joueurs.
Sambafoot: Fin 2016, vous étiez très convoité par d’autres clubs, qui avaient peut-être même un pouvoir d’investissement plus important, mais vous avez préféré renouveler avec Botafogo pour deux saisons supplémentaires. Aujourd’hui, avec le recul, pensez-vous avoir pris la bonne décision ?
Jair Ventura: J’en suis sûr ! J’ai été très questionné pour cela fin 2017 quand je suis parti là-bas, après 99 matchs et dix ans à Botafogo. Mais à ce moment-là, en 2016, il s’est produit ce redressement qui a été un exploit sans précédent dans le football brésilien. Lorsque nous sommes passés de la zone de relégation à la Libertadores, de la 16e à la 5e place en un seul tour, cela n’était jamais arrivé auparavant dans le football brésilien.
Bien sûr, après cela, les sollicitations d’autres équipes apparaissent et elles se sont réellement manifestées. Mais j’ai compris qu’il était encore temps pour moi de continuer, de poursuivre le travail. J’étais heureux et je ne regrette à aucun moment d’avoir continué (à Botafogo), à tel point que 2017 a été l’année de la confirmation. Une année où nous sommes allés jusqu’en quarts de finale de la Libertadores et où nous sommes éliminés face au champion Gremio, jusqu’à la demi-finale de la Copa do Brasil, en sortant face à Flamengo et malgré tout, à un (1) point près, nous n’avons pas obtenu une seconde qualification consécutive pour la Libertadores 2018.
Sambafoot: Puis, en 2020, en tant qu’entraîneur de Sport, vous avez sauvé l’équipe de la relégation lors du Brasileirão cette année-là, ce qui a poussé un fan du club à tatouer votre visage en guise d’hommage. Qu’avez-vous pensez de tout cela?
Jair Ventura: Je pense que, jusqu’à aujourd’hui, il n’y avait pas de plus grande forme de gratitude que celle-ci, n’est-ce pas ? Ce n’était pas seulement le visage, le fan a en fait tatoué mon corps entier sur sa jambe. Il en a fait tout le tour. Lorsqu’ils m’en ont parlé, j’ai cru à une blague, mais lorsqu’ils ont commencé à le rendre public dans les médias et que je l’ai vu, j’ai été choqué. Bien sûr, c’est très gratifiant, cela montre à quel point nous, qui travaillons dans le football, avons la responsabilité d’apporter de la joie aux supporters et de connaître toute leur passsion pour le club.
Cela incite à nous investir et à faire encore plus d’efforts pour pouvoir offrir des moments privilégiés à ces fans. Sport était déjà considéré par beaucoup comme la première équipe à être reléguée, ils avaient l’investissement le plus bas cette année-là, et nous avons réussi à leur éviter la relégation avec deux/trois journées d’avance, et nous avons maintenu le club en Serie A pour l’année suivante.
Sambafoot: Qu’est-il arrivé à Chapecoense lors du Brasileirão de l’année dernière qui a rendu impossible pour vous et les autres entraîneurs le fait d’éviter la relégation de l’équipe ? La campagne de Chape, en plus de cela, a été la pire de l’histoire du Brasileirão en termes de points. A votre avis, quels étaient les problèmes de l’équipe ?
Jair Ventura: Le problème de Chape, je l’ai déjà expliqué plusieurs fois. Lorsque l’accident s’est produit, j’étais au sommet de ma carrière et j’ai perdu de nombreux amis dans cet avion. L’un d’eux était mon entraîneur et ancien assistant, Caio Júnior. À ce moment-là, je ne savais pas ce qui allait se passer dans mon avenir, dans ma carrière. Mais j’ai fait la promesse à ma famille et à mon staff que, si j’en avais l’occasion, je travaillerais à Chape. Si vous analysez les circonstances, et je fais toujours cela avec les clubs qui m’invitent, je n’accepterais pas la proposition.
Maintenant, pour répondre à votre question : l’équipe qui s’est qualifiée en Serie B a été démantelée pour concourir en Serie A. Alors, quand vous entrez dans une compétition beaucoup plus difficile avec une équipe plus faible que celle que vous aviez en Serie B, c’est compliqué. Chape a perdu ses joueurs clés et ne les a pas remplacés, c’est ce qui s’est passé. C’est pourquoi ils ont eu cinq entraîneurs l’année dernière et aucun d’entre eux n’a réussi à trouver la solution, car l’équipe a été dissoute de la Serie B à la Serie A.
Sambafoot: Votre arrivée à Juventude lors du dernier Brasileirão a donné comme un nouveau souffle au club, qui a réussi à échapper à la relégation lors de la dernière journée. Quels ont été les facteurs déterminants pour cela ? Et pourquoi le travail n’a pas eu de continuité cette année ?
Jair Ventura: C’est la troisième fois que nous avons pris une équipe dans la zone de relégation et que nous avons réussi à y échapper. C’était comme ça à Botafogo, Sport et ensuite Juventude. Il y a eu 11 matchs et nous étions à six points du premier non reléguable, et nous avons réussi à nous maintenir en en Serie A. C’était difficile ? Oui, c’est vrai ! C’était à la dernière journée? Oui, c’est vrai ! Mais nous avons eu un très bon pourcentage, supérieur à celui de Fortaleza, par exemple, qui s’est qualifié pour la Libertadores. Et les joueurs ont été décisifs une fois de plus. Je croyais beaucoup en ces joueurs. Bien que j’ai perdu Paulinho Boia, un joueur important qui n’a joué qu’un seul match avec moi et a été vendu après cela. Nous avons perdu un joueur de ce calibre lors de la partie la plus décisive du championnat, nous affaiblissant. J’avais également perdu Matheus Peixoto, qui était le meilleur buteur de l’équipe.
Mais grâce à l’engagement et au dévouement des joueurs, nous avons réussi à atteindre cet objectif. Tout comme Sport, Juventude était également l’équipe dont le budget était le plus faible à l’époque, mais nous avons tout de même réussi à rester l’année suivante. Et l’année suivante, ce qui s’est passé, c’est ce que j’ai dit avant, non ? Je ne peux pas vous l’expliquer, les responsables du licenciement doivent s’expliquer, mais il est clair que si vous n’obtenez pas les résultats escomptés en seulement quatre matchs, des changements ont lieu. Cela n’arrive pas seulement à la Juventude, mais au football dans son ensemble.
Sambafoot: A 42 ans, vous êtes déjà passé par Botafogo, Santos, Corinthians, Sport, Chape et Juventude. Quels sont vos projets pour l’avenir ? Continuer à étudier ?
Jair Ventura: Oui, je suis toujours en train d’étudier. Surtout dans les moments où nous sommes à la maison. Parce que lorsque nous travaillons, nous vivons et pensons au club, à notre équipe et au prochain adversaire. Mais quand nous sommes à la maison, nous pouvons voir les autres tendances du football mondial. Vous pouvez vous posez et suivre d’autres ligues. Étudier beaucoup, c’est toujours bien. Ils m’ont demandé si j’étais prêt à reprendre Botafogo en 2016, et j’ai dit non. Les journalistes étaient effarés. Ils ont eu un choc lors de la conférence de presse : “Si vous n’êtes pas prêts, que faites-vous là ?
Et je crois que je ne serai jamais prêt. Je pense qu’il faut toujours étudier, toujours s’améliorer. Je suis certainement un bien meilleur entraîneur que je ne l’étais hier. Nous avons des réunions hebdomadaires avec le personnel, nous sommes déjà à la recherche de nouvelles formations et de nouvelles choses. Je ne peux pas avoir des résultats différents si je fais les mêmes choses. Nous sommes toujours en train de nous améliorer et de chercher de nouvelles façons d’évoluer. Non seulement en tant que professionnel, mais aussi en tant que personne. C’est ce qui est bien quand on est un jeune entraîneur : on a toujours de nouvelles choses à apprendre et on ne cesse d’évoluer.
Sambafoot: Certains journalistes vous ont qualifié d’entraîneur “d’arrière-garde”, et vous avez dit que vous étiez fier de cette réputation. Que pensez-vous de la critique d’un style de jeu plus réactif ? Pensez-vous que, selon le club dans lequel vous jouez, c’est la meilleure façon pour l’équipe de se comporter sur le terrain ?
Jair Ventura: Les étiquettes sont là, non ? Surtout pour les personnes qui font des choses importantes. Il n’y a pas moyen d’en échapper ! Quand j’étais assistant, je n’avais pas d’étiquette car je n’avais pas pris de grand club. Le premier entraîneur qui m’a ouvert les portes de l’entraînement était Cuca, qui est aujourd’hui l’un des plus grands entraîneurs du football brésilien, qui a tout gagné. Lorsque j’ai commencé mon stage, il était catalogué comme un perdant, et aujourd’hui il est l’un des entraineurs les plus titrés du football brésilien. Les étiquettes sont là pour être retirées et elles existeront toujours.
Je pense que le grand secret de tous ces jugements est de respecter les opinions des gens, mais de ne pas les laisser vous définir. Vous devez respecter ce que les gens pensent de vous, mais sachez que les étiquettes que les gens vous collent ne vous définissent pas. Je respecte les opinions de chacun, mais elles ne me définissent pas. Je me suis qualifié en phase de groupe de la Libertadores 2017 avec Botafogo à la première place à une journée de la fin avec 44% de possession par match, c’est-à-dire du football réactif. Je suis allé à Santos, où j’avais une équipe de joueurs aux caractéristiques totalement différentes de celles des joueurs de Botafogo, et je me suis qualifié premier en phase de groupe de la Libertadores 2018, également avec une journée d’avance, avec qui plus est 78% de possession.
En d’autres termes, vous pouvez obtenir de bons résultats avec différents modèles de jeu, pour autant que vous disposiez de joueurs ayant les caractéristiques requises. Je dis toujours que je vais être ce coach : je ne vais pas être un coach avec une seule caractéristique. L’équipe que je reçois, si elle a les qualités pour jouer d’une certaine manière, je jouerai de cette façon là. Je ne suis pas un type qui va arriver dans un endroit et faire faire aux joueurs, qui n’ont pas une caractéristique spécifique, quelque chose qu’ils auront du mal à faire. Je m’adapterai toujours aux spécificités des clubs pour lesquels je travaille. J’ai plus de 220 matchs en tant qu’entraîneur et c’est ce que j’ai toujours essayé de faire dans tous les clubs où j’ai joué.
Sambafoot: Vous avez suscité une controverse lorsque vous avez fait un commentaire sur la venue d’entraîneurs étrangers au Brésil il y a quelques années. Depuis lors, on en compte beaucoup plus dans le championnat. Comment avez-vous répondu à la critique et comment voyez-vous cette situation aujourd’hui ? Et avez-vous l’intention, un jour, de travailler dans un autre pays ?
Jair Ventura: L’un de mes devoirs est aussi de me positionner. Je me positionnerai toujours sur ce que je pense et ce que je crois. Je pense que, pour être un leader et un manager, il faut être quelqu’un qui sait comment se positionner. Je me suis positionné et je me positionne encore par rapport à cela. J’ai dit et je répète encore qu’il doit y avoir une réciprocité. Si vous exigez une licence pour que nous puissions travailler en dehors du pays, pourquoi cette licence n’est-elle pas exigée pour ceux qui viennent travailler dans notre pays ? Beaucoup de gens m’ont demandé si nous devions avoir uniquement des jeunes entraîneurs, lorsque la vague de jeunes entraîneurs est arrivée, et j’ai répondu non. J’ai dit que nous devions voir qui sont les jeunes entraîneurs. J’ai dit que tu dois voir qui sont les meilleurs, pas seulement leur âge.
Et je vois la même situation avec les étrangers. Les meilleurs étrangers doivent venir, et les bons doivent rester dans notre football. Qu’ils soient jeunes ou plus expérimentés, cela n’a pas d’importance. Si vous pensez qu’une personne est meilleure qu’une autre en raison de son âge ou de la couleur de son passeport, cela frise l’ignorance, à mon humble avis. Une personne peut être bonne quel que soit son lieu de naissance, son âge et son expérience. Je pense que tous ceux qui sont plus qualifiés devraient rester dans le football brésilien afin que nous puissions toujours améliorer notre football dans son ensemble.
Sambafoot: Quels sont les entraîneurs que vous admirez le plus et pourquoi ?
Jair Ventura: J’ai un certain nombre d’entraîneurs que j’admire. J’ai été assistant pendant presque dix ans à Botafogo, et aujourd’hui je suis entraîneur grâce à tous les entraîneurs avec lesquels j’ai travaillé. Je ne les nommerai pas tous car ils étaient nombreux, mais j’ai du respect et de la gratitude pour chacun d’entre eux. C’est grâce à eux que je suis aujourd’hui entraineur.
Mais ma grande référence reste Zagallo. C’est une personne qui a tout gagné et qui est une référence sur et en dehors du terrain. Mais je suis le travail de plusieurs entraineurs, chacun ayant ses propres caractéristiques et, comme je suis un type qui évolue, j’apprends de tous. Je ne suis pas le fruit d’un entraineur unique.
Sambafoot: Quel est le meilleur joueur avec lequel vous avez travaillé ? L’entraîneur apprend-il aussi et évolue-t-il en fonction des joueurs avec lesquels il travaille ?
Jair Ventura: Il est difficile de répondre. J’ai travaillé avec de nombreux bons joueurs et je ne veux pas être injuste en n’en citant qu’un seul. Et je crois que oui, nous apprenons des joueurs. J’ai fait partie du staff pendant de nombreuses années. J’ai été préparateur physique, analyste des performances, observateur technique, entraîneur adjoint et entraîneur des moins de 20 ans avant de devenir entraîneur professionnel. Je ne suis pas un centralisateur, je respecte tous les secteurs. Bien sûr, nous devons rendre des comptes lorsque les choses ne se passent pas bien, et nous grandissons beaucoup dans ces moment-là, non seulement en tant que professionnels, mais aussi en tant que joueur.
Je n’ai pas ce management imposant, je ne suis pas un leader qui impose, je respecte ceux qui le sont, mais ce n’est pas la façon dont je crois agir. Et je partage des idées avec mes joueurs. Il est logique que l’entraîneur ait le dernier mot, mais je les écoute, la porte de mon bureau est toujours ouverte pour discuter et avancer ensemble. Il est donc logique que nous nous développions, c’est certain. Nous évoluons avec les personnes les plus simples à l’intérieur d’un club, alors imagine avec les joueurs, qui sont les acteurs principaux du spectacle ? Nous progressons certainement grâce à cet échange d’idées avec eux.
Sambafoot: Pour terminer, une question sur la sélection brésilienne : Que pensez-vous du travail de l’entraîneur Tite ? Peut-on croire à la conquête d’une 6ème Coupe du Monde tant attendu cette année ?
Jair Ventura: À propos du travail de Tite, je pense que nous avons aujourd’hui le meilleur entraîneur au meilleur poste. Nous avons d’autres bons entraîneurs, mais vous ne cessez de vous demander : “Pourquoi Tite est devenu sélectionneur ?” D’abord, parce qu’il a gagné la Libertadores et la Coupe du Monde des Clubs. En termes de titres, il a atteint l’apogée. Il est le dernier vainqueur de la Coupe du monde des Clubs du football brésilien. Il a donc des mérites. Ensuite, parce qu’il a les meilleurs résultats de tous les entraîneurs qui sont passés par l’équipe nationale. Et puis vous me demandez pourquoi il est critiqué, et je vous parle de Zagallo, le plus grand vainqueur de tous les temps de l’équipe brésilienne. Il a été interviewé après chaque match pour dire que nous devrions faire avec lui. Ce sera la même chose avec tous les entraîneurs qui travaillent pour l’équipe nationale, je l’ai déjà dit plusieurs fois.
J’ai été rejeté par Tite à Caxias, lorsque j’y suis allé pour faire un essai en tant que joueur, et je plaisante en disant que c’était un visionnaire. Aujourd’hui, il a fait de moi un coach au début de ma carrière. Même à l’époque, lorsque je suis resté 3 mois dans le but de rejoindre Caxias, j’ai vu qu’il était un entraîneur différent. Même à un jeune âge, il a gagné le Gauchão et est allé à Grêmio et a décollé. J’ai eu le privilège d’être son joueur pendant une courte période, même s’il m’a renvoyé. Mais nous avons un grand entraîneur à la tête de l’équipe nationale. Lors du match contre la Belgique, lors de la dernière Coupe du monde, le ballon de Renato Augusto est passé à côté du but et Gabriel Jesus a obtenu un penalty qui n’a pas été accordé, ce qui aurait changé le match. Le fait est que nous avons été éliminés, mais nous avons réalisé une bonne performance. Non seulement lors de la Coupe, mais c’est également le cas aujourd’hui avec les éliminatoires. Avec les résultats qu’il a obtenus, nous sommes bien placés, et j’espère qu’il pourra apporter ce titre au Brésil, ce que nous voulons tous.