Edito – Gianluigi Donnarumma au PSG : le pari « risqué » de l’avenir | OneFootball

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·23 juin 2021

Edito – Gianluigi Donnarumma au PSG : le pari « risqué » de l’avenir

Image de l'article :Edito – Gianluigi Donnarumma au PSG : le pari « risqué » de l’avenir

Gianluigi Donnarumma, ancien gardien de l’AC Milan (fin de contrat cet été) de 22 ans et titulaire avec son équipe nationale de l’Italie, va s’engager très prochainement au Paris Saint-Germain. On parle d’un salaire de 9 millions d’euros brut par saison avec quelques bonus en complément et d’un contrat jusqu’en 2026. Il est décrit comme l’un des futurs meilleurs gardiens de but et il est souvent couvert d’éloges pour sa précocité impressionnante. On a l’impression de le connaître depuis très longtemps, il n’a pourtant que 22 petites années derrière lui. C’est un nouveau coup de tonnerre du côté du PSG qui signe là son second joueur de classe internationale en moins de 3 semaines. Donnarumma était arrivé au terme de son contrat avec le club milanais, refusant de prolonger avec les conditions des dirigeants de Milan, c’est le PSG qui a réussi le gros coup « d’avenir » de le faire venir. Ne nous y trompons pas, il représente le futur, mais il est déjà prêt pour s’aguerrir dans un club de la stature du PSG. Voici sa présentation, son parcours et sa future place dans le club parisien.

Donnarumma: le précoce.

C’est le 25 octobre 2015 que tout a commencé pour lui. Il avait alors 16 ans et 8 mois. À la suite d’une blessure de Diego Lopez, il fait ses grands débuts dans le grand club de l’AC Milan et devient le plus jeune gardien à débuter en Serie A. Ce que l’on ne sait pas ce jour-là, c’est qu’il ne lâchera plus cette place de titulaire. Un futur grand gardien est né. Cette saison 2015/2016, il ne va laisser que des miettes à Christian Abbiati, 71 petites minutes, après une sortie sur blessure. Il encaissera tout de même 29 buts.


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La confirmation avant ses 18 ans.

La saison 2016/2017 va confirmer ce qui se susurrait tout bas. « Gigio« , son surnom, a pris possession des lieux à Milan. Il ne va rater aucun match, jouer chaque minute de chaque match. Il va encaisser 49 buts en 41 matchs toutes compétitions confondues et 45 buts en 38 matchs de Serie A (12 clean sheets).

Son importance est énorme dans son équipe, ses arrêts multiples sont précieux et ses qualités continuent d’impressionner malgré une équipe du Milan AC en berne. Il a su tirer vers le haut à seulement 17 ans, une équipe en très grande difficulté. Pourtant, sa marge de progression apparaît comme assez conséquente, c’est dire le personnage.

Des doutes sur son avenir qui lui vaudront cher.

L’été 2017 sera difficile pour le géant Italien. Désireux de trouver un meilleur contrat, ici ou ailleurs, il missionne son agent, le très influent Mino Raiola. Milan veut le voir prolonger et ainsi pérenniser l’avenir, mais l’italien est très gourmand et ne manque pas d’exigences pour continuer avec le Milan AC. Il souhaite son frère, Antonio, en troisième gardien, et surtout, il souhaite des garanties sur le fait de porter le brassard de capitaine de son équipe. Si l’on rajoute son salaire astronomique, à seulement 18 ans, il ne manque pas d’agacer ses supporters.

« Dollarumma ».

C’est bien le surnom donné par les tifosis du Milan. Cela en dit long sur le bras de fer qui a opposé les deux camps, mais aussi du manque de respect que les supporters ont ressenti à ce moment-là. Si globalement, il s’est illustré par de grands arrêts durant cette saison 2017/2018 et que ses 21 cleans sheets toutes compétitions confondues parlent pour lui, il a aussi été l’auteur de quelques « boulettes » à des moments stratégiques qui vont laisser planer un doute sur ses capacités réelles. Contre l’Atalanta d’abord, il n’est pas à son niveau habituel, à l’aller puis au retour.

Ce qui est marquant, c’est que le club Bergamote est un concurrent direct au Milan AC pour une place en Coupe d’Europe. Ses passages au travers resteront. En Europa League, pour sa première participation, il se rate contre Arsenal en 8e de finale. En cause : une faute de main. Et enfin, en finale de Coupe d’Italie, contre la grande Juventus Turin, deux nouvelles fautes de main, participeront au naufrage des Lombards, 4-0.

Pris en étau entre ses prétentions salariales et ses performances.

Pour un simple spectateur externe, les critiques contre Donnarumma, sont très sévères lors de cet exercice 2017/2018. Il est tout particulièrement décisif régulièrement et se montre à son aise quand il s’agit de sauver son équipe. Mais à seulement 18 ans, sa négociation pour une prolongation va faire changer les regards sur lui. Finis les éloges, place à la critique, il ne bénéficie plus alors de la légitimité qui lui avait valu d’être propulsé comme un grand espoir.

Pourtant, ses performances restent exceptionnelles. Il est critiqué davantage pour son attitude (ainsi que celle de son agent) que par ses performances. Ses petites erreurs ont certes coûté cher, mais sans lui Milan aurait aussi vécu une saison encore plus compliquée. Comme on dit dans le football, les erreurs, ça arrive.

L’arrivée de Pepe Reina au Milan AC.

Après une saison mitigée aux yeux des suiveurs et des supporters, Donnarumma, va vivre un exercice 2018/2019 assez particulier. L’arrivée au club de Pepe Reina, l’expérimenté gardien espagnol, va lui coûter sa place en Europa Ligue. Il va devoir se contenter des matchs de championnat.

Il en ratera deux à cause d’une entorse et réalisera 13 cleans Sheets en 36 matchs et seulement 31 buts inscrit. C’est le début du renouveau pour lui qui commence alors, sous les ordres de Gennaro Gattuso, une nouvelle carrière à l’âge de 20 ans. « Puni » de Coupe d’Europe, c’est un championnat qu’il va remettre les points sur les i.

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Une belle fin d’histoire au niveau sportif avec son club de « cœur ».

Ses deux dernières saisons ont été très bonnes. Il a démultiplié les arrêts. Il est même devenu le meilleur gardien de la Serie A devant Samir Handanovic pourtant auteur d’une saison fantastique avec l’Inter Milan. Il a par la même occasion été de nombreuses fois capitaine. Mais son avenir s’est écrit loin de Milan, ses prétentions salariales lui ont valu une fin de non-recevoir de son club et il s’est lui aussi montré intransigeant sur ce point-là.

Il laissera de très bons souvenirs, mais aussi ce goût d’inachevé. Considéré comme l’un des tout meilleur au monde en Italie, Gigio s’en va pour grandir. Mais qu’on ne s’y trompe pas, durant les années très difficiles du Milan, il a fait le travail, à moins de 22 ans, avec plus de 200 matchs en Serie A et des prestations exceptionnelles.

Il laisse les supporters du Milan en colère.

Son départ ne lui sera pas pardonné. À Milan, il sera le traître, il en a désormais conscience. Les supporters vont lui reprocher ses paroles envers le club. Lui qui déclarait être chez lui à Milan. Et si on ne pourra pas faire changer d’avis les tifosis rouge et noir, il faut tout de même remarquer que Donnarumma ne s’en va pas seulement pour l’argent. Bien sûr, le contrat fait partie d’un tout, le salaire reste un point essentiel. Mais « Gigio » a d’autres velléités à faire savoir.

À Milan, malgré le palmarès, il stagne dans une équipe en deçà de ce qu’elle a été. Il n’a gagné qu’un titre, une Supercoupe d’Italie (en 2016) depuis 5 ans et demi. Il n’a pas non plus joué en Ligue des Champions durant sa carrière. L’aura milanaise ne peut pas masquer les ambitions d’un joueur de sa trempe. Il part à Paris, pour les titres, s’aguerrir contre les meilleures équipes d’Europe, qu’il ne rencontre presque jamais (hormis la Juventus Turin). C’est aussi un choix sportif. On peut comprendre qu’à Milan, on ne l’entende pas de cette oreille, mais partout ailleurs ce choix sera compris. Milan ne joue plus dans la cours des grands, contrairement à son ex numéro 99.

Un gardien pétri de qualités mais qui peut encore progresser.

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Des qualités impressionnantes.

Donnarumma mesure 1m96, c’est un monstre. Malgré sa taille, il possède des réflexes exceptionnels notamment sur les occasions à bot portant. Sur sa ligne, il est très fort. Il va vite au sol malgré son gabarit. Des qualités qu’on retrouve chez Keylor Navas, le gardien parisien de 35 ans. Gigio en impose dans sa cage, il sait être un leader et se montrer extrêmement décisif avec son club. Il s’est illustré lors de l’exercice 2020/2021 par des bonnes statistiques, 71 arrêts (2.43 arrêts par match pour 3.48 tirs cadrés subis) soit 71 % de réussite.

Deux gros axes de progressions.

Là où il ne figure pas encore en haut de la liste, c’est sur son jeu au pied, très perfectible. Il peut mieux faire, mieux lire le jeu et assurer un peu plus dans ce domaine. À Paris, il n’aura pas le choix, l’équipe aime jouer avec le gardien. Il va devoir mettre les bouchées doubles. Paradoxalement, dans les sorties aériennes, il n’est pas très à l’aise. On ne le sent pas serein et peut parfois se faire peur dans ce domaine. Il n’a que 22 ans, une grosse marge de progression, il serait étonnant qu’il ne franchisse pas un pallier dans ces deux domaines.

C’est de toute évidence une obligation pour briller en Coupe d’Europe contre les meilleures équipes. Dino Zoff, légende italienne au poste de gardien de but ne dit pas le contraire, interrogé par le journal le Parisien : « Pour savoir s’il est l’un des meilleurs gardiens du monde, attendons de voir déjà ce qu’il fera lors de cet Euro. Au même âge, je n’étais pas aussi fort que lui, mais de là à dire qu’il fait partie des meilleurs du monde, c’est encore trop tôt.«

Des erreurs qui font tâche.

On le sait, les erreurs restent dans les têtes encore plus que les très bons arrêts. C’est comme ainsi. Donnarumma le paye un peu aujourd’hui. Il a commis quelques belles « boulettes » dans sa jeune carrière. On l’a quelques fois vu manquer carrément le ballon au moment de le dégager, créant ainsi la panique dans sa surface de réparation. On a aussi vu le portier milanais faire de grosses fautes de main voir des ballons passer entre ses jambes.

Dans un résumé de ses erreurs, cela est assez parlant, mais on ne peut juger un joueur que sur un bout de son histoire. Il a clairement fait d’énormes arrêts qui ont donné bien plus de points que ses erreurs ne lui en ont coûté. Mais ces erreurs ressemblent étrangement à des sauts de concentration. C’est un axe à travailler, en Ligue des Champions, il devra minimiser tous ces petits défauts.

Une cohabitation avec Keylor Navas qui pose question.

Une perspective d’avenir.

Au regard de la balance entre ses qualités et ses défauts, son profil, sa taille et son âge, Donnarumma demeure un excellent gardien qui peut encore être meilleur. C’est un coup incroyable du PSG sur le papier. Le PSG a longtemps vécu des saisons sans véritable numéro 1, avec Navas, ils formeront peut-être un duo de concurrents exceptionnel. Navas n’est plus tout jeune, des pépins physiques pointent le bout de leur nez et Paris a saisi l’opportunité de prendre l’un des futurs meilleurs portiers au monde.

Le timing avec la grande saison de Navas n’est pas idéal, mais dans le football parfois le train ne passe pas deux fois. C’est encore plus vrai dans le marché des gardiens de buts où les meilleurs ne sont quasiment jamais libres. Paris s’assure son futur en plus de blinder son présent.

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Des risques pour Paris.

Quid de la relation entre l’expérimenté Navas et le jeune fougueux ? C’est le bémol de cette arrivée. Qui sera numéro 1 ? Les deux vont, ils bien vivre cette nouvelle concurrence ? Rien n’est moins sûr. Navas est il fragilisé par cette arrivée ? Beaucoup de questions viennent à l’esprit. L’équilibre d’un groupe est précieux, cette arrivée va t’elle tout perturber ? On le sait, le poste de gardien de but est particulier, la concurrence est rarement une bonne idée. Il faut de la confiance, une hiérarchie claire. Il serait étonnant que cela se passe sans aucun heurt au PSG.

Le club n’aurait pas eu la même opportunité dans 2 ou 3 ans. D’autant que le poste de gardien n’était pas une priorité. « Gigio » libre, c’en est devenu une. C’est un casse-tête en perspective pour le coach Mauricio Pochettino même si on a connu pire comme problème dans un club. Cependant, il faut toujours faire attention du côté de Paris.

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