Dorian Diring : Berlin, c’est comme Paris, il y a un gros réservoir de jeunes joueurs talentueux. | OneFootball

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·3 février 2020

Dorian Diring : Berlin, c’est comme Paris, il y a un gros réservoir de jeunes joueurs talentueux.

Image de l'article :Dorian Diring : Berlin, c’est comme Paris, il y a un gros réservoir de jeunes joueurs talentueux.

C’est en sortant d’une séance de rééducation pour soigner son genou que le milieu offensif français Dorian Diring a répondu à nos questions. Arrivé en juillet 2017 en Baden Württemberg, le joueur du SV Waldhof Mannheim (3.Liga) joue dans un club qui déjoue les pronostiques cette saison. Entraînés par Bernhard Trares, Dorian Diring et ses coéquipiers sont troisièmes au classement, une belle performance pour un club promu.

Tout d’abord, comment vas-tu ? Comment évolue ta blessure ?


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Je vais bien merci. Nous sommes un mois après l’opération et la cicatrisation avance bien. Je devrais revenir à l’entraînement mi-mars et retrouver les terrains courant avril.

Comment t’es-tu blessé ?

C’était le 8 décembre dernier face à l’Eintracht Braunschweig (0-0). Ma jambe gauche reste bloquée dans le sol et je sens mon genou craquer. Je croyais que c’était les ligaments croisés, mais ce n’était « que » le cartilage qui a craqué.

Comment t’es venue ta passion pour le Fuẞball ? Peux-tu nous raconter tes débuts dans le foot ?

Mon père jouait au football, il m’emmenait souvent voir des matchs, et dès l’âge de six ans, j’ai pris une licence. Plus tard, j’ai été au centre de formation du RC Strasbourg pendant cinq ans où j’ai rencontré Mounir Bouziane et Mohamed Gouaida ( les deux autres français du Waldhof, NDLR).

En 2012 tu quittes Mulhouse pour rejoindre la réserve du Hertha Berlin. Peux-tu nous expliquer comment s’est déroulé le transfert ?

Alors que je jouais à Mulhouse, les recruteurs du Hertha m’ont repéré. J’ai été faire un essai. Pendant les essais, le coach de l’équipe pro (Jos Luhukay, actuel entraîneur du FC Sankt Pauli, NDLR) me trouvait intéressant, je devais jouer avec l’équipe première, en 2.Bundesliga. Finalement, j’ai fais la saison avec la réserve et nous terminons cinquièmes.

Il y avait du beau monde dans cette équipe avec Marvin Knoll, Nico Schulz, Sandro Wagner, Pierre-Michel Lasogga, Fabian Holland, Alfredo Morales…

Berlin, c’est comme Paris, il y a un gros réservoir de jeunes joueurs talentueux. Pas mal d’entre eux vont au Hertha. C’est vrai qu’il y avait une belle équipe, d’ailleurs beaucoup ont percé.

Cette saison là, tu affrontes l’actuel leader de Bundesliga, le RB Leipzig (RedBull est arrivé en 2009), qui finira premier à l’issu du championnat. Pensais-tu, à l’époque, qu’ils pourraient être dans la situation dans laquelle ils sont aujourd’hui ?

Oui. Ils avaient déjà beaucoup d’argent, de grosses infrastructures et ils avaient pas mal investi,. Quand on a joué à la RedBull Arena, c’était impressionnant de voir ce genre de stade en Regionalliga. Malgré cela, on sentait qu’ils galéraient un peu et que l’argent avait peut-être ses limites. On l’a ressenti quand on a joué face à eux, ils gagnent difficilement (2-0, buts à la 80e et 88e).

Après une bonne saison dans la capitale (20 matchs, 2 buts, 1 passe décisive), tu fais tes valises , et tu rejoins l’Erzgebirge Aue en 2.Bundesliga où tu restes deux ans. Que retiens-tu de tes premiers pas dans le monde professionnel ?

J’avais un contrat d’un an avec le Hertha et mon agent m’a obtenu mon premier contrat professionnel à Aue. C’était un gros tremplin de passer de la quatrième division à la deuxième. C’était assez dur moi car l’impact physique, la vitesse… tout était décuplé par rapport à la Regionalliga Nordost.

Qu’est-ce-que cela fait d’évoluer dans un club historique comme l’Erzgebirge Aue ? Le ressens-tu encore aujourd’hui ?

J’ai connu le club et son histoire en arrivant là-bas. En Allemagne, il est aisé de se rendre compte que si certains clubs de petites villes survivent au haut niveau, c’est grâce à leur histoire. Aue n’a pas un gros palmarès, mais c’est un Traditionverein, et le club survit grâce à cela. J’ai effectué mes premiers pas en tant que professionnel, j’ai beaucoup appris là-bas. Je garde un sentiment mitigé de mes prestations et des mes deux saisons là-bas car je suis sûrement parti trop tôt en 2.Bundesliga, je me mettais beaucoup trop de pression.

Aue* est une petite ville minière et rurale. comment s’y occupe-t-on pendant deux ans ?

(rires) On joue aux cartes, on joue à la Playstation, on fait pas mal de balades… Il est un peu plus facile de nouer des liens avec ses coéquipiers dans une petite ville que dans une grande car il y a moins d’activités à faire. J’y ai d’ailleurs fait la rencontre de Rico Benatelli (actuel milieu de Sankt Pauli, NDLR), un très bon ami que je vois régulièrement. Le fait d’évoluer dans un club d’une petite ville m’a forgé.

Après Aue, tu signes à Halle. Peux-tu nous narrer ton passage au Hallescher FC ?

C’est un passage un peu compliqué. J’ai signé à Halle parce que l’entraîneur, Sven Köhler, me voulait vraiment, il comptait vraiment sur moi. De plus, Halle me proposait un gros contrat. J’ai accepté de descendre en 3.Liga parce que je pouvais m’y relancer afin de faire des saisons pleines et la pression y est moins forte qu’en 2.Bundesliga. La phase aller de ma première saison à Halle (2015-16), j’ai joué tous les matchs, puis je me suis blessé peu de temps avant la trêve hivernale. Il m’a fallu du temps pour que je puissé réintégrer le onze de départ, j’ai fini par jouer la dernière moitié de la phase retour du championnat (son retour dans le onze de départ s’était fait le 5 mars, quatre mois après sa dernière titularisation, NDLR). La deuxième saison, je me blesse gravement à la cheville dès le premier match à Erfurt. Quatre mois d’absence. A mon retour je joue très peu et, ce, jusqu’en fin de saison. En plus, il y a eu l’arrivée d’un nouveau coach (Rico Schmitt, avril 2016). Il ne comptait plus sur moi et voulait d’autres joueurs, et mon contrat n’a pas été prolongé.

Après Halle, tu pars à Mannheim, alors en Regionalliga Südwest. Pourquoi revenir à ce niveau ? Qu’est-ce-qui t’a poussé à ici ? N’avais tu pas d’offres en 2.Bundesliga ou 3.Liga ?

Il faut savoir que les recruteurs des clubs de l’Ouest font peu de scouting en Allemagne de l’Est, donc quand tu évolues en Allemagne de l’Est, c’est compliqué de partir pour un club de l’Ouest et les propositions sont forcément moindre. La distance avec la France me pesait à l’époque. Que ce soit Berlin, Aue ou Halle, c’est loin de la France. Me rapprocher de la frontière était une vraie volonté. Quand le Waldhof m’a approché, je n’ai pas hésité. En plus, le Waldhof jouait les barrages pour monter en 3.Liga (barrages perdus face au SV Meppen 0-0; 3-4 aux t.a.b.) donc il y avait des chances que je reste dans le monde professionnel. Au final, le club reste en Regionalliga Südwest, j’étais assez déçu. J’ai découvert un très bon championnat avec un très bon niveau (la plus relevée des cinq Regionalligen). En plus, il y avait régulièrement plus de 5 000 personnes dans les stades, et lors des gros derbys, entre 10 et 15 000 personnes. Bon, il y a aussi des endroits, tu te demandes où tu es. T’as qu’une envie, c’est de rentrer. (rires)

L’an dernier, vous terminez champion, loin devant Saarbrücken, qui finit deuxième (21 points d’avance) au terme d’une très belle saison. Bravo pour le titre. Comment c’était de vivre une telle saison ?

C’était assez fou. Au début de la saison, on devait partir avec neuf points de retard à cause de certains problèmes qu’il y a eu pendant les barrages de montée (perdus face au KFC Uerdingen 0-1 ; 2-0). Finalement, la sanction a été annulée. On débute mal la saison avec une défaite face au SSV Ulm, puis on enchaîne les victoires. On est monté en puissance tout au long de la saison. L’état d’esprit du collectif a aidé aussi. Ici, quand un joueur signe, il s’intègre facilement et se plaît à Mannheim.

A l’heure actuelle, vous réalisez une très bonne saison et pointez à la quatrième place en étant devant de beaux clubs dont… Halle et derrière deux mastodontes que vous avez accroché (0-0 face à Ingolstadt) et même battu (victoire 4-3 face à Duisburg). Comment expliques-tu cela ?

Il y a l’euphorie de la montée, le fait qu’on ait de très bonnes infrastructures, un bon collectif et un très bon public, qui d’ailleurs, me fait penser au public du RC Strasbourg. Je pense sincèrement que sans la blessure de Valmir Sulejmani (2e meilleur buteur de Regionalliga Südwest avec 18 buts inscrits l’an dernier, NDLR) en début de saison, nous serions premiers ou deuxièmes. L’homogénéité de la 3.Liga permet également à tout le monde de pouvoir se battre pour le podium, tout le monde peut battre tout le monde.

Tu n’es d’ailleurs pas étranger à ces bons résultats en étant le co-meilleur buteur du club en championnat (4 buts comme Maurice Deville) et meilleur passeur (9 passes décisives), et tu réalises ta meilleure saison…

Oui, et c’est vraiment dommage cette blessure, elle me freine dans mes « stats ». Mais globalement, c’est l’équipe qui est efficace, tout le monde peut marquer et cette saison nos défenseurs sont très efficaces ! Le fait que je tire les coups de pieds arrêtés m’aide a délivrer des passes décisives.

Comment vois-tu la suite de la saison du Waldhof Mannheim ?

Nous avons les capacités de monter, mais j’aimerais éviter les barrages. Comme tu l’as vu, les barrages ne réussissent pas trop au Waldhof ! Il y a tout dans le club pour espérer aller plus haut : de bonnes infrastructures, de bons joueurs, un bel état d’esprit, un public fidèle qui vient au stade en masse et qui nous aide bien…

Après avoir joué à Aue et Halle notamment, que penses-tu de l’ambiance au Carl Benz Stadion ? Et globalement, l’ambiance dans les stades de 3.Liga ?

L’ambiance est vraiment pas mal, il y a souvent 10 000 voire 12 000 personnes au stade (10 051 spectateurs en moyenne cette saison), il y a un très bon kop. Face à l’Eintracht Frankfurt en (DFB) Pokal (défaite 3-5), le stade était à guichet fermé (24 302 spectateurs), c’était fou !

Quel argument peux-tu avancer pour que nos lecteurs aient envie de suivre la 3.Liga ?

Allez voir un match, l’engouement est énorme, beaucoup plus qu’en National en France. Il y a toujours plusieurs milliers de personnes dans les stades, on n’a plus envie d’en partir ! En plus, le niveau de jeu est bon, on ne s’ennuie pas. Cette saison les luttes pour la montée et pour le maintien sont passionnantes.

*Aue est une ville de moins de vingt mille habitants à l’est de l’Allemagne

Nous remercions Dorian Diring pour sa disponibilité et nous lui souhaitons tout le meilleur ainsi qu’au Waldhof Mannheim pour le reste de la saison.

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