Derniers Défenseurs
·10 novembre 2021
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·10 novembre 2021
Coup de tonnerre à l’issue de la saison 2020 en Uruguay : le Defensor SC et le Danubio FC sont relégués en Segunda División. Séisme national car à l’exception des géants du Peñarol et du Nacional, les deux clubs sont les plus titrés de l’ère professionnelle du championnat uruguayen. Comment un tel cataclysme a-t-il pu se produire ? Reverra-t-on le Tuerto et la Franja rapidement en première division ?
Le Defensor Sporting Club et le Danubio Fútbol Club sont les deux plus gros clubs en Uruguay – très – loin derrière Peñarol et Nacional. Mais difficile de parler de grands clubs quand ceux-ci ne comptent que quatre titres chacun, alors on les appelle les “moyens”. En comparaison, les deux géants en totalisent quatre-vingt dix-huit à eux deux. Et s’il existe le Superclásico pour les Tricolores et les Carboneros, Danubio et Defensor ont leur Clásico de los medianos. Si les deux clubs ont des points commun, notamment au niveau de la formation, ils différent au niveau de leurs supporters. Le Defensor Sporting est lié aux quartiers de Parque Rodó et Punta Carretas plutôt aisés, alors que le Danubio est situé dans la Cuerva Maroñas, un quartier plus modeste de Montevideo.
Mais la rivalité se construit principalement autour de l’ambition des deux clubs à devenir le “troisième grand” uruguayen. Pourtant cette rivalité est assez récente, elle débute quand les deux clubs commencent à enchaîner les bonnes performances et remportent leurs premiers titres. Le Defensor Sporting est sacré champion pour la première fois en 1976, Danubio doit attendre 1988. Et les medianos ne se sont pas contentés de briller sur la scène nationale. En effet, suite à son premier titre, Danubio réalise un nouvel exploit et atteint les demi-finales de la Copa Libertadores l’année suivante. Le Tuerto parvient également à ce stade de la compétition, vingt-cinq ans plus tard en 2014.
L’équipe du Danubio FC lors de la campagne 1989 en Copa Libertadores
Les deux clubs ont certes déjà tous deux connu la descente en deuxième division ; Danubio en 1959 et 1969 et Defensor 1949 ; mais ils étaient à l’époque loin d’avoir la même ampleur et le statut dans le championnat uruguayen. Alors comment en sont-ils arrivés là ? Nous avons pu échanger avec quelques supporters des deux clubs sur le sujet. “Il est difficile de trouver des raisons et chaque supporter aura sa vision des choses” explique Nicolás, hincha de Defensor Sporting.
Mais pour lui, l’éloignement avec l’identité du club est la principale cause de cette descente aux enfers : “le DSC possède depuis de nombreuses années les meilleures équipes de jeunes du pays et peut sans aucun doute être comparé à n’importe quelle équipe dans le monde“. En effet, la formation a toujours caractérisé la Viola, avec notamment un grand travail des recruteurs pour trouver de jeunes joueurs locaux pour constituer la base de l’équipe professionnelle. Parmi les grands noms issus du Defensor, l’avant-centre du Valence FC Maxi Gomez, l’ancien milanais Diego Laxalt ou encore le meneur de jeu star de Flamengo, Giorgian de Arrascaeta. Mais ces dernières années, les jeunes ont bénéficié de moins de temps de jeu en équipe première qu’auparavant et ont été vendus très jeunes à l’étranger, dans des conditions souvent peu avantageuses pour le club tant sur le plan financier que sur le plan sportif.
La jeunesse au cœur de l’identité du Defensor SC. Ici la génération 2009.
Du côté du Danubio qui a vu éclore Edinson Cavani ou José Maria Giménez, les raisons semblent un peu similaires. “Le Danubio a connu des administrations assez incompétentes en ce qui concerne la gestion de l’économie et la politique du club” commente Enzo, supporter du Danubio. Il explique que de très bons joueurs ont été vendus à des prix dérisoires, que certains salaires n’ont pas été payés et surtout que l’investissement dans la formation a été réduit alors qu’il formait un pilier du club. “On a dû faire la guerre avec des cure-dents !” poursuit-il pour illustrer le manque de moyens qu’a connu le club ces dernières années.
S’il y a peu de doutes sur une prochaine remontée des deux clubs en première division, il n’est pas certain qu’elle arrive cette saison. A trois journées de la fin, Albion FC n’a besoin que d’un point pour assurer sa place dans l’élite la saison prochaine. Ne restent donc qu’une promotion directe et une promotion via les playoffs. Danubio se tient à la deuxième place (promotion directe) avec 34 points alors que le Defensor Sporting a trois points de moins et pointe à la cinquième place (qualification en playoffs). Mais la concurrence est rude, le Racing de Montevideo, qui a fait un excellent début de saison avant de ralentir le rythme, reste à un point seulement de Danubio. De même pour le CA Cerro, troisième relégué de première division la saison passée.
Et comment les hinchas vivent cette descente ? “Ce fut très douloureux pour les fans, surtout ceux qui ont grandi avec le Defensor Sporting qui gagne” raconte Nicolás. Mais elle permet aussi un retour aux fondamentaux pour le club. “Le club est revenu à ses racines et renoue avec le modèle de réussite des années précédentes.” Pour lui, le club apprend de ses erreurs et cette triste situation ne devrait pas durer. Du côté de Danubio, le son de cloche est similaire. Enzo explique : “la relégation a représenté une sorte de réveil pour le club et les supporters“, comme un rappel que rien n’est acquis dans le football, même quand on prétend à devenir un grand de son pays.
Crédits Photos : Danubio Fútbol Club / Defensor Sporting Club