Lucarne Opposée
·30 novembre 2021
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·30 novembre 2021
Dans sa boulimie de reconnaissance, le Qatar a dépoussiéré une compétition mythique de ses cartons : la prestigieuse Coupe Arabe des Nations. Une compétition qui débute ce mardi.
La Coupe Arabe des Nations a vu le jour en 1963 et s’est tenue aléatoirement au gré des participants, devenant la Palestine Cup of Nations ou étant comptabilisé dans les Jeux Panarabes. Mais depuis l’édition de 2012 remportée par le Maroc de Gerets, la compétition est tombée aux oubliettes. Désireux de s’offrir un test grandeur nature avant leur Mondial l’année prochaine, les Qataris ont sorti le grand jeu et ouvert la participation à tous les pays membres de la Ligue Arabe. Et ils ont mis les petits plats dans le grand puisque le gagnant remportera cinq millions de dollars, soit deux de plus que le gagnant de la CAN !!! Cette carotte financière était surtout un incitant pour rameuter les stars arabes tel Mahrez, Salah ou Zyech, mais le calendrier complètement pété de leur compétition a eu raison de leurs espoirs infondés. Ainsi, les équipes qui misaient sur leurs expats ne peuvent compter que sur les joueurs évoluant dans les championnats scandinaves (qui se mettront en pause d’ici peu), dans les championnats d’Afrique du Nord (dont les équipes nationales préparent la CAN) ou du Moyen-Orient.
Les qualifs auront vu tomber des outsiders potentiels comme la Libye ou le Koweït, ainsi que les petits poucets dont le rêve s’est arrêté net. Après ce premier écrémage, le tirage au sort a réservé quatre groupes de quatre équipes. Tour d’horizon.
Avec son magicien Felix Sánchez aux commandes et sa dream team au complet (Afif, Almoez…), le Qatar ne vise que l’or. Mention spéciale au club d’Al-Sadd qui fournit onze joueurs (!) sur les vingt-trois. Mais face à lui se dressent quelques prétendants. À commencer par Oman, l’outsider aux dents longues, menés par un Branko Ivanković fin connaisseur. L’ensemble de ses forces vives est sur le pont et prêt à faire déjouer les pronostics. Le danger peut venir de partout, la preuve avec onze buteurs sur les vingt-et-un goals marqués dans les qualifications du Mondial. Attention aussi à Bahreïn. Helio Sousa s’était offert les deux premières compétitions auxquelles il avait participé avec Bahreïn (Coupe du Golfe et WAFF Championship). Si le groupe de qualif s’est révélé trop ardu (Irak et Iran quand même), il est tout à fait capable de briller dans une compétition comme celle-ci. L’ossature se construit principalement autour des joueurs d’Al-Muharraq et d’Al-Riffa et se révèlera encore très très dur à manier. L’exemple à prendre c’est Al-Muharraq, tout frais vainqueur de l’AFC Cup. Reste enfin l’Irak où le fiasco Advocaat touche à sa fin. En attendant de voir qui sera son successeur, un coup d’œil à la composition souligne un groupe rajeuni avec Rebin Sulaka et Frans Putros, les Scandinaves, qui auront pour mission de guider cette jeunesse. Les belles années sous Katanec semblent déjà oubliées…
Le dernier souvenir des Émirats envers le Qatar, c’est cette humiliation subie at home lors de la dernière Coupe d’Asie (0-4). On se doute bien qu’une revanche sur les terres ennemies serait jouissive. Tout le monde est là, dont Mabkhout, Canedo et Tagliabue et il y a une carte à jouer dans un groupe où seule la Tunisie fait office d’épouvantail. Une Tunisie qui arrive privée de ses expatriés européens comme tout le monde mais avec quelques « locaux » expérimentés comme Msakni et Sassi qui évoluent au Qatar et un joli mélange d’Espérantistes, d’Étoilés et de joueurs du Club Africain sans oublier les « Égyptiens » (Ali Maâloul, Seifeddine Jaziri, Hamza Mathlouthi et Fakhreddine Ben Youssef) habitués aux joutes continentales. Derrière les deux favoris du groupe, confrontée à une instabilité chronique, la Syrie étrenne un nouveau sélectionneur, le Roumain Tita qui avait déjà coaché l’équipe en 2010. Omar Khrbin et Aias Aosman sont absents mais la Syrie pourra toujours compter sur Somah et Mahmoud Al-Mawas pour essayer de créer la surprise. Reste enfin la Mauritanie du Français Didier Gomes DaRosa déjà boutée hors de la course à la Coupe du Monde dans un groupe qu’elle partageait déjà avec la Tunisie, qu’elle a réussi à accrocher lorsqu’elle l’a accueillie. Bien peu pour espérer sortir du groupe, mais au moins donner une once d’espoir.
Le Renard est malin. Sachant qu’une humiliation de son équipe en terres qataries serait particulièrement mal vécue dans les hautes sphères saoudiennes, il a envoyé son adjoint Bonadei et son équipe espoir (avec quand même Hamdan et Al-Buraikan en renfort). Tâche à cette Arabie saoudite espoir de se montrer convaincants pour taper à la porte de l’équipe première. L’adversaire numéro 1 sera évidemment le Maroc dans lequel on retrouve plusieurs habitués de la sélection A comme Soufian Rahimi ou Achraf Becharki pour ne citer qu’eux dans un groupe au sein duquel on retrouve plusieurs cadres des titres décrochés lors des CHAN 2018 et 2020. Les A’ marocains ont clairement un effectif taillé pour être ambitieux dans cette épreuve, à eux de le confirmer.
Au côté des deux favoris, on trouvera la Jordanie qui a tour de l’empêcheur de tourner en rond. Depuis l’arrivée d’Adnan Hamad à la place de Borkelmans, les Jordaniens sont inarrêtables et éclatent tout le monde. Le striker local Baha Faisal est de la partie, tout comme les vieux routiers Bakhit, Dardour ou Abdelrahman. La Jordanie progresse au fur et à mesure et bien malin qui pourra dire où les Nashama s’arrêteront. Reste enfin la Palestine où le coach tunisien Makram Dabboub fait du bon boulot depuis son introduction mais devra compter sur un groupe composé majoritairement de joueurs locaux mais avec le gardien Amr Kaddoura. Capitaine Bahdari est toujours là du haut de ses trente-sept ans mais l’absence des dynamiteurs Batran et Dabbagh risque de perturber l’animation offensive.
Deux géants vont croiser le fer dans le groupe D. Les A’ algériens dirigés par Madjid Bougherra sont sans aucun doute l’une des grosses écuries de la compétition. Entre les internationaux évoluant dans le Golfe, dont les vainqueurs de la CAN 2019 Raïs M’Bolhi, Djamel Benlamri, Mehdi Tahrat, Mehdi Abeid, Youcef Belaïli, Yacine Brahimi et Baghdad Bounedjah, quelques joueurs déjà appelés en A comme Benyada et Soudani, les Fennecs disposent de solides arguments.
Des arguments, l’Égypte de Carlos Queiroz en a aussi quelques-uns. Il n’y aura évidemment pas les Mohamed Salah, Mohamed Elneny et autres Mostafa Mohamed mais on retrouve plusieurs habitués de la sélection A comme Mohamed El-Shennawy, Ayman Ashraf, Ahmed Fetouh, El-Wensh, Akram Tawfik, Amr El-Sulya, Hamdi Fathi, Afsha et Mohamed Sherif dans un groupe quasi exclusivement constitué de joueurs évoluant au pays, Hegazi étant la seule exception. Auteur de quatre victoires et un nul pour ses débuts à la tête des Pharaons, nul doute que Queiroz entendra bien continuer à construire.
Depuis l’arrivée de Hašek, le Liban s’est retrouvé une assise d’équipe que ni Ciobotariu, ni Taha n’avaient réussi à mettre en place. Mais cette fois-ci, trop de titulaires manquent à l’appel que pour créer la surprise, surtout face aux monstres algérien et égyptien : Maatouk, Oumari, Jradi, Saad ou encore Chaito hors du coup et tout risque de se jouer sur des bouts de ficelles. Le but est de ne pas trop se faire rosser et retrouver le mojo qui leur avait permis de s’imposer face aux Syriens. Au moins le buteur maison, Mohammed Kdouh, sera présent ! Quelle place enfin pour le Soudan d’Hervé Velud ? Difficile d’être optimiste pour une sélection qui n’a pas remporté le moindre match d’éliminatoires à la Coupe du Monde après avoir pourtant créé la sensation en éliminant l’Afrique du Sud de la course à la CAN 2021 en mars dernier. Sans doute que l’équilibre se trouve entre les deux, mais l’objectif pour Velud sera évidemment de retrouver une dynamique positive.
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