Conference League : le Slavia Praha doit passer un cap | OneFootball

Parler du Slavia Praha, c’est comme parler d’une personne qu’on aime revoir, même si ce n’est que deux fois par an. Habitué des campagnes européennes sur la dernière décennie, le Slavia s’avance une nouvelle fois dans la peau du champion de République Tchèque. Triple vainqueur de la couronne de la Fortuna Liga, les Sešívaní (les Cousus) sont en pleine bourre et vont entamer la toute nouvelle Conference League avec un joli capital confiance, malgré une élimination précoce en Ligue des Champions, l’objectif principal du club. Dans un groupe relevé mais à sa portée, le Slavia Praha devra quand même se méfier des nombreux pièges tendus par ses adversaires.

Un projet ambitieux

Comme une ritournelle, c’est désormais devenu une habitude de voir le Slavia Praha dans une compétition européenne. Trois fois vainqueur de suite du championnat tchèque, les Sešívaní se sont fait une petite place au soleil parmi les grands pontes du football continental. Issu du quartier historique de Vinohrady (l’histoire de Prague, c’est par ici), le club n’entame que réellement sa transformation au début des années 2000. Grâce à une politique de recrutement intelligente et la construction de nouvelles infrastructures, comme l’Eden Aréna en 2006, le Slavia est en train de doucement mais sûrement s’imposer comme le club incontournable de la future décennie en République Tchèque. Et même si quelques problèmes financiers ont émaillé le club en 2011 et que l’ombre du Sparta Praha, l’ennemi viscéral, plane encore et toujours, les Červenobílí (Rouges et Blancs) ont bien pris le train en marche.

Pourtant, la saison a mal débuté. Visant une qualification en Ligue des Champions, le club se fait sortir dès le troisième tour par les Hongrois de Ferencváros, sur le score cumulé de 2-1. Reversés en play-offs d’Europa League, contre le Legia Varsovie, le Slavia se fait de nouveau avoir. Après un nul 2-2 à la maison, les Sešívaní se font surprendre au retour sur les terres polonaises. Alors que le Slavia mène 1-0 et a son destin en main, les Červenobílí encaissent un doublé de Mahir Emreli en seulement onze minutes. Coup de massue terrible pour l’équipe dirigeante qui tablait au moins sur une qualification en Europa League. Il n’en sera, finalement rien, et c’est donc les portes de la toute nouvelle Conference League qui s’ouvrent pour le Slavia.

Dans un groupe relativement homogène, le Slavia a les moyens de sortir son épingle du jeu. De par sa grande expérience européenne et avec son effectif taillé sur-mesure pour cette compétition, les Sešívaní devront néanmoins écarter le Feyenoord Rotterdam, le Maccabi Haïfa et/ou l’Union Berlin pour se frayer un chemin jusqu’aux seizièmes de finale.

Une volonté de passer un cap

Avec un Jindřich Trpišovský aux commandes depuis 2017, le Slavia Praha a tout misé sur la stabilité pour prendre le temps de construire les futures étapes de son projet. Désormais solidement accroché au trône de champion de République Tchèque, c’est sur le plan continental que le CITIC Group, le fond d’investissement chinois propriétaire du club, aimerait se stabiliser. Sans Ligue des Champions ni Europa League mais reversé dans une compétition plus abordable, l’institution pourrait peut-être revoir ses ambitions à la hausse.

Évoluant le plus généralement dans un 4-2-3-1, le schéma de Trpišovský peut parfois progressivement évoluer vers un 4-5-1, surtout lorsqu’il faut conserver un score, comme lors du match de Ligue des Champions contre Ferencváros. Mais, si le système ne change que trop peu, le groupe est pour sa part élargi. Car le technicien tchèque, au contraire de certains de ses homologues, adore s’appuyer sur un effectif de 23 à 25 joueurs extrêmement concernés.

Ce qui devrait être le onze type du Slavia Praha

Du haut de ses 35 ans, c’est Přemysl Kovář qui gardera les bois cette année, en attendant le retour du gardien titulaire Ondřej Kolář, qui s’est fracturé une côte. Véritable bourlingueur, Kovář a notamment évolué en Bulgarie et en Israël avant de poser ses valises au Slavia, en 2017.

Côté gauche, deux prétendants se battent pour le poste. Le premier, Jan Bořil, est le capitaine de cette équipe. Au club depuis 2016, il comptabilise plus de 150 matchs avec les Červenobílí et est même devenu international. Titulaire lors de quatre matchs pendant l’Euro, Bořil a encore démontré toutes ses qualités avec et sans ballon dans le très bon Euro 2020 de la Národní tým. Son concurrent, le Libérien Oscar Dorley, est arrivé en janvier 2020 au club, est à créditer d’une très belle première saison et demie avec le Slavia. Rapide, le latéral gauche est un joueur qui dispose d’une vraie belle patte gauche, capable de venir créer ce décalage sur une remise en une touche. Et même s’il doit se faire violence pour être encore plus précis dans l’avant-dernier geste, il a encore une très belle marge de progression.Coté droit, les clés du camion seront confiées au jeune Alexander Bah. Le Danois, devenu international l’an dernier, est le pendant parfait de Dorley, même si il est au-dessus techniquement parlant. Plutôt normal pour celui qui fut formé comme ailier à SønderjyskE. Espoir dans son pays, cette saison devrait bien être celle où Bah pourrait passer un cap. À la condition évidente d’avoir un peu plus de temps de jeu que l’an dernier.

Dans l’axe, c’est un peu la plongée dans l’inconnu. Si Ondřej Kúdela devrait faire son retour de blessure, les cas de Ousou, Hovorka et Kacharaba sont encore flous. Blessés, les dates de retour ne sont pas encore connues mais visiblement, ce n’est pas pour tout de suite.

Il faudra aussi pour le technicien tchèque éluder la question du milieu de terrain. Car au “mitard”, il faudra accompagner un international du calibre de Tomáš Holeš. Véritable petit bulldozer, le milieu de 28 ans est un joueur qui dispose d’un volume de jeu conséquent et d’une endurance à toute épreuve. Son jeu court, très utile dans l’entre-jeu est l’une des premières rampes de lancement des offensives des Sešívaní. À ses côtés, plusieurs options donc : le tout jeune Daniel Samek (17 ans), le taulier Ibrahim Traoré (33 ans, international ivoirien), Jakub Hromada (25 ans, passé par la Juventus et la Sampdoria), ou alors le Danois Mads Emil Madsen, néo-Pragois récemment venu du LASK Linz ?

Tomáš Holeš, ici à la lutte pour le ballon en championnat, face au Baník Ostrava

Sur les ailes, on devrait s’attendre à pas mal de turnover entre Sima/Olayinka et Ekpai/ Masopust. À gauche, impossible dire qui a les faveurs du coach actuellement car depuis le début de la saison, les deux se partagent la garde de l’aile gauche des Sešívaní.

À droite en revanche, c’est Masopust qui semble être le titulaire. International tchèque, l’ailier droit est un joueur majeur du Slavia depuis trois ans. Fin, élégant, le bonhomme n’est ni un finisseur hors-pair ni un joueur explosif. Néanmoins, c’est un ailier avec une formidable science du placement et une très belle vision de jeu. Son jeu long fait mouche à chaque fois. Ce n’est pas pour rien que le sélectionneur Jaroslav Šilhavý lui a accordé une confiance presque aveugle lors du dernier Euro. Indiscutablement, il sera l’un des joueurs à surveiller côté Slavia Praha. Son remplaçant, Ubong Ekpai, vient tout juste de débarquer du Viktoria Plzeň. Le temps pour lui de mettre un magnifique but contre le Legia lors du troisième tour.Devant, c’est tout naturellement que Jan Kuchta devrait reprendre son poste de numéro neuf. Meilleur buteur de Fortuna Liga l’an dernier à égalité avec Adam Hložek (15 buts chacun), le goleador tchèque sera l’un des premiers noms couchés sur la feuille de match par Trpišovský. Attaquant qui adore se faire oublier, c’est un finisseur redoutable qui participe souvent au jeu, et surtout, qui sait faire jouer les autres. La preuve : la saison dernière, Kuchta a délivré 7 passes décisives rien qu’en championnat et 9 toutes compétitions confondues. Sur le banc, c’est Stanislav Tecl qui devrait le suppléer cette saison.

Le joueur à suivre

Il manquait à l’appel dans la présentation du onze mais ne vous inquiétez pas, nous gardons le meilleur pour la fin. Revenu en République Tchèque après une petite pige de 12 matchs à Al-Ahli, le Roumain Nicolae Stanciu brille de nouveau, mais cette fois-ci avec les Červenobílí. Ancien joueur du Sparta Praha, Stanciu a fait le difficile choix de venir chez l’ennemi pour se relancer.

Placé derrière Kuchta en numéro 10, le natif de Cricău a régalé tout au long de la saison dernière. Avec le ballon, Stanciu est imprévisible, insolent mais surtout génial. Une première touche dévastatrice, un sens du but aiguisé, des dribbles à gogo, des patates lointaines et des yeux dans le dos pour voir tous les déplacements : voilà ce que le petit prince Nicolae Stanciu est capable de faire lorsqu’il est en confiance. La saison dernière, le Roumain a terminé dans le top 5 du classement des buteurs, avec 16 buts et 8 passes décisives en 45 matchs. Le genre de joueur frisson parfois inconstant, souvent exaspérant. Mais qu’importe, depuis deux ans, Nicolae Stanciu est redevenu un joueur de football et ce, pour notre plus grand plaisir.

Nous aussi, on est contents de te voir à nouveau à un tel niveau, Nicolae.

On ne sait jamais, sur un malentendu…

Impossible donc, de nier la qualité intrinsèque de ce Slavia Praha. Savant mélange entre internationaux expérimentés et jeunes promesses du football tchèque, les Rouges et Blancs ont de quoi faire trembler les défenses du groupe E. Avec le mastodonte Feyenoord, il est peut-être un peu prétentieux de viser la première place, même si on ne sait jamais. Non, la bataille devrait plutôt s’articuler entre l’Union Berlin, véritable surprise de Bundesliga et les Červenobílí. Le Maccabi Haïfa, bonne équipe au demeurant, ne devrait pas avoir l’effectif suffisant pour venir se mêler à la lutte. Pour le Slavia, après le temps de la désillusion européenne, vient celui du rêve fou, de l’espoir : celui de passer les poules de Conference League et d’aller le plus loin possible afin d’affirmer de la plus belle des manières qu’il n’y a plus qu’un seul club à Prague.

Le calendrier du Slavia Praha

Groupe E :

Crédits Photos : IMAGO