CAN 2021 : Soudan, les Crocodiles doivent se faire les dents | OneFootball

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·1 janvier 2022

CAN 2021 : Soudan, les Crocodiles doivent se faire les dents

Image de l'article :CAN 2021 : Soudan, les Crocodiles doivent se faire les dents

Solides et conquérants lors des éliminatoires, fragiles et inconstants lors des dernières sorties. Les Soudanais disputent leur première Coupe d’Afrique des Nations depuis dix ans, dans un contexte des plus agités.

« Membre fondateur » de la Coupe d’Afrique des Nations, le Soudan ne compte pourtant qu’un seul titre dans son palmarès. Les Crocodiles du Nil ont progressivement perdu de leur superbe, et font aujourd’hui partie des petits poucets de la compétition. Alimentée par deux grosses écuries du continent, Al Hilal et Al Merreikh, la sélection peine à enchainer les bonnes performances.


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Rare exportateur de joueurs, le Soudan compte le plus souvent sur une formation locale devenue insuffisante. Le pays ne bénéficie pas non plus de l’atout des binationaux, levier qu’utilisent souvent les meilleures sélections du continent. Un vivier trop pauvre, en plus d’une gouvernance trop approximative, empêchant la sélection de dépasser son plafond de verre. Le récent limogeage du technicien Hubert Velud, à quelques semaines du début de la CAN, témoigne parfaitement de ce désordre.

L’Histoire : débuts tonitruants et passages à vide

Des pionniers rapidement performants

C’est onze mois après son indépendance, soit le 16 novembre 1956, que le Soudan disputait son premier match officiel. Une défaite 2-1 en terre éthiopienne marquait ainsi le début d’une histoire qui allait rapidement connaitre ses premiers succès. Quelques mois plus tard, le pays organise la première Coupe d’Afrique des Nations de l’histoire (1957), à Khartoum. Les Crocodiles finissent alors troisièmes, derrière l’Ethiopie et l’Egypte.

En progression au fil des années, le Soudan est ensuite finaliste des CAN 1959 et 1963. S’inclinant d’abord contre l’Egypte, puis contre le Ghana, ils remportent finalement leur première trophée sept ans plus tard. A nouveau organisateurs de l’édition 1970, les Soudanais prennent leur revanche en finale sur les Black Stars du Ghana (1-0). Ce trophée est encore aujourd’hui la seule Coupe d’Afrique des Nations remportée par le pays.

Déceptions et passage à vide

Lors des éditions suivantes, le Soudan déçoit et ne parvient pas à confirmer ses bonne performances. Défaits au premier tour en 1972, les Crocodiles ratent ensuite l’édition de 1974 organisée en Egypte, rival historique. Dans le même temps, l’équipe échoue aux portes du Mondial 1970, en s’inclinant lors du tour final des éliminatoires. Les désillusions s’enchainent alors, et la sélection connait une longue traversée du désert à partir du début des années 80. Manquant dix éditions de la CAN entre 1980 et 2006, le Soudan ne parvient également à se qualifier pour aucune phase finale de Coupe du Monde, échouant le plous souvent dès le premier tour des éliminatoires.

Les Crocodiles font néanmoins leur grand retour sur la scène africaine en 2008, lors de la CAN disputée au Ghana. Mais c’est bien quatre ans plus tard que les Soudanais vont réaliser leur plus belle performance de l’ère moderne. Dans un groupe composé de l’Angola, du Burkina Faso et du futur finaliste ivoirien, l’équipe menée par le sélectionneur Mohamed Abdallah parvient à se hisser à une deuxième place qualificative pour les quarts de finale. Ils affrontent alors une équipe zambienne qui les écarte sans grande difficulté (3-0), et qui ira remporter le trophée quelques jours plus tard.

C’est donc après un nouveau passage à vide de dix ans que le Soudan retrouve la CAN. Tombeurs de l’Afrique du Sud lors des éliminatoires, les Crocodiles auront pour objectif d’égaler leur performance de 2012.

Aujourd’hui : le doute comme seule certitude

Des chamboulements inopportuns

Auteurs d’une phase de qualification convaincante, le Soudan s’apprête néanmoins à débuter la compétition dans un contexte des plus flous. C’est à moins d’un mois de la CAN que la fédération a ainsi décidé de limoger le sélectionneur Hubert Velud. Le Français, en place depuis début 2020, avait redonné aux Crocodiles une certaine solidité défensive. Ayant déjà exercé au sein de plusieurs clubs du continent, dont l’Etoile du Sahel et le TP Mazembe, Velud bénéficie d’une certaine expérience à l’échelle africaine, qui lui a permis de restructurer une équipe en manque de repères. Cependant, malgré un premier billet décroché pour la CAN depuis 2012, les mauvais résultats de l’équipe lors de la récente Coupe Arabe, ainsi qu’une campagne de qualifications pour le Mondial 2022 complétement ratée, ont poussé les dirigeants de la SFA (Fédération Soudanaise de Football) à se séparer du technicien de 62 ans.

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La défaite du Soudan contre l’Algérie sur le score de 4 buts à 0 lors de la FIFA Arab Cup 2021 : l’un des éléments qui ont eu raison de la place de Velud

A sa place, c’est le local Burhan Tia qui a été nommé pour prendre les rênes de l’équipe. Ce technicien expérimenté a auparavant exercé au sein de la première division soudanaise durant 26 ans. Passé notamment par le club d’Al Merreikh, Tia était également adjoint du sélectionneur lors du CHAN 2018. Le Soudan s’était alors classé troisième de la compétition, ce qui est l’une des meilleures performances récentes du pays. La SFA a donc fait le choix de l’expérience en optant pour un connaisseur du contexte soudanais. Cependant, il n’est pas certain que cela suffira à corriger les nombreux dysfonctionnements techniques et tactiques aperçus récemment.

Entre désordre et volonté de reconstruction

Pour sa première liste, le néo-sélectionneur Borhan Tia a fait appel à un premier groupe de 36 joueurs. Parmi eux, 18 éléments étaient sélectionnés pour la première fois. Cela illustre la volonté du staff d’insuffler du sang neuf après une Coupe Arabe complètement manquée. Sans grande surprise, l’immense majorité des joueurs figurant dans le groupe évoluent dans le championnat local.

On retrouve ainsi une grande présence des deux clubs phares, Al Hilal et Al Merreikh, en plus d’Al Ahly Shendi. Dans le même temps, seulement deux éléments, Mohamed Amin (Motala AIF, Suède) et Yasin Hamed (Nyíregyháza, Hongrie), évoluent à l’étranger. Plus surprenant, l’absence du latéral droit et cadre de la sélection Athar Al-Tahir (Smouha SC). Si les raisons avancées par le staff de la sélection soudanaise font état d’une blessure, le joueur lui-même dément cette version et se dit très surpris par sa non-convocation.

Des Crocodiles trop fragiles

Le cas Al-Tahir résume le désordre général régnant au sein de la sélection soudanaise. Désordre également reflété sur le terrain, avec une équipe extrêmement fragile lors de ses dernières sorties, contrastant avec la solidité et l’envie affichée lors des rencontres d’éliminatoires qui l’ont mené à cette CAN. Alternant entre un dispositif en 3-5-2 et un autre en 4-3-2-1 lors de la dernière Coupe Arabe, le Soudan a encaissé dix buts en trois rencontres, ne parvenant à en inscrire aucun. Proposant un bloc bas contre l’Algérie et l’Egypte, les Crocodiles ont montré une grande difficulté à mener les transitions offensives. Restant ainsi acculés dans leur camp tout au long de la rencontre, ils ont logiquement cédé face aux assauts adverses.

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La composition du Soudan lors de la dernière rencontre disputée contre le Liban (défait 1-0)

Si certaines défaillances sur le plan technique pouvaient être attendues, c’est le déficit athlétique ainsi que les nombreux dysfonctionnements tactiques affichés qui peuvent laisser Borhan Tia songeur. Sur le plan offensif, l’équipe a également souffert dans la construction de ses attaques contre le Liban, adversaire pourtant abordable. Cherchant systématiquement un circuit de passes prévisible, avec des éléments clés trop justes techniquement, les Soudanais ont longtemps abusé du jeu long afin de sauter le bloc libanais, sans grand succès. Les chantiers sont donc nombreux pour le nouveau staff. Ce dernier devra notamment capitaliser sur les qualités démontrées par cette même équipe lors des éliminatoires, et qui lui ont permis de disputer cette compétition.

Le joueur à suivre

Auteur de trois buts en quatre rencontres disputées lors de la phase de qualification, Mohamed Abdelrahman est sans nul doute l’élément offensif clé de cette sélection. Capable d’évoluer sur les ailes ou en position d’avant-centre, le joueur d’Al Hilal a pourtant connu une éclosion tardive en sélection. Convoqué pour la première fois chez les Crocodiles à l’âge de 24 ans, c’est seulement quatre ans plus tard, lors de la Coupe Arabe au Qatar, qu’il dispute sa première compétition officielle avec le pays. Bénéficiant d’un parcours singulier, Mohamed Abdelrahman a évolué au sein des deux clubs rivaux du pays. Formé à Al Hilal, il fut ensuite directement transféré à Al Merreikh, avant de connaitre une courte expérience d’un an dans le championnat algérien. Malgré trois buts inscrits en huit matchs avec le CA Bordj Bou Arreridj, il retourne dans son club formateur en fin d’année 2020.

Doté d’un centre de gravité bas, Abdelrahman possède une très bonne capacité d’élimination entre un contre un. Capable d’utiliser ses deux pieds, il trouve peu de difficultés à se mettre en bonne position pour finir ses actions. Cela lui permet d’avoir des statistiques très intéressantes lorsqu’il évolue en position de numéro 9. Cependant, il est important de noter que le joueur a également besoin d’une animation offensive cohérente pour pouvoir performer. Appréciant combiner dans les petits espaces, Abderrahmane n’a pu retrouver cette configuration lors des dernières rencontres des Crocodiles. Pour sa première grande compétition internationale, il portera l’attaque d’un Soudan en quête de son premier exploit depuis 2012.

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Mohamed Abdelrahman lors du tour préliminaire de la dernière FIFA Arab Cup

Le groupe : deux mastodontes et un novice

Pour son grand retour dans la compétition, le Soudan affrontera l’Egypte, le Nigeria, et la Guinée-Bissau dans le groupe D. Face à deux favoris pour la victoire finale, les Crocodiles bénéficient d’un des groupe les plus relevés de cette édition. Tandis que les Pharaons sont bien connus des Soudanais, la confrontation récente entre les deux nations s’est soldée par la large victoire de l’Egypte sur le score de cinq buts à zéro. L’avantage psychologique ne sera donc pas vraiment de mise à l’heure d’affronter la bête noire historique. Plus d’espoir peut néanmoins être nourri pour le match contre les Super Eagles nigérians, du moins si l’on prend en compte les derniers résultats entre les deux nations. Le Soudan s’était ainsi imposé contre le Nigéria (1-0) lors des éliminatoires pour la CAN 2015, avant de s’incliner quelques jours plus tard à Abuja (3-1). Les deux équipes se retrouvent donc sept ans plus tard, dans un match qui devrait déjà être décisif.

Les Crocodiles auront en effet la « chance » de débuter la compétition contre un novice. Disputant sa troisième CAN, la Guinée-Bissau fera ainsi figure de petit poucet dans ce groupe D. Cette première rencontre entre les deux outsiders de la poule sera donc déterminante pour une troisième place qui pourrait être synonyme de huitièmes de finale (les quatre meilleurs troisièmes des six groupes seront qualifiés pour le second tour). De même, une victoire lors du premier match pourrait redonner de la confiance à un groupe qui en manque cruellement, créant ainsi une dynamique positive pour le reste de la compétition. Les Soudanais devront également avoir en tête la performance de l’Afrique du Sud lors de l’édition précédente, qui a atteint les quarts de finale après avoir récolté trois points lors de la phase de groupes. En plus de Mohamed Abdelrahman, la meilleure arme du Soudan sera donc un format de compétition qui favorise les surprises.

Premiers éléments de réponse le 11 janvier à 20 heures !

Crédits photos : Getty Images, FIFA

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