Le Journal du Real
·12 mars 2025
Bernd Schuster et le Real Madrid, un mariage d’intérêt et un divorce maîtrisé

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·12 mars 2025
Il y a des joueurs qui marquent l’histoire d’un club et d’autres qui, malgré leur talent, finissent par partir avec une amertume certaine. Bernd Schuster appartient à cette seconde catégorie. Arrivé libre au Real Madrid après un passage au FC Barcelone, l’Allemand a connu des années sportivement réussies sous les ordres de Ramón Mendoza. Pourtant, son départ soudain en 1990 en dit long sur la gestion du club à cette époque et sur le rôle parfois ingrat d’une vedette étrangère dans un vestiaire dominé par des icônes locales.
Lorsque Schuster quitte Barcelone pour le Real Madrid en 1988, ce n’est ni par ressentiment ni par défi, comme il aime à le rappeler. Mais Ramón Mendoza, président madrilène visionnaire et joueur, ne pouvait pas résister à l’idée de récupérer un joyau du rival catalan. « C’était un double plaisir : l’enlever à Núñez et l’associer à la Quinta del Buitre », confiait Mendoza, selon Relevo.
Sur le terrain, Schuster s’adapte rapidement. Son talent et sa vision en font un atout majeur du Real Madrid. En deux saisons, il dispute 88 matchs, inscrit 16 buts et remporte deux Ligas, une Coupe du Roi et deux Supercoupes d’Espagne. Mais en coulisses, l’Allemand ne se sent jamais pleinement intégré. « Avec Mendoza, je n’ai jamais eu de relation. Juste un bonjour, et c’est tout », confiera-t-il des années plus tard.
La cassure entre Schuster et le Real Madrid survient en 1990. Mendoza, en quête de renouveau, veut recruter Gheorghe Hagi et commence à organiser le départ de l’Allemand. La tension monte lorsque le Real Madrid planifie une tournée estivale aux États-Unis et au Mexique. Blessé au dos et en désaccord avec le club, Schuster refuse d’y participer. Mendoza en profite pour acter son départ.
Mais la différence entre son passage à Madrid et son futur à l’Atlético se joue ailleurs : « Du Real Madrid, je suis parti en étant payé. À l’Atlético, j’ai laissé mon argent », confiera-t-il plus tard. Une phrase qui résume son parcours dans la capitale espagnole : un transfert gagnant pour le Real, une expérience contrastée pour lui, avant un dernier défi sous les ordres de Jesús Gil.
Au final, Schuster reste un personnage unique du football espagnol. Talentueux, imprévisible, souvent en décalage avec les institutions qu’il a servies, il incarne une époque où les grands joueurs étaient avant tout des figures libres, à la fois adulées et incomprises.
Nouha Chani
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