La Grinta
·27 juillet 2025
Belfast Celtic : la gloire des catholiques d’Irlande du Nord disparue du jour au lendemain

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·27 juillet 2025
Fondé en 1891, le Belfast Celtic avait tout pour devenir l’entité la plus iconique des catholiques d’Irlande du Nord, l’étendard légendaire d’une minorité opprimée, avant qu’un épisode tragique survenu lors du Boxing Day de Décembre 1948 au Windsor Park du rival Linfield n’en décide autrement.
En traversant l’autoroute M1 servant de frontière entre le quartier protestant unioniste de The Village et le quartier catholique républicain de Gaelltacht, et en entrant dans le centre commercial « The Park Centre », difficile d’imaginer que 75 ans plus tôt, des dizaines de milliers de supporters déchaînés s’amassaient dans les travées d’un stade légendaire. Et pourtant…
Une fois les frontières invisibles mais presque tangibles des deux quartiers rivaux franchies, les portes coulissantes automatiques s’ouvrent sous les pas des locaux qui font leurs courses. B&M, JD Sports, Iceland et autres enseignes très répandues au Royaume-Uni se suivent ou se font face, et au milieu de cet ensemble routinier et peu glamour, se cache un musée. Le Belfast Celtic Museum. Tenu par un collectif de bénévoles passionnés, ce petit local fort charmant et tout de vert revêtu ne paie pas de loyer, ni de charges, et vit des donations de ses visiteurs.
Mural représentant le logo du Celtic Belfast donnant sur l’ancien site du Celtic Park en fond, reconverti en centre commercial.
Pour avoir le privilège d’en découvrir le contenu, il faut contacter les tenanciers du lieu au préalable, chose faite en l’occurrence. En petite chemise d’été et tout sourire, Padraig Coyle, l’un des membres principaux du groupe de bénévoles vient ouvrir les portes de l’un des trésors les mieux cachés d’Irlande du Nord.
L’ancien journaliste de 71 ans à l’expérience tumultueuse et passionnante, de la BBC à l’Irish Times, a arpenté l’île. Né à Dublin, de l’autre côté de la frontière et ayant grandi à Armagh, l’auteur de « Alex Moore’s Almanach : A young man’s diary of a sporting farewell » a pris soin en compagnie de sa femme arrivée plus tard, de raconter les mille et une anecdotes liées au club le plus mystérieux de Belfast.
Jeunesse dorée, urinoirs et Celtic Glasgow.
Le Celtic Belfast a vu le jour en 1891, fondé au 88 Falls Road, West Belfast, dans la place forte des catholiques de la ville, le club est né dans l’épicentre de ce qui a forgé par la suite l’identité irlandaise au cœur de la capitale de son voisin du Nord, à majorité protestante à l’époque.
Equipe type du Belfast Celtic dans les années 1930-1940
À l’origine, les couleurs ainsi que le nom du collectif s’inspire clairement et officiellement de son frère de sang Irlandais, le Celtic Glasgow. Les bandes horizontales vertes et blanches représentent fièrement l’héritage gaélique d’une communauté déracinée à cause de la grande famine du milieu du 19ème siècle, exportée par delà les mers et les montagnes. Le Celtic Park de Belfast ne fait pas exception à cette union, surnommé « The Paradise » par ses plus fidèles supporters, le stade pouvait accueillir plus de 60 000 âmes dans ses travées à l’époque. Hybride et multisport, le gazon verdoyant était bordé d’une piste d’athlétisme ainsi que d’un circuit équestre, les étalons étant plus en vogue à l’époque.
Entre deux anecdotes passionnantes, Padraig confie que « le Celtic Park fût le premier stade d’Irlande doté d’urinoirs, avant, les gens se débrouillaient », symbole d’une époque où les femmes n’étaient tout de même pas au cœur du débat, mais où l’hygiène émergeait comme une préoccupation majeure chez des Irlandais précurseurs.
Illustration du Celtic Park vu du ciel.
Celtic Park = Paradise
Comme évoqué dans un précédent article portant sur le voisin et ennemi de toujours, Linfield, les deux entités ont été créées pour se détester. Toutes deux liées intimement à l’un des géants de Glasgow, les deux formations se font face et se haïssent. Pourtant, le Windsor Park ainsi que le Celtic Park ne sont séparés que de quelques centaines de mètres. Mettant en exergue une rivalité religieuse, politique et géographique très exacerbée dans un espace réduit, de quoi jeter de l’huile sur le feu les soirs de matchs.
Contrairement à son rival protestant et sectaire, n’acceptant aucun catholique dans ses rangs, le Celtic Belfast se veut plus tolérant et accueille aussi bien les protestants que les catholiques, ces derniers restant majoritaires évidemment. Couronné de succès, la fierté des catholiques de West Belfast a glané pas moins de quatorze Irish Leagues ainsi que huit Irish Cups, faisant des Celts l’un des clubs les plus influents et performants du paysage footballistique irlandais de l’époque.
Photo de match des Celts à domicile devant leur public.
Après avoir exhibé pour l’occasion des pièces que tout collectionneur s’arracherait, comme des maillots originaux portés par les joueurs dans les années 1920, 30 et 40, Padraig se lance dans le récit des vies de ceux qui furent les plus grandes légendes de la « Grand Old Team » de Belfast. Parce qu’après tout, une grande histoire prestigieuse est écrite par de grands hommes d’exception.
Elisha Scott : d’Anfield aux bancs du Celtic Park
Le premier que notre guide du jour nous présente afin d’introduire le Hall of Fame du Belfast Celtic FC n’est autre qu’Elisha Scott. Né à Belfast de parents protestants, le gardien de but petit par la taille (1m77) mais grand par le talent défraie la chronique à plus d’une reprise. Formé en partie à Linfield, le portier n’a pas hésité à revêtir le maillot vert et blanc des Celts quelques saisons durant en gagnant par deux fois l’Irish League sous la tunique bicolore, trahissant les siens de la pire des manières, avant de s’envoler pour Liverpool.
Arrivé en terre scouse, le nouveau Reds fait l’unanimité, doté de réflexes incroyables, ce dernier défendra les cages du LFC plus de quatre cents fois dans sa carrière, asseyant sa légende dans l’un des clubs les plus mythiques de tous les temps, en glanant deux championnats d’Angleterre au passage. Mais sa légende à West Belfast ne s’est pas forgée sur le rectangle vert. Peu après sa retraite de joueur, l’homme des Shipyards revient sur ses terres afin d’officier en tant qu’entraîneur du Belfast Celtic FC. En tout, le plus protestant des catholiques gagnera six fois l’Irish League ainsi que six fois l’Irish Cup, et d’autres trophées mineurs en quinze ans, rapportant en tout trente sept honneurs à la Grand Old Team dans sa vie.
Avant de nous accompagner sur sa tombe située à quelques rues de là, Padraig raconte qu’Elisha avait pour habitude lorsqu’il entraînait les Celts d’aller narguer les supporters de Linfield en effectuant un signe de croix catholique en amont des derbies, sans s’être converti au préalable évidemment, tout pour mettre les adversaires en rogne.
Tombe d’Elisha Scott, Belfast City Cemetary, Gaelltacht, Belfast.
Du gazon d’Old Trafford au banc du Camp Nou, il y a Patrick O’Connell
Après avoir présenté le plus grand entraîneur de l’histoire du Belfast Celtic, il est temps d’introduire le plus grand entraîneur ayant joué au Belfast Celtic, en la personne de Patrick O’Connell.
Passionné par le football dès son plus jeune âge, le « half-winger » (profil qui n’existe plus vraiment dans le football moderne, ou en tout cas plus sous cette dénomination) commence à travailler tôt, tout en jouant au football en parallèle pour des clubs de Dublin, sa ville natale.
En 1905, alors qu’il a tout juste 18 ans, les Celts voient en lui un grand espoir et le recrutent. Durant quatre saisons, le jeune homme représentera comme il se doit les couleurs des catholiques de Belfast, avant de s’envoler pour Sheffield Wednesday, en ayant marqué les esprits des siens au préalable. Artisan du sacre de l’Irlande lors du British Home Championship de 1914, celui qui fût même capitaine de l’équipe à plusieurs reprises devint rapidement un symbole pour les Irlandais, toujours sous le joug britannique à ce moment là (rappel : l’Irlande devient indépendante en 1921, tout en « laissant » les six comtés du Nord rester dans le Royaume-Uni en tant qu’Irlande du Nord).
Par la suite, celui qui avait été acheté 50£ de l’époque pour être transféré du Belfast Celtic aux Owls de Sheffield passera par Hull City avant d’être transféré pour 1000£ à Manchester United. Du trading de joueurs avant l’heure. Du côté des Red Devils, et contrairement aux apparences, la saison est presque catastrophique. S’étant maintenus à un point près lors de la saison 1914-1915, les pensionnaires d’Old Trafford sont impliqués dans le scandale de paris sportifs de 1915, bref, une période à oublier.
Point historique : pour le contexte, Manchester United et Liverpool ont truqué un match décisif pour le maintien des Red Devils le 2 Avril 1915, lord du Good Friday. Sentant la Première Guerre Mondiale arriver, des joueurs ont voulu réaliser un profit mutuel en arrangeant un match tout en misant sur la rencontre, résultat, trois joueurs de Manchester United et quatre joueurs des Reds de Liverpool écopent d’un bannissement à vie du football professionnel.
La guerre mettant fin à la saison, l’aventure mancunienne se termine sur une note ambivalente, scellant tout de même le passage de l’Irlandais dans l’un des clubs les plus mythiques de tous les temps. Et des clubs légendaires, notre intéressé en connaîtra d’autres. Après avoir terminé sa carrière en Écosse du côté de Dumbarton ainsi que chez les Anglais d’Ashington. Patrick Joseph O’Connell devient entraîneur.
L’ascension du natif de Dublin fût rapide, Ashington tout d’abord, puis le Racing Santander ensuite, avant de poursuivre en Espagne au Real Oviedo puis au Bétis Seville, avec qui il gravira les échelons. Champions de Segunda División en 1932, les Vert et blanc guidés par O’Connell sur le banc ainsi que le légendaire Lecue sur le terrain glanent un titre de champion d’Espagne en 1935, surpassant un certain Real Madrid. Aujourd’hui encore, c’est le seul championnat d’Espagne remporté par le Bétis.
Ensuite, tout s’enchaîne et le représentant de l’Eire désormais indépendante à l’international rejoint l’immense FC Barcelone. Après une bonne saison en Liga, les championnats s’arrêtent à cause de la guerre civile d’Espagne, mais le FC Barcelone, représentant de la Catalogne, effectue une tournée américano-mexicaine pendant ce temps-là, en disputant des rencontres les opposants au Club America, au XI de légende du Mexique et des États-Unis ou encore contre des équipes de Brooklyn.
Après un court passage au FC Seville, l’entraîneur Irlandais le plus adulé d’Espagne prend sa retraite. Un mural le célèbre aujourd’hui à Belfast, dans le quartier de Gaelltacht, le mettant en scène au Celtic Park, puis à Old Trafford pour finir au Camp Nou, une trajectoire aussi légendaire qu’inattendue pour celui qui avait commencé à travailler à l’âge de 14 ans.
Mural honorant Patrick O’Connell à travers ses passages au Celtic Park, à Old Trafford et au Camp Nou. Gaelltacht, Belfast.
Légendaire dans les deux Celtic Parks et plus connu que le Pape, le très souriant Charlie Tully
Le troisième joueur choisi pour représenter le Hall of Fame de la Grand Old Team illustre un parallèle presque évident entre le Belfast Celtic et son frère de Glasgow, en suivant les pas de Charlie Tully.
La version catholique de George Best naît à Belfast en 1924. À vingt ans, ce dernier effectue sa première rencontre professionnelle avec Cliftonville en prêt, et son talent au milieu de l’aire de jeu ne met pas longtemps à briller au grand jour. Agile, fin techniquement et combattif, le représentant des Vert et blanc honore ses couleurs durant trois saisons et demi suivant son retour de prêt, et sa gentillesse couplée à son humour font l’unanimité sur et en dehors du terrain.
En 1948, c’est le grand saut, la cour des géants appelle Charlie qui rejoint le Celtic Glasgow. L’histoire d’amour débute au Celtic Park, un 14 août sur un morne 0-0 contre Greenock Morton, mais ne sera pas aussi discrète que prévue. Car quand on coûte 8000£ de l’époque, on se doit d’être excellent. Mais notre homme a la ressource suffisante. Le natif de Belfast dribble tel un Brésilien, tacle comme un Écossais et possède la vista d’un Espagnol, durant 319 rencontres, le représentant de West Belfast fera trembler 43 fois les filets. Mais ce qui marquera par dessus tout les esprits restera la Tullymania, le premier footballeur à être érigé au rang de star, de par ses qualités et sa personnalité.
Le Belfast Bhoy a même eu droit à sa petite boutade restée gravée dans les mémoires, en 1950, alors qu’ils s’apprête à disputer un amical contre la Lazio. Le Pape rend visite aux catholiques de Glasgow, et en réaction à une photo prise à deux avec Charlie, un badaud lança « Who is that fella standing beside Charlie Tully ? » Ce dernier étant presque plus connu que le Pape.
Shankill, moto et Boxing Day avec Jimmy Jones
Le quatrième acte des cavalcades des héros du Celtic Belfast s’écrira avec Jimmy Jones, connu notamment à l’occasion d’une bien triste anecdote survenue lors du Boxing Day de 1948. Né protestant lui aussi, Jimmy a même représenté Shankill (bastion de l’UVF, présenté dans le précédent article sur Linfield) avant de rejoindre les rangs des pensionnaires du « Paradise ». La tolérance est une nouvelle fois mise en valeur de ce côté de la M1.
Attaquant de pointe survolté, efficace et tonique, Jimmy est selon Padraig « le plus grand espoir de l’époque » sur le flanc offensif. En 1946, Jimmy le prolifique rejoint le CBFC, mais débute en réserve le temps d’une saison en raison de son jeune âge (18 ans). L’année d’après est celle de l’explosion pour le jeune homme. Avec 62 buts marqués sur la saison, celui qui a fait trembler les filets de tous ses rivaux défraie la chronique jusque Newcastle qui propose 16 000£ pour se payer ses services.
Contre toute attente, le Celtic Belfast refuse, persuadé du talent de son joyau. Vainqueurs de l’Irish League cette année là, les Vert et Blanc comptent bien sur les services de leur crack afin de répéter l’exploit l’année suivante. Et justement, notre virevoltant nord-irlandais débute l’exercice 1948-1949 sur les chapeaux de roue en marquant pas moins de 27 buts en 19 matchs.
Celui qui enchaînait football professionnel, compétitions de moto ainsi que tournois de badminton (dans l’un desquels il rencontrera d’ailleurs sa femme) était couronné de succès partout, ses pas transformant la boue en or, muant le cuir de ses crampons en soie au contact du ballon. Cependant, le destin ne fût pas toujours avec Jimmy durant cette saison.
Jimmy Jones mis en valeur sur le principal mural du Belfast Celtic, à quelques pas du musée, Gaelltacht, Belfast.
À l’occasion du Boxing Day de 1948, Linfield reçoit le Celtic Belfast au Windsor Park, pour le Derby de Belfast de l’époque. À l’issue du match et suite à un scénario rocambolesque, les supporters des Blues envahissent le terrain et tabassent le moindre joueur tout de vert vêtu qui croisera leur chemin. Leur cible principale : Jimmy Jones, le jeune protestant pétri de talent qui évoluait chez les catholiques. Tandis que trois de ses coéquipiers sont gravement blessés, Jimmy, lui, est roué de coups et tombe dans les pommes. À son réveil, une de ses jambes est cassée, et l’amputation est envisagée. Le rêve se brise pour l’étoile filante de Belfast.
Aucun coupable ne sera condamné pour cette agression. Un véritable miracle chirurgical permet au jeune homme de pouvoir rechausser les crampons deux ans plus tard pour son club d’enfance, Glenavon, avec qui il marquera plus de 250 buts, et qui lui permettra d’ajouter trois championnats ainsi que trois coupes nationales à son armoire à trophées, avant de filer dans d’autres clubs du nord de l’île. Une histoire qui aurait pû finir plus tragiquement pour celui que le destin a choisi pour marquer un tournant dans l’histoire du Belfast Celtic …
Jimmy Jones Corner, Belfast Celtic Museum.
Tournée américaine, espoirs puis disparition
Cet épisode marque au fer rouge l’histoire du football de Belfast. Après cette violente altercation entre des supporters et un joueur du Celtic Belfast, et surtout après une enquête ridiculement faible du point de vue policier, le seul club catholique de la ville doté d’une grande influence à l’époque décide de se retirer de la Ligue professionnelle du nord de l’île.
Symboles malgré eux d’une oppression systémique et perpétuelle, les joueurs de Celtic Belfast n’ont d’autre choix que de céder suite à un acte d’une extrême violence. Par la suite, la formation affiliée au Celtic Glasgow se lancera dans une vaste conquête des États-Unis, à travers une tournée internationale marquée par des victoires de haut rang contre des clubs comme des équipes nationales.
C’est de ce moment dont il est principalement question dans l’ouvrage que Padraig Coyle nous remis à l’issue de la visite, tous les détails liés à cette aventure, incroyable et absolument unique à l’époque sont à retrouver au fil des pages du récit de ce passionné de l’histoire du club.
Ouvrage de Padraig Coyle portant sur la tournée américaine du Belfast Celtic, accompagné de la brochure du musée des Celts
Document absolument unique représentant une feuille de match d’Elisha Scott lors d’une victoire 13-0 contre Glenavon. Le XI type étant accompagné d’une appréciation individuelle pour chaque joueur.
Suite à cet épisode, le Celtic Belfast tombe dans l’oubli et ne se reformera jamais réellement, malgré des espoirs placés en quelques individus dans les années qui suivirent mais sans rien de concret jusqu’aujourd’hui.
Et après ?
Suite au Boxing Day cataclysmique de Décembre 1948, les Celts tenteront tout de même d’honorer leur fin de saison en clôturant cette dernière sur une frénétique victoire 4-3 contre leurs comparses de Cliftonville, de quoi finir sur une bonne note malgré le marasme du milieu de saison. C’est en date le dernier match de championnat de la Grand Old Team hormis la campagne américaine plus décousue et inhabituelle.
Malgré cette fin tragique, la fierté des catholiques de Belfast n’a fait que grandir, et avec elle la soif de revanche. Ainsi beaucoup ont continué de supporter le frère aîné du Celtic Belfast, à savoir le Celtic Glasgow. D’autres se sont tournés vers Cliftonville, un autre club catholique de la ville, aujourd’hui le plus important d’Irlande du Nord. Enfin certains se sont orientés comme Padraig Coyle vers des clubs irlandais, notre témoin supportant les Shamrock Rovers de Dublin.
Né à l’origine pour représenter une population opprimée, minoritaire, séquestrée dans des ghettos insalubres, dénués d’emploi, dénués de dignité, les habitants de Falls Road et de Gaelltacht ont su transférer cette valeur emblématique, notamment à Cliftonville. Et ce peuple qui représentait à peine 30 % de la population nord-irlandaise de l’époque est aujourd’hui devenu majoritaire démographiquement par rapport à ses bourreaux d’hier.
En marchant à travers les différents quartiers de West Belfast, on constate aisément que le street art engagé est omniprésent à chaque coin de rue, à chaque pan de façade nu. Il représente extrêmement bien la passion et l’atmosphère qui règne dans les quartiers catholiques républicain de la ville la plus importante d’Irlande du Nord, cette identité est partout. Et l’objectif est clair, net, précis, brutal, l’Irlande unie que ce soit demain ou aujourd’hui.
Évidemment, des atrocités ont été commises des deux côtés durant les 30 années de troubles. Mais l’avenir penche inexorablement du côté des catholiques, plus nombreux démographiquement.
Et pour ceux qui ont décidé unanimement de soutenir la Palestine, pour ceux qui ont souhaité être précurseurs en matière de tolérance vis-à-vis des communautés LGBTQIA+ et Queers, pour ceux qui ont choisi de se lier à d’autres grandes causes internationales comme l’Euskadi du pays basque ou encore le mouvement indépendantiste breton un à un certain moment, mais aussi moulte mouvements indépendantistes à travers le monde, pour ceux qui ont perdu leur plus grande fierté, lors de ce boxing Day de 1948, la consolation fut longue mais arrive à grand pas.
Mural représentant Bobby Sands, Falls Road, Belfast.
Pour se hisser à la hauteur du rival, il faut le défier par le football, The Grand Old Team a su le faire à merveille avant que la violence ne prenne le dessus encore une fois. Une rivalité extrêmement fournie est positive par bien des aspects, sans elle, l’essence qui a poussé le Celtic Glasgow au sommet de l’Europe en 1967 à Lisbonne n’aurait pas existé. Sans elle, les murs de Belfast ne seraient pas pour beaucoup d’entre eux recouverts par des prouesses artistiques de renom, sans elle, le groupe de rap le plus populaire du pays, Kneecap, n’aurait pas mis l’Irlande du Nord sur la carte de la culture populaire de la jeune génération (notamment avec un titre « Gets your Brits Out » qui totalise plus de 15 millions d’écoutes rien que sur Spotify).
Mural mettant à l’honneur le groupe KneeCap, Falls Road, Belfast.
Le Belfast Celtic a joué un rôle primordial dans l’émancipation d’une minorité, notamment en défiant sportivement le sacrosaint Linfield, fierté des rivaux. Minorité qui peu à peu s’impose comme le son de cloche majoritaire du pays, et qui marche par marche a su bâtir sa légende. Même si un vide existera toujours chez ceux qui ont connu le Paradis du Celtic Park avec 60 000 alliés dans les gradins un jour de sacre de titre de champion d’Irlande…
Mural républicain Irlandais, Falls Road, Belfast.
Mural pro-irlandais, Falls Road, Belfast.
Mural représentant Nelson Mandela, Falls Road, Belfast.
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