Furia Liga
·24 octobre 2020
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Ronald Koeman est l’entraîneur d’une équipe complexe dans un club qui l’est encore plus. Depuis son arrivée au FC Barcelone, le Néerlandais a bousculé le petit monde culé. Des changements par petites touches dans des secteurs de jeu qui le nécessitaient mais aussi de plus gros bouleversements. Où en est le Barça version Koeman après quelques semaines de travail et quels sont les chantiers en cours ? Éléments de réponse avec le Clásico.
Ronald Koeman passe après Quique Setién, très populaire à son arrivée mais qui n’a jamais vraiment pu imposer sa patte. Le héro de la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions 1992 sait mieux que quiconque que l’environnement catalan est électrique. Chacun de ses choix sera soumis à contestation. Si ce n’est pas par réel désaccord, ce sera par simple peur et méfiance d’un passé si trouble qu’il a mêlé espoirs et déceptions brutales. Pourtant, le nouveau venu du banc blaugrana a déjà réussi à imposer des choix. Mais le chemin reste encore bien long, à commencer par un schéma qui, s’il offre un panorama de possibilités intéressantes, semble aussi dangereusement indéboulonnable.
Parfois réclamé la saison dernière afin d’offrir à Frenkie de Jong le meilleur écrin possible pour son épanouissement, le double pivot a fait ses débuts sous le règne de Ronald Koeman qui pourrait bien en faire sa marque de fabrique. Le Batave a de quoi l’alimenter avec un grand nom, une légende et un espoir. Pourtant dans les faits, le postulat qui veut que De Jong évolue favorablement au coté d’un autre milieu défensif comme il a pu le faire précédemment à l’Ajax est quelque peu erroné.
Le double pivot formé à cette époque au côté d’un Lasse Schöne extrêmement polyvalent et capable d’évoluer à tous les postes au milieu offrait plus de solutions qu’un duo avec Sergio Busquets car cette version blaugrana est composée d’un duo aux qualités extrêmement similaires. Le niveau des latéraux et leur projection étaient là aussi bien différents de ce qu’on peut voir au Barça actuellement, ce qui rentre aussi dans l’équation. Au niveau des statistiques, l’apport de Frenkie de Jong est quasi similaires par rapport à son apport de la saison dernière, hormis sur son nombre de dribbles réussis par match bien supérieur cette année (1,6 contre 2,9).
La réponse à cette adéquation qui comprend aussi l’inconnue de la forme de Sergio Busquets, trouvera peut-être réponse avec le troisième homme : Miralem Pjanic. Le Bosnien semble sur le papier le meilleur complément de Frenkie de Jong. Malgré tout, ce double pivot ne semble pas toujours la réponse adéquate aux problèmes du Barça de Koeman. Contre le Seville FC et Getafe, l’équipe est apparue souvent coupée en deux, parfois très rapidement, manquant cruellement de créativité, de liant et d’hommes entre les lignes. Dans ce cas, des joueurs plus à même de gagner des mètres avec le ballon au milieu pourraient être la bonne pioche. A voir si, comme les hommes sur le terrain, le système est lui aussi interchangeable. Pas vraiment la spécialité de Ronald Koeman.
Cela dure depuis trop de temps déjà . Tout au long de la pause internationale, c’est l’histoire qui a fait son chemin dans tous les médias catalans. Le rôle d’Antoine Griezmann au sein du FC Barcelone pose question plus que jamais et l’histoire est suivie comme une télénovela. Durant la trêve, Griezmann et son sélectionneur Didier Deschamps ont tous deux suggéré que l’attaquant jouait hors de sa position naturelle à Barcelone et que c’était la principale raison de ses mauvaises performances. Des déclarations prisent au sérieux par Ronald Koeman qui a mis le champion du monde au pied du mur. Face à Getafe lors de la dernière journée de championnat avant le Clásico, utilisé comme un numéro 9 fonctionnant de manière centrale, « Grizi » n’avait qu’à saisir sa chance. Et pourtant.
Même si Messi est rentré au centre, Griezmann a toujours maintenu sa position et a continué à redescendre parfois pour aider dans la phase de construction. Contraint de couvrir le côté droit pour soutenir notamment Sergi Roberto, Pedri s’est ainsi perdu. Les attaques n’arrivaient plus sur le côté droit. Jusqu’à présent, lors des quatre rencontres jouées depuis le début de la saison, le Barça a été dépendant de son côté gauche, se rendant très prévisible pour ses adversaires.
Le départ de Luis Suárez pour l’Atlético de Madrid à la suite de la nomination de Koeman signifiait pourtant une place sur le côté droit de l’attaque catalane pour Griezmann supposé se montrer plus convaincant. Au côté du Pistolero, le Français a passé trop de temps à l’écart et a souvent fait le tour de l’extérieur de son adversaire pour passer sur son pied gauche. Il est capable de tourner vers le milieu du terrain et d’utiliser son pied fort pour fournir une menace directe au but. Contre Getafe, « Grizou » avait l’opportunité de prouver sa valeur en tant qu’avant-centre, échouant de nouveau. Très calme, trop calme, il a été jusqu’à rater une simple occasion en un contre un, duel remporté par le gardien de Getafe en première mi-temps.
La situation de Griezmann devient un casse-tête pour Ronald Koeman. Il ne comprend pas son rôle et a du mal à jouer aux côtés de Leo Messi. C’est d’autant plus inquiétant que des joueurs comme Philippe Coutinho sont revenus pour jouer un rôle crucial dans l’équipe première et que la jeunesse semble dejà prête à le remplacer dès le coup d’envoi.
Mardi 20 octobre, le FC Barcelone affrontait Ferencvaros en Ligue des Champions. Mis sur le banc, Antoine Griezmann n’a pas dû profiter de la victoire 5-1 de son équipe. Pas uniquement parce qu’il a été mis à l’écart par Ronald Koeman, mais parce que Trincão, Pedri, et même Ousmane Dembélé ont montré que, eux, savaient saisir leur chance. Alors que son entraîneur l’a essayé à la fois au milieu et à droite, il doit, comme ses coéquipiers l’ont fait lors de cette rencontre, marquer quand le jeu est ouvert.
La jeunesse du FC Barcelone pourrait bien trancher à la place de Ronald Koeman. Ansu Fati a été excellent au début de la campagne 2020-2021. De plus, le coach pourra utiliser le talentueux mais erratique Ousmane Dembélé et le prodigieux Pedri comme remplaçants si nécessaire. Cependant, celui qui pourrait le plus inquiéter Antoine Griezmann reste Trincão. Le Portugais donne cette amplitude qui manquait jusque-là à son équipe. Avec Ansu Fati, il libère des espaces pour Messi et prendre soin de la Pulga, c’est augmenter les pourcentage de chance de le voir poursuivre au Barça. Dembélé insouciant et rapide, Pedri générant des supériorités, Koeman n’a définitivement pas que Griezmann pour évoluer dans la bonne direction.
Bien attaquer est important, bien défendre est essentiel. Et au FC Barcelone, la défense inquiète et plus particulièrement ses latéraux. Si la charnière centrale a montré de graves signes de faiblesses, notamment cette semaine lors du match de Ligue des Champions, sur les côtés les choses continuent d’empirer depuis bien trop longtemps. Actuellement au Barça, les latéraux (Jordi Alba, Sergi Roberto, Junior Firpo, Sergiño Dest) se chevauchent. Personne n’est encore à sa place, hormis peut-être Alba toujours aussi connecté à Messi, ce qui estompe ses largeurs défensives.
Inoffensif, trop vite débordé dans un rôle de latéral droit qui n’est pas le sien, Sergi Roberto est arrivé au bout de ses efforts. Il est encouragé à pousser autant que possible et à se rapprocher de Griezmann et des autres attaquants, sans pour autant y parvenir. Ces dernières saisons, l’apport offensif des latéraux est presque inexistant dû notamment à toutes sortes d’expérimentations et ça constitue un chantier assez conséquent pour Koeman pour ne pas être ignoré plus longtemps.
Si Junior Firpo a été longtemps blessé, les débuts de Dest en tant que latéral gauche n’ont bien sûr pas été convaincants. Être un arrière droit jouera sûrement un rôle majeur pour l’équipe à l’avenir. Dest laisse souvent la balle rouler sur son corps lorsqu’il la reçoit et peut rapidement changer de rythme pour battre l’adversaire puis se mettre dans une position privilégiée pour traverser. Nous devons nous rappeler que Dest n’a que 19 ans et reste encore « brut ». De plus, avec le côté droit de plus en plus impliqué dans l’attaque, le double pivot aura plus de responsabilité défensive.
Difficile de contenter tout le monde quand la révolution est réclamée depuis si longtemps. Ronald Koeman en sait quelque chose. Pourtant il essaye, tout en voyant la liste de ses chantiers s’allonger. Réussira-t-il là ou tous ses prédécesseurs ont échoué. Une partie de cette question trouvera réponse lors du Clásico.
Soledad Arque-Vazquez et Tracy Rodrigo