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·8 novembre 2020

Autriche 1954 : Un parcours dans l’histoire

Image de l'article :Autriche 1954 : Un parcours dans l’histoire

Vingt ans après la Coupe du monde 1934, l’Autriche connaîtra une nouvelle génération talentueuse. Les héritiers de Matthias Sindelar vont faire ce que leurs aînés n’avaient pas réussi. Troisième en 1954, la sélection autrichienne va être l’une des équipes les plus attrayantes en Suisse.

Le 3 juin 1934, l’Autriche cède aux assauts italiens dans une demi-finale attendue de tous. Grande favorite du tournoi, la Wunderteam dirigée par Hugo Meisl, rêvait de ramener le trophée Jules Rimet à Vienne. L’Italie, future championne, va opposer une rude résistance au collectif danubien. Bousculée sur le terrain, l’Autriche se casse les dents sur la défense azzurri. Enrique Guaita arrivera à briser le verrou autrichien (19e). Les Autrichiens réclameront une faute sur leur gardien, en vain.


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Quatre jours plus tard, l’Allemagne remportera son duel face à son voisin. L’Autriche s’incline à nouveau, et laisse filer une troisième place qui lui tendait les bras. La Wunderteam finit quatrième de ce Mondial et ne pourra pas disputer sa chance en 1938. Elle doit déclarer forfait après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie. L’équipe se décompose et cesse d’exister le 23 janvier 1939, quand son plus grand architecte, Matthias Sindelar, est retrouvé mort dans son appartement de Vienne.

Le renouveau du football autrichien

Longtemps traumatisée par la fin tragique de son équipe légendaire, la sélection autrichienne renaîtra de ses cendres. Une nouvelle génération emmenée par Gerhard Hannapi et Ernst Ocwirk permet à l’Autriche de redevenir une puissance du football européen. Hannapi, devient la vedette du Rapid de Vienne au début des années 50. Chez le rival de l’Austria Vienne, Ocwirk est l’un des meilleurs joueurs de son époque. Le journal France Football le désigne meilleur joueur du monde en 1952, cinq ans avant la création du Ballon d’Or.

Au moment des éliminatoires pour le Mondial 1954, la Das Team – surnom de l’Autriche – n’a plus participé à une Coupe du monde depuis 1934. L’attente est grande à Vienne et dans tout le pays. Dotée d’une excellente défense avec Hannapi et Ocwirk, elle dispose d’un milieu de terrain rôdé avec Hernst Happel et Erich Probst. Les deux joueurs du Rapid de Vienne affichaient deux profils différents, un premier plus défensif et un second beaucoup plus offensif. A leur côté Karl Köller apportera sa technique et sa force pour parer aux tâches défensives. L’attaque sera composée des deux frères Körner, Alfred et Robert, et de deux finisseurs hors pair avec Theodor Wagner et Ernst Stojaspal.

La philosophie de jeu autrichienne est portée sur l’attaque. Sous la direction de Walter Nausch – membre de la Wunderteam des années 30 – la sélection autrichienne va se balader lors des éliminatoires. Trop forte pour le Portugal, l’Autriche s’impose 9-1 à Vienne. Supérieur dans tous les compartiments du jeu, le chef-d’œuvre sera signé Erich Probst qui inscrira un quintuplé. Le retour se soldera par un match nul, largement suffisant pour s’assurer une qualification à la Coupe du monde 1954.

Tête de série, l’Autriche retrouve l’Uruguay – aussi tête de série -, l’Ecosse et la Tchécoslovaquie. Le premier tour est une formalité. Vainqueur 1-0 des Ecossais, les Autrichiens ne laissent pas une seule chance à la Tchécoslovaquie, après un succès 5-0 et un triplé de Probst. La petite particularité de cette édition est que les têtes de série ne pouvaient pas se rencontrer. Une règle très spéciale qui va donner lieu à un tirage au sort pour savoir qui finira premier du groupe entre l’Autriche et l’Uruguay. Largement vainqueur de ses deux matchs – 2 à 0 contre la Tchécoslovaquie et 7 à 0 contre l’Ecosse – l’Uruguay perd le tirage et termine deuxième du groupe. Pour le plus grand bonheur de l’Uruguay, la règle sera abandonnée dans la foulée.

Du spectacle et un record

Le 26 juin 1954, en huitième de finale, l’Autriche retrouve le pays hôte, la Suisse. La rencontre va renter dans l’histoire avec un déluge de buts qui va s’abattre sur Lausanne. En l’espace de quatre minutes, les Helvètes vont surprendre à trois reprises une défense autrichienne dépassée par la chaleur étouffante qui régnait ce jour-là. Robert Ballaman ouvre la marque (16e) et Josef Hüggi marque un doublé (17e, 19e). Le thermomètre affiche 40°C degré, mais la température va monter d’un cran au fil des minutes.

Loin d’être abattus, les Autrichiens se ressaisissent et égalisent en trois minutes chrono. D’abord Theodor Wagner (25e), puis Alfred Körner (26e) et de nouveau Wagner (27e) fond céder la Nati. Les défenses sont aux abonnées absentes pour le plus grand plaisir des attaquants qui réalisent un festival en quarante-cinq minutes. La sélection autrichienne mène 5-4 à la pause, grâce à des réalisations de Ocwirk (32e), et un doublé de Körner (34e).

Les deux équipes rentrent au vestiaire épuisées par le rythme et la chaleur. C’est notamment le cas de Robert Bocquet, défenseur suisse qui va déclarer à la pause : « C’est bon les gars 3-0, ils sont foutus ! ». Mais son équipe était menée d’un but au terme de la première période. Une déclaration pour le moins surprenante, qui le sera moins quand on apprendra qu’il jouait avec une tumeur au cerveau, apparue avant même le début du tournoi.

« On a concédé les trois buts si rapidement qu’aucun de nous ne pouvait vraiment le croire » Alfred Körner à FIFATV

Moins en réussite en seconde période, l’Autriche inscrit deux autres buts et valide dans la douleur son billet pour les quarts de finale. La Suisse doit dire adieu à son rêve d’exploit à domicile, après ce festival offensif qui se soldera par un score de 7-5 en faveur de l’Autriche. Ce match est l’un des plus prolifiques de l’histoire de la compétition.

Face à l’Allemagne de l’Ouest, la Das Team se présente lessivée après son huitième de finale. Avec seulement quatre jours de récupération dans les jambes, les Autrichiens seront incapables de répondre au jeu proposé par la Mannschaft. Elle est balayée 6-1 par les coéquipiers de Fritz Walter. Ces derniers iront conquérir le premier de leurs quatre titres mondiaux contre la Hongrie, pourtant grande favorite.

« Il nous restait encore un match contre l’Uruguay, le match pour la troisième place. J’étais blessé et je ne pouvais pas jouer mais mon frère a joué et il a été à l’origine de deux buts. Le tournoi a été un énorme succès dans l’ensemble pour le football autrichien » A.Körner a FIFATV

Le 3 juillet, l’Autriche retrouve l’Uruguay pour la petite finale. Cette fois-ci, c’est au tour des Uruguayens d’accuser le coup, encore fatigués de leur demi-finale à rallonge contre la Hongrie. Ernst Stojaspal en profite et ouvre le score sur penalty (16e). La réponse uruguayenne ne se fait pas attendre avec l’égalisation de Juan Eduardo Hohberg (22e). Mais un but contre son camp de Luis Alberto Cruz (59e) et une frappe de Ernst Ocwirk (89e) vont permettre à l’Autriche de remporter la petite finale. La sélection autrichienne termine troisième et signe son meilleur résultat en Coupe du monde. Dernier de son groupe en 1958, l’Autriche ne fera pas mieux qu’un second tour en 1978 et 1982.

Crédit image :

FIFA.com

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