Furia Liga
·21 octobre 2019
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·21 octobre 2019
Cela devait être le match qui permettrait à l’Athletic de sortir de sa série de trois matchs sans victoire. Mais il n’en fut rien, les hommes de Garitano enchaînent une quatrième rencontre sans prendre les trois points. Mais comment ce match, préparé intensivement pendant deux semaines, s’est terminé par un 1-1 au goût amer ? Eléments de réponse tant individuels que collectifs…
Gaizka Garitano n’est pas dupe, il sait que le principal problème de son équipe concerne les choix individuels et collectifs dans les trente derniers matchs. Des soucis offensifs sur lesquels il a beaucoup travaillé pendant les deux semaines de trêve internationale. En conférence de presse d’avant-match, l’entraîneur de l’Athletic ne cachait pas avoir une idée pour inverser la tendance face aux buts. Celle-ci est bien connue des supporters puisqu’elle porte le nom d’Aritz Aduriz, le chouchou du stade San Mamés. Mais finalement, le buteur de 38 ans ne figure pas sur le onze de départ.
Ce onze de départ est d’ailleurs bien connu, étant celui majoritairement utilisé par Garitano cette saison. Le seul changement concerne le poste habituellement occupé par Yuri Berchiche – souffrant d’une luxation de l’épaule – où Mikel Balenziaga a repris sa bande gauche, en attendant le retour de l’ancien parisien. Certains s’attendaient à voir Iñigo Lekue, mais le latéral gauche ayant demandé du temps de jeu devant la presse ne figure pas dans le onze de départ. Nous aurons cependant l’occasion de voir Lekue au cours du match, assis en tribunes au côté des autres joueurs écartés.
Quoi qu’il en soit, le dispositif utilisé par Garitano est celui qui a permis aux supporters de l’Athletic d’avoir des attentes très élevées cette saison. Mais c’est également celui qui s’est essoufflé au fur-et-à-mesure des matchs et qui se complique face aux cages. Pourtant, les choses semblaient aller mieux aujourd’hui…
C’est notamment au cours de la première mi-temps que le visage montré par les Leones a donné beaucoup d’espoir au public du San Mamés. Malgré sa plus faible affluence de la saison – environ 37 000 spectateurs, un faible nombre dû à des problèmes de validation des tickets à l’entrée du stade – le public a répondu présent dans l’ambiance. Cette ferveur des supporters a ainsi accompagné un Athletic très offensif, ne jouant plus en retrait comme lors des deux précédents matchs.
Collectivement, les choses vont beaucoup mieux et les séquences de passes dans les trente derniers mètres étaient assez inédites pour le club basque. L’Athletic a confiance et le montre en privant totalement l’adversaire du ballon. Dans ce sens, la première mi-temps est contrôlée par les Zuri-gorriak et l’avantage leur est donné logiquement. 1-0 à la pause. Sur le plan collectif, le jeu de l’Athletic est une réussite, mais davantage en première période. Lors de la seconde, les joueurs du Real Valladolid dévoilent un nouveau visage et se montrent plus dangereux que dans les 45 premières minutes. Garitano se voit contraint de changer de tactique, un retournement dans le jeu des Basques qui n’a pas été du goût de tous.
L’entraîneur est souvent la principale cible des critiques, davantage que les joueurs. Mais lors de la réception du Real Valladolid, les responsabilités du match nul s’orientent vers les sportifs. Cependant, la gestion de Gaizka Garitano en cours du match n’est pas exempte de tout reproche.
En ayant choisi de titulariser des joueurs tels qu’Iñigo Córdoba – critiquée pour sa maladresse offensive – ou Yeray – en pleine concurrence avec Núñez, Garitano recevait déjà de nombreuses critiques. Mais le jeu de ces joueurs – légèrement – peu apprécié n’a pas été mauvais et c’est même le remplacement de Córdoba qui a créé une première controverse. En effet, en optant pour une entrée du milieu Beñat et une sortie de l’ailier, Garitano a complètement changé la physionomie d’une équipe qui devait marquer un second but. Le jeu s’en est retrouvé affecté dès la 66e minute, stoppant les offensives basques pendant un quart d’heure.
L’entrée d’Aduriz, alors que l’Athletic est à égalité (1-1), relance quelques peu les espoirs de victoire. Arrivés dans les dix dernières minutes, les Basques relancent les hostilités, sans pour autant réellement inquiéter Masip, le gardien de la Pucela. Il faudra attendre la 86e et l’entrée en jeu de l’ailier Gaizka Larrazabal – pour ses premières minutes à San Mamés – pour que le système originel de Garitano reprenne forme. Les tentatives basques réapparaissent, dont une frappe en lucarne d’Iker Muniain, parée de justesse par Masip et qui a coupé le souffle de San Mamés le temps de quelques secondes.
Garitano est ainsi accusé d’avoir lui-même rendu muet l’attaque de l’Athletic pendant plus de dix minutes, ce qui aura permis au Real Valladolid de revenir au score. Sur le plan individuel, on a assisté à de réelles démonstrations telle que celle de Williams pour l’ouverture. Mais l’analyse individuelle révèle également des erreurs cruciales du côté basque.
En pleine concurrence avec Unai Núñez, Yeray sait qu’il n’a pas le droit à l’erreur. C’est pourtant lui qui est à l’origine de la plus claire occasion du Real Valladolid. Ne parvenant pas à contrôler le ballon, il l’envoie involontairement dans les pieds d’Eres Unal, qui fonce seul sur Unai Simón. Le portier basque impressionne tout le monde en repoussant de son avant-bras la frappe du 9 adverse. Mais Yeray a également été apprécié pour ses offensives et son sérieux en défense, un bilan donc mitigé.
Faisant la paire avec lui, Iñigo Martinez sait être un défenseur phare de Liga. Ne se laissant nullement impressionner, il sait se montrer rapide et décisif. Il n’aura comis qu’une erreur aujourd’hui, celle d’être sur la trajectoire du ballon repoussé par Unai Simón sur corner. Auteur involontaire de l’égalisation, il partage cependant les torts avec son gardien.
On retiendra surtout de lui sa superbe passe décisive pour Iñaki Williams. La contre-attaque lancée par le milieu de terrain n’aurait bien sûr rien donné si elle avait été faite avec un autre attaquant, tel qu’Aduriz, mais elle permet ici l’ouverture du score. Unai López a été parmi les plus importants dimanche soir, capable de récupérations de balle dangereuses tout comme de créations d’offensives. Son travail défensif fait de lui le partenaire idéal de Dani García en pivot. Celui-ci a d’ailleurs été effacé par Unai López lors du match, beaucoup moins visible que celui qui donna sa place à Aduriz. On ne retiendra pas ses quelques frappes lointaines dignes offertes aux tribunes, disons que ça peut toujours se travailler à l’entraînement…
Au final, l’attaquant de l’Athletic a rappelé qu’il reste un incroyable finisseur. Lancé seul, au milieu de terrain, par une balle aérienne d’Unai López, Iñaki Williams parvient sans soucis à se glisser jusqu’à Masip. Dribblant gardien et défenseurs, Williams stoppe finalement sa course et envoie sa plus puissante frappe sans la moindre pression. La prestation de la panthère basque a été excellente en première période, avant qu’il soit davantage contrôlé par les défenseurs centraux du Real Valladolid.
Il voulait être partout, il a été partout. Iker Muniain a la mentalité qui plaît tant aux supporters de l’Athletic. Véritable guerrier, il tente de participer au jeu défensif bien que ne cachant pas sa préférence pour les gestes techniques en attaque. Aujourd’hui sur l’aile droite, Muniain a démontré une fois encore qu’il peut jouer à de nombreux postes. Sa frappe en lucarne en toute fin de match aura failli délivrer des Basques qui rentrent aux vestiaires en ne cachant pas leur déception. “Il ne faut pas se démoraliser” déclara Iker, des vrais mots de capitaine.
La perte de ces deux précieux points dimanche dernier est ainsi due à une erreur individuelle, mais peut également être la résultante d’une mauvaise gestion de Garitano en cours de match. Le jeu en lui-même semble cependant s’être amélioré et le collectif des Bilbotarrak pourrait devenir un atout intéressant. La prochaine rencontre aura lieu sur la pelouse de l’Atletico de Madrid, où les Leones essayeront de ne pas continuer leur plus mauvaise série depuis l’arrivée de Garitano sur le banc. À suivre donc…
Jérémy Lequatre-Garat @Euskarade