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·27 juillet 2025

ASSE : "La politique macronienne de Kilmer a échoué"

Image de l'article :ASSE : "La politique macronienne de Kilmer a échoué"

Les deux chroniqueurs de l'After Foot de RMC ont échangé sur le projet Kilmer de l'ASSE. Extraits.

David Gluzman – Le trading avec l’exemple de Saint-Étienne : "En propos préliminaires, je tiens à dire aux fans de Saint-Étienne que je n’absous pas Kilmer de toutes ses torts. C’est très étonnant — et très décevant — que Saint-Étienne soit descendu avec ce niveau d’investissement. On parle de 24 millions investis l’année dernière, dans une Ligue 1 où le bas de tableau était relativement faible (avec tout le respect que j’ai pour ces équipes).


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Je ne comprends pas que Kilmer n’ait pas été plus actif et plus proactif pendant le mercato d’hiver, notamment sur les postes de latéraux. En finissant avec Dennis Appiah et Léo Pétrot, j’ai été très surpris. Un investissement minimal aurait dû suffire à garantir un maintien confortable. Ce qui m’a dérangé aussi, c’est que cette nouvelle direction donnait l’impression d’avoir un pied dans le passé — avec le poids extraordinaire, énorme et très écrasant de l’histoire du club — et un pied dans le futur, avec cette ADN "trading" qu’ils voulaient mettre en place. Cette politique du "ni-ni", limite macronienne (un coup à droite, un coup à gauche)... eh bien, cette politique a échoué.

Elle a échoué malgré le fait qu’ils disposent d’un capital humain très rare. Kilmer, c’est Ivan Gazidis : quelqu’un qui a contribué au développement de la MLS, qui a réussi au niveau des ligues, et qui a modernisé Arsenal après l’ère Wenger. Il a aussi redressé l’AC Milan, jusqu’au titre de champion. Huss Fahmy, ancien avocat d’affaires, et Jaeson Rosenfeld, un des pionniers de la data dans le foot, sont également là. C’est lui qui avait lancé le logiciel StatDNA, utilisé par Arsenal. Arsène Wenger en était tellement satisfait qu’il a acheté le logiciel pour l’intégrer à la cellule de recrutement du club.

"La data, c'est une politique qui marche pour les divisions inférieures" (David Gluzman sur la politique stéphanoise)

Quand je parle de scouting, de data, de trading — qui n’est pas un gros mot, je le rappelle —, ils ont le capital humain et financier pour le faire. En Ligue 1, Kilmer est le 9e investisseur le plus généreux l’an dernier, et cette année, c’est le 8e. Il y a eu des options d’achat levées, et deux recrues très astucieuses, dont Chico Lamba, qui était l’un des meilleurs défenseurs centraux du championnat d’Europe Espoirs. Ce trading porte déjà ses fruits : les deux meilleures recrues sont des recrues "trading" — Stassin et Davitashvili. Ils ont déjà reçu des offres doublées ; une plus-value est en cours.

J’ai envie de leur dire, à Kilmer : allez-y à fond. Ces gars sont là pour dix ans. Ils ont déjà modernisé la cellule de recrutement. Ils ont recruté Guillaume Leleu, qui était à Brentford, un club qui est pour moi un modèle. En Championship, on disait : "Ouais, mais Brentford, la data, ça marchera jamais..." Pareil pour Brighton. Et pourtant, ils sont montés grâce à une politique data.

Ce modèle fonctionne dans les divisions inférieures. Toulouse aussi avait commencé à le mettre en place. Et ce trading, du côté de l’ASSE, ne veut pas dire qu’on ne respecte pas l’institution. J’ai vu Larqué, vent debout contre cette nouvelle politique. Pourtant, quand Bruno Retailleau a menacé de dissoudre les groupes de supporters, ces Anglo-Saxons se sont dressés contre la mesure. Ils ont protégé leurs ultras, ils ont protégé le patrimoine de Saint-Étienne. Le trading est nécessaire, mais il ne signifie pas pour autant renier l’institution."

"J'ai un peu plus de mal avec cette forme de doctrinement, cette idée de tout miser sur la DATA" (Félix Rouah sur l'ASSE)

Félix Rouah – À propos de Saint-Étienne : Contre le Paris FC, Saint-Étienne, dans le contenu, a un peu fait peur à tout le monde. Après, on est très tôt dans la saison, donc ce n’est pas forcément hyper pertinent.

Je suis d’accord avec les propos de David : la data est devenue quelque chose à prendre en compte. Elle fait partie de la vie de tous les clubs aujourd’hui. C’est un outil, et on aurait tort de s’en priver. Mais j’ai un peu plus de mal avec cette forme de doctrinement, cette idée de tout miser là-dessus. Même si ça a fait ses preuves dans certains clubs, ça repose surtout sur un contexte particulier. Et je ne pense pas que l’ASSE, avec son poids historique et son public, fasse partie des clubs prêts à accepter un projet aussi hybride et innovant, fondé sur la data.

Je pense que dans ce genre de cas, la greffe… j’y crois pas trop. Quand on regarde les pays ou les contextes où ça a fonctionné, c’est rarement comparable. En Ligue 2, il faut autre chose. C’est vraiment très compliqué. J’ai toujours été assez interloqué par la gestion de Gazidis à l’ASSE. On a parfois eu l’impression que la descente n’était même pas si grave. Que le barrage face à Metz, s’il tournait mal, ce n’était pas un drame. Qu’au fond, prendre le club en Ligue 2, c’était davantage le vrai point de départ du projet.

"Les supporters de Saint-Étienne sont épuisés mentalement."

Mais il ne faut pas oublier toute l’exigence qu’il y a autour de ce club. Les supporters de Saint-Étienne sont épuisés mentalement. Par exemple, le cas Stassin : il veut partir, et sa date de retour est encore repoussée. Tes trois grosses valeurs offensives de l’année dernière : – Cardona, OK, – Davitashvili, ça va être difficile à gérer, – Stassin, pareil.

D’accord, je veux bien que tu fasses des paris audacieux, que tu prennes des mecs en te disant : "Si j’en prends six, il y en aura quatre qui marcheront." Mais les supporters de Saint-Étienne, ce sont des gens qui vivent foot, qui respirent foot. Ils ne veulent pas du clinquant. Il faut une colonne vertébrale, un vrai socle."

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