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·8 juin 2025
ASSE : Analyse de la révolution secrète du club

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·8 juin 2025
Le football français traverse une zone de turbulences. L'échec Médiapro puis DAZN a mis à mal l'équilibre financier de nombreux clubs français. Et le passage devant le DNCG pourrait être fatal à un grand nombre d'entre eux. Mais pas à l'ASSE… Décryptage dans notre dernière vidéo.
Romain, rédacteur pour Peuple Vert et intervenant de l'émission : "Cette année, ce passage devant la DNCG prend une tournure un peu particulière, à cause de la crise des droits TV. Avec l’explosion de l’IPTV et le piratage des matchs, DAZN n’est pas du tout rentré dans ses frais. Résultat : ils ont dénoncé le contrat en accusant la Ligue et les clubs de ne pas avoir joué le jeu.
Du coup, aujourd’hui, les clubs sont dans le flou total concernant les droits TV pour la saison prochaine. Cette situation complique énormément la présentation des budgets.
Jean-Marc Mickeler, le patron de la DNCG, a d’ailleurs mis en garde les clubs : il leur a demandé de faire preuve de grande prudence, en particulier sur deux points. D’abord, ne pas tabler sur des revenus télé qui ne sont pas garantis. Et ensuite, ne plus annoncer des ventes de joueurs « prévues » tant qu’elles ne sont pas actées. Donc, si ce n’est pas signé, ce n’est pas pris en compte."
Mais Saint-Étienne pourrait ne pas être excessivement impactée par la baisse des revenus liés à l'audiovisuel. En 2024-2025, des clubs comme le MHSC dépendait des droits TV à hauteur de 67,1% dans son budget prévisionnel. Mais du côté du forez, les droits TV ne représentent que 17,8% du budget prévisionnel.
Joss Randall, chroniqueur pour Peuple Vert : "Ça s’explique par deux choses : les dépenses et les recettes. Si le pourcentage est aussi élevé au MHSC, c’est d’abord parce qu’ils n’ont quasiment aucun autre revenu que les droits télé. C’est leur principale, voire seule, source de revenus. Il n’y a pas grand monde au stade, leur marge est très faible, et leur activité sponsoring est limitée.
À l’inverse, chez nous, toutes les sources de revenus hors droits télé sont bien plus développées. Et puis, il y a aussi la masse salariale : elle est plus élevée à Montpellier, donc forcément, elle pèse davantage dans un budget déjà restreint.
Pourquoi nous, on a un pourcentage beaucoup plus faible ? Parce qu’on a réussi à baisser les dépenses, en maîtrisant les coûts réels, et à augmenter nos ressources hors droits TV. Donc, mécaniquement, on est beaucoup moins dépendants des droits TV. Et ce qui s’est passé avec Kilmer, justement, va dans ce sens"
En rachetant pour 10 millions d’euros les sept années restantes du contrat qui liait l’ASSE à l’agence Sportfive, Kilmer Sports s’est affranchi d’un partenariat devenu coûteux. Sportfive prélevait d’importantes commissions sur les revenus générés par la billetterie, les hospitalités, les séminaires et les partenariats commerciaux en contrepartie de leur gestion.
Dès la saison prochaine, tous les revenus issus de ces activités reviendront directement dans les caisses du club.
Joss Randall, chroniqueur pour Peuple Vert : " Kilmer a décidé de remettre la main sur tout ça, d’abord pour récupérer l’intégralité des revenus liés au sponsoring, aux abonnements, à l’événementiel, etc. Mais surtout, pour pouvoir mieux le maîtriser et le développer. Parce que l’une de leurs grandes idées, à terme, c’est clairement de faire exploser les revenus marketing.
Ce qui les a attirés à l’ASSE, je pense, c’est la marque. Il y a un vrai potentiel ici pour bosser sur le marketing, pour générer des revenus à partir de l’image du club. (...) Ils ont repris en propre tout ce qui peut générer du revenu hors droits TV : les sponsors, la billetterie, les hospitalités, et demain peut-être le stade. Leur objectif est clair : développer tout ça pour réduire au maximum la part des droits TV dans le budget. Idéalement, ça ne représenterait plus que 5 % des revenus. Et là, tu es indépendant. Tu n'es plus à la merci d’une négociation avec un diffuseur, d'une valorisation imposée par d'autres. Tu reprends la main."