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La Grinta

·23 novembre 2020

Argentine, la fin d’un interminable confinement pour les divisions inférieures

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Après des mois d’improvisation du côté de l’Association du Football Argentin, le football de « l’Ascenso » va enfin reprendre ses droits. Dans un contexte économique difficile pour les clubs malgré les aides allouées par la FIFA et la CONMEBOL, le retour à la compétition prévu le week-end du 27 novembre est salutaire, huit mois s’étant écoulés depuis les derniers matches officiels.

Claypole, ville populaire de la banlieue sud de Buenos Aires, le mardi 17 mars 2020. Les joueurs du « Tambero » et du Deportivo Paraguayo sont en train de s’échauffer afin de disputer la dernière rencontre de la 7ème journée du tournoi de Clôture de Primera D Metropolitana, cinquième et ultime division argentine. Mais alors que les autres matches ont pu se disputer durant le week-end écoulé, l’ordre est donné par le gouvernement argentin de suspendre toutes les rencontres sportives jusqu’au 31 mars. Les joueurs doivent rentrer aux vestiaires et ne savent pas encore qu’ils ne rejoueront pas au football avant le mois de décembre.


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On pense alors à une courte interruption de quelques semaines. Le confinement strict et rapide décidé par les autorités semble au départ porter ses fruits. L’Argentine est vue comme un modèle de gestion de la pandémie avec très peu de cas recensés jusqu’à l’entrée dans l’hiver austral. Mais l’interminable quarantaine pèse moralement sur la population. Elle pèse surtout économiquement pour les secteurs les plus fragiles de la population, qui vit beaucoup du travail informel. L’aide d’urgence accordée par l’Etat ne peut suffire à subvenir aux besoins, la situation étant aggravée par une inflation record dans un pays en récession économique depuis 2018 et qui voit un chiffre alarmant de 46% de ses habitants sous le seuil de pauvreté. Finalement, et ce malgré huit mois de confinement, la crise sanitaire sera lourde avec des taux de mortalité similaires aux voisins brésiliens et chiliens.

Dans cette situation, le rôle social des clubs argentins est mis en exergue. Les clubs de « l’Ascenso », malgré leurs moyens modestes, sont très investis. En plus de l’organisation de « ollas populares » (soupes populaires), certains comme Villa San Carlos appellent leurs socios guéris du coronavirus à donner leur plasma en l’échange d’un maillot. Cette campagne solidaire sera étendue à de nombreux clubs grâce à un accord signé avec la fédération argentine de football. Le club de J.J Urquiza, dont le siège est situé à Caseros, en banlieue ouest de Buenos Aires, organise grâce à sa camionnette des opérations de désinfection dans les quartiers populaires du département de Tres de Febrero.

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L’Argentine aussi a eu droit à son recours

Devant une crise sanitaire qui ne semble finalement pas pouvoir se résoudre de sitôt, et devant l’impossibilité de terminer les championnats dans un délai raisonnable, L’AFA décide le 28 avril de suspendre tous les championnats sans date de reprise, et supprime toutes les relégations pour 2020 et l’année à venir. Il est évoqué la possibilité de ne pas rejouer au football avant janvier 2021, dans l’optique de passer à des championnats se disputant de février à décembre, au lieu d’un calendrier calqué sur la saison européenne. Cependant, dans un contexte où l’absence de compétitions ruine l’économie des clubs et où les pays voisins définissent déjà leur reprise (l’Uruguay dès le mois d’août), le retour à la compétition est évoqué.

Si la première division avait déjà terminé son championnat deux semaines avant le confinement et travaillait directement à un format de transition, les divisions inférieures devaient elles reprendre de façon à définir les promotions « sur le terrain ». Un retour fin septembre est évoqué, mais devant l’avancée sans fin du virus et un pic de contaminations qui ne vient jamais, l’AFA, nécessitant l’accord des autorités ne cesse de reculer les dates. Elle doit également gérer l’épineux cas de San Martin de Tucuman, large premier de sa zone en deuxième division avant l’arrêt du championnat. Le club du nord-ouest argentin ira jusqu’au Tribunal arbitral du sport pour réclamer la montée en première division sans jouer, ce que l’institution basée à Lausanne (Suisse) lui refusera.

Une équité remise en cause

La suspension des relégations et l’ouverture du marché des transferts ne permettent pas la reprise des championnats là où ils s’étaient arrêtés. En effet certains clubs (dont San Martin de Tucuman) ont vu la quasi intégralité de leurs joueurs ne pas renouveler leur contrat ou être transférés. Il faut donc créer un tournoi de transition définissant les deux promotions à chaque échelon. Les débats sur les formats à adopter furent interminables, et sources de tensions notamment entre les clubs de l’intérieur et les clubs de Buenos Aires, ces derniers étant accusés d’être favorisés par l’AFA.

La répartition des aides financières octroyées par l’AFA a été vivement critiquée. Les clubs de Federal A, la troisième division pour les clubs de l’intérieur du pays, ont individuellement reçu moins d’argent que les clubs de Primera B Metropolitana, leurs équivalents dans la région métropolitaine de Buenos Aires. Certains « hinchas » du club d’Atlanta, basé à Villa Crespo (quartier de Buenos Aires), premier de l’autre zone de la deuxième division, reprochent à leurs dirigeants de ne pas avoir accompagné la demande de San Martin de Tucuman dans le but ne pas froisser la fédération.

Des compteurs presque remis à zéro

C’est finalement début novembre que furent définis les formats des tournois de promotions des divisions inférieures. Ils laissent un léger avantage aux équipes qui ont terminé la saison régulière ou les tournois d’ouverture en tête, mais offrent aux 18 ou 19èmes des conditions égales à celles ayant terminé à la 8ème place. En Primera C, le club historique d’El Porvenir sort d’une saison désastreuse à 17 points en 27 matches joués mais aura les mêmes possibilités de monter que Berazategui, 35 points au compteur avant l’arrêt des compétitions. En ce qui concerne la deuxième division, qui se jouait sous un format différent, San Martin de Tucuman et Atlanta n’auront aucun avantage pour monter par rapport à des clubs ayant terminé 15 points derrière eux.La date du 27 novembre a été fixée pour la reprise de la deuxième division et la semaine suivante pour les autres, ce qui est déjà un énorme soulagement pour le football argentin. Ces tournois de transition devraient se terminer fin janvier, avant le retour à la normale des championnats traditionnels prévu en mars. D’ici là, on espère un retour au moins partiel du public. Les socios continuent de contribuer à l’économie de leurs clubs sans pouvoir ni réellement profiter des activités qui y sont liées ni assister aux matchs de leur équipe. Leur présence sera essentielle pour redonner des couleurs aux tribunes argentines et définitivement mettre de côté une année noire pour tous les fans de football.

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