Andriy Shevchenko, le buteur qui a mis Milan à ses pieds | OneFootball

Au début des années 2000, Andriy Shevchenko est probablement devenu le meilleur attaquant du monde avec le maillot du Milan sur les épaules. Retour sur la carrière du Ballon d’Or 2004.

Il a le regard triste de ceux qui savent ce qui va se passer. De ceux qui savent déjà depuis longtemps que tout est moche. Alors pour contrebalancer, il a des pieds en chocolat. Né en 1976 à Dvirkivchtchyna en Ukraine, Andriy Shevchenko doit quitter son village natal à 9 ans pour fuir la catastrophe de Tchernobyl.

Sa famille s’installe sur la côte pour éviter les effets de la radioactivité et lui le sait, son enfance vient de se terminer. Désormais, il est un homme. Alors quand il participe à un tournoi de football scolaire à Kiev, il le fait avec une détermination autre et se fait repérer par le recruteur du Dynamo. Dans la foulée, il intègre le plus prestigieux club de la capitale et commence son histoire.

Les yeux tristes toujours, car il sait ce qu’il va se passer, n’oubliez pas. Il va devoir partir encore plus loin, toujours plus loin. Il a le monde à conquérir et un appétit d’ogre. Les équipes de jeunes avalées à la chaîne, il a 18 ans à peine quand il intègre l’équipe première.

Les débuts en pro

Deux mois après son premier match en pro, il plante son premier but. Il le célèbre à peine, il sait ce qu’il va se passer, ce n’est que le premier d’une longue traînée. Cinq mois après ses débuts, il se retrouve déjà en équipe nationale. Précoce a-t-on dit ? Oui précoce. Et surtout un sens du but hors-normes. Il le fait si bien que tout le monde se souvient encore du jour où il a décidé que nous aussi, on avait le droit de savoir.

C’était le 5 novembre 1997 au Camp Nou, un magnifique triplé en LDC ponctué d’une performance terrifiante en guise de manifeste. Cette année-là, il faudra la Juve de Zidane et Del Piero pour arrêter le parcours des Ukrainiens en quart, l’année suivante ce sera le Bayern en demies. Ça y est, son heure est arrivée, c’est le moment de partir pour le grand Milan.

Milan, avalanche de buts et Ballon d’Or

Il est désormais Tsar. Il est un homme et a même un peu de barbe. Il marque pour son premier match, puis pour son deuxième, et finit par planter 24 pions en 32 rencontres devenant ainsi capocannoniere dès sa première saison. Le premier depuis Michel Platini à réaliser un tel exploit dans ce qui est alors le meilleur championnat du monde. Il sait renifler la surface aussi bien que la fuir, il est un grand de ce monde mais n’a pas encore gagné avec les Rossoneri. Il va falloir y remédier. Et vite.

Il n’est pas inquiet car il sait ce qu’il va se passer. Il en a juste assez qu’on lui rappelle que le temps passe vite. « Sheva » a 27 ans en 2003 et est au sommet de son art alors il est temps de tout changer. Le 28 mai, c’est lui qui marque le dernier tir au but en finale de LDC face à la Juventus et permet au Milan de renouer avec ce titre pour la première fois depuis 1994, il avait déjà marqué en finale de Coupe d’Italie quelques jours plus tôt. Quelques mois plus tard, c’est lui encore qui marque en Supercoupe d’Europe pour permettre à Milan de gagner un titre de plus face au Porto de Mourinho.

Il continue sur sa lancée, l’année suivante, Milan caracole en tête de Serie A et remporte un titre de champion d’Italie qui lui échappe depuis cinq ans. En décembre 2004, il remporte le Ballon d’Or. Et tant pis si bientôt, il sera le plus gros flop de l’histoire de Chelsea où après avoir été acheté pour une somme record de 45 millions d’euros, il ne s’imposera jamais.

Le regard n’est plus triste. Il est fatigué. Fatigué d’avoir porté la gloire et son équipe nationale à bout de bras. Fatigué mais probablement satisfait d’avoir été le meilleur joueur du monde pendant quelques années. Et d’avoir tout su avant tout le monde.

Par Ianis Periac

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