Amiens SC : Philippe Hinschberger sur un siège éjectable ? | OneFootball

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·20 mars 2023

Amiens SC : Philippe Hinschberger sur un siège éjectable ?

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Contesté par le public lors de la nouvelle déroute de l’Amiens SC samedi soir face à Rodez, Philippe Hinschberger voit sa position à la tête du club picard se fragiliser semaine après semaine. Au point d’être limogé avant même la fin de la saison, et ce à deux mois de l’échéance actuelle de son contrat ? Décryptage.

Une responsabilité pointée du doigt

Du haut de ses 628 matches à la tête d’un club de Ligue 2, Philippe Hinschberger n’est pas dupe : les mauvais résultats nourrissent les débats autour de sa position à la tête de l’Amiens SC. Et même s’il assure n’avoir « ni le temps d’écouter ce que les gens disent, ni le temps de lire ce qui est écrit sur les banderoles« , nul doute qu’il a vu passer celle déployée par le kop Tribune Nord Amiens, samedi durant la rencontre face Rodez, réclamant son départ : « PH : merci et surtout au revoir. » « On est dans une série pitoyable (ndlr : 3 victoires sur les 17 derniers matches), c’est normal que l’entraîneur soit ciblé, que les gens s’interrogent, concède le principal intéressé. Quand ils ne sont pas contents, ils s’en prennent à l’entraîneur, je ne leur en veut pas du tout. J’ai juste envie de leur montrer qu’on peut faire autre chose. »


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Reste à savoir si Philippe Hinschberger aura le temps nécessaire pour renverser la vapeur. Comme souvent dans ce genre de situation, l’entraîneur fait figure de fusible idéal avec, en toile de fond, l’espoir de susciter un électrochoc. Jusqu’ici, Bernard Joannin ne s’est pas résolu à ce choix extrême, renouvelant même à demi-mot sa confiance à l’égard du technicien lorrain lors de son traditionnel message d’après-match publié sur les réseaux sociaux, dimanche soir. « Soyons derrière les joueurs et le staff, je veux des guerriers et le soutien de toutes et tous sur nos dix derniers matches. Mais preuve que la situation est précaire, une réunion improvisée de 45 minutes s’est tenue dans le vestiaire entre les joueurs, le staff et une partie de la direction (Patrice Descamps et John Williams) dès samedi soir.

« Plusieurs joueurs ont pris la parole, c’est normal dans une « situation de crise », en tout cas des moments désagréables d’une saison, raconte Philippe Hinschberger. Ce sont des choses qui peuvent arriver, qui durent depuis un peu longtemps. C’est forcément usant et certains ont besoin qu’on libère un peu la parole, c’est normal. » A l’heure actuelle, le vestiaire de l’Amiens SC n’a pas « lâché » son entraîneur, même si certaines voix dissonantes commencent à se faire entendre dans les couloirs de la Licorne. Là encore, il est souvent plus facile pour certains joueurs de jeter l’opprobre sur leur entraîneur plutôt que d’assumer leur part de responsabilité. De son côté, Philippe Hinschberger continue de maintenir le cap sans jamais se défausser, à l’image de son mea-culpa après la défaite contre Bordeaux.

Des options de repli inexistantes ?

En outre, aussi difficile soit-elle, la situation de l’Amiens SC n’est pas encore totalement précaire. Avec six points d’avance sur la zone rouge et une onzième place au classement, les dirigeants amiénois peuvent donc se donner le temps de la réflexion. Encore plus avec une trêve internationale qui va permettre à tout le monde de faire retomber la pression et, par la même occasion, peut-être bien mener son examen de conscience. Car si Philippe Hinschberger est désormais contesté par le public de la Licorne, ce dernier n’oublie pas qu’il est aussi une victime collatérale de l’absence de vision sportive du duo Joannin-Williams.

Alors que tout le monde – staff et joueurs y compris – espérait voir le groupe en présence être renforcé durant le mercato d’hiver, celui-ci en est ressorti affaibli avec les départs non compensés de Tolu Arokodare et Jessy Benet. A défaut d’avoir été lâché par ses joueurs, Philippe Hinschberger l’a donc en quelque sorte été par ses supérieurs, qui ont contribué à lui complexifier la tâche en cours de route. Dès lors, le board amiénois doit lui aussi assumer sa part de responsabilité dans ce nouvel échec et ne pas forcément opter pour le choix de facilité, à savoir démettre de ses fonctions Philippe Hinschberger. D’autant que les solutions de repli ne sautent pas aux yeux.

Fidèle adjoint de Philippe Hinschberger depuis près de dix ans, Francis De Percin avait pris sa succession de manière très temporaire à Créteil en novembre 2017. Aujourd’hui, cette issue s’avère très improbable pour ne pas dire totalement nulle. A la tête de l’équipe réserve, Antoine Buron est lui-même embarqué dans une opération maintien à l’issue très incertaine en National 3. Reste l’option aussi loufoque qu’utopique d’aller puiser les autres entraîneurs du centre de formation, à l’expérience inexistante du haut niveau. Or, avec un maintien à assurer et l’avenir de 100 familles en jeu, Bernard Joannin peut difficilement se permettre un pari aussi hasardeux.

Tournant « le problème dans tous les sens » pour « trouver la solution« , Philippe Hinschberger est toujours pleinement investi pour tenter de remettre à flot un navire ensablé à défaut d’avoir coulé. « Il faut juste se remobiliser, faire front contre la critique, les spectateurs qui font la grève, affirme le coach de l’ASC. Il faut savoir rester hermétique, dans le travail et préparer le match contre Grenoble dans quinze jours. » Un adversaire que Philippe Hinschberger avait quitté en juin 2021 pour aider l’Amiens SC à regagner les sommets. Moins de deux ans plus tard, c’est de survie dont il est désormais question, avant une séparation quasi actée en juin prochain.

Romain PECHON

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