Amiens SC : « On subit un véritable chantage », le torchon brûle entre la direction et TNA | OneFootball

Amiens SC : « On subit un véritable chantage », le torchon brûle entre la direction et TNA | OneFootball

In partnership with

Yahoo sports
Icon: le11

le11

·4 octobre 2024

Amiens SC : « On subit un véritable chantage », le torchon brûle entre la direction et TNA

Image de l'article :Amiens SC : « On subit un véritable chantage », le torchon brûle entre la direction et TNA

Pestant contre les « exactions commises » en tribune depuis le début de la saison, la direction de l’Amiens SC a décidé de prendre des sanctions à l’encontre du groupe Tribune Nord Amiens. Du côté des ultras, on dénonce un chantage inacceptable. Ambiance.

Une nouvelle rupture avec la direction de l’Amiens SC

Depuis plusieurs saisons, les tensions sont monnaie courante entre l’Amiens SC et ses plus fervents supporters. Vendredi dernier, le groupe Tribune Nord Amiens avait décidé de reprendre ses activités, en accord avec tous les groupes de supporters de Ligue 2, mettant ainsi fin à la grève généralisée pour contester la nouvelle programmation du championnat, sans pour autant « arrêter le combat contre beIN Sports ». Sauf que « TNA » a finalement décidé d’animer qu’une seule des deux mi-temps du match contre Rodez, se mettant en sommeil dès le retour des vestiaires.


Vidéos OneFootball


« Quelques jours avant le match, on a appris qu’on n’avait plus accès à notre local au stade, là où est stocké une partie de notre matériel d’animation, comme des drapeaux ou le matériel pour confectionner les tifos, précise un membre actif de TNA. En plus de cela, toute banderole ou tout message serait interdit. » Une version contestée par une source interne au club, Christophe Duprez n’ayant pas répondu à nos différentes sollicitations depuis le week-end dernier, précisant que les banderoles demeurent acceptées, comme c’est le cas depuis plusieurs années.

« Simplement, celles-ci nécessitent d’être validées en amont, comme cela a toujours été le cas« , poursuit notre interlocuteur au club. « En plus de cela, on a subi une fouille disproportionnée à l’entrée de notre tribune, ajoute le représentant des ultras amiénois. On veut bien l’entendre, c’est le jeu. Par contre, on a été fouillé à trois reprises, dont une deuxième fois par la police des stades, la SIR (la section d’intervention rapide), avec prise en photo de certains membres et des pièces d’identité. On a également été fouillé par la brigade canine et certains membres ont même été fouillés par la police nationale. »

Une bataille de communiqués

N’en jetez plus, la coupe était pleine pour le groupe Tribune Nord Amiens, quand bien même cette fouille poussée résultait d’un contexte dépassant le cadre du football selon nos informations. « A partir de là, on a décidé d’animer une mi-temps sur deux. » Le tout avant de se fendre d’un communiqué mercredi pour déplorer publiquement des atteintes à la « liberté d’expression » et au « droit d’agir librement dans un stade de football ». Ce à quoi le club a répondu par un autre communiqué, rédigé par un ancien journaliste, récemment à la retraite, et membre officieux du service communication de l’Amiens SC depuis plusieurs semaines.

Image de l'article :Amiens SC : « On subit un véritable chantage », le torchon brûle entre la direction et TNA

Un communiqué offensif fustigeant « les nombreuses exactions commises par nos supporters qui ont fortement pénalisé financièrement l’Amiens SC », qui s’est vu infliger « plus de 31 000 euros d’amende pour ces comportements inadmissibles ». Un axe de défense, qui place tout de suite la focale sur le volet financier, qui ne fait vraiment pas l’unanimité au sein de l’entourage du club. « Encore une fois, le club parle avant tout d’argent », déplore l’un de nos interlocuteurs.

Une réunion pour régler le conflit ?

Sur le volet liberté d’expression, l’Amiens SC assure « qu’il n’a jamais été question d’une quelconque interdiction de rentrer dans le stade avec des drapeaux, des banderoles, des calicots et tout le matériel nécessaire pour animer la tribune ». Désireux de « maintenir le dialogue avec l’ensemble des supporters afin de vivre les matches dans une ambiance festive et passionnée », le club propose même de « recevoir les représentants de la Tribune Nord ». Une solution de sortie de crise poussée par le référent supporter, François Beauvisage.

C’est une provocation, une tentative d’intimidation pour nous rendre plus docile.Un membre actif du groupe Tribune Nord Amiens

Cependant, une quelconque rencontre se ferait sans Bernard Joannin et Christophe Duprez, le club estimant que les interlocuteurs dans ce dossier sont Hugo Bourhis, sécréteur général du club, et donc François Beauvisage. « Depuis le changement de direction (le départ de Luigi Mulazzi et la montée en compétences de Christophe Duprez), la situation ne cesse de se dégrader, constate l’un des représentants de TNA. Auparavant, ce n’était pas toujours facile, on avait des discussions constructives. Les deux parties arrivaient à mettre de l’eau dans leur vin. Aujourd’hui, on subit un véritable chantage pour calmer nos ardeurs et nos protestations. C’est une provocation, une tentative d’intimidation pour nous rendre plus docile. »

En l’état, le kop Tribune Nord Amiens réserve donc sa réponse au sujet d’une quelconque réunion avec la direction du club. « Ce n’est pas qu’une simple question de local. Aujourd’hui, le club veut imposer ses directives, sous peine d’être puni, affirme un des membres de TNA. Cet été, on a été puni des infrastructures du centre de formation de l’Amiens SC pour le traditionnel tournoi de notre association. C’était déjà une première forme de chantage. » Du côté du club, on estime que cette « sanction » fait suite aux « nombreuses amendes payées par le club », pour utilisations non autorisées d’engins pyrotechniques, la saison dernière.

Un mal assez profond

« Par moments, ils vont vraiment trop loin et on a le sentiment qu’ils donnent le bâton pour se faire battre, juge un membre du club. Le reste du public a également sifflé lorsqu’il y a des jets de balle de tennis sur le terrain dernièrement ». « On ne peut pas demander un dialogue constructif, prétendre tendre la main aux groupes de supporters quand on lui tape sur la tête dès que l’occasion est donnée de le faire, répond l’un de nos interlocuteurs à Tribune Nord Amiens. En sanctionnant toute une tribune, tout un groupe, ils mettent à mal l’ambiance de tout un stade. » Chaque partie prenante du dossier semblant irrémédiablement résolue à camper sur ses positions, le blocage dans ce dossier semble total.

On a sollicité Bernard Joannin par le biais d’une lettre ouverte à laquelle on n’a jamais eu de réponse.

« Les banderoles, les fumigènes, si on doit en passer par là, faire ce type d’actions, c’est pour essayer de se faire entendre, justifie TNA. On a une direction sourde à nos demandes, qui nous considère simplement comme de simples consommateurs. Si leur traitement était différent, on aurait aussi pu mettre de l’eau dans notre vin. Amiens se présente comme un club populaire, familial, proche de ses supporters. On a tous en tête les tours de terrain de Luigi Mulazzi les soirs de victoire. Aujourd’hui, on est bien loin de ça. La nouvelle direction est dans une tour d’ivoire et elle refuse d’être contestée. »

Pourquoi l’Amiens SC a porté plainte contre ses supporters ?

« En début de saison, on a sollicité Bernard Joannin par le biais d’une lettre ouverte à laquelle on n’a jamais eu de réponse. Il y a quelques années, on avait réussi à l’interpeller lors d’un match de préparation au Touquet. Sa réponse avait été : « Vous n’avez pas d’argent à mettre au sein du club ? Rester à votre place. » En dépit de ce contexte pour le moins houleux, le groupe Tribune Nord Amiens sera bien présent à Metz. « Contre Rodez, on voulait faire passer un message. En dépit des interdictions, on va continuer à supporters nos joueurs, à qui on demande simplement de tout donner, peu importe le résultat. Ce conflit avec la direction ne doit pas impacter nos joueurs. »

Romain PECHON

L’oeil de Fabien Reinert, ancien membre actif de La Tribune Nord

Comment réagissez-vous au nouveau conflit opposant les supporters au club ?

On prive les supporters de leur local avant de leur proposer de revenir vers eux pour échanger. C’est comme ça que le dialogue est perçu à l’Amiens SC ? Cela ne fonctionnait pas comme ça auparavant. Pourtant, il y a eu des réunions très tendues, très chaudes. Cela pouvait être tendu, il y a eu des moments où on a voulu nous retirer le local, sans jamais aller au bout de l’idée. Maintenant avec Luigi (Mulazzi), sachant qu’aucun de nous ne mâchait ses mots lorsqu’il avait quelque chose à se dire, on se rencontrait, on discutait, on partageait, en dépit de nos désaccords. La relation supporters actifs/clubs, c’est du donnant donnant. Le club ne peut pas décider pour les supporters, sinon ça devient le bras droit du club. Les supporters ont aussi le droit de s’exprimer, de dire quand ils ne sont pas d’accord.

Si une réunion est évoquée, la situation semble bien complexe pour espérer trouver un terrain d’entente…

Prendre une décision arbitraire avant d’amorcer un dialogue, c’est complètement absurde. Cela ne fait que mettre de l’huile sur le feu. Répondre au communiqué de TNA par un communiqué, c’est mettre de l’huile sur le feu. C’est peut-être volontaire vu ce qu’il se passe à la communication, avec un membre qui déteste les supporters. Ils ont fermé les commentaires sur Facebook, pour éviter les commentaires négatifs à leur encontre… Il faut se rencontrer, discuter, partager. Maintenant, il faut que tout le monde soit là à la réunion. Si les dirigeants (Bernard Joannin et Christophe Duprez) ne sont pas là, ça ne sert à rien. Cela prouve bien le respect qu’ils ont pour les supporters.

Pour vous, les dirigeants font fausse route ?

Tout ça pour 31 000 euros ? Ils n’ont qu’à aller chercher l’argent pour Aliou Badji à Bordeaux, où John Williams a été autorisé à travailler. Il y a aussi des erreurs stratégiques qui ont coûté des millions d’euros. Comment ferait ces mêmes dirigeants à Saint-Etienne, Marseille ou d’autres clubs ? Faire de Tribune Nord Amiens des boucs-émissaires, alors qu’on a besoin de supporters actifs pour réveiller un stade de la Licorne qui se vide et qui se meurt à petit feu. Et ça, ce n’est pas la faute des supporters. C’est la faute de la direction, de leurs choix. Ils ne font que parler d’argent. Quel est le projet de l’Amiens Sporting Club aujourd’hui ? Il ne faut pas oublier qu’un club de football n’est pas qu’une valeur immobilière. Il appartient aussi à ses supporters.

Propos recueillis par Romain PECHON

Crédits photo : Christophe Saidi/FEP/Icon Sport

À propos de Publisher