OnzeMondial
·8 juin 2025
Alen Bokšić, héros de l'OM aux pieds en chocolat

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·8 juin 2025
Alen Bokšić, tous les supporters de l'OM s’en rappellent. Il leur a fait broder une étoile en or sur la poitrine, et ça, ça n’a pas de prix.
La vie est injuste. Certains naissent grands, beaux, forts et doués techniquement, d’autres voient le jour derrière un nez crochu et des lunettes triple foyer. La vie est injuste. Certains sont pétris de talent mais ne peuvent l’exprimer qu’à travers les gouttes des blessures. D’autres sont faits dans un métal qui n’existe plus. Toujours prompts au combat. Toujours vaillants. La vie est injuste mais quand elle vous donne du chocolat, il faut faire de la confiture. Ou un truc comme ça.
9 novembre 1997. Tout Alen Bokšić tient dans une action. C’est révélateur de la qualité de l’action. Il y a tant de matière à mettre dedans. La Lazio joue la Sampdoria et celui qui est né 27 ans plus tôt en Croatie reçoit la balle dans le rond central. Le reste appartient au chef-d’œuvre et à Beethoven. Contrôle orienté, face au jeu, pausa pour analyser la situation, ça dure un millième de seconde, c’est très furtif mais tout va très vite sous sa caboche bien peignée.
Accélération, un défenseur vient dans ses pattes, Bokšić est trop rapide, le défenseur a huit Marseille-Split de retard, il appelle un deuxième contrôleur à la rescousse, crochet court, extérieur du pied sur 50 cm d’espace, « voici mon billet monsieur l’agent ». Au sol est le représentant des forces de l’ordre. Il y a encore 25 mètres à avaler pour aller au but, mais il en a trop fait. Il lève la tête, il est toujours à pleine vitesse mais baisse les armes.
La frappe puissante était armée pourtant et prête à tout arracher, ce ne sera finalement qu’une magnifique feuille morte qui viendra caresser le fond des filets. Le gardien la voit passer au ralenti. Devant tant de beauté, d’élégance et de puissance, il le sait, il n’y a qu’une solution à adopter pour garder un peu d’honneur : regarder son bourreau et l’applaudir. Tout Bokšić tient dans une action.
C’est lors de la finale de la Coupe de Yougoslavie 1991 entre l’Hajduk Split où il joue depuis quatre ans et l’Étoile Rouge de Belgrade, que l’OM repère le jeune Bokšić. Match gagné grâce à un but marqué par ses soins, deuxième Coupe remportée et du talent plein les crampons, déjà. Il signe chez le géant français - bagages en soute, ticket validé - qui le prête finalement un an à Cannes où il est torpillé par les blessures.
Un seul match officiel dans la pattes mais quel match ! La légende en parle encore. Elle affirme que c’est grâce à ces 90 minutes que Tapie a choisi de le rapatrier la saison suivante. On lui a donné le chocolat, il apporte la confiture. 32 buts dans la besace dont 23 en championnat pour en finir meilleur buteur. 6 en C1 et l’étoile brodée en fil d’or, pied gauche, pied droit, tout lui va du moment qu’elle est au bon endroit : sur la Canebière au-dessus du cœur. Il la portera désormais toujours avec lui et les Marseillais s’en souviennent encore. Ils savent ce qu’ils lui doivent alors ils l’aiment pour la vie.
Mais la vie est injuste, on l’a déjà dit. Elle donne mais peut reprendre à tout instant. Finalement, cette saison sera la plus aboutie de sa carrière. Le reste, il le traversera avec des fulgurances et quelques trophées glanés sur le chemin. Dix en sept saisons pour être exact, mais une impression qu’il aurait pu faire plus. La vie est injuste. Blessé à quelques mois de la Coupe du Monde 98, il n’y participera pas et regardera la Croatie finir troisième sans lui.
Dommage, à côté de Davor Šuker, il aurait eu de la gueule sur la photo de classe. En 2002, déjà vieillissant, il restera sur le banc toute la compétition. Pas longtemps, trois matchs seulement et puis s’en va. La Croatie n’y arrive plus. La retraite arrive en 2003, fatigué, épuisé, mais l’œil toujours brillant. De la confiture plein les doigts, une étoile sur le maillot et des pieds en chocolat.
Par Ianis Periac
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