AFF Suzuki Cup 2020 : un an plus tard… | OneFootball

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Lucarne Opposée

·5 décembre 2021

AFF Suzuki Cup 2020 : un an plus tard…

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Pandémie oblige, la grande fête du football d’Asie du Sud-est a été reportée d’un an dans une région qui ne parvient pas à juguler la propagation de la COVID-19. Après moults délibérations, le choix s’est porté sur Singapour, pays le mieux équipé de la zone. Si la Thaïlande est toujours recordman de l’épreuve avec cinq médailles d’or, il faudra se méfier du Vietnam, dernier vainqueur, et de Singapour, second en termes de breloques dorées.

Au menu, comme d’habitude, deux poules de cinq équipes s’affrontent et les deux meilleurs de chaque groupe se retrouveront en demi-finales. Le stade national de Kallang (55 000 places) et celui de Bishan (6 250 places) accueilleront les protagonistes. Seul manque à l’appel le Sultanat de Brunei, censé jouer un barrage contre le Timor oriental mais qui a préféré décliner suite à la pandémie. À noter que l’Australie fait également partie de l’AFF (ASEAN Football Federation) mais qu’elle ne participe pas à ces tournois.


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Groupe A : Thaïlande, Singapour, Philippines, Myanmar, Timor-Leste

Par Jonathan Branger

Thaïlande, entre espoirs et incertitudes

Entraîneur : Mano Polking

Joueurs à suivre :  Narubadin (defenseur), Chanathip (milieu), Thanawat (milieu), Supachai (attaquant)

En ayant remporté le plus de fois la compétition, avec cinq trophées, la Thaïlande est probablement l'équipe favorite de l’AFF Suzuki Cup 2020. Ceci étant dit, la sélection du royaume aborde cette échéance dans l’incertitude la plus totale, causée par une année désastreuse qui a vu cette dernière ne pas se qualifier pour la seconde phase de qualification pour la prochaine coupe du monde au Qatar. Cet échec retentissant fut à l'origine du licenciement récent du coach nippon Akira Nishino, dont la gestion de l'équipe d’un point de vue tactique et médiatique a entraîné la sélection dans des abysses de médiocrité. Pour attiser une politique de la terre brûlée provoquée par l'entraîneur japonais, la fédération thaïlandaise a fait appel à un homme de paix apprécié au pays grâce à son travail réalisé à Bangkok United, Mano Polking. Ce dernier a la lourde tâche de remettre un groupe de joueurs sur le droit chemin. Le temps est court mais ce dernier possède un effectif aussi jeune que talentueux. De Chanathip à Narubadin, en passant par Supachai ou encore Thanawat, la matière est bel et bien présente, ne reste plus qu'à articuler toutes ces forces ensemble.

Singapour, être maître chez soi

Entraîneur : Tatsuma Yoshida

Joueurs à suivre : Irfan Fandi (défenseur), Hafiz Nor (attaquant), Ikhsan Fandi (attaquant)

Il n’y a rien d’infamant à considérer que l’AFF Suzuki Cup 2020 est la compétition la plus importante de l’histoire de l'équipe nationale de Singapour. Tout d'abord, elle se joue à domicile et par-dessus tout avec du public. Ensuite, l'équipe que l’on surnomme les Lions, compte bien revenir à égalité avec la Thaïlande en termes de nombre de trophées AFF Suzuki remportés. Quatre pour Singapour actuellement contre cinq pour son voisin. Ce dernier ne rate d’ailleurs pas une occasion de railler la politique de naturalisation à tout va de la cité-État afin de former une équipe compétitive. Sous la houlette du japonais Tatsuma Yoshida, et composée de joueurs intéressants comme Irfan Fendi ou encore Hafiz Nor, nul doute que la sélection de Singapour a rendez-vous avec l'histoire.

Philippines, le temps de la confirmation

Entraîneur : Scott Cooper

Joueurs à suivre : Daisuke Sato (défenseur), Kevin Ingreso (milieu), Partick Reichelt (attaquant)

Dans un pays où le basket-ball est le sport roi, difficile de parier sur les Philippines pour sortir de ce Groupe A. Pourtant, cela serait une erreur d’enterrer trop rapidement l’archipel. Parmi les signes d’espoir, on peut notamment citer leurs prestations correctes lors des qualifications pour la Coupe du Monde 2022. Placées dans le groupe de la Syrie et de la Chine, les Philippines ont terminé troisième du groupe avec onze points et un match nul symbolique contre l’empire du milieu. Une telle performance était encore inimaginable il y a encore quelques années. Cette progression, le pays le doit à un homme, l’Irlandais Scott Cooper. Arrivé en tant que consultant en 2018, il est aujourd’hui le façonneur de la sélection actuelle qu’il a construite par le biais d’une stratégie incluant les équipes de jeunes. Le chemin est encore long mais les Philippines peuvent compter sur de nombreux joueurs évoluant en Thaïlande tels que Sato ou Ingreso, qui ont donc une bonne connaissance des joueurs qu’ils affronteront lors de la troisième journée de l’AFF Suzuki Cup.

Myanmar, le chaos politique

Entraîneur : Antoine Hey

Joueurs à suivre : Zaw Min Tun (défenseur) David Htan (défenseur) Aung Thu (attaquant)

Juillet 2021, alors que Myanmar est plongé dans un coup d'état provoquant une crise politique, sociale et sanitaire sans précédent, le gardien de la sélection, Pyae Lyan Aung, obtient le statut de réfugié politique au Japon. Son crime ? Avoir simplement exprimé sa peur du régime militaire via un signe de protestation durant un match international. Depuis cet événement, l'équipe nationale de Myanmar est plongée dans une totale incertitude et cela se ressent au niveau des résultats. Parmi les chiffres qui témoignent de ce chaos, on peut citer vingt-huit buts encaissés sur ses cinq dernières rencontres pour seulement trois inscrits. Comment en vouloir a des joueurs qui, pour la plupart, évoluent tous dans le club principal du pays, Shan United. Le football semble bien loin des priorités pour un pays régi par l'oppression. Côté terrain, Zaw Min Tun et Aung Thu, tous deux évoluant dans le championnat thaï représentent la seule lueur d’espoir.

Timor-Leste, l'invité mystère

Entraîneur : Gaspar Quintao Da Silva

Joueurs à suivre : Adelino Trindade (défenseur), Rufino Gama (attaquant)

Affilié à la FIFA depuis 2005, le Timor-Leste est un pays aussi mystérieux politiquement que d’un point de vue football. Récemment sous contrôle de l’Indonésie, le petit état a surtout été une colonie du Portugal pendant près de deux siècles. C’est d’ailleurs durant cette ère que le football fut importé au Timor-Leste par des représentants de l'autorité portugaise. De nos jours, le ballon rond y est toujours présent et la sélection fait sans aucun doute office de petit poucet de l’AFF Suzuki Cup.  Composé de joueurs évoluant tous au pays, le Timor-Leste a pour objectif de prendre le dessus sur les nations les plus faibles du sud-est asiatique tels que Myanmar et Brunei. La tâche s’annonce ardue pour l'équipe dont les noms sentent bon le Portugal.

Groupe B : Vietnam, Malaisie, Indonésie, Cambodge, Laos

Vietnam, défendre sa couronne

Entraîneur : Park Hang-seo

Joueurs à suivre : Nguyễn Quang Hải (milieu), Nguyễn Tiến Linh (attaquant), Nguyễn Công Phượng (attaquant)

La coqueluche des amateurs de football est de retour pour défendre son titre. Et pour ce faire, elle a prolongé le contrat de son magicien Park Hang-seo qui expirait en fin d’année. On ne saurait quantifier l’apport du Sud-Coréen au développement du football au pays et, même si l’équipe reste sur sept défaites de rang en qualif du Mondial, ce n’est que du bonus pour ces jeunes joueurs qui progressent match après match face à des adversaires de gros calibres. Surtout, le Vietnam a fait forte impression en remportant l’édition précédente de l’AFF et devra batailler ferme pour conserver son titre. La plupart des hommes forts sont présents, dont le MVP de la dernière édition, Nguyễn Quang Hải et le capitaine Quế Ngọc Hải, mais on notera l’absence du gardien Đặng Văn Lâm et du latéral passé jadis par Heerenveen, Đoàn Văn Hậu.

Malaisie, tout pour l’attaque

Entraîneur : Tan Cheng Hoe

Joueurs à suivre : Safawi Rasid (attaquant), Akhyar Rashid (milieu), Luqman Hakim (attaquant)

Les Harimau de Tan Cheng Hoe naviguent aussi en eaux troubles, n’ayant remporté qu’un seul de leurs sept derniers matchs pour six défaites. Et malgré la présence de son trio offensif Safawi-Soumareh-Syafiq, la défense risque d’être bancale sans Matthew Davies, La’Vere Corbin-Ong et Liridon Krasniqi. Ils auront au moins réussi un joli coup, récupérer l’ancien brugeois Dion Cools, actif maintenant à Midtjylland. Le mot d’ordre est donné, tous à l’attaque, surtout que le public malaisien attend de faire aussi bien que la dernière fois, c’est-à-dire deuxièmes (défaite contre le Vietnam) ! On attend avec impatience le match contre l’Indonésie, l’un des derbys les plus chauds de la planète, le Nusantara Derby.

Indonésie, la reconstruction

Entraîneur : Shin Tae-yong

Joueurs à suivre : Elkan Baggott (défenseur), Witan Sulaeman (milieu), Egy Maulana (attaquant)

Après avoir finie piteusement dernière de son groupe de qualification, l’Indonésie doit tout reprendre de zéro. Mais sous la houlette du Coréen Shin Tae-yong, les résultats reviennent petit à petit en témoignent les raclées infligées à Taïwan et au Myanmar. La parole est donnée à de nombreux jeunes joueurs, l’un des rares domaines où les Indognésiens performent bien (Kahfi à Utrecht, Asnawi aux Ansan, Witan au Lechia Gdansk, Maulana à Senica…). Ce sera également l’occasion pour « l’Anglais » Elkan Baggott de faire ses débuts sous la liquette rouge. Malgré tout, le manque d’expérience devrait être fatal aux Garuda, seuls Aryanto et Dimas dépassant les trente sélections. Le chemin de la rédemption est encore long pour l’Indonésie qui n’arrive pas à enclencher un cercle vertueux malgré le développement d’une certaine philosophie de jeu.

Cambodge, confirmer sa progression

Entraîneur : Ryu Hirose

Joueurs à suivre : Chan Vathanaka (attaquant), Soeuy Visal (défenseur) Sieng Chanthea (attaquant)

Tout le monde a en tête les abominables raclées administrées par l’Iran lors des qualifs, c’est dire l’écart abyssal qui sépare le Cambodge du reste de l’Asie. Malgré tout, l’équipe progresse petit à petit sous la houlette des Japonais Honda et Ryu Hirose. Le technicien a choisi l’expérience avec six joueurs à plus de quarante caps, dont le capitaine Soeuy Visal, mais a décidé de laisser le « Français » Thierry Bin à la maison. On attend donc de voir les buteurs Vathanaka, Udom et Sokpheng se faire plaisir face aux poreuses défenses de la zone et, pourquoi pas, sortir enfin de la phase de groupe.

Laos, pour exister

Entraîneur : V. Selvaraj

Joueurs à suivre : Billy Ketkeophomphone (attaquant), Soukaphone Vongchiengkham (attaquant), Phoutthasay Khochalern (milieu)

L’une des équipes les plus faibles d’Asie, incapable de battre le Bangladesh en barrage des qualifs asiatiques. Le Laos n’a plus joué de matchs depuis 2019… Dans ces circonstances, difficile d’imaginer les hommes du Singapourien Selvaraj gagner ne fut-ce qu’un match… Et pourtant, un footballeur connu des terrains de l’Hexagone a décidé d’enfin représenter son pays. Billy Ketkeophomphone, ancien Angevin, devrait apporter une expérience non-négligeable aux Power Sticky Rice (véridique) du haut de ses trente-et-un ans. En effet, seul six joueurs sur trente dépassent les dix sélections… Espérons que son association avec le meilleur buteur local, Vongchiengkham soit prolifique !

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