Abdou Diallo (Dortmund) | OneFootball

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Dylan Bahamboula :

Au centre de formation, c'est rare que les jeunes prennent la parole. Mais lui, je m'en souviendrai toujours. Il jouait avec nous les 95, en U17, et un jour il a commencé à nous bousculer en criant parce qu'on était mauvais. "Bougez-vous !" A partir de là, on a vu son leadership. Il n'était pas là pour rigoler. Et qu'il ait le brassard en équipe de France, ça ne m'étonne pas. C'est dans son caractère.

Il s'est même marié avec une femme là-bas. C'est un pur monégasque. Jardim lui parlait souvent. Il lui disait de se tenir prêt, mais Abdou ne sentait sa volonté de vraiment le lancer. Parfois il le mettait en Coupe, mais il l'a toujours pris pour un petit du centre de formation. Il fallait casser le cocon parce qu'à Monaco, ce n'était plus possible.

Il est parti là où il se sentait le plus désiré, c'est tout. En Allemagne, on lui a dit qu'il allait jouer et qu'il allait être le n°1. Abdou, tous ses choix, il les a fait pour jouer. "Même s'il avait eu le Real Madrid, je pense qu'il aurait refusé parce qu'il voulait juste une chose : jouer."

Avant de signer là-bas, il m'a demandé des conseils. Avec Lucien Favre, ils se sont rencontrés chez lui à Nice. Il lui a parlé comme si c'était déjà son joueur. Il lui a sorti des détails qui montraient qu'il s'était assis pendant plusieurs heures pour l'observer. Et je parle en tant que football. Quand on te montre cet intérêt avec autant de précision, c'est difficile de refuser.

A Monaco,n joueur comme Falcao pouvait faire les courses à Carrefour sans problème. En Allemagne, il retrouve ça. Il peut marcher sereinement dans la rue. Il n'y a pas de problème. Même quand ton équipe va mal, les supporters sont mécontents mais te laissent vivre en dehors du stade.

A Lyon, il serait arrivé en tant que recrue vedette. Financièrement, c'était la même chose. Du coup, il a fallu surtout se décider par rapport au reste. Le foot et sa vie de famille. Abdou n'aime pas être trop dans la lumière. Il veut pouvoir vivre tranquillement. (...) On ressent sa maturité dans sa façon de parler. On peut échanger sur tout avec lui.

Il n'a pas changé du tout depuis son départ en Allemagne. Dans tout. Sa façon de parler, son caractère. C'est le même.

Sur le choix Lyon/Dortmund, la question de l'équipe de France s'est posée. Il a fallu se demander dans quel club, s'il est bon, on allait lui mettre l'étiquette de joueur sélectionnable en équipe de France. (...) Il a pesé le pour et le contre, mais Dortmund était la meilleure option.

On a su poser très vite. Il est marié, moi aussi. Cette maturité est venue aussi grâce à la religion. C'est notre base. On ne cherche pas l'exposition.

Hamou Mouri :

Il se sent encore comme un Monégasque. Il se voyait faire une bonne partie de sa carrière là-bas. (...) L'impression de jouer avec le couteau sous la gorge. (...) Fiorentina était intéressé quand départ à Mayence. (...) Le directeur sportif et le coach se sont déplacés à Monaco pour le voir, c'est ce qui a fait pencher la balance.

Il a été très surpris. Il s'est vraiment lancé. Il ne connaissait pas du tout la Bundesliga. La Premier League, ça lui parle plus. Il ne s'attendait vraiment pas à signer en Allemagne. On parlait plutôt de Lille, Bordeaux ou Saint-Etienne à l'époque. (...) Il a été zappé par les scouts français. Ca aurait été son kiff de jouer en France à la base. Il s'est senti un peu délaissé par les scouts français, c'est sûr. Il a beaucoup progressé, et il le sent. Il trouve qu'il a beaucoup progressé en jouant tous les matchs à Zulte.

Lucien Favre : Une fois, il a raté une passe pied droit. Favre l'a sorti de l'entraînement. Il a lâché l'entraînement et l'a pris part pour travailler avec Abdou pendant 15 minutes. Tous les joueurs vouvoient Lucien Favre. Techniquement et tactiquement, Abdou pense que pour progresser c'est extraordinaire. Latéral gauche contre Leverkusen. De temps en temps, il dépanne à ce poste. Il préfère jouer central gauche, mais ça ne dérange pas de dépanner même si ce n'est pas Marcelo.

Ce n'est pas le genre à se mettre la pression, mais il pense que le match de Ligue des champions peut jouer en sa faveur pour la liste de jeudi. Ce serait exceptionnel. Il y pense depuis toujours et ce serait une belle récompense. (...) Le fait d'être titulaire en Espoirs et en club ça l'a fait gagner en confiance.

Il peut avoir la nationalité allemande. Moi, je lui ai dit de prendre la nationalité allemande parce qu'il va jouer. Je pense qu'il a plus de chances de faire une Coupe du monde avec l'Allemagne qu'avec la France. Mais lui il préfère la France. Il peut même demander la nationalité portugaise parce que sa femme est portugaise, mais ça ne l'intéresse pas. Il peut aussi choisir le Sénégal, mais il ne choisira jamais cette sélection. Sur le long terme, il préfère garder l'équipe de France. Il tient vraiment à ça.