5 questions à ... Laurent Chastellière, responsable du Musée des Verts | OneFootball

Laurent, quel bilan faites-vous de la première décennie du Musée des Verts ?

Dix ans après, on peut dire que le Musée des Verts est un beau succès pour le club, ses supporters, la Ville de Saint-Étienne et tous les amoureux du football en France. Pour rappel, dès les deux premières semaines d’ouverture nous avions attiré plus de 10 000 visiteurs en provenance de tous les départements français, y compris les DROM-COM ! En 10 ans, nous avons eu également beaucoup de visiteurs étrangers originaires d’une cinquantaine de pays différents. Le succès ne s’est pas démenti sur la durée puisque nous avons dépassé les 330 000 visiteurs depuis l’ouverture. C’est le signe que le Musée répondait à une véritable attente. On peut saluer Roland Romeyer, le Président de l’Association ASSE-Musée des Verts, qui a toujours soutenu le projet et remercier encore une fois le Département de la Loire, qui a financé la création du Musée, et la Région Auvergne-Rhône-Alpes qui a grandement contribué à la rénovation de l’exposition permanente en 2021. Nous avons également proposé 10 expositions temporaires différentes depuis l’ouverture soit un peu plus d’une par an en moyenne puisque nous avons eu plusieurs mois de fermeture imposés par la crise Covid. Maillots, photos, unes de journaux, produits dérivés, trophées, etc. Des centaines d’objets différents sont exposés au Musée, certains de manière permanente, d’autres temporairement à travers nos expositions et notre grande vitrine thématique à l’accueil comme récemment pour rendre hommage au regretté Salif Keita. Nous sommes et nous resterons quoi qu’il arrive le premier club français à avoir ouvert son Musée ce qui met en relief le caractère unique et patrimonial de l’ASSE pour tous les amoureux de football.

Quel est votre objet préféré, pourquoi, et qu’est-ce qui se cache derrière ?

Cela va sûrement surprendre les lecteurs mais mon objet préféré est un objet que nous avons créé dans le cadre de la rénovation du Musée fin 2021. Il s’agit de la maquette en volume du personnage de la panthère créée par Roger Viou lors de l’épopée des Verts, reprise ensuite sur la pochette du vinyle de la chanson Allez les Verts. On l’avait créé sous forme de produit dérivé de 15 centimètres de hauteur au début des années 2010 avec notre partenaire Daela. En repartant de ce modèle et en le scannant en haute définition via un scanner 3D, on a pu arriver grâce aux avancées technologiques au modèle qu’on retrouve aujourd’hui en très grand format au Musée. Le design original est tellement réussi qu’on n’a pas l’impression de se trouver devant un objet dont le dessin remonte aux années 1970. C’est une des pièces préférées des visiteurs, notamment des enfants, et elle permet d’expliquer l’origine de la panthère comme emblème animalier du club rappelant l’importance de l’immense joueur qu’était Salif Keita et l’empreinte qu’il a laissée dans l’histoire du club. J’étais d’ailleurs très touché de voir sa famille se prendre en photo à côté lors de leur venue pour ASSE-Angers il y a quelques semaines.

Nous sommes et nous resterons quoi qu’il arrive le premier club français à avoir ouvert son Musée ce qui met en relief le caractère unique et patrimonial de l’ASSE pour tous les amoureux de football.

Quel est l’objet préféré des visiteurs, celui qui attire le plus d’attention et sur lequel ils s’arrêtent le plus longtemps ?

Difficile de faire ressortir un objet en particulier, j’en citerai 3. Les poteaux carrés qui sont entrés dans la mythologie du club et du football français en général. Lors de la création du Musée, un écran se déplaçait au milieu de ces poteaux et les visiteurs ne se rendaient pas forcément compte qu’il s’agissait bien des poteaux de la finale de Glasgow. Nous avons corrigé cela lors de la refonte fin 2021 et ils sont désormais bien mieux visibles. Par ailleurs, ils font bien 2m44 de hauteur sur 7m32 de longueur alors que beaucoup de visiteurs les imaginent plus grands qu’une cage de football actuelle ! La voiture d’Ivan Curkovic qui est la pièce la plus imposante, et la première à être entrée au Musée vu sa taille, est aussi une des pièces phares. On voit d’ailleurs Ivan à un moment donné au volant de cette voiture, dans le film qui est projeté sur le pare-brise, en train de parler des valeurs du club et de la ville de Saint-Étienne. Enfin, je citerai la Coupe de la Ligue 2013, le dernier trophée majeur remporté par le club, à date. Il symbolise, pour la dernière génération de supporters, toute la période dorée des années 2010 avec, rappelons-le, 5 qualifications en Ligue Europa en 7 ans.

Quelles sont les nouveautés à venir ?

Avec l’équipe du Musée (Meral Dogan, Philippe Gastal et Jean-Christophe Venville), car c’est avant tout un travail collégial, nous travaillons d’ores et déjà sur une nouvelle exposition temporaire qui devrait être lancée courant 2024. Pour fêter les 10 ans du Musée, nous comptons également lancer 10 événements de plus ou moins grande ampleur à partir de la date anniversaire jusqu’à la fin de l’année civile 2024. Plusieurs opérations sont déjà prévues pour le match "anniversaire" le 19 décembre contre Bastia. Je tiens à remercier notre sponsor principal, le Crédit Mutuel, qui nous a fait confiance depuis l’ouverture, et même avant, ainsi que nos autres partenaires (Radio Scoop, Smart Good Things, l’INA, ASSE stats) et tous les donateurs qui nous soutiennent chaque année et sans qui tout cela ne serait pas possible. Nous souhaitons également réfléchir avec notre Conseil Scientifique à ce que doit être le Musée lors des 10 prochaines années. Au niveau patrimonial, nous discutons avec notre partenaire des Archives Municipales de Saint-Étienne pour un nouveau dépôt et donc un fonds "ASSE" élargi, mieux protégé et valorisé. Enfin, nous travaillons en synergie avec toutes les composantes du club pour proposer la meilleure expérience de visite possible quels que soient les profils des visiteurs. Le Musée est donc aussi un lieu de vie notamment avec les anniversaires organisés pour les 6-12 ans avec plusieurs centaines d’enfants qui ont pu fêter le leur au sein du Chaudron.

Il y a un côté "pèlerinage" quasi-religieux pour beaucoup de personnes qui visitent le stade.

En plus du Musée des Verts, les supporters peuvent aussi découvrir les coulisses du Chaudron lors des visites du stade Geoffroy-Guichard. Quels sont les endroits qui fascinent le plus les visiteurs et quelles sont leurs réactions ?

Je tiens tout d’abord à saluer et à dire un immense merci à nos bénévoles sans qui il serait impossible de proposer autant de visites de stade, notamment pendant les vacances scolaires. Il s’agit d’Alex Mahinc, Michel Roux, Yves Verrière, Jacques Ray, Alain Blachon et Marc Charroin. Grâce à eux, des milliers de visiteurs ont pu découvrir l’envers du Chaudron depuis 2015 et la fin des travaux en vue de l’Euro 2016. Les deux endroits qui fascinent le plus sont en premier lieu le vestiaire de l’ASSE et le bord de pelouse. Le vestiaire c’est vraiment le cœur du réacteur et les visiteurs sont fascinés par le fait de se dire qu’ils sont assis là où sont d’habitude les joueurs et le staff pro. Le sentiment est encore plus prégnant lors des visites les jours de match. Je tiens à saluer Fabrice Di Natale, l’intendant du club, qui permet ces visites et en profite pour raconter des anecdotes qui sont toujours très appréciées par les visiteurs. Ensuite, l’arrivée en bord de pelouse est un moment à part. Bien qu’on ne puisse pas aller sur la pelouse elle-même, beaucoup de visiteurs vont jusqu’à la limite autorisée et effleurent la pelouse avec leurs mains. Il y a un côté "pèlerinage" quasi-religieux pour beaucoup de personnes qui visitent le stade. Les Stéphanois ne s’en rendent pas forcément compte mais le club a marqué au fer rouge, ou plutôt vert, des millions de personnes dans toute la France et cette passion continue de se transmettre de génération en génération notamment grâce à la mise en avant de la riche histoire de l’ASSE au Musée et lors des visites du stade.