Reyza Soudant : « La Formation à Paris, c'est high level ! » | OneFootball

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction le camp des Loges, où il est venu se ressourcer, pour prendre des nouvelles de Reyza Soudant (génération 1991), qui revient sur son actualité et sur ses jeunes années parisiennes.

Sa venue au Paris Saint-Germain

« J'ai débuté dans le club de l'USA Clichy où j'ai joué jusqu'en U13 excellence. Lors de ma dernière saison, nous n'avions pas perdu un seul match. C'est lors de l'une de ces rencontres que le recruteur du Paris Saint-Germain, Pierre Reynaud, a été séduit par ma prestation. Un courrier a été envoyé à mon club afin que je puisse réaliser un essai sur la base de Conflans où était implanté le Centre de Préformation. J'avais été reçu par François Gil et le regretté Patrice Lecornu. Je me souviens que c'était en plein hiver et que j'avais été impressionné par le niveau élevé des autres joueurs, mais je n'avais pas été particulièrement stressé car j'avais déjà participé à des détections sur Paris pour des clubs comme Lens et Sochaux. Finalement, j'ai signé à Paris où j'ai intégré durant une année le Centre de Préformation à Verneuil-sur-Seine. La proximité de ma famille fut l'élément décisif pour valider mon choix, bien que Monaco, Lens et Nantes m'avaient fait des offres concrètes. Ca n'a pas été simple pour mes parents de me voir les quitter si jeune car je suis leur fils aîné. »

Ses débuts au club

« Je me suis très rapidement adapté à ma nouvelle équipe qui évoluait en U14 Fédéraux et à mon nouvel entraîneur Cédric Cattenoy. Il m'a fallu faire de gros efforts sur le plan tactique et sur les aspects du jeu collectif, car j'étais un footballeur de la street ! J'étais très à l'aise techniquement des deux pieds mais il a fallu mettre mon côté individualiste au service de l'équipe, ce qui n'a pas toujours été simple à mettre en oeuvre. J'étais un joueur d'instinct qui aimait percuter et qui recherchait constamment le un contre un. J'étais un vrai passionné du foot, un attaquant provocateur au service du beau jeu. Tout s'est enchaîné rapidement pour moi, puisque j'ai été sélectionné avec la sélection U15 de la région Île-de-France avec qui j'ai remporté la Coupe Nationale des Régions. J'avais inscrit un retourné acrobatique en demi-finale pour éliminer la sélection du Nord-Pas-de-Calais où évoluaient des futurs pros comme Hazard, Salibur et Kakuta. Puis sont venues mes sélections en équipe de France U16 et U17 avec les Lacazette, Grenier ou Fofana. Mon chemin était tout tracé... »

Ses plus beaux souvenirs en rouge et bleu

« Avec la génération 91, nous avons participé à un magnifique tournoi organisé en Malaisie, durant trois semaines ! Nous avions affronté des grandes équipes comme les Corinthians, la Juventus Turin et le FC Barcelone. J'étais le deuxième joueur le plus jeune de la compétition après l'anglais Jack Wilshere, né en 1992. C'était ma première grande expérience internationale, inoubliable. Bien évidemment, il y a ce superbe parcours avec les U16 Nationaux qui nous a mené jusqu'en finale du championnat de France en 2008, malheureusement perdue face à l'OM. Notre coach Jean-Luc Vasseur avait su tirer le meilleur de chacun d'entre nous. Un jour, il m'avait pris entre quatre yeux pour me dire que j'étais un joueur extraordinaire et qu'en gagnant en masse musculaire et en rapidité je serai très certainement amené à évoluer au plus haut niveau. J'ai toujours pris un grand plaisir à évoluer sous sa coupe car il a toujours cru en mes qualités. Il m'a souvent rassuré car j'étais un joueur qui naviguait entre les différentes catégories, étant souvent surclassé. Ce n'est jamais simple à gérer mentalement tous ces mouvements pour un jeune joueur, j'en profite pour le remercier de m'avoir accordé sa confiance. »

Ses coéquipiers les plus talentueux

« Ayant vogué entre plusieurs générations, j'ai côtoyé énormément de Titis ! J'ai un faible pour certains éléments de la promo 92 comme l'attaquant Gaël Nlundulu qui était rapide, percutant et redoutable buteur. Il fut le tout premier jeune du Centre de Formation à partir à l'étranger dans les années 2000. C'était tout nouveau de voir débarquer des scouts de clubs anglais au Camp des Loges. Malheureusement son choix ne fut pas le plus opportun, mais qui ne tente rien... Le latéral droit Alassane També était très fort également, sans certaines blessures il aurait sûrement réalisé une grande carrière. On ne mettait pas souvent en lumière le défenseur Loïck Landre, qui était très dur sur l'homme et qui ne lâchait rien. Il est toujours dans le circuit professionnel et réalise une carrière dont il peut être très fier. »

Ses idoles de jeunesse

« J'étais un fan absolu de Ronaldo, le Brésilien ! Mon père m'achetait ses cassettes vidéo dont je me suis grandement inspiré pour mieux éliminer mes adversaires. J'étais très branché football brésilien à mon adolescence. J'admirais aussi Kaka et Denilson. Quand un joueur est créatif, il ne faut pas lui enlever ça. Un joueur comme Eden Hazard a pu éclater à Lille car on l'a laissé s'exprimer balle au pied sans lui mettre de réelles contraintes. Il faut préserver chez l'apprenti footballeur une bonne dose de spontanéité qui lui permet d'être le footballeur qu'il est réellement, celui qui a convaincu le recruteur initial. »

Ses moments de doute

« Alors que j'étais perçu comme l'un des joueurs les plus talentueux de ma génération, tout a changé pour moi lors de mon entrée au Centre de Formation car j'étais régulièrement surclassé. A même pas 16 ans, j'ai participé au tournoi Carisport, le plus grand évènement français de l'époque pour les U18, à l'issue duquel mon coach David Bechkoura m'a fait comprendre que tout repartait de zéro pour moi. Je suis passé du chaud au froid en très peu de temps. J'ai mal encaissé son discours car j'étais petit et introverti, de plus mes parents n'avaient pas forcément le temps de venir échanger à ce sujet avec le staff car ils travaillaient beaucoup pour subvenir aux besoins de leur foyer. Je n'avais pas non plus de conseiller sportif pour me représenter, ce qui est devenu plus commun pour les générations suivantes. J'ai eu cette sensation d'être délaissé, de moins contrôler mes faits et gestes. J'ai sûrement eu ma part de responsabilité, mais ce manque de communication m'a impacté moralement. Ce fut un peu le début de la fin car mon jeu s'en est ressenti... »

Le bilan de son apprentissage

« Même si footballistiquement je n'ai pas pu atteindre le plus haut niveau à Paris, j'y ai quand même vécu de très belles expériences. Paris restera en moi à vie ! J'y ai appris l'assiduité, à faire mon lit, à prendre soin de mes affaires, l'importance d'une bonne hygiène de vie... J'y ai connu de très bonnes personnes dont certaines sont devenues plus que des frères. Il y a parfois eu des moments difficiles, mais ça m'a endurci pour faire face à toutes les épreuves de la vie. Sur le moment, on prend parfois certaines décisions pour de l'injustice, mais avec du recul on se rend compte que nous étions encadrés avec de la bienveillance. Beaucoup de personnes extérieures pensent que tout est joli lorsqu'on est un apprenti footballeur, mais ce n'est pas simple de vivre dans une espèce de bulle où tout tourne autour du ballon rond. Il faut savoir faire preuve d'une grande exigence envers soi-même et d'une grande résilience, ce qui n'est pas aisé si jeune. J'ai grandi avec et grâce au PSG, ce qui n'est pas donné à tout le monde. Paris, c'est high level ! C'est le club que tout le monde veut battre et celui où tout le monde veut jouer. J'ai toujours un pincement au coeur lorsque je vais voir un match au Parc des Princes. Le maillot rouge et bleu est à jamais gravé dans ma mémoire ! »

Son après PSG

« J'ai signé à Pomezia en Italie, alors que tout était fait pour rejoindre l'AS Rome, mais le club n'a pas voulu payer les frais d'indemnités de formation au PSG. C'est un an plus tard, en 2010 à Sienne (Serie B) que j'ai signé mon premier contrat professionnel pour une durée de quatre ans. L'équipe était est dirigée par Antonio Conte, un grand monsieur. Après un prêt à Catanzaro (Serie C), je me suis arrêté près d'un an à cause d'une pubalgie chronique. A mon retour, Sienne est frappé par un scandale de matchs truqués. Cette affaire ne m'a pas surpris. Du banc, j'avais parfois vu des choses pas très claires. J'ai résilié mon contrat, j'étais au fond du trou. A Sorrente (Serie C), j'ai néanmoins repris goût au foot jusqu'au jour où j'ai été victime de fortes fièvres. Plus tard, j'ai su que c'était une méningite. J'étais chez moi, je suis resté seul, évanoui pendant douze heures. C'est la femme de ménage qui m'a découvert. Elle venait une fois par semaine et avait les clés de mon appartement. Heureusement car sinon je ne serais plus là pour vous en parler... Transporté à l'hôpital, on m'a plongé dans un coma actif de cinq jours. A mon réveil, j'avais totalement perdu la mémoire. Je n'ai même pas reconnu mes parents... Les médecins avaient peur que je perde un sens. Je suis resté un mois et demi à l'hôpital. J'ai perdu 12 kg. J'étais claqué, sans force mais miraculé. Je suis parvenu à retrouver les terrains un an plus tard. J'ai achevé mes sept ans en Italie par une ultime saison à Campobasso (D 4) puis j'ai signé pour une dernière pige à Aubervilliers en National 3 au côté des ex-Titis Alban Catrin, Arnaud Honoré et Yannis Takerboucht. À Auber, j'ai retrouvé une famille, ça m'a fait du bien. »

Son actualité professionnelle

« Après avoir stoppé ma carrière de footballeur, j'ai bossé en tant qu'intermédiaire entre les clubs et un agent italien. Au fil du temps, je ne m'y retrouvais plus dans mon rapport au foot, surtout à cause de tous ces parents ingérables qui voient leurs enfants comme des professionnels avant l'heure. J'ai passé des diplômes sportifs notamment le BPJEPS qui m'a permis de devenir coach sportif. Par chance, j'avais un réseau existant, dans le triangle d'or parisien, qui a facilité mon début d'activité. J'aime ce que je fais, je sais où je vais, je parle quatre langues et je suis en bonne santé. Je n'ai jamais demandé à gagner des millions, mais à être tout simplement heureux en faisant ce que j'aime, car je sais combien la vie vaut la peine d'être vécue. »

PROFIL

Date de naissance : 26 août 1991Lieu de naissance : Marrakech (Maroc)Poste : attaquant

Clubs successifs : USA Clichy (1999 à 2004), Paris Saint-Germain (2004 à 2009), Pomezia Calcio (2009 à 2010), ACN Sienne 1904 (2009 à 2012), US Catanzaro 1929 (2011/prêt), AC Isola Liri (2012), ASD Sorrento (2013 à 2014), Sora Calcio 1907 (2014 à 2016), Campobasso FC (2016), FCM Aubervilliers (2017 à 2019).

Palmarès avec les jeunes du PSG : Finaliste du championnat de France U16 (2008)

Équipe de France : U16 - U17

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