Tribune Nantaise
·11 de enero de 2025
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·11 de enero de 2025
Le 26 mai 2024, la section féminine du FCN s’imposait face à Albi-Marssac (2-0) et accédait pour la toute première fois de son histoire à l’élite du football féminin. Sa capitaine, Sylia Koui s’offrait alors un doublé avant d’annoncer qu’elle mettait un terme à sa carrière sportive. Tandis que les Nantaises réalisent des débuts convaincants en Arkema Première Ligue, l’ancienne internationale algérienne a accepté de répondre aux questions de Tribune Nantaise.
En 2024, vous avez écrit l’histoire du FC Nantes en étant promues en D1 féminine. Comment expliquez-vous cette performance aussi exceptionnelle qu’inattendue ?
La saison dernière, on a marqué l’histoire avec cette promotion historique en D1 Arkema. Rien ne présageait ça au départ. On avait été reléguées en D3 à la fin de la saison précédente avant d’être finalement repêchées. Mais il fallait tout reconstruire car on n’était que quatre joueuses à rester dans l’effectif. Un gros recrutement a été fait. Parfois, il y a des choses qui ne s’expliquent pas : tout s’aligne et ça fonctionne ! C’est ce qu’il s’est passé, le groupe a très vite appris à vivre ensemble. Sur le terrain, on a vite assimilé le projet de jeu de Nicolas Chabot. Tout le monde y a adhéré et on a réussi à mettre les choses en place très tôt. Ça nous a demandé énormément de travail évidemment, ce n’est pas dû à la chance. Ce que l’on a obtenu, on l’a mérité car on a énormément travaillé pour.
Au fil des matchs, le public nantais a accordé un intérêt grandissant pour la section féminine du FCN. Quel rôle a-t-il joué dans cette montée en première division ?
Au fur et à mesure de la saison, il y a eu un engouement de plus en plus important autour de l’équipe féminine du FC Nantes. Clairement, ça nous a boostées plusieurs fois lors des matchs à enjeu. J’ai en mémoire le match contre Marseille à Saupin. On a été portées par le public qui était présent en nombre mais également présent par la voix. Ça nous a vraiment aidées. On a réussi a fidéliser les supporters grâce aux émotions que l’on a pu leur procurer et grâce au football que l’on a mis en place. Le public est encore fidèle cet année, ça me fait énormément plaisir. Quand je vois que les filles arrivent à ramener presque 17 000 personnes pour une première à la Beaujoire… c’est incroyable ! Je n’ai jamais douté du public nantais, ils n’ont fait que le confirmer.
Le 26 mai dernier, le match de la promotion historique en D1 fut également le dernier match de votre carrière en club. Pourquoi avez-vous décidé de prendre votre retraite à 32 ans ?
Il y a plusieurs raisons. Déjà, après 17 saisons au haut niveau, je commençais à être vraiment usée. Pas forcément sur le plan physique, mais c’était surtout mentalement, avec l’exigence du haut niveau et les sacrifices au quotidien. Je suis partie de chez mes parents, je n’étais même pas encore majeure. J’ai vécu de nombreuses années éloignée de mes proches, même si je les voyais pendant nos rares jours off et pendant les vacances. Mais quand même, on rate des moments importants, des mariages, des anniversaires… ça peut paraître simple pour certains, mais quand on nous les enlève, on se rend compte que ces moments comptent énormément et à quel point c’est dur de ne pas les vivre.
« J’avais la sensation d’avoir fait le tour »
Il y a aussi le fait que le football féminin soit encore en pleine construction en France et qu’on soit sans cesse en train de se battre au quotidien pour des choses qui devraient nous être dues en tant qu’athlètes de haut niveau. Le combat n’est pas fini, mais ce sont des choses qui usent aussi.
Et enfin, j’avais la sensation d’avoir fait le tour, tout simplement. J’avais envie d’un nouveau quotidien, de faire autre chose. J’avais des projets depuis longtemps que je voulais voir aboutir. Il a fallu faire un choix. Honnêtement, ça s’est fait naturellement. Il n’y a pas eu un combat dans ma tête : est-ce que j’arrête, est-ce que je continue ? Cela allait de soi, tout s’est déroulé naturellement.
À l’heure du bilan, quels ont été les moments les plus forts de votre carrière ?
J’ai vécu beaucoup de moments forts dans le football. Les plus forts, je pense que ce sont ceux que j’ai vécus en sélection. Mon premier match avec la sélection algérienne, c’était une fierté, un sentiment vraiment particulier. Quand on est en sélection, tout est décuplé. J’ai aussi vécu de très beaux moments en club, notamment les montées avec Le Havre et le FC Nantes. Mais je pense que le plus beau moment de ma carrière, ça restera mon dernier match avec le FCN, pour plein de raisons. Il y avait le contexte sportif, le résultat, l’accession en D1, le fait que tous mes proches soient présents pour mon dernier match. C’est un jour que je n’oublierai pas de si tôt !
Et les plus tristes ?
Les moments les plus durs ? J’ai connu quelques relégations donc forcément ce sont des moments difficiles. Je pense que l’année la plus difficile de ma carrière a été mon avant-dernière saison au FC Nantes. J’ai vécu les deux extrêmes avec ce club, c’est carrément dingue pour une fin de carrière. Il y avait un contexte particulier : la refonte des championnats avec les six descentes. Je venais d’arriver au club et je me suis blessée. J’ai été opérée donc ça m’a éloignée des terrains pendant trois mois. Pendant ce temps là, l’équipe perdait. On a eu une série de sept défaites consécutives. La deuxième partie de saison a été plus agréable, mais cette année a quand même été très compliquée, surtout à la fin. Finir septième et être relégué, c’est malheureux. Par chance, on a été repêchées… et la suite, on la connaît !
Sept mois après votre départ, vous suivez toujours toujours les matchs de vos anciennes coéquipières pour leur première saison en Arkema Première Ligue ?
Bien sûr, je suis toujours les matchs des filles cette année. Je me suis déplacée au Havre pour leur premier match de championnat. J’ai un planning qui est assez chargé donc je ne peux pas toujours me déplacer, mais je regarde tous les matchs, que ce soit en direct ou en replay, je les suis assidûment.
Comment votre quotidien a-t-il évolué depuis l’été dernier ?
Ma vie a beaucoup changé. Je suis revenue en région parisienne, ma région natale, auprès de mes proches et de ma famille. Ça me fait un bien fou. J’ai tout d’abord profité de mon été, j’ai voyagé pour vraiment couper. J’ai passé presque un mois en Algérie avec ma famille, où j’ai pu me ressourcer vraiment à 100%. Je suis rentré fin août, puis j’ai commencé mes nouvelles activités début septembre.
« J’ai renoué avec l’essence même du foot et du sport : c’est le plaisir avant tout »
Actuellement, je fais du futsal au Bondy Cecifoot Club. Ça se passe super bien ! C’est un sport que j’ai toujours apprécié. J’avais toujours dit à mes proches que lorsque j’arrêterais ma carrière dans le football à onze, je me mettrais au futsal. Je ne regrette absolument pas, car j’ai renoué avec l’essence même du foot et du sport : c’est le plaisir avant tout. Venir à l’entraînement, aller jouer un match, juste kiffer et rentrer à la maison, sans me prendre la tête. Ça me fait énormément de bien, c’est une réelle bouffée d’air frais.
En parallèle, je suis coach sportive indépendante. C’est un métier auquel je me suis formée pendant ma carrière et que je peux désormais exercer pleinement. C’est top, je kiffe ! Je suis sans cesse dans l’apprentissage, je continue de me former en permanence. Je prends énormément de plaisir !
Je collabore aussi avec le FC 93 en tant qu’ambassadrice du club, mais également avec le district de Seine-Saint-Denis, au niveau du développement du football féminin. Je suis sélectionneuse des U14 et U15 féminines.
Comment imaginez-vous le futur ?
J’ai encore énormément de projets. Si je m’écoutais, je ferais quinze activités à la fois (rires). Mais pour l’instant, je prends le temps de retrouver une certaine stabilité, de recharger les batteries. Je suis focus sur ce qui m’apporte du plaisir au quotidien. Mes futurs projets aboutiront peut-être avec le temps, ça dépendra des opportunités… on ne sait jamais où la vie peut nous mener !