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·20 de diciembre de 2024
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Rappeur respecté et reconnu, Kalash Criminel est également un inconditionnel du ballon rond. Ses multiples références footballistiques, de Jean-Claude Darcheville à Georgios Samaras, peuvent en témoigner. Quelques semaines après la sortie de son nouvel album « Bon Courage », l’artiste du 93 développe ses projets autour du sport roi. Échange avec un aspirant agent.
Voici quelques extraits de notre interview de Kalash Criminel. L’intégralité de cet interview de 2 pages est à retrouver dans le magazine n°365 de Onze Mondial disponible en kiosque et sur notre eshop depuis le 13 mars.
Quel est ton rapport au foot ?
Je baigne dans le foot depuis tout petit. Mes frères et moi, on a toujours joué au foot. Mon père était un grand fan de foot. Il a pratiqué ce sport, il avait même une équipe de foot, c’était un club de quartier. Au Congo, on est très branchés foot. Mes oncles jouaient aussi.
Tu jouais avec tes frères ?
On a commencé le foot à notre arrivée en France, en 2001. On a joué à Montrouge, au Paris FC et à Sevran. À chaque fois qu’on déménageait, on changeait de club, avec mes deux grands frères. On était trois kiffeurs de foot.
Qui était le meilleur des frères ?
Mon plus grand frère. Il était polyvalent et chaud, le deuxième aussi était bon. En réalité, tous les trois, on était forts. J’étais attaquant, mon grand frère était ailier, et le plus grand jouait partout tellement il était au-dessus. Il a d’ailleurs joué dans la même équipe que Serge Aurier à Villepinte.
Peux-tu détailler ton parcours footballistique ?
J’ai vraiment commencé à Sevran, car à Montrouge et au Paris FC, je n’étais pas resté à cause des déménagements. Ensuite, je suis revenu une saison au Paris FC. Je faisais les trajets entre Sevran et la Porte de Montreuil. J’ai fait un an comme ça, mais j’ai dû arrêter car ça ne fonctionnait pas à l’école. C’était plus simple pour moi de jouer à Sevran, comme l’école, le foot et la maison étaient au même endroit. Au Paris FC, je n’avais pas le temps de faire mes devoirs. Du coup, mes parents m’ont dit d’arrêter.
Tu étais quel type d’attaquant ?
J’étais un vrai finisseur, je ne rigolais pas devant les buts, je ne faisais pas de gestes inutiles, j’étais simplement là pour marquer. J’ai arrêté le foot à 16 ans, j’ai ensuite fait de la boxe anglaise durant deux ans. Mes parents voulaient que je me concentre sur l’école, en plus, je venais d’arriver au lycée, j’étais en seconde générale. Tu finis l’école à 18h, ensuite tu vas à l’entraînement, tu rentres à 23h, tu manges rapidement et tu dors. Ce n’était pas bon pour les cours. J’étais à fond dans le foot, mais l’école était encore plus importante.
Tu fais encore des fives avec des amis ?
Non, ça doit faire 10 ans que je n’ai pas joué. Même pour rigoler, ça ne m’intéresse pas. Moi, j’avais deux options : soit je perce, soit j’arrête tout.
Tu te voyais percer ?
Bien sûr ! Surtout que moi, j’avais une particularité par rapport à l’albinisme, c’est que je jouais avec un couvre-chef, un bonnet. Et tous les clubs n’acceptaient pas ça. Avant, il y avait deux clubs à Sevran, l’Olympique de Sevran et l’US Sevran. Maintenant, c’est fini, il n’y a qu’un club, le FC Sevran. Après mon test à l’Olympique, on m’avait dit : « On te prend, mais tu ne pourras pas jouer avec le couvre-chef ». Du coup, je suis allé à l’US Sevran. En plus, je m’entendais bien avec le coach, il s’appelait Rémi. Et quand on a joué contre l’Olympique en amical, j’ai planté un triplé. J’étais bien content.
Tu continues à suivre le foot ?
Oui, le week-end, je regarde tous les matchs. Je ne sors jamais sauf si j’ai un show. Tout mon entourage est au courant : le week-end, je ne bouge pas, c’est foot, foot, foot. C’est impossible que je fasse un rendez-vous le week-end par exemple. C’est impossible que j’aille voir un pote. Je suis devant ma télé, je regarde tous les matchs, tous les championnats.
As-tu une équipe préférée ?
Liverpool est mon club de cœur. Et le FC Barcelone. Après, bien évidemment, le PSG aussi car je suis Parisien. Je ne rate aucun match de Liverpool. Je peux même regarder la Ligue 2, le National, le championnat suisse, le championnat belge, je suis vraiment calé.
Pourquoi regardes-tu ces championnats ?
Parce que j'aime bien, parce que j’ai des amis qui y jouent, de la famille ou des proches qui y jouent.
Es-tu proche de certains joueurs ?
Oui, mais j’en ai trop. Si je commence à te citer des noms, on est là jusqu’à demain. Mais le plus proche, je dirais Franck Ribéry. C’est vraiment mon frérot depuis très longtemps. Ensuite, je branchais avec les joueurs de l’équipe nationale du Congo : il y a mon cousin, Jonathan Okita, Théo Bongonda, Kakuta, Masuaku, quasiment toute l’équipe. J’ai aussi mon frérot, Kévin Denkey, meilleur buteur du championnat belge. Je suis les matchs de tout le monde. J’ai les abonnements à toutes les chaînes. Je ne regarde que deux choses à la télé : le foot ou les documentaires animaliers.
Quels sont tes joueurs préférés ?
Je suis un grand fan de Messi, mais j’aime bien la mentalité de Ronaldo. Il veut tout le temps gagner, il râle, il tire ses coéquipiers vers le haut, il ne veut jamais perdre. J'aime sa mentalité de toujours vouloir marquer, ne jamais perdre. J’aime son état d’esprit, il montre que le travail paie. Il a inculqué cette mentalité à de nombreux joueurs.
Comment es-tu devenu fan de Liverpool ?
Quand je suis arrivé en France, je vivais avec mes oncles, et un d’entre eux était fan de Liverpool et du Barça. Je regardais les matchs avec lui et j’y ai pris goût. Je suis Liverpool depuis 2002, ça fait 22 ans. J’ai vu toutes les périodes de Liverpool dont la Ligue des Champions en 2005.
Comment vis-tu le départ de Jürgen Klopp ?
Je suis un grand fan de Klopp, il incarne vraiment bien le club. C’est l’entraîneur phare de Liverpool. Mais Liverpool est un grand club, les joueurs et les entraîneurs passent mais le club reste. Au club de bien bosser pour reconstruire une belle équipe et de trouver un bon coach. J’aimerais bien Xabi Alonso, il a l’ADN du club. Il a aussi joué à Liverpool, et il fait de grandes choses à Leverkusen. Il fait ses preuves.
Comment vas-tu faire durant Barça - PSG ?
(Rires) Je vais mettre un maillot du PSG et un short du Barça, ou l’inverse. J’aimerais bien que le PSG gagne la Ligue des Champions. On en a marre des excuses des Marseillais avec leur étoile. Mais sur ce match, c’est du 50/50.
Comment vois-tu le départ de Mbappé ?
Ce n'est pas encore confirmé. Je ne suis pas son agent (rires). Mais je pense qu'il a tout fait en Ligue 1, il a tout prouvé. C'est le moment de partir. Il est devenu trop fort pour la Ligue 1. S’il reste en Ligue 1, il ne progressera pas. Qu’il aille dans le dur au Real, il sera poussé dans ses retranchements et il progressera. En Ligue 1, il n’a plus rien à prouver.
Qui est le joueur idéal pour remplacer Mbappé au PSG ?
Il ne faut pas un joueur, il faut construire une équipe de A à Z, il faut recruter un mec comme Barella au milieu. C’est dommage d’avoir loupé Harry Kane la saison dernière, car c’était l’attaquant idéal. Je suis fan de Liverpool, donc je n’ai pas envie que le PSG prenne Luis Diaz. Mais c’est ce type de joueurs qu’il faut. Je pense à Rafael Leao. Mais personne ne remplacera Mbappé, il faut créer un collectif. C’est compliqué de mettre en place un projet autour d’un seul joueur.
Le départ de Mbappé peut faire du bien au club, non ?
Bien sûr. Je ne vais pas dire que je suis pour son départ, car c’est un des meilleurs joueurs du monde. Mais il a fait le tour au PSG. Si on est vraiment supporter du PSG, on ne peut pas être rancunier envers Mbappé. Il a toujours mouillé le maillot, il s’est donné à fond, il a mis ses buts. Il faut le laisser vivre son rêve de porter le maillot du Real. Au PSG de reconstruire une belle équipe.
Tu as une anecdote sur ton passé de joueur ?
Oui, je m’en rappelle comme si c’était hier. Une fois, mon père voyageait. Il n’était jamais venu me voir jouer et il m’a dit : « Je vais venir te voir avant mon vol, par contre, je regarderai seulement les 10 premières minutes du match ». Il est venu, et au bout de la deuxième minute, j’ai mis un but. Après, il m’a fait un coucou et il est parti. C’était à Sevran, contre le Stade de l’Est. J’avais une pression de fou, il fallait absolument que je marque avant son départ.
Tu as debriefé ta performance avec lui ?
Oui, il m’a debriefé, il était content. Au début, les gens lui disaient que je jouais bien au foot, mais lui ne m’avait jamais vu jouer. Il m’avait dit : « tu as de bons déplacements, de beaux appels », ensuite il m’a aussi dit : « Tu aurais pu en mettre un deuxième ». C’est vrai que j’avais frappé le poteau sur la deuxième occasion.
Tu étais quel style de joueur ?
J’étais droitier, j’étais un mec qui prenait la profondeur. J’allais vite quand j’étais petit. C’est ça qui m’a aidé à devenir attaquant. J’étais très rapide. J’ai aussi bien bossé avec le coach Rémi à Sevran. J’ai travaillé devant le but avec lui. Car avant, je tentais tout et n’importe quoi, j’utilisais la force, et petit à petit, j’ai bossé sur la technique. Grâce à ça, je suis devenu adroit devant le but. J’étais trapu comme Rooney, et rapide comme Agüero ou Eto’o. Je n’étais pas très grand, mais efficace.
Tu sors ton nouvel album « Bon courage », as-tu des références footballistique dans cet album ?
Oui, j’en ai une que j’aime beaucoup. Je dis : « J’avais un poto qui se prenait pour R9, ma parole, c'était Darcheville ». Je l’ai trouvé marrante. À l’époque de Montrouge, un pote était trapu, il avait les mêmes origines que Darcheville. Mais il n’aimait pas qu’on l’appelle Darcheville, il disait : « Moi, c’est Ronaldo ». Pourtant, c’est un bon joueur Darcheville et il lui ressemblait physiquement. Je dis aussi : « Devant les buts, je suis R9, devant les buts, tu es Georgios Samaras ». Tout le monde ne connaît pas forcément ce joueur. Mais comme je suis un grand passionné de football, je connais tous les joueurs. J’ai sorti le nom de Georgios Samaras, car ça marchait bien avec la phrase précédente pour la rime. J’aimais bien Georgios Samaras, mais il n’était pas assez efficace pour un attaquant. Il a quand même joué à Manchester City et au Celtic.
À quel moment de la carrière d’un footballeur tu comparerais cette sortie de ton nouvel album ?
Bonne question (sourire). J’ai déjà participé à deux phases finales de Coupe du Monde, j’ai réussi de beaux parcours. Et là, j’enchaîne avec une troisième Coupe du Monde, je vise la victoire finale. Sur mes albums précédents « La Fosse aux lions » et « Oyoki », j’ai quand même fait disque d’Or, c’étaient de belles victoires. Surtout que je ne m’y attendais pas. J’ai même réalisé un projet de 10 titres qui a fini disque de Platine, c’est comme si j’avais gagné la Ligue des Champions.
Tu as lancé une agence de management sportif. De nombreux autres rappeurs se lancent dans ça. Comment expliques-tu ce phénomène ?
On est tous passionnés de football, on a tous joué au football. Dans nos entourages, on a tous des footballeurs ou un talent qu’on a envie d’aider. Du coup, on se dit : « Il faut se professionnaliser et bien faire les choses ». C’est l’amour du football qui veut ça. On ne va pas se mentir, il y a beaucoup de fantasmes au niveau de l’argent quand on parle de ce métier. C’est un tout.
Tu vas donc devoir arrêter le rap…
C’est déjà prévu. Je sais déjà quand je vais arrêter le rap. Quand j’arrêterai le rap, ça voudra dire que j’ai fait le tour et que j’ai fait ce que j’avais à faire. Et quand j’arrêterai, je ne reviendrai pas.
N’est-ce pas difficile de démarcher un joueur ou une famille en tant que rappeur-agent ?
Non, ce n’est pas difficile. Quand tu es connu publiquement, ça aide. Et on ne va pas se mentir, le joueur et la famille me connaitront, ils sauront que j’ai déjà fait de l’argent. Ils seront donc moins craintifs, ils auront moins peur. Je ne vais pas leur voler 5 000 ou 10 000 euros, comme certains agents véreux. Je ne vais pas venir comme un pote du quartier, mais comme un véritable agent, avec une vraie structure, des connaissances et des contacts. Les gens ont aussi accès à mes interviews, ils savent que je suis un bon être humain, que j’ai un cœur blanc. Je ne suis pas là pour escroquer qui que ce soit. J’ai un nom, une belle image, les gens me connaissent, je ne vais pas salir mon image pour de l’argent. J’ai envie de construire des carrières.
Tu seras quel type d’agent ?
Un agent qui conseillera le mieux possible le joueur pour qu’il fasse les meilleurs choix. Je donnerai mes arguments, mais je suivrai toujours le choix du joueur. Par exemple, si mon joueur ne souhaite pas aller à Barcelone alors que je peux toucher 2 millions d’euros, qu’il préfère signer à l’Inter et que la commission est inférieure, on ira à l’Inter.
Ton agence s’appelle « Power Industry », pourquoi ce nom ?
« Power » pour la puissance, et « Industry » parce que j’ai plusieurs sociétés. Et ce nom car personne ne peut m’arrêter, quand je suis déterminé, quand je veux un truc, je fais tout pour l’avoir. Je vais prochainement annoncer les talents de mon agence. Aujourd’hui, j’en parle librement car tout est mis en place, même au niveau de la FFF. Une vidéo de lancement sortira bientôt.
Tu vas prochainement passer ta licence d’agent FFF ?
C’est prévu. Initialement, je devais passer la licence cette année, mais comme on a eu du retard au niveau de l’album, tout a été décalé. L’album devait sortir en 2023, mais comme je suis perfectionniste, je voulais améliorer quelques détails. Je vais faire ma tournée, ensuite je vais passer ma licence pour 2025 ou 2026. Je sais que le travail pour obtenir la licence est important, il y a un taux d’échec élevé. Je suis conscient, mais je me sens prêt à tout donner pour l’avoir. Agent, c’est un vrai métier, il faut quand même respecter ceux qui passent les diplômes. Tu ne peux pas arriver et dire : « Je suis rappeur, et maintenant, je suis agent ». Il faut rester carré. C’est comme si un mec qui sort de nulle part se revendiquait rappeur sans être légitime. Ce n’est pas possible. Ce n’est pas un jeu, les joueurs te confient leur vie, leur carrière.
Es-tu inspiré par certains agents ?
Je parle avec de nombreux agents. Ce matin, j’ai eu un échange avec un des plus grands agents espagnols. Mais je n’ai personne qui m’inspire. Après les plus connus, c’est Jorge Mendes car c’était l’agent de Ronaldo, et Mino Raiola, paix à son âme. J’aime bien l’agent de Kudus, je trouve qu’elle fait du bon travail.
Sevran est connu pour ses rappeurs, pas pour ses footballeurs…
Il y a Serge Aurier, quand même. C’était mon voisin de pallier. Pourtant, il y avait de nombreux talents. À l’époque, il y avait moins d’aides que maintenant, c’était difficile de faire des essais, maintenant, tout est plus accessible. L’objectif est de faire émerger des talents de Sevran, mais aussi d’Afrique. En Afrique, il y a plein de talents, mais ça manque de structures et d’accès.
La RDC a réalisé un joli parcours à la CAN. Tu as suivi ?
On a terminé quatrième, personne nous attendait à cette place. On était très content.
Tu as déjà été dans quels stades ?
J’en ai fait énormément ! J’ai récemment rendu visite à Denkey, au Cercles Bruges. J’ai visité quasiment tous les stades d’Allemagne, car j’y vais souvent, je vis un peu là-bas. J’ai plein de contacts là-bas, j’ai accès à tous les clubs. J’ai été à Schake 04, au Bayern, à Wolfsburg, à l’Union Berlin, au Herta Berlin, à Düsseldorf, je compte aller à Dortmund pour le match face à l’Atlético. J’ai prévu de faire tous les stades de Londres : Tottenham, Crystal Palace et Fulham prochainement. Je n’ai pas encore été à Anfied. Il faut que je m’organise ça. Le stade de Schalke 04 m’a marqué. C’était incroyable, l’ambiance était magnifique. C’était lors du derby contre Dortmund. J’ai aussi visité le stade de Zurich et celui de NEC au Pays-Bas, car mon cousin, Okita, jouait là-bas. En France, j’ai été au Stade de Troyes, j’avais fait un beau concert là-bas, et l’ESTAC m’avait invité au stade pour la rencontre face au PSG. Par contre, le Parc, je ne suis pas fan. Ils font trop les stars. Ils préfèrent inviter Kim Kardashian que des vrais mecs de la région comme nous. Il faut changer la politique du club. À Marseille, les rappeurs ont leurs loges. À Paris, on est mis de côté. Il faut donner plus de respect aux supporters, aux gens du cru. Kim Kardashian n’en a rien à foutre du PSG. Il manque une âme au PSG.
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