Euro 2024 - Le match de Koundé, le manque d'efficacité, le Portugal qui se profile... L'analyse tactique de Benoît Pedretti après France - Belgique | OneFootball

Euro 2024 - Le match de Koundé, le manque d'efficacité, le Portugal qui se profile... L'analyse tactique de Benoît Pedretti après France - Belgique | OneFootball

In partnership with

Yahoo sports
Icon: MadeInFOOT

MadeInFOOT

·2 de julio de 2024

Euro 2024 - Le match de Koundé, le manque d'efficacité, le Portugal qui se profile... L'analyse tactique de Benoît Pedretti après France - Belgique

Imagen del artículo:Euro 2024 - Le match de Koundé, le manque d'efficacité, le Portugal qui se profile... L'analyse tactique de Benoît Pedretti après France - Belgique

À l'occasion de cet Euro 2024, MadeInFOOT a fait appel à Benoît Pedretti pour analyser les matchs de l'équipe de France en Allemagne. L'ex-international français (22 sélections) de 43 ans est revenu, à chaud, sur le huitième de finale des Bleus face à la Belgique, disputé ce lundi soir à Düsseldorf et soldé par la victoire des Français (1-0, analyse et notes détaillées). Le technicien, passé par l'AS Nancy-Lorraine et aujourd'hui libre de tout contrat, a évoqué la victoire étriquée des Bleus, le gros match de Jules Koundé et de la défense française. L'ancien milieu de terrain défensif est également revenu une nouvelle fois sur l'inefficacité des Bleus symbolisée par Marcus Thuram et Kylian Mbappé, mais aussi sur le coaching de Didier Deschamps.


MadeInFOOT.com : Benoît, quelle est votre première analyse globale du match ? Comment avez-vous vécu et senti ce match ?


OneFootball Videos


En termes de qualité et de jeu, c'était un match moyen, on va dire. On ne peut pas dire qu'on ait pris beaucoup de plaisir en le regardant. Ce n'était pas top, on va dire, en termes de jeu. Mais en même temps, les Belges ont décidé de défendre très bas. Ils avaient un jeu très minimaliste. Par rapport à la qualité des joueurs belges qu'il y avait sur le terrain, ils n'ont rien produit, on va être clair. Nous, on a créé beaucoup plus de choses. Maintenant, il nous aura encore manqué la finition, au moins cadrer les frappes qu'on a pu avoir.

Mais est-ce qu'à force cela devient-il devient inquiétant d'avoir autant de manque de réalisme dans le dernier geste ?

On parlait de montée en puissance au début de l'Euro. Aujourd'hui, on ne monte pas en puissance. Simplement, c'est notre style qui est comme ça. Un style basé sur une grosse solidité défensive et les fulgurances de nos joueurs individuellement. Le style de la France, il est clair. Maintenant, c'est la finition. C'est un peu inquiétant parce qu'on a quand même pas mal de frappes pour très peu de tirs cadrés. Ça, c'est embêtant. Comme tous les matchs, c'est toujours mieux de se créer des occasions, des situations. Aujourd'hui, on ne cadre vraiment pas assez.

Est-ce que vous avez déjà connu ça en tant que joueur ou coach ? Ce cercle vicieux où tu n'arrives pas à cadrer plus de frappes, tu n'arrives pas à marquer...

Oui, ça arrive. Par moments, j'essaie des choses, ça ne marque pas. Finalement, plus on en parle, plus on force et moins on cadre. C'est vraiment ce côté psychologique qu'il faut essayer d'évacuer en se disant qu'il ne faut pas en faire une fixation. Nous, comme on débrouille tous les matchs, c'est normal d'en parler. Mais après, je pense qu'à l'intérieur, il ne faut pas en faire une fixation. On continue à travailler, à faire des exercices qui donnent confiance devant le but. Et ça va revenir.

Est-ce que vous avez quand même vu une grosse domination de la France ? Il y a un moment en première mi-temps, notamment les 10-15 dernières minutes, où l'équipe de France a siégé un peu le but adverse.

Grosse domination, je ne sais pas. C'est sûr qu'on avait un petit peu plus la balle et on a eu plus de situations de frappes. Maintenant, je reviens à dire que la Belgique était tellement faible que c'est normal qu'on ait des situations de frappes et qu'on ait mieux joué qu'eux.

Qu'avez-vous pensé de l'animation de Didier Deschamps et d'avoir mis Griezmann ailier droit, dans son 4-3-3 ?

On voit que ce n'est pas son poste préférentiel. Il a essayé de se recentrer, de rentrer sous son pied gauche pour faire jouer l'équipe. Force est de constater qu'aujourd'hui, il n'est pas à son meilleur niveau quand il a le ballon. Quand il ne l'a pas, il est toujours aussi généreux. Il va défendre, il va aider, mais avec le ballon, il y a encore beaucoup de déchets. Encore une fois, les coups de pieds arrêtés n'étaient pas super bien tirés. Il n'est pas à son meilleur niveau. Est-ce que c'est physique aussi ? Est-ce que c'est un peu mental ? Je n'en sais rien, mais aujourd'hui, ce n'est pas le Griezmann qu'on a connu avec le ballon. La chance qu'on a eue hier, c'est que Koundé était intéressant offensivement. Alors que d'habitude, on passe beaucoup plus par la gauche avec Hernandez. Là, on a trouvé un Koundé qui avait de la qualité de centre, qui a emmené des choses. Et ça, c'était plutôt positif.

Justement, est-ce un choix réussi pour Didier Deschamps de s'être entêté avec Jules Koundé ces derniers mois ?

Oui, c'est un choix payant. D'ailleurs, il n'a pas hésité à le passer hier à la fin de sa conférence de presse, parce qu'il était beaucoup critiqué là-dessus. Mais Koundé a toujours été très solide défensivement. Maintenant, ce qui lui manquait, c'est un peu cet aspect offensif. Et depuis le début de l'Euro, il est plutôt intéressant quand il monte avec quelques centres de qualité, avec des percussions. C'est bien pour Deschamps. Et on se rend compte que finalement, quand un joueur a la confiance de son coach, il est capable de faire des bonnes choses.

Vous parliez des coups de pied arrêtés. J'aimerais bien savoir pourquoi il y a une mode de ces corners joués à deux. Est-ce que vous, en tant que coach, vous pouvez un peu décrypter, pour les lecteurs, pourquoi on joue autant de corners de cette manière ?

Je pense qu'on est un petit peu déficients sur le plan athlétique par rapport à nos adversaires. Pour le moment, encore hier, la Belgique, c'était très athlétique. Donc je pense que Didier Deschamps pense qu'il a plus de chances de marquer en jouant le corner à deux, tout simplement. Et surtout que la Belgique défendait en zone. Donc de jouer à deux, ça permet d'avoir plus de mouvements et d'essayer de bouger un peu cette zone. Quand elle est bien en place, elle est difficile à prendre. Mais je pense qu'avant tout, c'est un problème de taille. Peut-être qu'avec Giroud, avec d'autres joueurs de ce profil-là, on les tireraient directs. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas.

Justement, vous m'avez parlé de Giroud. On va parler un peu de son concurrent, Marcus Thuram. Comment vous lisez son match ?

C'était un match compliqué pour lui. Il était à la réception, jouant en première temps. Une tête qui met sur un bon centre de Koundé, qui était intéressant. Il a tenté des choses, mais il a eu très peu de réussite. Et comme les autres, il n'a pas cadré. C'était un match où il a apporté peu de profondeur, parce qu'il n'y en avait pas non plus. En point d'appui, il n'a pas été beaucoup en réussite. C'était un match compliqué. Par contre, il était généreux. Comme d'habitude, il a tenté des choses. Par rapport à ça, l'entrée de Kolo Muani était vraiment intéressante.

Et en ce qui concerne le match de Kylian Mbappé ?

Pareil, physiquement, je ne sais pas s'il a tout retrouvé. Il a eu souvent des prises à deux, avec Carasco qui venait aider Castagne. C'était difficile pour lui. Et quand il est sorti de ses dribbles, il n'a pas eu la lucidité pour cadrer non plus. C'est ça qui est surprenant. D'habitude, c'est vraiment cadré. Il est dangereux pour le gardien. Et là, toutes ces frappes passent à côté ou au-dessus. Je pense que c'est aussi physique. Il n'a pas tout retrouvé. Est-ce que mentalement aussi, ça lui pèse. Le masque, tout ce qu'on parle autour, je n'en sais rien. Aujourd'hui, lui comme Griezmann, ils ne sont pas dans leur meilleur niveau.

À l'inverse, la défense centrale a encore fait un gros match. C'est vraiment le gros point positif depuis le début de cet Euro, non ?

Oui, c'est le gros point positif. On en a parlé dès les premiers matchs où ce triangle Upamecano, Maignan puis Saliba, c'est très costaud. Avec Tchouaméni en plus qui est venu. Ça fait un losange maintenant qui défensivement tient vraiment la route. Et puis hier, Saliba était impressionnant. Parce que Lukaku, il faut quand même se le faire. Alors pas dans la profondeur, parce que c'est un joueur qui ne part dans la profondeur. Il manque de vitesse. Par contre, dos au but, Saliba, il a gagné beaucoup de duels au sol. Beaucoup de duels aériens avec lui. Il lui est passé devant. Il était vraiment impressionnant hier.

Est-ce que vous comprenez hier que Didier Deschamps ne fasse rentrer que Randal Kolo Munai, et qu'il ne fasse pas plus souffler ses milieux de terrain ?

On en avait parlé après le match de la Pologne où j'avais dit que les remplaçants avaient fait une très mauvaise entrée et que le match avait tourné un peu à ce moment-là. Je pense qu'hier, c'était une forme de punition. Pour moi, c'est comme ça que je le ressens. Vous avez eu la chance de jouer. Vous n'avez pas été bons. Là, vous n'allez pas jouer du tout. À mon avis, c'est plus pour faire comprendre que quand tu rentres, il faut amener quelque chose. Sinon, tu ne joues pas. Et c'est ce qu'il a fait hier.

Bradley Barcola aurait-il pu prétendre à une place de titulaire ?

Oui, Barcola. C'est plutôt frustrant de ne pas l'avoir vu hier. Mais Kylian Mbappé, tu ne le fais pas sortir parce qu'il est capable d'agir à tout moment. Et puis, il avait décidé de garder Griezmann aussi parce qu'il l'avait fait sortir. Et je pense qu'il ne l'avait pas super bien pris. C'est de la gestion humaine, plus que de la gestion de joueurs, on va dire, sur le match d'hier.

Est-ce que cette gestion avec peu de changements peut poser un problème dans l'équilibre du groupe ?

Il faut voir leur investissement au quotidien. Et la vie du groupe, ça, on n'est pas à l'intérieur. Donc, on ne peut pas juger. Mais s'il fait très peu rentrer de joueurs, c'est qu'il y a une raison. C'est qu'il doit avoir des choses qui lui déplaisent à l'entraînement. Il a eu des choses qui lui ont déplu, sûrement, contre la Pologne. Et aujourd'hui, il s'est dit, je préfère avoir des joueurs fatigués plutôt que des joueurs qui ne méritent pas et qui font la gueule. Enfin, je n'en sais rien à comment ça se passe. Mais on pourrait l'interpréter comme ça. Pour le prochain match, il va falloir quand même remplacer Rabiot qui est suspendu. Donc, il y aura un choix à faire. Est-ce qu'on descend Griezmann d'un cran ? Est-ce qu'on met poste pour poste Camavinga ? Ça va être intéressant de voir son choix pour vendredi.

France-Portugal en quart de finale. Qu'est-ce que ça vous inspire ? Est-ce que pour vous, c'est vraiment le premier gros adversaire que l'équipe des France va avoir ?

J'ai regardé leur match contre la Slovénie. C'est une équipe qui a énormément de bons joueurs. Ils ont une qualité individuelle qui est top, sûrement meilleure que la nôtre. C'est une des rares équipes qui peut rivaliser avec nous sur le plan individuel. Et collectivement, je les trouve aussi pas mal. Elle est bien équilibrée. Elle se procure pas mal d'occasions aussi. Hier, un peu comme nous, elle a manqué de réalisme offensif. C'est une équipe très dangereuse. Elle est prête, elle a des certitudes. Et j'espère que ça va être un match avec plus de rythme, plus de jeu que le match d'hier.

Avez-vous un petit prono ?

Non, je ne me mouille pas trop parce que je suis nul. J'ai envie que la France gagne, tout simplement. J'aimerais qu'elle gagne en faisant du beau jeu. Et si on gagne 1-0, avec un but contre son camp de Pepe et qu'on en demi-final, ça sera bien aussi.

Ver detalles de la publicación